HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

DION CASSIUS, L'Histoire romaine, livre XL

Chapitre 18-19

  Chapitre 18-19

[40,18] γὰρ ἀετὸς ὠνομασμένος, (ἔστι δὲ νεὼς μικρός, καὶ ἐν αὐτῷ ἀετὸς χρυσοῦς ἐνίδρυται· καθίσταταί τε ἐν πᾶσι τοῖς ἐκ τοῦ καταλόγου στρατοπέδοις, καὶ οὐδαμόσε ἐκ τῶν χειμαδίων, πλὴν εἴ ποι σύμπας στρατὸς ἐξίοι, κινεῖται· καὶ αὐτὸν εἷς ἀνὴρ ἐπὶ δόρατος μακροῦ, ἐς ὀξὺ τὸν στύρακα ἀπηγμένου, ὥστε καὶ ἐς τὸ δάπεδον καταπήγνυσθαι, φέρει). Τούτων οὖν τῶν ἀετῶν εἷς οὐκ ἠθέλησε τὸν Εὐφράτην αὐτῷ τότε συνδιαβῆναι, ἀλλὰ ἐν τῇ γῇ ἐνέσχετο, ὥσπερ ἐμπεφυκώς· πρὶν δὴ πολλοὶ περιστάντες βίᾳ αὐτὸν ἀνέσπασαν. Καὶ μὲν καὶ ἄκων ἐπηκολούθησε· σημεῖον δέ τι τῶν μεγάλων, τῶν τοῖς ἱστίοις ἐοικότων, καὶ φοινικᾶ γράμματα ἐπ' αὐτῆς πρὸς δήλωσιν τοῦ τε στρατοῦ καὶ τοῦ στρατηγοῦ σφων τοῦ αὐτοκράτορος ἐχόντων, ἐς τὸν ποταμὸν ἀπὸ τῆς γεφύρας περιτραπὲν ἐνέπεσε. Καὶ τοῦτο μὲν ὑπὸ πνεύματος ὄντος σφοδροῦ ἐγένετο· δὲ δὴ Κράσσος καὶ τἆλλα τὰ ἰσομήκη οἱ συντεμών, ὅπως βραχύτερα καὶ ἐκ τούτου καὶ βεβαιότερα φέρειν εἴη, προσεπηύξησε τὰ τέρατα. Καὶ γὰρ ὁμίχλη ἐν αὐτῇ τῇ τοῦ ποταμοῦ διαβάσει τοσαύτη τοῖς στρατιώταις περιεχύθη, ὥστε περί τε ἀλλήλοις αὐτοὺς σφαλῆναι, καὶ μηδὲν τῆς πολεμίας, πρὶν ἐπιβῆναι αὐτῆς, ἰδεῖν. Καὶ τὰ διαβατήρια τά τε ἀπόβαθρά σφισι δυσχερέστατα ἐγένετο. Κἀν τούτῳ ἄνεμός τε πολὺς ἐπέπεσε καὶ κεραυνοὶ κατέσκηψαν· τε γέφυρα, πρὶν πάντας αὐτοὺς διελθεῖν, διελύθη, καὶ (ἦν γὰρ τὰ γιγνόμενα οἷα πάντα τινὰ καὶ τῶν πάνυ ἀγνωμόνων τε καὶ ἀσυνέτων ἐκδιδάξαι, ὅτι κακῶς ἀπαλλάξουσι καὶ οὐκ ἀνακομισθήσονται) φόβος καὶ κατήφεια ἐν τῷ στρατοπέδῳ ἐγένετο δεινή. [40,18] On appelle Aigle un petit temple où est placée une aigle d'or. Toutes les légions levées régulièrement en ont un : on ne le transfère hors des quartiers d'hiver que lorsque toute l'armée en est sortie. Un seul homme le porte sur une longue pique qui se termine en pointe, pour qu'on puisse l'enfoncer dans la terre. Une de ces aigles ne voulut point passer alors l'Euphrate avec Crassus, et resta attachée au sol, comme si elle y était née. Il fallut que plusieurs soldats, rangés en cercle autour d'elle, l'en arrachassent de force, et elle ne les suivit que contre son gré. De plus, un de ces grands drapeaux qui ressemblent à des voiles, et sur lesquels le nom du corps d'armée et celui du général sont inscrits en lettres rouges, fut renversé du haut du pont dans le fleuve par un vent très violent. Crassus ordonna de couper tous les drapeaux de cette grandeur, afin qu'ils fussent plus courts, et par cela même plus commodes à porter ; mais il ne fit qu'accroître le nombre des prodiges. Les soldats, au moment où ils traversaient le fleuve, furent enveloppés d'un brouillard si épais qu'ils se heurtaient les uns contre les autres : ils ne purent même voir le sol ennemi qu'après y avoir mis le pied, et ils eurent beaucoup de peine pour franchir le fleuve et descendre à terre. Au même instant, un très grand vent se mit à souffler, la foudre éclata, et le pont se rompit avant qu'ils l'eussent traversé tous. Ces présages étaient très significatifs, même pour les hommes les plus dépourvus de sagacité et d'intelligence : ils prévoyaient qu'un malheur allait leur arriver, et qu'ils ne rentreraient pas dans leurs foyers. La crainte et une consternation profonde régnaient dans l'armée.
[40,19] οὖν Κράσσος παραμυθούμενος αὐτοὺς, εἶπεν ὅτι, «Μὴ καταπλήττεσθε, ἄνδρες στρατιῶται, εἰ γέφυρα διέφθαρται· μηδὲ οἴεσθε ἐκ τούτου χαλεπόν τι ἐπισημαίνεσθαι. Ἐγὼ γὰρ ὑμῖν αὐτὸς ἐπομνὺς λέγω ὅτι δι' Ἀρμενίας τὴν ἐπάνοδον ποιήσασθαι ἔγνωκα » . Ἐκ μὲν δὴ οὖν τούτου ἐθάρσυνε. Νῦν δὲ προσεπειπών τινα, ἔφη, μέγα ἀναβοήσας· « Θαρσεῖτε· οὐδεὶς γὰρ ἡμῶν ἐντεῦθεν ἐπανήξει. » Ἀκούσαντες γὰρ τοῦθ' οἱ στρατιῶται, οἰωνόν τέ σφισιν οὐδενὸς τῶν ἄλλων ἥττω γεγονέναι ἐνόμισαν, καὶ ἐς ἀθυμίαν πλείω κατέπεσον· ὥστε μηδὲν ἔτι μηδὲ τῶν λοιπῶν αὐτοῦ παραινέσεων φροντίσαι, δι' ὧν τόν τε βάρβαρον ἐφαύλιζε, καὶ τὰ τῶν Ῥωμαίων ἐνεκωμίαζε, χρήματά τε αὐτοῖς ἐδίδου, καὶ γέρα ἐπηγγέλλετο. Ἀλλὰ καὶ ὣς εἵποντο, καὶ οὔτε ἀντεῖπέν οἱ οὐδεὶς, οὔτ' ἀντέπραξε· τάχα μὲν καὶ ὑπὸ τοῦ νόμου, ἤδη δὲ καὶ ἐκπεπληγμένοι, καὶ μήτε τι βουλεῦσαι μήτε πρᾶξαι σωτήριον δυνάμενοι. Πάντα γοῦν καὶ τὰ ἄλλα, καθάπερ ὑπὸ δαιμονίου τινὸς κατακεκριμένοι, καὶ ταῖς γνώμαις καὶ τοῖς σώμασιν ἐσφάλλοντο. [40,19] « Soldats, leur dit Crassus pour les consoler, ne vous effrayez pas de ce que le pont est rompu, et ne croyez pas que ce soit un signe funeste. Je vous le jure : c'est par l'Arménie que j'ai résolu de vous ramener en Italie. » Il les avait ranimés par ces paroles, lorsqu'il ajouta en élevant la voix : « Ayez confiance, aucun de nous ne reviendra d'ici dans son pays. » Les soldats prirent ces paroles pour un présage non moins clair que les autres, et tombèrent dans un découragement plus grand encore. Ils ne tinrent plus compte ni de ce qu'il leur disait pour rabaisser les barbares et pour exalter les Romains, ni de l'argent qu'il distribuait, ni des récompenses qu'il promettait. Ils le suivirent pourtant: pas un ne lui résista par des paroles ou par des actes. Peut-être était- ce respect pour la loi : peut-être aussi leur abattement les rendait-il déjà incapables de prendre une résolution salutaire ou de l'exécuter. Dans tout ce qu'ils faisaient, ils paraissaient abattus au moral et au physique, comme si un dieu les eût condamnés à périr.


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Dernière mise à jour : 8/02/2006