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[40,20] Μέγιστον δὲ ὅμως αὐτοὺς ὁ Αὔγαρος ὁ Ὀρροηνὸς
ἐλυμήνατο. Ἔνσπονδος γὰρ τοῖς Ῥωμαίοις ἐπὶ τοῦ
Πομπηίου γενόμενος, ἀνθείλετο τὰ τοῦ βαρβάρου. Καὶ
τοῦτο μὲν καὶ ὁ Ἀλχαυδόνιος ὁ Ἀράβιος ἐποίησε· πρὸς
γὰρ τὸ ἰσχυρὸν ἀεὶ μεθίστατο· ἀλλ' ἐκεῖνος μὲν ἐκ τοῦ
προφανοῦς ἀπέστη, καὶ κατὰ τοῦτο οὐ δυσφύλακτος ἦν· ὁ
δ' Αὔγαρος ἐφρόνει μὲν τὰ τοῦ Πάρθου, ἐπλάττετο δὲ τῷ
Κράσσῳ φιλικῶς ἔχειν· καὶ χρήματά τε ἀφειδῶς αὐτῷ
ἀνήλισκε, καὶ τά τε βουλεύματα αὐτοῦ πάντα καὶ
ἐμάνθανε καὶ ἐκείνῳ διήγγελλε· καὶ προσέτι εἰ μέν τι
χρηστόν σφων ἦν, ἀπέτρεπεν αὐτόν· εἰ δ' ἀσύμφορον,
ἐπέσπερχε. Καὶ δὴ καὶ τοιόνδε τι τελευτῶν ἔπραξε. Τοῦ
γὰρ Κράσσου πρὸς Σελεύκειαν ὁρμῆσαι διανοουμένου,
ὥστε ἐκεῖσέ τε ἀσφαλῶς παρά τε τὸν Εὐφράτην καὶ δι'
αὐτοῦ τῷ τε στρατῷ καὶ τοῖς ἐπιτηδείοις κομισθῆναι, καὶ
μετ' αὐτῶν (προσ ποιήσεσθαι γάρ σφας ἅτε καὶ Ἕλληνας
ῥᾳδίως ἤλπιζεν) ἐπὶ Κτησιφῶντα μὴ χαλεπῶς
περαιωθῆναι· τούτου μὲν, ὡς καὶ χρονίου ἐσομένου,
ἀμελῆσαι αὐτὸν ἐποίησε, τῷ δὲ δὴ Σουρήνᾳ, ὡς καὶ ἐγγὺς
καὶ μετ' ὀλίγων ὄντι, συμμῖξαι ἔπεισε.
| [40,20] Mais ce fut l'Osroène Augarus qui leur causa le plus de mal : après
avoir fait alliance avec les Romains pendant la guerre de Pompée, il
embrassa le parti des Parthes. Son exemple fut suivi par l'Arabe
Alchaudonius, toujours prêt à passer du côté du plus fort ; mais du
moins celui-ci fit ouvertement défection, et il ne fut pas difficile de se
tenir en garde contre lui. Augarus, au contraire, tout dévoué aux
Parthes, se donnait pour l'ami de Crassus, dépensait pour lui des
sommes considérables, et parvint à se faire mettre dans la confidence
de ses projets qu'il communiquait au chef des barbares. Crassus
prenait-il une sage résolution ? Augarus l'en détournait. En adoptait-il
une funeste ? il le poussait à l'exécution. Voici ce qu'il fit enfin :
Crassus se préparait à marcher vers Séleucie. Il comptait y arriver en
toute sûreté avec son armée et avec des provisions, en longeant
l'Euphrate et par ce fleuve même ; puis, de là, se rendre sans peine à
Ctésiphon avec le concours des Séleuciens, qu'il espérait gagner
parce qu'ils étaient Grecs. Augarus lui fit abandonner ce plan,
alléguant qu'il lui faudrait beaucoup de temps pour l'exécuter, et
l'engagea à en venir aux mains avec le Surena, qui n'était pas loin et
avait peu de soldats.
| [40,21] Καὶ μετὰ τοῦτο παρασκευάσας τὸν μὲν, ὅπως
ἀπόληται, τὸν δ', ὅπως κρατήσει, (συνεχῶς γὰρ προφάσει
κατασκοπῆς τῷ Σουρήνᾳ συνεγίγνετο) ἐξήγαγε τοὺς
Ῥωμαίους ἀφροντιστοῦντας ὡς ἐπὶ νίκην ἕτοιμον, καὶ
αὐτοῖς ἐν αὐτῷ τῷ ἔργῳ συνεπέθετο. Ἐπράχθη δὲ ὧδε. Οἱ
Πάρθοι τὸ πλεῖον τοῦ στρατοῦ σφων ἀποκρύψαντες, (ἡ
γὰρ χώρα ἀνώμαλός τέ πῃ ἦν καὶ δένδρα εἶχεν)
ἀπήντησαν τοῖς Ῥωμαίοις. Ἰδὼν οὖν αὐτοὺς ὁ Κράσσος,
οὐκ ἐκεῖνος, ἀλλ' ὁ νεώτερος, (πρὸς γὰρ τὸν πατέρα ἐκ
τῆς Γαλατίας παρῆν) καὶ καταφρονήσας σφῶν ὡς καὶ
μόνων, ἀντεξήγαγε τῷ ἱππικῷ, καὶ τραπομένους
ἐξεπίτηδες αὐτοὺς ἐπιδιώκων, ὡς καὶ κρατῶν ἀπήχθη
πολὺ ἀπὸ τῆς φάλαγγος· κἀνταῦθα περιστοιχισθεὶς
κατεκόπη.
| [40,21] Après avoir pris ses mesures pour assurer la perte de Crassus et
le succès du Surena avec lequel il s'abouchait fréquemment, sous
prétexte d'épier ce qui se passait, Augarus entraîna hors de leur camp
les Romains, qui marchèrent au combat sans inquiétude et comme à
une victoire certaine ; mais il tomba sur eux avec leurs ennemis, au
milieu de la bataille. Les choses se passèrent ainsi : les Parthes
s'avancèrent contre les Romains, après avoir caché la plus grande
partie de leurs troupes, ce qui fut facile dans un pays boisé et où le
terrain offrait des inégalités. A peine Crassus, non pas celui dont j'ai
déjà parlé, mais son fils qui avait quitté la Gaule pour se rendre auprès
de lui, les eut-il aperçus qu'il les attaqua avec sa cavalerie : il les
regardait comme peu redoutables, croyant n'avoir affaire qu'à ceux
qu'il voyait. Les Parthes prirent à dessein la fuite : Crassus les
poursuivit, comme s'il avait été vainqueur, et se laissa emporter loin de
son infanterie ; mais il fut cerné par les barbares qui le tuèrent.
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