HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

DION CHRYSOSTOME, Discours Eubéen ou Le Chasseur (discours VII) ; traductions française et anglaise)

Paragraphes 60-69

  Paragraphes 60-69

[7,60] παρελθὼν δὲ ἐκεῖνος ἐπιεικὴς τὴν ἀρχὴν ὑπὲρ ἐμοῦ λέγων, Ἐμοί, ἔφη, ἄνδρες, δοκεῖ καλέσαι τοῦτον εἰς τὸ πρυτανεῖον ἐπὶ ξένια. οὐ γάρ, εἰ μὲν ἐν πολέμῳ τινὰ ἔσωσε τῶν πολιτῶν ὑπερασπίσας, πολλῶν ἂν καὶ μεγάλων δωρεῶν ἔτυχε· νυνὶ δὲ δύο σώσας πολίτας, τυχὸν δὲ καὶ ἄλλους, οἳ οὐ πάρεισιν, οὐκ ἔστιν ἄξιος οὐδεμιᾶς τιμῆς; (7,61) ἀντὶ δὲ τοῦ χιτῶνος, ὃν ἔδωκε τῷ πολίτῃ κινδυνεύοντι, τὴν θυγατέρα ἀποδύσας, ἐπιδοῦναι αὐτῷ τὴν πόλιν χιτῶνα καὶ ἱμάτιον, ἵνα καὶ τοῖς ἄλλοις προτροπὴ γένηται δικαίοις εἶναι καὶ ἐπαρκεῖν ἀλλήλοις, ψηφίσασθαι δὲ αὐτοῖς καρποῦσθαι τὸ χωρίον καὶ αὐτοὺς καὶ τὰ τέκνα, καὶ μηδένα αὐτοῖς ἐνοχλεῖν, δοῦναι δὲ αὐτῷ καὶ ἑκατὸν δραχμὰς εἰς κατασκευήν· τὸ δὲ ἀργύριον τοῦτο ὑπὲρ τῆς πόλεως ἐγὼ παρ´ ἐμαυτοῦ δίδωμι. (7,62) ἐπὶ τούτῳ δὲ ἐπῃνέθη, καὶ τἄλλα ἐγένετο ὡς εἶπεν. καὶ ἐκομίσθη παραχρῆμα εἰς τὸ θέατρον τὰ ἱμάτια καὶ τὸ ἀργύριον. ἐγὼ δὲ οὐκ ἐβουλόμην λαβεῖν, ἀλλ´ εἶπον ὅτι οὐ δύνασαι δειπνεῖν ἐν τῷ δέρματι. Οὐκοῦν, εἶπον, τὸ σήμερον ἄδειπνος μενῶ. ὅμως δὲ ἐνέδυσάν με τὸν χιτῶνα καὶ περιέβαλον τὸ ἱμάτιον. (7,63) ἐγὼ δὲ ἄνωθεν βαλεῖν ἐβουλόμην τὸ δέρμα, οἱ δὲ οὐκ εἴων. τὸ δὲ ἀργύριον οὐκ ἐδεξάμην οὐδένα τρόπον, ἀλλ´ ἀπωμοσάμην {λήψεσθαι}. Εἰ δὲ ζητεῖτε τίς λάβῃ, τῷ ῥήτορι, ἔφην, δότε, ὅπως κατορύξῃ αὐτό· ἐπίσταται γὰρ δῆλον ὅτι. ἀπ´ ἐκείνου δὲ ἡμᾶς οὐδεὶς ἠνώχλησε. (7,64) σχεδὸν οὖν εἰρηκότος αὐτοῦ πρὸς ταῖς σκηναῖς ἦμεν. κἀγὼ γελάσας εἶπον, Ἀλλ´ ἕν τι ἀπεκρύψω τοὺς πολίτας, τὸ κάλλιστον τῶν κτημάτων. Τί τοῦτο; εἶπεν. Τὸν κῆπον, ἔφην, τοῦτον, πάνυ καλὸν καὶ λάχανα πολλὰ καὶ δένδρα ἔχοντα. Οὐκ ἦν, ἔφη, τότε, ἀλλ´ ὕστερον ἐποιήσαμεν. (7,65) εἰσελθόντες οὖν εὐωχούμεθα τὸ λοιπὸν τῆς ἡμέρας, ἡμεῖς μὲν κατακλιθέντες ἐπὶ φύλλων τε καὶ δερμάτων ἐπὶ στιβάδος ὑψηλῆς, δὲ γυνὴ πλησίον παρὰ τὸν ἄνδρα καθημένη. θυγάτηρ δὲ ὡραία γάμου διηκονεῖτο, καὶ ἐνέχει πιεῖν μέλανα οἶνον ἡδύν. οἱ δὲ παῖδες τὰ κρέα παρεσκεύαζον, καὶ αὐτοὶ ἅμα ἐδείπνουν παρατιθέντες, ὥστε ἐμὲ εὐδαιμονίζειν τοὺς ἀνθρώπους ἐκείνους καὶ οἴεσθαι μακαρίως ζῆν πάντων μάλιστα ὧν ἠπιστάμην. (7,66) καίτοι πλουσίων οἰκίας τε καὶ τραπέζας ἠπιστάμην, οὐ μόνον ἰδιωτῶν, ἀλλὰ καὶ σατραπῶν καὶ βασιλέων, οἳ μάλιστα ἐδόκουν μοι τότε ἄθλιοι, καὶ πρότερον δοκοῦντες, ἔτι μᾶλλον, ὁρῶντι τὴν ἐκεῖ πενίαν τε καὶ ἐλευθερίαν, καὶ ὅτι οὐδὲν ἀπελείποντο οὐδὲ τῆς περὶ τὸ φαγεῖν τε καὶ πιεῖν ἡδονῆς, ἀλλὰ καὶ τούτοις ἐπλεονέκτουν σχεδόν τι. (7,67) ἤδη δ´ ἱκανῶς ἡμῶν ἐχόντων ἦλθε κἀκεῖνος ἕτερος. συνηκολούθει δὲ υἱὸς αὐτῷ, μειράκιον οὐκ ἀγεννές, λαγὼν φέρων. εἰσελθὼν δὲ οὗτος ἠρυθρίασεν· ἐν ὅσῳ δὲ πατὴρ αὐτοῦ ἠσπάζετο ἡμᾶς, αὐτὸς ἐφίλησε τὴν κόρην καὶ τὸν λαγὼν ἐκείνῃ ἔδωκεν. μὲν οὖν παῖς ἐπαύσατο διακονουμένη καὶ παρὰ τὴν μητέρα ἐκαθέζετο, τὸ δὲ μειράκιον ἀντ´ ἐκείνης διηκονεῖτο. (7,68) κἀγὼ τὸν ξένον ἠρώτησα, Αὕτη, ἔφην, ἐστίν, ἧς τὸν χιτῶνα ἀποδύσας τῷ ναυαγῷ ἔδωκας; καὶ ὃς γελάσας, Οὐκ, ἔφη, ἀλλ´ ἐκείνη, εἶπε, πάλαι πρὸς ἄνδρα ἐδόθη, καὶ τέκνα ἔχει μεγάλα ἤδη, πρὸς ἄνδρα πλούσιον εἰς κώμην. Οὐκοῦν, ἔφην, ἐπαρκοῦσιν ὑμῖν , τι ἂν δέησθε; Οὐδέν, εἶπεν γυνή, δεόμεθα ἡμεῖς. (7,69) ἐκεῖνοι δὲ λαμβάνουσι καὶ ὁπηνίκ´ ἄν τι θηραθῇ καὶ ὀπώραν καὶ λάχανα· οὐ γὰρ ἔστι κῆπος παρ´ αὐτοῖς. πέρυσι δὲ παρ´ αὐτῶν πυροὺς ἐλάβομεν, σπέρμα ψιλόν, καὶ ἀπεδώκαμεν αὐτοῖς εὐθὺς τῆς θερείας. Τί οὖν; ἔφην, καὶ ταύτην διανοεῖσθε διδόναι πλουσίῳ, ἵνα ὑμῖν καὶ αὐτὴ πυροὺς δανείσῃ; ἐνταῦθα μέντοι ἄμφω ἠρυθριασάτην, κόρη καὶ τὸ μειράκιον. [7,60] Cependant l’homme aux bonnes paroles, celui qui la première fois avait pris ma défense contre le rhéteur, se leva et dit: « — Citoyens, je pense que l’hospitalité de cet homme lui mérite une place au prytanée. Car enfin, pourquoi honorez-vous si magnifiquement celui qui dans un combat soustrait un citoyen à la mort, si vous laissez sans honneur et sans récompense celui qui en a sauvé deux, et peut-être cent autres qui ne sont point ici pour publier ses bienfaits? (7,61) Il a dépouillé sa fille pour couvrir la nudité d’un citoyen: eh bien! qu’il lui soit donné aux frais de l’état une tunique et un manteau, et que cet exemple apprenne aux citoyens à respecter la justice et à se secourir les uns les autres. Quant aux terres dont on dit qu’ils se sont emparés, qu’ils en jouissent sans crainte et sans opposition, et qu’à ces dons on joigne celui de cent drachmes pour aider leur ménage. Je m’offre à payer cet argent de mes propres deniers. » (7,62) Toutes ces propositions, et la dernière surtout, furent accueillies avec de grands applaudissements. Les vêtements et l’argent furent apportés à l’instant même sur le théâtre. Je ne voulus recevoir ni l’un ni l’autre de ces présents. On me dit que je ne pouvais dîner en public, vêtu d’une peau, comme je l’étais. — « En ce cas, répondis-je, je me passerai de dîner aujourd’hui. » — On ne tint compte de mes paroles, et, m’ayant passé la tunique autour du corps, on jeta le manteau sur mes épaules. Me voyant ainsi accoutré, je voulais remettre ma peau de cerf par-dessus tout; mais on ne le permit pas. Pour l’argent, je ne voulus le recevoir d’aucune façon, et protestant qu’on ne me le ferait point accepter: — « Si vous cherchez, ajoutai-je, quelqu’un qui veuille le prendre, donnez-le à ce rhéteur pour l’enfouir en terre. Il sait comment cela se pratique. » C’est ainsi que se termina cette aventure qui m’avait d’abord effrayé, et dont le résultat fut aussi agréable pour moi, que les commencements en avaient été peu rassurants. Depuis lors, nous n’avons eu aucun sujet d’inquiétude. » (7,64) A peu près comme mon hôte finissait son récit, nous arrivâmes à la porte de son habitation. « Oh ! oh! lui dis-je en riant, vous n’avez pas tout dit à vos concitoyens, et vous leur avez caché ce qu’il y a peut-être de plus beau dans vos possessions. — Quoi donc? s’écria-t-il d’un air surpris. —Eh! par Jupiter, ce jardin que j’aperçois là-bas couvert d’arbres et planté de légumes. Il est vraiment très joli. — Oh! me répondit-il, c’est qu’il n’existait pas alors: il n’y a même pas longtemps que nous l’avons planté. » (7,65) En discourant ainsi, nous entrâmes chez lui, et nous étant mis à table, nous y demeurâmes le reste du jour. Mon hôte et moi nous étions assis sur un lit de feuilles assez élevé et recouvert de peaux: sa femme était à ses côtés. Sa fille, jeune personne dans l’âge où l’on songe à prendre un mari, se tenait debout derrière nous, et nous servait à boire d’un vin noir exquis. Les enfants, qui avaient été quelque temps à faire rôtir les viandes, les apportèrent, et s’étant mis à nos côtés, prirent part au repas. Pour moi, je portais envie au sort de cette famille, et je me disais à moi-même que c’étaient les plus heureux mortels que j’eusse jamais rencontrés. (7,66) Je connaissais les palais et la table des riches, non pas seulement des riches plébéiens, mais des satrapes et des rois. Ils m’avaient toujours paru misérables, ils me le parurent bien plus alors, quand je considérais ces hommes pauvres et libres, à qui rien ne manquait de ce qui donne à table le plaisir, et qui même en cela avaient plus que n’a la richesse. (7,67) Nous avions presque fini quand l’ami de mon hôte arriva. Il était suivi de son fils, jeune garçon d’une figure agréable, qui tenait un lièvre à la main. Le jeune homme rougit quand il vit un étranger; et, tandis que son père nous saluait, il alla embrasser la jeune fille et lui donna le lièvre qu’il tenait. Celle-ci le reçut, cessa de servir, et vint s’asseoir à côté de sa mère. Le jeune homme continua le service à sa place. (7,68) « Est-ce là, dis-je à mon hôte, celle de vos filles à qui vous avez ôté sa tunique pour la donner au malheureux naufragé? —Oh, non! me répondit-il, celle dont vous parlez est mariée depuis quelque temps; elle a même des enfants déjà grands. Nous l’avons donnée à un homme riche du bourg voisin. — Ah! lui dis-je, cela est heureux, ils doivent vous aider, si parfois vous avez besoin de quelque chose. — Bon! reprit la mère, nous n’avons besoin de rien. Bien au contraire, c’est nous qui leur faisons passer toujours quelque chose, soit de notre chasse, soit de nos fruits et de nos légumes: car ils n’ont pas de jardin. Une fois seulement nous leur avons emprunté du grain pour faire nos semailles; et encore le leur avons-nous rendu aussitôt après la moisson. — Ah çà, continuai-je en riant, est-ce que vous ne pensez pas à marier celle-ci, comme l’autre, à un homme riche, afin qu’elle puisse vous prêter du grain? » — Les deux jeunes gens se mirent alors chacun à rougir.


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Dernière mise à jour : 15/12/2008