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[38,10] ὕποπτός τε οὖν ἐκ τούτων ὁ Κικέρων τῷ τε
Καίσαρι καὶ τῷ Πομπηίῳ γενόμενος ἐβεβαιώσατο τὴν ὑπόνοιαν ἐν
τῇ ὑπὲρ τοῦ Ἀντωνίου ἀπολογίᾳ. οὗτος γὰρ πολλὰ μὲν καὶ δεινὰ
καὶ τὸ ὑπήκοον τὸ ἐν τῇ Μακεδονίᾳ, ἄρξας αὐτῆς, καὶ τὸ ἔνσπονδον
εἰργάσατο, πολλὰ δὲ καὶ ἀντέπαθε. τά τε γὰρ τῶν Δαρδάνων
καὶ τὰ τῶν πλησιοχώρων σφίσι πορθήσας οὐκ ἐτόλμησεν ἐπιόντας
αὐτοὺς ὑπομεῖναι, ἀλλ´ ὡς καὶ ἐπ´ ἄλλο τι μετὰ τῶν ἱππέων ὑποχωρήσας
ἔφυγεν, καὶ οὕτω τοὺς πεζοὺς ἐκεῖνοι περισχόντες ἔκ τε
τῆς χώρας βιαίως ἐξήλασαν καὶ τὴν λείαν προσαφείλοντο. τὸ δ´ αὐτὸ
τοῦτο καὶ περὶ τοὺς συμμάχους τοὺς ἐν τῇ Μυσίᾳ ποιήσας ἡττήθη
πρὸς τῇ τῶν Ἰστριανῶν πόλει πρὸς τῶν Σκυθῶν τῶν Βασταρνῶν,
ἐπιβοηθησάντων αὐτοῖς, καὶ ἀπέδρα. οὐ μέντοι καὶ ἐπὶ τούτοις
αἰτίαν ἔσχεν, ἀλλ´ ἐγράφη μὲν ἐπὶ τῇ τοῦ Κατιλίνου συνωμοσίᾳ,
ἑάλω δὲ δι´ ἐκεῖνα, καὶ συνέβη αὐτῷ, ὧν μὲν ἐκρίνετο, μὴ ἐλεγχθῆναι,
ὧν δ´ οὐκ ᾐτιάζετο, κολασθῆναι. καὶ ὁ μὲν οὕτως ἀπήλλαξεν, ὁ δὲ
δὴ Κικέρων ὑπὲρ αὐτοῦ τότε, ἅτε καὶ συνάρχοντός οἱ, ὑπερδικῶν
πλείστην κατὰ τοῦ Καίσαρος ὡς καὶ αἰτίου τῆς δίκης αὐτῷ γεγενημένου
καταδρομὴν ἐποιήσατο, καί τινα αὐτὸν καὶ προσελοιδόρησεν.
| [38,10] Cicéron, ainsi devenu suspect à César et à Pompée,
fortifia lui-même leurs soupçons par la défense
d'Antoine. Celui-ci, pendant son gouvernement de la
Macédoine, avait traité fort mal ce pays alors soumis aux
Romains, ainsi que divers peuples leurs alliés, et avait
été fort mal traité lui-même. Après avoir ravagé les terres
des Dardaniens et de leurs voisins, il n'osa les attendre
de pied ferme, quand ils marchèrent contre lui ; mais il
se retira avec sa cavalerie, comme pour s'occuper d'une
autre expédition, et prit la fuite. Les Dardaniens en
profitèrent pour envelopper l’infanterie, la chassèrent
violemment de leur pays et lui enlevèrent le butin qu'elle
avait pris. Antoine traita de la même manière les alliés
de Rome dans la Mysie, fut ensuite vaincu auprès de la
ville des Istriens par les Scythes-Bastarnes, venus au
secours des Mysiens, et prit la fuite. Toutefois ce n’est
point pour cela qu'on le traduisit en justice ; mais, accusé
d'avoir trempé dans la conjuration de Catilina, il fut
condamné pour sa conduite en Mysie et dans la
Macédoine. Il lui arriva donc de n'être pas trouvé
coupable du crime qui l'avait fait mettre en jugement et
d'être puni pour des faits étrangers à l'accusation portée
contre lui. Telle fut pour Antoine l'issue de cette affaire :
Cicéron, qui se chargea alors de le défendre, parce qu'il
avait été son collègue, attaqua très vivement César auquel
il imputait cette accusation : il se permit même de l'insulter.
| [38,11] ὁ δ´ ἤχθετο μὲν ἐπ´ αὐτοῖς ὥσπερ εἰκὸς ἦν, οὐ μὴν οὔτ´ εἶπεν οὔτ´
ἔπραξεν ὑβριστικὸν ἐς αὐτὸν οὐδέν, καίπερ ὑπατεύων. τοὺς γὰρ πολλοὺς
ἔλεγε συχνὰ καὶ μάταια ἐξεπίτηδες ἐς τοὺς κρείττονάς σφων
ἐς φιλονεικίαν αὐτοὺς ὑπάγοντας ..., ἵν´ ἴσοι σφίσι καὶ ὅμοιοι, ἄν
γέ τι ὁμοιότροπον ἀντακούσωσι, δόξωσιν εἶναι· καὶ οὐκ ἠξίου ἀντίπαλον
ἐκ τούτου οὐδένα ἑαυτῷ ποιεῖν. καὶ διὰ τοῦτο τοῖς τε ἄλλοις
τοῖς τι προπηλακίζουσιν αὐτὸν οὕτω προσεφέρετο, καὶ τότε τὸν
Κικέρωνα ὁρῶν οὐχ ἑαυτῷ τι τοσοῦτον λοιδορήσασθαι ἐθέλοντα
ὅσον ἀντακοῦσαί τι τῶν ὁμοίων, ὥστε καὶ παρισωθῆναί οἱ, ἐπιθυμοῦντα,
βραχύ τε αὐτοῦ ἐφρόντισε καὶ οὐδὲν ὧν ἔλεγε προσεποιήσατο,
ἀλλ´ εἴα αὐτὸν ἀφθόνως, καθάπερ τισὶν ἐπαίνοις ἑαυτοῦ,
ταῖς λοιδορίαις χρῆσθαι. οὐ μέντοι καὶ παντάπασιν ὀλιγώρως αὐτοῦ
ἔσχεν. ἐπιεικεστέραν μὲν γὰρ ὄντως φύσιν εἰλήχει, καὶ οὐ
πάνυ ῥᾳδίως ἐθυμοῦτο· συχνοὺς δ´ οὖν, ἅτε καὶ ἐν τοσούτοις πράγμασιν,
ἐδικαίου, οὐ μὴν ὥστε καὶ δι´ ὀργῆς ἢ καὶ παραχρῆμα
πάντως αὐτὸ ποιεῖν. θυμῷ μὲν δὴ οὐδὲν ἐχαρίζετο, τοῦ δὲ δὴ
καιροῦ διεσκόπει, καὶ τούς γε πλείους οὐδὲ αἰσθανομένους μετῄει.
οὐ γὰρ ὅπως δόξειεν ἀμύνεσθαί τινας ἔπρασσεν, ἀλλ´ ὅπως ὅτι
ἀνεπιφθονώτατα πρὸς τὸ συμφέρον ἑαυτῷ πάντα διοικήσειε. καὶ
διὰ τοῦτο καὶ ἀδήλως, καὶ ἐν οἷς ἥκιστα ἄν τις προσεδόκησε, τὰς
τιμωρίας ἐπῆγε, τῆς τε φήμης ἕνεκα, τοῦ μὴ δοκεῖν ὀργίλως ἔχειν,
καὶ τοῦ μή τινα προαισθανόμενον προφυλάξασθαι ἢ καὶ προποιῆσαί
τι δεινὸν αὐτόν, πρὶν παθεῖν, ἐπιχειρῆσαι. οὐ γὰρ τῶν ἤδη
γεγονότων μᾶλλόν τι αὐτῷ ἔμελεν ἢ ἵνα - - - καὶ λυθείη. κἀκ
τούτου πολλοῖς μὲν καὶ τῶν μεγάλα αὐτὸν λυπησάντων συνεγίγνωσκεν
ἢ καὶ ἐπὶ βραχὺ ἐπεξῄει, ὅτι οὐδὲν ἔτι κακουργήσειν αὐτοὺς
ἐπίστευε· πολλοὺς δὲ καὶ ἐπὶ πλεῖον τοῦ καθήκοντος ἐς ἀσφάλειαν
ἐτιμωρεῖτο, λέγων ὅτι τὸ μὲν - - - οὐκ ἄν ποτε | ἀγένητον - - -
τῆς κολάσεως ὑπερβολῇ πάντως τι δεινὸν πείσεται.
| [38,11] César le souffrit avec peine, et il devait en être ainsi ;
mais, quoiqu'il fût consul, il ne blessa Cicéron ni par ses
paroles, ni par ses actes. Il disait que souvent bien des
hommes lancent à dessein de vains sarcasmes contre
ceux qui sont au-dessus d'eux, pour les pousser à la
dispute, dans l'espérance de paraître avoir quelque
ressemblance avec eux et d'être mis sur la même ligne,
s'ils sont eux-mêmes en butte à de semblables sarcasmes :
César crut donc ne devoir entrer en lice avec personne.
Telle fut sa règle de conduite envers tous ceux qui
l'insultaient ; et comme il voyait bien alors que Cicéron
cherchait moins à l'offenser qu'à entendre sortir de sa
bouche quelques propos injurieux, par le désir qu'il avait
d'être regardé comme son égal, il ne se préoccupa point
de lui et ne tint pas compte de ce qu'il disait : il laissa
même Cicéron l'insulter tout à son aise et se louer outre
mesure. Cependant il était loin de le mépriser ; mais,
naturellement doux, il ne se mettait pas facilement en
colère. Il avait beaucoup à punir, comme cela devait
arriver au milieu des grandes affaires auxquelles il était
mêlé ; mais ce n’était jamais par colère et sur-le-champ.
Jamais il ne cédait à l'emportement : il épiait le moment
propice et frappait le plus souvent sans qu'on s'en
doutât, cherchant moins à paraître se venger qu'à mettre
tout dans l'état le plus favorable à ses intérêts, sans
éveiller l'envie. Il punissait donc mystérieusement et
lorsqu'on s'y attendait le moins ; d'abord pour ménager
sa réputation et ne point paraître agir par colère, ensuite
pour que personne ne se tînt sur ses gardes par quelque
pressentiment, ou ne cherchât à lui faire du mal avant
d'en éprouver. Quant aux événements passés, il n'en
prenait souci que pour ne pas avoir à souffrir de leurs
conséquences. Aussi pardonna-t-il à beaucoup
d'hommes qui l'avaient grièvement offensé, ou ne leur
infligea-t-il qu'un châtiment léger, dans la persuasion
qu'ils ne lui nuiraient plus. Mais, dans l'intérêt de sa
sûreté personnelle, il punissait souvent avec plus de
sévérité que ne le comportait la justice, disant que ce qui
était fait ne pouvait pas ne pas être fait et que par la
rigueur des châtiments il se mettait à l'abri du danger
pour l'avenir.
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