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[38,12] ἐξ οὖν τούτων τῶν λογισμῶν καὶ τότε αὐτὸς μὲν τὴν ἡσυχίαν
ἦγε, τὸν δὲ δὴ Κλώδιον ἀντιχαρίσασθαί τι αὐτῷ, ὅτι τῆς μοιχείας
αὐτοῦ οὐ κατηγόρησε, βουλόμενον αἰσθόμενος παρεσκεύασε κρύφα
κατὰ τοῦ Κικέρωνος. καὶ πρῶτον μὲν ἐς τὰ τοῦ πλήθους δικαιώματα
αὖθις αὐτόν, ὅπως νομίμως ἐκποιηθῇ, συμπράττοντος αὐτῷ
καὶ τοῦ Πομπηίου μετέστησεν, ἔπειτα δὲ δήμαρχον εὐθὺς ἀποδειχθῆναι
διεπράξατο. οὗτος οὖν ὁ Κλώδιος ἐπεστόμισε μὲν καὶ τὸν
Βίβουλον ἐσελθόντα τε ἐς τὴν ἀγορὰν ἐπ´ ἐξόδῳ τῆς ἀρχῆς, καὶ
διανοούμενον μετὰ τῆς τοῦ ὅρκου πιστώσεως καὶ περὶ τῶν παρόντων
δημηγορῆσαι, ἐπέθετο δὲ καὶ τῷ Κικέρωνι. καὶ ἐπειδὴ μὴ
ἐδόκει οἱ ῥᾴδιον εἶναι ἄνδρα πάμπολυ ἐν τῇ πολιτείᾳ διὰ τὴν τῶν
λόγων δεινότητα δυνάμενον καταλῦσαι, τρέπεται πρὸς οἰκείωσιν οὐχ
ὅτι τοῦ πλήθους, ἀλλὰ καὶ τῶν ἱππέων τῆς τε βουλῆς, παρ´ οἷσπερ
που καὶ ὁ Κικέρων πλεῖστος ἐφέρετο, ἐλπίσας, ἂν τούτους σφετερίσηται,
ῥᾳδίως αὐτόν, ἅτε καὶ διὰ φόβον μᾶλλον ἢ δι´ εὔνοιαν
ἰσχύοντα, καθαιρήσειν. παμπληθεῖς γὰρ ἐκ τῶν λόγων ἐλύπει, καὶ
οὐκ ἐς τοσοῦτον οἵ τι ὠφελούμενοι ὑπ´ αὐτοῦ ᾠκειοῦντο ἐς ὅσον οἱ
βλαπτόμενοι ἠλλοτριοῦντο. πρὸς γάρ τοι τῷ τοὺς πλείους τῶν ἀνθρώπων
προχειρότερον ἐπὶ τοῖς δυσχερεστέροις ἀγανακτεῖν ἢ τῶν
ἀμεινόνων χάριν τισὶν ἔχειν, καὶ τοῖς μὲν συναγορεύσασί σφισιν
ἀποδεδωκέναι τὸν μισθὸν νομίζειν, τοὺς δ´ ἀντιδικήσαντας ἀμύνεσθαι
τρόπον τινὰ προαιρεῖσθαι, πικροτάτους ἐχθροὺς ἑαυτῷ ἐσεποίει
περιεῖναί τε καὶ τῶν κρατίστων ἀεί ποτε ἐπιχειρῶν καὶ τῇ παρρησίᾳ
πρὸς πάντας ὁμοίως ἀκράτῳ καὶ κατακορεῖ χρώμενος, ἅτε καὶ
τὴν δόξαν τοῦ δύνασθαι συνεῖναί τε καὶ εἰπεῖν ἃ μηδεὶς ἄλλος, καὶ
πρὸ τοῦ χρηστὸς εἶναι δοκεῖν, θηρώμενος. ἔκ τε οὖν τούτου, καὶ
διότι μέγιστόν τε ἀνθρώπων ηὔχει καὶ οὐδένα ἐξ ἴσου ἑαυτῷ ἦγεν,
ἀλλὰ ἔν τε τοῖς λόγοις ὁμοίως καὶ ἐν τῷ βίῳ πάντας τε ὑπερεφρόνει
καὶ ἰσοδίαιτος οὐδενὶ ἠξίου εἶναι, φορτικός τε καὶ ἐπαχθὴς ἦν, καὶ
ἀπὸ τούτων καὶ ὑπ´ αὐτῶν ἐκείνων οἷς ἤρεσκε, καὶ ἐφθονεῖτο καὶ ἐμισεῖτο.
| [38,12] Guidé par ces principes, César ne tenta rien alors lui-même;
mais sentant que Clodius était disposé à lui
témoigner sa reconnaissance de ce qu'il ne l'avait pas
poursuivi comme adultère, il s'en fit un instrument
secret contre Cicéron. D'abord il le fit passer de nouveau
dans l'ordre des plébéiens avec le concours de Pompée,
pour que ce changement d'état fût légal: puis il le fit
nommer sur-le-champ tribun du peuple. Clodius ferma
la bouche à Bibulus, lorsque celui-ci, à la fin de son
consulat, se rendit dans le Forum et voulut, outre le
serment d'usage, parler de la situation présente de la République.
En même temps il machina la ruine de Cicéron ; mais
voyant qu'il ne lui serait pas facile de perdre un homme
qui, par son éloquence, exerçait une grande influence sur
les affaires publiques, il s'appliqua à gagner non
seulement le peuple, mais encore les sénateurs et les
chevaliers, qui avaient beaucoup de considération pour
Cicéron. Clodius espérait, s'il les mettait dans ses
intérêts, renverser aisément Cicéron dont le crédit
reposait plus sur la crainte que sur l'affection. Et en effet,
il indisposait un très grand nombre de citoyens par ses
discours, et ceux auxquels il rendait service lui étaient
moins dévoués que ceux qu'il blessait ne lui étaient
contraires ; car outre que la plupart des hommes sont
plus portés à se montrer courroucés d'une offense que
reconnaissants d'un bienfait ; outre qu’ils croient s'être
acquittés par un salaire envers leurs défenseurs, tandis
qu'ils veulent à tout prix se venger de leurs adversaires,
Cicéron se faisait des ennemis implacables en cherchant
sans cesse à s'élever au-dessus des citoyens les plus
éminents, en abusant jusqu'à la satiété d'une liberté de
langage qui ne respectait rien, en voulant être regardé
comme capable de comprendre et d'exprimer ce que
personne ne pouvait ni exprimer ni comprendre, en
cherchant à paraître homme de bien plutôt qu'à l'être
réellement. Ce fut par de semblables prétentions et en se
vantant plus que tout autre, en ne mettant personne sur
la même ligne que lui, en se préférant à tous dans ce qu'il
disait et dans ce qu'il faisait, en croyant ne devoir vivre
comme personne, qu'il déplut et devint insupportable,
au point d'exciter la jalousie et la haine même de ceux
qui l'estimaient.
| [38,13] ὁ οὖν Κλώδιος ἐλπίσας αὐτὸν διὰ ταῦτα, ἂν τήν τε βουλὴν
καὶ τοὺς ἱππέας τόν τε ὅμιλον προπαρασκευάσηται, ταχὺ κατεργάσεσθαι,
τόν τε σῖτον προῖκα αὖθις διένειμε (τὸ γὰρ μετρεῖσθαι τοῖς
ἀπόροις, τοῦ τε Γαβινίου ἤδη καὶ τοῦ Πίσωνος ὑπατευόντων, ἐσηγήσατο)
καὶ τὰ ἑταιρικά, κολλήγια ἐπιχωρίως καλούμενα, ὄντα μὲν ἐκ
τοῦ ἀρχαίου καταλυθέντα δὲ χρόνον τινά, ἀνενεώσατο· τοῖς τε
τιμηταῖς ἀπηγόρευσε μήτ´ ἀπαλείφειν ἔκ τινος τέλους μήτ´ ἀτιμάζειν
μηδένα, χωρὶς ἢ εἴ τις παρ´ ἀμφοτέροις σφίσι κριθεὶς ἁλοίη.
τούτοις οὖν αὐτοὺς δελεάσας καὶ ἕτερόν τινα νόμον ἔγραψε, περὶ
οὗ διὰ πλειόνων ἀναγκαῖόν ἐστιν εἰπεῖν, ὅπως σαφέστερος τοῖς πολλοῖς
γένηται. τῆς γὰρ μαντείας τῆς δημοσίας ἔκ τε τοῦ οὐρανοῦ
καὶ ἐξ ἄλλων τινῶν, ὥσπερ εἶπον, ποιουμένης, τὸ μέγιστον κῦρος
ἡ ἐκ τοῦ οὐρανοῦ εἶχεν, οὕτως ὥστε τὰ μὲν ἄλλα οἰωνίσματα πολλὰ
καὶ καθ´ ἑκάστην πρᾶξιν, ἐκεῖνο δὲ ἐσάπαξ ἐπὶ πάσῃ τῇ ἡμέρᾳ
γίγνεσθαι. τοῦτό τε οὖν ἰδιώτατον ἐν αὐτῷ ἦν, καὶ ὅτι ἐπὶ μὲν
τῶν ἄλλων ἁπάντων ἢ ἐπέτρεπε πραχθῆναί τινα, καὶ ἐγίγνετο μηδενὸς
ἔτι καθ´ ἕκαστον οἰωνίσματος ἐπαγομένου, ἢ ἐκώλυε, καὶ
ἀνεχειρίζετό τι, τὰς δὲ δὴ τοῦ δήμου διαψηφίσεις πάντως ἐπῖσχεν,
καὶ ἦν πρὸς αὐτὰς ἀεὶ διοσημία, εἴτε ἐναίσιον εἴτε ἐξαίσιον ἐγένετο.
καὶ τὸ μὲν αἴτιον τῆς νομίσεως ταύτης οὐκ ἔχω φράσαι, γράφω
δὲ τὰ λεγόμενα. ἐπεὶ οὖν πολλοὶ ἐμποδίζειν ἢ νόμων ἐσφορὰς ἢ
ἀρχόντων καταστάσεις ἐς τὸν δῆμον ἐσαγομένας βουλόμενοι προεπήγγελλον
ὡς καὶ ἐκ τοῦ οὐρανοῦ τὴν ἡμέραν ἐκείνην μαντευσόμενοι,
ὥστε μηδεμίαν ἐν αὐτῇ κύρωσιν τὸν δῆμον σχεῖν, φοβηθεὶς ὁ
Κλώδιος μὴ γραψαμένου αὐτοῦ τὸν Κικέρωνα ἀναβολήν τέ τινες
ἐκ τοῦ τοιούτου καὶ τριβὴν τῇ δίκῃ ἐμποιήσωσιν, ἐσήνεγκε μηδένα
τῶν ἀρχόντων ἐν ταῖς ἡμέραις ἐν αἷς ψηφίσασθαί τι τὸν δῆμον
ἀναγκαῖον εἴη, τὰ ἐκ τοῦ οὐρανοῦ γιγνόμενα παρατηρεῖν.
| [38,13] Clodius, espérant venir bientôt à bout de Cicéron,
s'il gagnait d'abord le sénat, les chevaliers et le peuple,
demanda de nouveau qu'on fît des distributions de blé
gratuites (il avait proposé, Gabinius et Pison étant déjà
consuls, de donner du blé aux pauvres). Il rétablit les
associations, appelées collèges dans la langue latine, et
dont l'institution était ancienne, mais qui avaient été
dissoutes pendant quelque temps. Il défendit aux
censeurs de faire disparaître un citoyen de la liste des
magistrats, ou de le noter d'infamie ; à moins qu'il n'eût
été jugé et condamné par les deux censeurs. Après avoir
séduit le peuple par ces propositions, il en fit une autre
dont je dois parler en détail, afin qu'elle soit mieux
comprise par tous les lecteurs. A Rome, les présages
publics se tiraient du ciel et de plusieurs autres choses,
comme je l'ai dit ; mais les plus puissants étaient ceux
qui se tiraient du ciel : ainsi, tandis que les autres
pouvaient être pris plusieurs fois et pour chaque
entreprise, ceux qu'on tirait du ciel n'étaient pris qu'une
seule fois par jour. Ce qui les distinguait principalement,
c'est que, pour tout le reste, s'ils autorisaient certaines
choses, elles se faisaient sans qu'il fût nécessaire de
prendre les auspices pour chacune en particulier, et s'ils
les interdisaient, on ne les faisait pas. Mais ils
empêchaient d'une manière absolue le peuple d'aller aux
voix ; car, par rapport au vote dans les comices, ces
présages étaient toujours regardés comme une
prohibition céleste, qu'ils fussent favorables ou non. Je ne
saurais faire connaître l'origine de cette institution : je me
borne à raconter ce que j'entends dire. Comme, dans
maintes circonstances, ceux qui voulaient s'opposer à
l'adoption de certaines propositions, ou à l'établissement
de certaines magistratures, annonçaient d'avance qu'ils
observeraient le ciel tel jour, de sorte que le peuple ne
pouvait rien décréter ce jour-là ; Clodius, craignant qu'on
n'eût recours à ce moyen pour obtenir un délai et pour
faire ajourner le jugement, lorsqu'il aurait mis Cicéron en
accusation, proposa une loi portant qu'aucun magistrat
n'observerait le ciel, le jour où le peuple aurait une
question à décider par ses suffrages.
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