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[36,30] Καὶ τοῦτο μὲν οὐχ ὡς καὶ κατεγνωκώς τι τοῦ Πομπηίου λέγω,
ἀλλ' ὅτι μητ' ἄλλως συνενεγκόν ποτε ὑμῖν φαίνεται, μήτε ἐκ τῶν
νόμων ἐπιτέτραπται. Καὶ γὰρ εἴτε τιμὴν τοῖς ἀξιουμένοις αὐτοῦ
φέρει, πᾶσιν αὐτῆς, οἷς γε ἐπιβάλλει, προσήκει τυγχάνειν· (τοῦτο
γάρ ἐστιν ἡ δημοκρατία) εἴτε κάματον, καὶ τούτου πρὸς τὸ μέρος
πάντας μεταλαμβάνειν δεῖ· (τοῦτο γάρ ἐστιν ἡ ἰσομοιρία.) Ἔτι
τοίνυν ἐν μὲν τῷ τοιούτῳ, πολλούς τε ἐν ταῖς πράξεσιν
ἐγγυμνάζεσθαι, καὶ ῥᾳδίαν ὑμῖν τὴν αἵρεσιν τῶν πιστευθῆναι
δυναμένων πρὸς πάντα τὰ πρακτέα ἀπὸ τῆς πείρας ὑπάρχειν
συμβαίνει· ἐκείνως δὲ δὴ, πολλὴν τὴν σπάνιν καὶ τῶν ἀσκησόντων
τὰ προσήκοντα καὶ τῶν ἐπιτραπησομένων ἀνάγκη πᾶσα
γίγνεσθαι. Καὶ διὰ τοῦτό γε οὐχ ἥκιστα ἐν τῷ πρὸς τὸν Σερτώριον
πολέμῳ στρατηγοῦ ἠπορήσατε, ὅτι τὸν πρὸ τούτου χρόνον ἐν τοῖς
αὐτοῖς ἐπὶ πολὺ ἐχρῆσθε. Ὥστ' εἰ καὶ κατὰ τὰ ἄλλα πάντα ἄξιός
ἐστι Πομπήιος ἐπὶ τοὺς καταποντιστὰς χειροτονηθῆναι· ἀλλ' ὅτι γε
παρά τε τὰ διατεταγμένα ἐν τοῖς νόμοις, καὶ παρὰ τὰ διεληλεγμένα
ἐν τοῖς ἔργοις, αἱρεθείη ἄν, ἥκιστα καὶ ὑμῖν καὶ τούτῳ προσήκει
αὐτὸ πραχθῆναι.
| [36,30] Si je tiens ce langage, ce n'est pas que j'aie quelque reproche à
faire à Pompée ; c'est parce qu'il ne vous serait pas avantageux de lui
déférer un semblable commandement : les lois d'ailleurs ne le
permettent point. Et en effet, si le commandement est un honneur pour
les citoyens que vous en jugez dignes, tous ceux qui ont droit d'y
prétendre doivent l'obtenir (c'est en cela que la démocratie consiste) :
s'il expose aux fatigues, tous les citoyens doivent les partager (c'est ce
qui constitue l'égalité). De plus, si vous agissez comme je vous le
conseille, un grand nombre de citoyens s'exerceront au maniement
des affaires publiques, et il vous sera facile, par l'expérience, de choisir
les plus capables, quels que soient les besoins de l'État. Au contraire,
la manière dont vous procédez a pour conséquence inévitable de
rendre fort rares les hommes convenablement préparés aux affaires
publiques et dignes de les diriger. Si vous avez manqué d'un général
pour la guerre contre Sertorius, c'est surtout parce que, pendant les
années qui l'avaient précédée, vous aviez longtemps laissé le
commandement dans les mêmes mains. Ainsi, quoique Pompée
mérite, à tous égards, d'être chargé de l'expédition contre les pirates,
par cela même que ce choix serait condamné par les lois et par
l'expérience, il ne doit avoir ni votre approbation ni la sienne.
| [36,31] Πρῶτον μὲν οὖν τοῦτο καὶ μάλιστα λέγω. Δεύτερον δὲ ἐκεῖνο,
ὅτι τεταγμένως ἐκ τῶν νόμων τάς τε ἀρχὰς καὶ τὰς ἡγεμονίας
λαμβανόντων καὶ ὑπάτων καὶ στρατηγῶν, καὶ τῶν ἀντὶ τούτων
ἀρχόντων, οὔτ' ἄλλως καλῶς ὑμῖν ἔχει παριδόντας αὐτοὺς καινήν
τινα ἀρχὴν ἐπεσαγαγέσθαι οὔτε συμφέρει. Τίνος μὲν γὰρ ἕνεκα καὶ
τοὺς ἐνιαυσίους ἄρχοντας χειροτονεῖτε, εἴγε μηδὲν αὐτοῖς πρὸς τὰ
τοιαῦτα χρήσεσθε; Οὐ γάρ που ἵν' ἐν τοῖς περιπορφύροις ἱματίοις
περινοστῶσιν· οὐδ' ἵνα τὸ ὄνομα μόνον τῆς ἀρχῆς περιβεβλημένοι,
τοῦ ἔργου αὐτῆς στέρωνται. Πῶς δ' οὐχὶ καὶ τούτοις καὶ τοῖς ἄλλοις
ἅπασι, τοῖς τι πράττειν τῶν πολιτικῶν προαιρουμένοις
ἀπεχθήσεσθε, ἂν τὰς μὲν πατρίους ἀρχὰς καταλύητε, καὶ τοῖς ἐκ
τῶν νόμων χειροτονουμένοις μηδὲν ἐπιτρέπητε, ξένην δέ τινα καὶ
μηπώποτε γεγενημένην ἡγεμονίαν ἰδιώτῃ προστάξητε;
| [36,31] Voilà ce que j'avais d'abord à dire et à signaler particulièrement à
votre attention. J'ajoute que, lorsque des consuls, des préteurs, des
proconsuls et des propréteurs n'obtiennent les magistratures civiles et
le commandement des armées que d'après les prescriptions des lois, il
n'est ni honorable ni utile pour vous de les violer, pour créer je ne sais
quelle magistrature nouvelle. A quoi bon élire des magistrats annuels,
si vous ne vous en servez pas, lorsque les circonstances l'exigent ?
Certes, ce n'est pas pour qu'ils se promènent avec la toge bordée de
pourpre, ni pour que revêtus du titre de leur charge, ils soient privés de
l'autorité qu'elle confère. Et comment ne serez-vous pas en butte à la
haine de ces hommes et de tous ceux qui aspirent à prendre part au
gouvernement de l'État, si vous abolissez les magistratures établies
dans notre pays ; si vous ne laissez rien à faire à ceux que vous avez
élus conformément aux lois, pour décerner à un simple citoyen un
commandement extraordinaire et tel qu'il n'a jamais existé.
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