|
[36,40] Ἐσήνεγκε μὲν οὖν καὶ ὁ Ῥώσκιος νόμον, ἐσήνεγκε δὲ καὶ ὁ Γάιος
ὁ Μάλλιος, ὅτε ἐδημάρχησεν· ἀλλ' ἐκεῖνος μέν τὰς γὰρ τῶν ἱππέων
τὰς ἐν τοῖς θεάτροις ἕδρας ἀκριβῶς ἀπὸ τῶν ἄλλων ἀφώρισε καὶ
ἔπαινον ἐπ' αὐτῷ ἔλαβεν· ὁ δὲ δὴ Μάλλιος, καὶ δίκην ὀλίγου
ὑπέσχε. Τῷ γὰρ ἔθνει τῷ τῶν ἀπελευθέρων ἔν τε τῇ ἐσχάτῃ τοῦ
ἔτους ἡμέρᾳ, καὶ πρὸς ἑσπέραν, παρασκευάσας τινὰς ἐκ τοῦ
ὁμίλου, ψηφίσασθαι μετὰ τῶν ἐξελευθερωσάντων σφᾶς ἔδωκεν.
Ἐπεὶ δὲ ἡ βουλὴ (εὐθὺς τῇ ὑστεραίᾳ, ἐν αὐτῇ τῇ νουμηνίᾳ ἐπύθετο
{ἐν ᾗ} Λούκιός τε Τούλλιος καὶ Αἰμίλιος Λέπιδος ὑπατεύειν
ἤρξαντο), τὸν νόμον αὐτοῦ ἀπεψηφίσατο, φοβηθείς, ἐπειδὴ τὸ
πλῆθος δεινῶς ἠγανάκτει, τὰ μὲν πρῶτα ἔς τε τὸν Κράσσον καὶ ἐς
ἄλλους τινὰς τὴν γνώμην ἀνῆγεν· ὡς δ' οὐδεὶς ἐπίστευέν οἱ, τὸν
Πομπήιον καὶ ἀπόντα ἐκολάκευσεν, ἄλλως τε καὶ ὅτι τὸν Γαβίνιον
πλεῖστον παρ' αὐτῷ δυνάμενον ᾖσθετο. Τόν τε γὰρ τοῦ Τιγράνου
καὶ τὸν τοῦ Μιθριδάτου πόλεμον, τήν τε Βιθυνίαν καὶ τὴν Κιλικίαν
ἅμα ἀρχὴν αὐτῷ προσέταξεν.
| [36,40] Roscius proposa une nouvelle loi : C. Manilius, qui était aussi
tribun du peuple, en proposa une autre. Le premier demanda qu'au
théâtre les places des chevaliers fussent séparées de celles des
autres citoyens, et cette proposition lui valut des éloges : peu s'en
fallut, au contraire, que Manilius ne fût puni pour la sienne. Le dernier
jour de l'année, vers le soir, à la tète de quelques hommes du peuple
qu'il avait disposés pour un coup de main, il proposa de conférer aux
affranchis le droit de voter comme ceux qui leur avaient donné la liberté.
Le lendemain (c'était le premier jour du mois dans lequel L. Tullius et
Aemilius Lépidus prirent possession du consulat), le sénat, instruit de
cette proposition, la rejeta sur-le-champ : l'indignation de la multitude
était montée à son comble. Manilius, qui en fut effrayé, attribua d'abord
à Crassus et à quelques autres la pensée de cette loi ; mais comme
personne ne le crut, il chercha, malgré une vive répugnance, à flatter
Pompée et prit surtout ce parti, parce qu'il savait que Gabinius avait
beaucoup de crédit auprès de lui. Il lui fit donc confier la guerre contre
Tigrane et contre Mithridate, avec le gouvernement de la Bithynie et de
la Cilicie.
| [36,41] Ἀγανάκτησις μὲν γὰρ καὶ ἀντιλογία καὶ τότε παρὰ τῶν
δυνατῶν, διά τε τἆλλα, καὶ διότι ὅ τε Μάρκιος καὶ ὁ Ἀκίλιος, πρὶν
τὸν χρόνον σφίσι τῆς ἀρχῆς ἐξήκειν, κατελύοντο, ἐγένετο. Ὁ δὲ
ὅμιλος, καίτοι μικρὸν ἔμπροσθεν τοὺς ἄνδρας τοὺς καταστήσοντας
τὰ ἑαλωκότα, ὡς καὶ διαπεπολεμηκὼς ἐξ ὧν σφίσιν ὁ Λούκουλλος
ἐπεστάλκει, πέμψας, ὅμως ἐψηφίσατο αὐτά, ἐναγόντων σφᾶς ἐς τὰ
μάλιστα τοῦ τε Καίσαρος καὶ τοῦ Κικέρωνος τοῦ Μάρκου. Οὗτοι
γὰρ αὐτοῖς συνηγωνίσαντο οὐχ ὅτι καὶ συμφέρειν αὐτὰ τῇ πόλει
ἐνόμιζον, οὐδ' ὅτι τῷ Πομπηίῳ χαρίσασθαι ἤθελον· ἀλλ' ἐπειδὴ καὶ
ὣς γενήσεσθαι ἔμελλε, Καῖσαρ μὲν τόν τε ὄχλον ἅμα ἐθεράπευσεν,
ἅτε καὶ ὁρῶν ὅσῳ τῆς βουλῆς ἐπικρατέστεροι ἦσαν, καὶ ἑαυτῷ τό τι
τῶν ὁμοίων ψηφισθῆναί ποτε παρεσκεύασε, κἀν τούτῳ καὶ τὸν
Πομπήιον καὶ ἐπιφθονώτερον καὶ ἐπαχθέστερον ἐκ τῶν διδομένων
οἱ ποιῆσαι, ὅπως σφίσι πρὸς κόρου θᾶσσον γένηται, ἠθέλησε,
Κικέρων δὲ τήν τε πολιτείαν ἄγειν ἠξίου, καὶ ἐνεδείκνυτο καὶ τῷ
πλήθει καὶ τοῖς δυνατοῖς, ὅτι, ὁποτέροις ἄν σφων πρόσθηται,
πάντως αὐτοὺς ἐπαυξήσει. Ἐπημφοτέριζέ τε γὰρ, καὶ ποτὲ μὲν τὰ
τούτων, ἔστι δ' ὅτε καὶ τὰ ἐκείνων, ἵν' ὑπ' ἀμφοτέρων σπουδάζηται,
ἔπραττε. Τοὺς γοῦν βελτίους πρότερον προαιρεῖσθαι λέγων, καὶ διὰ
τοῦτο καὶ ἀγορανομῆσαι μᾶλλον ἢ δημαρχῆσαι ἐθελήσας, τότε
πρὸς τοὺς συρφετώδεις μετέστη.
| [36,41] Alors le mécontentement et l'opposition des Grands éclatèrent
encore pour diverses causes ; mais principalement parce que Marcius
et Acilius furent déposés avant d'être parvenus au terme de leur
charge. Le peuple avait envoyé, peu de temps auparavant, des
commissaires pour régler les affaires dans les pays conquis (la guerre
paraissait finie d'après ce que Lucullus avait écrit) ; mais il n'en
approuva pas moins la loi Manilia, à l'instigation de César et de M.
Cicéron, qui soutinrent cette loi, non qu'ils la crussent avantageuse
pour l'État, ou qu'ils voulussent complaire à Pompée, mais parce qu'ils
voyaient qu'elle serait inévitablement adoptée. César voulait tout à la
fois flatter le peuple, qui lui paraissait beaucoup plus puissant que le
sénat, et se frayer la voie pour obtenir, un jour, un semblable décret en
sa faveur. Il cherchait eu même temps à exciter encore davantage la
jalousie et la haine contre Pompée, par les honneurs qui lui seraient
conférés ; afin que le peuple se dégoûtât plus promptement de lui.
Quant à Cicéron, il aspirait à gouverner l'État et voulait montrer au
peuple et aux Grands qu'il accroîtrait considérablement la force du
parti qu'il aurait embrassé. Il favorisait donc tantôt les uns, tantôt les
autres, pour être recherché par les deux partis : ainsi, après avoir fait
cause commune avec les Grands et préféré, par suite de cette
résolution, l'édilité au tribunat, il se déclara alors pour la lie du peuple.
| | |