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[40,24] Κἂν πασσυδὶ ἀπώλοντο, εἰ μὴ οἵ τε κοντοὶ τῶν
βαρβάρων, οἱ μὲν ἀπεστράφησαν, οἱ δὲ ἐκλάσθησαν, καὶ
αἱ νευραὶ τῇ συνεχείᾳ τῆς βολῆς ἐρράγησαν· τά τε βέλη
ἐξετοξεύθη, καὶ τὰ ξίφη πάντα ἀπημβλύνθη· τό τε
μέγιστον οἱ ἄνδρες αὐτοὶ φονεύοντες ἐξέκαμον. Οὕτω
γὰρ δή (καὶ ἐπειδὴ), καὶ γὰρ νὺξ ἐγίγνετο, καὶ πόρρω ποι
ἀφιππεῦσαι αὐτοὺς ἐχρῆν, ἀπεχώρησαν. Οὐδέποτε γὰρ
πλησίοι οὐδὲ τοῖς ἀσθενεστάτοις στρατοπεδεύονται, διὰ
τὸ μηδεμιᾷ ταφρείᾳ χρῆσθαι καὶ διὰ τό, ἄν τις ἐπέλθῃ
σφίσιν ἐν τῷ σκότῳ, ἀδύνατοι μὲν τῇ ἵππῳ, ἀδύνατοι δὲ
καὶ τῇ τοξείᾳ ἰσχυρίσασθαι εἶναι. Οὐ μέντοι καὶ ζῶντά
τινα τῶν Ῥωμαίων τόθ' εἷλον. Ἑστῶτάς τε γὰρ αὐτοὺς ἐν
τοῖς ὅπλοις ὁρῶντες, καὶ μήτε τινὰ ἐκεῖνα ἀπορριπτοῦντα
μήτ' αὐτὸν φεύγοντα αἰσθανόμενοι, ἰσχύειν τε ἔτι σφᾶς
ἐνόμισαν καὶ ἐφοβήθησαν αὐτῶν ἐπιλαβέσθαι.
| [40,24] Ils auraient péri jusqu'au dernier, si les lances des Parthes
n'avaient pas été courbées ou brisées, si les cordes de leurs arcs
n'avaient pas été rompues par les flèches lancées sans interruption, si
leurs traits n'avaient pas été épuisés, et toutes leurs épées
émoussées; mais surtout s'ils n'avaient pas été eux-mêmes fatigués de
carnage. La nuit d'ailleurs arriva, et les Parthes, qui ne campent jamais
près de leurs ennemis même les plus faibles, abandonnèrent le
combat ; parce qu'ils avaient une longue route à parcourir. Comme ils
ne font usage d'aucun retranchement, ils ne pourraient se défendre
avec leurs chevaux ni avec leurs flèches, s'ils étaient attaqués au
milieu des ténèbres. Cependant pas un des soldats romains ne fut
alors pris vivant : les Parthes, voyant qu'ils restaient fermes à leur
poste, les armes à la main, qu'aucun ne les mettait bas et ne prenait la
fuite, crurent qu'ils conservaient encore des forces et n'osèrent les
attaquer.
| [40,25] Οὕτως ὅ τε Κράσσος, καὶ ἄλλοι ὅσοι γε ἠδυνήθησαν,
ἐς τὰς Κάρρας ὥρμησαν, βεβαίους σφίσιν ὑπὸ τῶν
καταμεινάντων ἔνδον Ῥωμαίων τηρηθείσας. Πολλοὶ γὰρ
δὴ τῶν τετρωμένων, μήτε βαδίσαι οἷοί τε ὄντες, μήτ'
ὀχημάτων εὐποροῦντες, ἢ καὶ ποδηγέτας ἔχοντες (
ἀγαπητῶς γὰρ οἱ λοιποὶ ἑαυτοὺς ἀνέφερον) κατὰ χώραν
ἔμειναν. Καὶ ἐκείνων τε οἱ μὲν ἀπέθανον ἐκ τῶν
τραυμάτων, ἢ καὶ ἑαυτοὺς καταχρησάμενοι, οἱ δὲ
ἑάλωσαν τῇ ὑστεραίᾳ· καὶ τῶν ἑαλωκότων συχνοὶ μὲν ἐν
τῇ ὁδῷ, προλιπόντων σφᾶς τῶν σωμάτων, συχνοὶ δὲ καὶ
μετὰ τοῦτ' ἐφθάρησαν· θεραπείας παραχρῆμα ἀκριβοῦς
μὴ δυνηθέντες τυχεῖν. Ὁ γὰρ Κράσσος ἀθυμήσας, οὐδὲ ἐν
τῇ πόλει ἀσφαλῶς ἔθ' ὑπομεῖναι δυνήσεσθαι ἐνόμισεν,
ἀλλὰ δρασμὸν εὐθὺς ἐβουλεύσατο. Καὶ ἐπειδὴ οὐχ οἷόν τε
ἦν αὐτῷ μεθ' ἡμέραν ἐξιόντι μὴ οὐ καταφώρῳ γενέσθαι,
ἐπεχείρησε μὲν νυκτὸς ἀποδρᾶναι· προδοθεὶς δὲ ὑπὸ τῆς
σελήνης, πανσελήνου οὔσης, οὐκ ἔλαθεν. Προσέμεινάν τε
οὖν μέχρι τῶν ἀσελήνων νυκτῶν, καὶ οὕτως ἄραντες δή,
οἷα ἐν σκότῳ, καὶ ἐν ἀλλοτρίᾳ καὶ προσέτι καὶ πολεμίᾳ
γῇ, φόβῳ τε ἰσχυρῷ, ἐσκεδάσθησαν. Καὶ αὐτῶν οἱ μὲν
ἁλόντες, ἡμέρας γενομένης ἀπώλοντο· οἱ δὲ ἐς τὴν
Συρίαν μετὰ Κασσίου Λογγίνου τοῦ ταμίου διεσώθησαν.
Ἄλλοι τῶν ὀρῶν μετ' αὐτοῦ τοῦ Κράσσου λαβόμενοι,
παρεσκευάζοντο ὡς καὶ δι' ἐκείνων ἐς τὴν Ἀρμενίαν
φευξόμενοι.
| [40,25] Après cette défaite, Crassus et tous ceux qui étaient en état de le
suivre se retirèrent à Carrhes, où ils trouvèrent une retraite sûre, grâce
aux Romains qui y étaient restés ; mais un grand nombre de blessés
qui ne pouvaient marcher et qui n'avaient aucun moyen de transport, ni
personne pour les conduire (chacun se trouvait heureux de se sauver
lui-même, ne quittèrent point le champ debataille. Plusieurs périrent
des suites de leurs blessures ou se tuèrent. Les autres furent pris le
lendemain : parmi ces derniers, beaucoup succombèrent eu chemin
par l'épuisement des forces; beaucoup d'autres moururent bientôt
après, parce qu'ils n'avaient pas reçu à temps les soins convenables.
Crassus, découragé et ne se croyant plus en sûreté à Carrhes, songea
à fuir incontinent; et, comme il ne pouvait sortir de la ville pendant le
jour sans être pris sur le fait, il chercha à s'échapper; la nuit ; mais la
lune, qui était dans son plein, le trahit, et il ne put cacher sa fuite. Les
Romains attendirent donc qu'il ne fît plus clair de lune pour se mettre
en route ; mais marchant au milieu des ténèbres dans un pays
étranger, même ennemi, et livrés à de vives craintes, ils se
dispersèrent. Les uns furent pris et tués, lorsque le jour parut ;
plusieurs parvinrent sains et saufs en Syrie avec le questeur Cassius
Longinus ; d'autres, sous la conduite de Crassus lui-même, gagnèrent
les montagnes : leur intention était d'en suivre la chaîne, pour arriver
ainsi en Arménie.
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