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[37,11] ὁ Μιθριδάτης αὐτὸς μὲν οὐχ ὑπεῖκε ταῖς συμφοραῖς, ἀλλὰ τῇ
βουλήσει πλέον ἢ τῇ δυνάμει νέμων ἐνενόει, ἄλλως τε καὶ ἐπειδὴ
ὁ Πομπήιος ἐν τῇ Συρίᾳ διέτριβε, πρός τε τὸν Ἴστρον διὰ τῶν
Σκυθῶν ἐλθεῖν, κἀντεῦθεν ἐς τὴν Ἰταλίαν ἐσβαλεῖν· φύσει τε γὰρ
μεγαλοπράγμων ὤν, καὶ πολλῶν μὲν πταισμάτων πολλῶν δὲ καὶ
εὐτυχημάτων πεπειραμένος, οὐδὲν οὔτε ἀτόλμητον οὔτε ἀνέλπιστόν
οἱ εἶναι ἐνόμιζεν. εἰ δὲ δὴ καὶ σφαλείη, συναπολέσθαι τῇ βασιλείᾳ
μετὰ ἀκεραίου τοῦ φρονήματος μᾶλλον ἢ στερηθεὶς αὐτῆς ἔν τε
ταπεινότητι καὶ ἐν ἀδοξίᾳ ζῆν ἤθελεν. αὐτὸς μὲν οὖν ἐπὶ τούτοις
ἔρρωτο· ὅσῳ γὰρ τῇ τοῦ σώματος ἀσθενείᾳ ἀπεμαραίνετο, τοσούτῳ
τῇ τῆς γνώμης ῥώμῃ ἰσχυρίζετο, ὥστε καὶ τὴν ἐκείνου ἀρρωστίαν
τοῖς ταύτης λογισμοῖς ἀναλαμβάνειν· οἱ δ´ ἄλλοι οἱ συνόντες αὐτῷ,
ὡς τά τε τῶν Ῥωμαίων ἰσχυρότερα καὶ τὰ τοῦ Μιθριδάτου ἀσθενέστερα
ἀεὶ ἐγίγνετο (τά τε γὰρ ἄλλα καὶ ὁ σεισμὸς μέγιστος δὴ
τῶν πώποτε συνενεχθεὶς αὐτοῖς πολλὰς τῶν πόλεων ἔφθειρεν), ἠλλοιοῦντο,
καὶ τά τε στρατιωτικὰ ἐκινεῖτο, καὶ παῖδάς τινας αὐτοῦ
συναρπάσαντές τινες πρὸς τὸν Πομπήιον ἐκόμισαν.
| [37,11] Mithridate ne céda pas à l'adversité : consultant sa
volonté plus que ses forces et tenant surtout à profiter du
séjour de Pompée en Syrie, il nourrissait la pensée de se
rendre vers le Danube à travers le pays des Scythes, pour
faire de là une invasion en Italie. Naturellement porté
aux grandes entreprises, ayant souvent éprouvé la bonne
et la mauvaise fortune, il croyait pouvoir tout oser et ne
devoir désespérer de rien. D'ailleurs, dût-il échouer, il
aimait mieux périr sous les ruines de son trône, avec un
coeur toujours ferme, que de vivre dans l'humiliation et
dans l'obscurité, après l'avoir perdu. Il se raffermit avec
énergie dans cette résolution ; car plus son corps était
épuisé et flétri, plus son âme avait de vigueur, et la
faiblesse de l'un était relevée par les mâles inspirations
de l'autre. Mais ceux qui jusqu'alors s'étaient montrés ses
partisans, voyant la puissance des Romains grandir et
celle de Mithridate décroître de jour en jour,
abandonnèrent sa fortune : outre diverses calamités, le
plus terrible tremblement de terre qu'on eût vu de
mémoire d'homme détruisit plusieurs de ses villes, des
troubles éclatèrent dans son armée, on enleva même
plusieurs de ses enfants et on les conduisit à Pompée.
| [37,12] ἐπ´ οὖν τούτοις τοὺς μὲν ἐφώρα καὶ ἐκόλαζε, τοὺς δὲ καὶ ἐξ ὑποψίας
ὀργῇ προκατελάμβανε, καὶ ἦν πρὸς οὐδένα ἔτι πιστός, ἀλλὰ καὶ τῶν
λοιπῶν τέκνων ὑποτοπήσας τινὰ ἀπέσφαξεν. ἰδὼν οὖν ταῦτα υἱός
τις αὐτοῦ Φαρνάκης, καὶ ἐκεῖνόν τε ἅμα φοβηθεὶς καὶ παρὰ τῶν
Ῥωμαίων τὴν βασιλείαν (καὶ γὰρ ἀνὴρ ἤδη ἦν) λήψεσθαι προσδοκήσας,
ἐπεβούλευσεν αὐτῷ. φωραθεὶς δέ (πολλοὶ γὰρ καὶ φανερῶς
καὶ λάθρᾳ πάντα τὰ πραττόμενα ὑπ´ αὐτοῦ ἐπολυπραγμόνουν) εὐθὺς
ἄν, εἴπερ τι καὶ τὸ βραχύτατον εὐνοίας οἱ δορυφόροι τῷ γέροντι
εἶχον, ἐδικαιώθη· νῦν δὲ καίτοι σοφώτατος ὁ Μιθριδάτης
ἐς πάντα τὰ βασιλικὰ γενόμενος οὐκ ἔγνω ὅτι οὐδὲν οὐδενὶ οὔτε
τὰ ὅπλα οὔτε τὰ πλήθη τῶν ὑπηκόων ἄνευ τῆς παρ´ αὐτῶν φιλίας
ἰσχύει, ἀλλὰ καὶ ὅσῳ τις ἂν πλείω, μὴ μέντοι καὶ πιστὰ αὐτὰ ἔχῃ,
χαλεπώτερα αὐτῷ γίγνεται. ὁ γοῦν Φαρνάκης μετά τε τῶν προπαρεσκευασμένων
καὶ μετὰ τῶν ὑπὸ τοῦ πατρὸς πρὸς τὴν σύλληψιν
αὐτοῦ πεμφθέντων (ῥᾷστα γὰρ αὐτοὺς ᾠκειώσατο) καὶ ἐπ´ αὐτὸν
ἄντικρυς τὸν πατέρα ἠπείχθη. πυθόμενος δὲ τοῦτο ὁ γέρων (ἦν
δὲ ἐν Παντικαπαίῳ) στρατιώτας τινὰς ἐπὶ τὸν υἱόν, ὡς καὶ αὐτὸς
ἐφεψόμενός σφισι, προέπεμψε. καὶ τούτους τε ἐκεῖνος διὰ βραχέος,
ἅτε μηδ´ αὐτοὺς φιλοῦντας τὸν Μιθριδάτην, ἀπετρέψατο, καὶ τὴν πόλιν
ἑκουσίαν ἔλαβε, τόν τε πατέρα ἐς τὸ βασίλειον καταφυγόντα ἀπέκτεινεν.
| [37,12] Mithridate mit la main sur plusieurs des coupables et
les livra au supplice ; mais dans sa colère, il punit, sur un
simple soupçon, des hommes qui n'avaient rien fait. Il ne
se fia plus à personne, et quelques-uns des enfants qui
lui restaient encore étant devenus suspects, il les fit
égorger. Témoin de ces cruautés, Pharnace, un de ses fils,
trama sa perte, autant par crainte que dans l'espoir d'être
placé sur le trône par les Romains : il avait déjà atteint
l'âge viril. Son crime fut découvert (car toutes ses actions
étaient observées ouvertement et en secret), et il aurait
été puni sur-le-champ, si les gardes du vieux roi avaient
eu quelque dévouement pour lui. Mais Mithridate, fort
habile dans l'art de régner, ignorait que les armes et le
grand nombre de sujets, quand ils n'ont pas d'amour
pour leur roi, ne sont d'aucune utilité. Bien au contraire,
plus ils sont nombreux et plus on doit les craindre,
lorsqu'ils ne sont pas fidèles. Pharnace, à la tête des
hommes associés dés le principe à son projet et avec ceux
que Mithridate avait envoyés pour l'arrêter (il n'eut
aucune peine à les gagner), marcha sans détour contre
son père. A cette nouvelle le vieillard, qui était à
Panticapée, envoya contre son fils quelques soldats
auxquels il promit de les suivre. Pharnace les mit bientôt
dans ses intérêts ; car eux aussi n'aimaient pas Mithridate.
Il s'empara de la ville qui n'opposa aucune résistance et fit
périr son père dans le palais royal, où il s'était réfugié.
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