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[36,32] Εἰ γάρ τοι καὶ παρὰ τὰς ἐπετησίους ἀρχὰς ἀνάγκη τις εἴη ἑτέραν
ἑλέσθαι, ἔστι καὶ τούτου παράδειγμα ἀρχαῖον. Λέγω δὲ τὸν
δικτάτορα. Καὶ τοῦτον μέντοι τοιοῦτον ὄντα, οὔτε ἐπὶ πᾶσί ποτε
τοῖς πράγμασιν οἱ πατέρες ἡμῶν, οὔτε ἐπὶ πλείω χρόνον ἑξαμήνου
κατεστήσαντο. Ὥστ' εἰ μὲν τοιούτου τινὸς δεῖσθε, ἔξεστιν ὑμῖν,
μήτε παρανομήσασι, μήτ' ὀλιγώρως ὑπὲρ τῶν κοινῶν
βουλευσαμένοις, δικτάτορα, εἴτε Πομπήιον, εἴτε καὶ ἄλλον τινὰ
προχειρίσασθαι, ἐφ' ᾧ μήτε πλείω τοῦ τεταγμένου χρόνου, μήτε
ἔξω τῆς Ἰταλίας ἄρξῃ. Οὐ γάρ που ἀγνοεῖτε, ὅτι καὶ τοῦτο δεινῶς οἱ
πατέρες ἡμῶν ἐφυλάξαντο. Καὶ οὐκ ἂν εὑρεθείη δικτάτωρ οὐδεὶς
ἄλλοσε, πλὴν ἑνὸς ἐς Σικελίαν, καὶ ταῦτα μηδὲν πράξαντος,
αἱρεθείς. {Εἰ δ'} οὔτε δεῖται ἡ Ἰταλία τοιούτου τινός, οὔτ' ἂν ὑμεῖς
ὑπομείναιτε ἔτι οὐχ ὅτι τὸ ἔργον τοῦ δικτάτορος, ἀλλ' οὐδὲ τὸ
ὄνομα· (δῆλον δὲ ἐξ ὧν πρὸς τὸν Σύλλαν ἠγανακτήσατε)· πῶς δ' ἂν
ὀρθῶς ἔχοι καινὴν ἡγεμονίαν, καὶ ταύτην ἐς ἔτη τρία, καὶ ἐπὶ
πᾶσιν, ὡς εἰπεῖν, καὶ τοῖς ἐν τῇ Ἰταλίᾳ καὶ τοῖς ἔξω πράγμασιν,
ἀποδειχθῆναι; Ὅσα γὰρ ἐκ τοῦ τοιούτου δεινὰ ταῖς πόλεσι
συμβαίνει, καὶ ὅσοι διὰ τὰς παρανόμους φιλαρχίας τόν τε δῆμον
ἡμῶν πολλάκις ἐτάραξαν, καὶ αὐτοὶ {αὑτοὺς} μυρία κακὰ
εἰργάσαντο, πάντες ὁμοίως ἐπίστασθε.
| [36,32] S'il est nécessaire de créer un magistrat en dehors des magistrats
annuels, nous en avons un exemple ancien ; je veux parler du
dictateur, mais ce dictateur, avec l'autorité dont il était revêtu, nos
pères ne l'établirent jamais pour toutes les affaires indistinctement, ni
pour plus de six mois. Si vous avez besoin d'un magistrat
extraordinaire, vous pouvez donc, sans enfreindre les lois et sans vous
montrer peu soucieux des intérêts de la république, nommer un
dictateur, que ce soit Pompée ou tout autre citoyen ; pourvu que son
autorité ne s'étende pas au delà du terme légal, ni hors de l'Italie. Vous
n'ignorez pas avec quel respect nos pères observèrent cette règle, et
vous ne trouverez pas de dictateur élu à d'autres conditions, excepté
un seul : je veux parler de celui qui fut envoyé en Sicile et qui ne fit
rien. Du reste, l'Italie n'a pas besoin d'un tel magistrat, et vous ne
supporteriez point, je ne dis pas l'autorité, mais le nom d'un dictateur :
j'en ai pour garant votre indignation contre Sylla. Comment pourriez-
vous, sans imprudence, créer aujourd'hui un pouvoir qui durerait trois
ans, qui s'étendrait, pour ainsi dire, sur tout dans l'Italie et hors de
l'Italie ? Les malheurs qu'une pareille autorité attire sur les États, les
troubles qu'excitèrent souvent au milieu de nous les hommes dévorés
de la soif de dominer au mépris des lois, les maux qu'ils appelèrent sur
eux-mêmes, vous les connaissez tous également.
| [36,33] Ὥστε περὶ μὲν τούτων παύομαι λέγων. Τίς γὰρ οὐκ οἶδεν, ὅτι
οὔτ' ἄλλως καλῶς ἔχει οὔτε συμφέρει, ἑνί τινι τὰ πράγματα
προστάσσεσθαι, καὶ ἕνα τινὰ πάντων τῶν ὑπαρχόντων ἡμῖν
ἀγαθῶν κύριον γίγνεσθαι, κἂν τὰ μάλιστα ἄριστός τις ᾖ; Αἵτε γὰρ
μεγάλαι τιμαὶ, καὶ αἱ ὑπέρογκοι ἐξουσίαι, καὶ τοὺς τοιούτους
ἐπαίρουσι καὶ διαφθείρουσιν. Ἐκεῖνο δὲ δὴ σκοπεῖν ὑμᾶς ἀξιῶ, ὅτι
οὐδὲ οἷόν τέ ἐστιν ἕνα ἄνδρα πάσης τῆς θαλάσσης ἐπάρξαι, καὶ
πάντα τὸν πόλεμον τοῦτον ὀρθῶς διοικῆσαι. Δεῖ μὲν γὰρ ὑμᾶς,
εἴπερ τι τῶν δεόντων ποιήσετε, πανταχῇ ἅμα αὐτοῖς πολεμῆσαι,
ἵνα μὴ συνιστάμενοι πρὸς ἀλλήλους, μηδ' αὖ τὰς ἀναφυγὰς πρὸς
τοὺς οὐ πολεμουμένους ἔχοντες, δύσληπτοι γένωνται. Τοῦτο δὲ
οὐδένα ἂν τρόπον εἷς τις ἄρξας πρᾶξαι δυνηθείη. Πῶς γὰρ ἂν ὑπὸ
τὰς αὐτὰς ἡμέρας ἔν τε τῇ Ἰταλίᾳ καὶ ἐν τῇ Κιλικίᾳ, τῇ τε Αἰγύπτῳ
καὶ τῇ Συρίᾳ, τῇ τε Ἑλλάδι καὶ τῇ Ἰβηρίᾳ, τῷ τε Ἰονίῳ καὶ ταῖς
νήσοις, πολεμήσειε; Πολλοὺς μὲν δὴ διὰ τοῦτο καὶ στρατιώτας καὶ
στρατηγοὺς ἐπιστῆναι δεῖ τοῖς πράγμασιν, εἴπερ τι ὄφελος αὐτῶν ἔσται.
| [36,33] Je n'ajouterai donc rien à ce sujet. Qui ne sait, en effet, qu'il n'est ni
honorable ni avantageux que toutes les affaires soient dans les mains
d'un seul homme, ni qu'un seul homme, eût-il un mérite éminent, soit
l'arbitre de la fortune de tous ? Les grands honneurs, un pouvoir
excessif enorgueillissent et corrompent même les coeurs les plus
vertueux. Il est d'ailleurs une chose qu'à mon avis vous ne devez point
perdre de vue, c'est qu'il n'est pas possible qu'un seul homme
commande sur toute la mer et dirige convenablement cette guerre ;
car, si vous voulez faire ce que les circonstances exigent, vous devez
combattre les pirates sur tous les points à la fois, afin qu'ils ne paissent
se réunir, ni se ménager un refuge auprès de ceux qui ne sont pas
engagés dans cette guerre ; de sorte qu'il sera très difficile alors de
mettre la main sur eux. Un seul chef ne saurait y suffire en aucune
façon. Comment pourrait-il, en effet, faire la guerre, le même jour, en
Italie, en Cilicie, en Égypte, en Syrie, en Grèce, dans l'Ibérie, dans la
mer Ionienne et dans les îles ? Vous devez donc consacrer à cette
expédition un grand nombre de soldats et de généraux, si vous voulez
en retirer quelque avantage.
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