[7,70] ὁ δὲ πατὴρ αὐτῆς ἔφη, Πένητα ἄνδρα λήψεται, ὅμοιον ἡμῖν
κυνηγέτην· καὶ μειδιάσας ἔβλεψεν εἰς τὸν νεανίσκον. κἀγώ, Τί οὖν
οὐκ ἤδη δίδοτε; ἢ δεῖ ποθεν αὐτὸν ἐκ κώμης ἀφικέσθαι; Δοκῶ
μέν, εἶπεν, οὐ μακράν ἐστίν· ἀλλ´ ἔνδον ἐνθάδε. καὶ ποιήσομέν
γε τοὺς γάμους ἡμέραν ἀγαθὴν ἐπιλεξάμενοι. κἀγώ, Πῶς, ἔφην,
κρίνετε τὴν ἀγαθὴν ἡμέραν; καὶ ὅς, Ὅταν μὴ μικρὸν ᾖ τὸ σελήνιον·
δεῖ δὲ καὶ τὸν ἀέρα εἶναι καθαρόν, αἰθρίαν λαμπράν.
(7,71) κἀγώ, Τί δέ; τῷ ὄντι κυνηγέτης ἀγαθός ἐστιν; ἔφην. Ἔγωγε, εἶπεν ὁ
νεανίσκος, καὶ ἔλαφον καταπονῶ καὶ σῦν ὑφίσταμαι. ὄψει δὲ αὔριον,
ἂν θέλῃς, ὦ ξένε. καὶ τὸν λαγὼν τοῦτον σύ, ἔφην, ἔλαβες;
Ἐγώ, ἔφη γελάσας, τῷ λιναρίῳ τῆς νυκτός· ἦν γὰρ αἰθρία πάνυ
καλὴ καὶ ἡ σελήνη τηλικαύτη τὸ μέγεθος ἡλίκη οὐδεπώποτε ἐγένετο.
(7,72) ἐνταῦθα μέντοι ἐγέλασαν ἀμφότεροι, οὐ μόνον ὁ τῆς κόρης
πατήρ, ἀλλὰ καὶ ὁ ἐκείνου. ὁ δὲ ᾐσχύνθη καὶ ἐσιώπησε. λέγει
οὖν ὁ τῆς κόρης πατήρ, Ἐγὼ μέν, ἔφη, ὦ παῖ, οὐδὲν ὑπερβάλλομαι.
ὁ δὲ πατήρ σου περιμένει, ἔστ´ ἂν ἱερεῖον πρίηται πορευθείς. δεῖ
γὰρ θῦσαι τοῖς θεοῖς. εἶπεν οὖν ὁ νεώτερος ἀδελφὸς τῆς κόρης,
Ἀλλὰ ἱερεῖόν γε πάλαι οὗτος παρεσκεύακε, καὶ ἔστιν ἔνδον τρεφόμενον
ὄπισθεν τῆς σκηνῆς γενναῖον.
(7,73) ἠρώτων οὖν αὐτόν, Ἀληθῶς;
ὁ δὲ ἔφη. Καὶ πόθεν σοι; ἔφασαν. Ὅτε τὴν ὗν ἐλάβομεν
τὴν τὰ τέκνα ἔχουσαν, τὰ μὲν ἄλλα διέδρα· καὶ ἦν, ἔφη, ταχύτερα
τοῦ λαγώ· ἑνὸς δὲ ἐγὼ λίθῳ ἔτυχον καὶ ἁλόντι τὸ δέρμα ἐπέβαλον·
τοῦτο ἠλλαξάμην ἐν τῇ κώμῃ, καὶ ἔλαβον ἀντ´ αὐτοῦ χοῖρον, καὶ
ἔθρεψα ποιήσας ὄπισθεν συφεόν.
(7,74) Ταῦτα, εἶπεν, ἄρα ἡ μήτηρ σου
ἐγέλα, ὁπότε θαυμάζοιμι ἀκούων γρυλιζούσης τῆς συός, καὶ τὰς
κριθὰς οὕτως ἀνήλισκες. Αἱ γὰρ εὐβοΐδες, εἶπεν, οὐχ ἱκαναὶ ἦσαν
πιᾶναι, ἣ μηδὲ βαλάνους ἤθελεν ἐσθίειν. ἀλλὰ εἰ βούλεσθε ἰδεῖν
αὐτήν, ἄξω πορευθείς. οἱ δὲ ἐκέλευον. ἀπῄεσαν οὖν ἐκεῖνός τε
καὶ οἱ παῖδες αὐτόθεν δρόμῳ χαίροντες.
(7,75) ἐν δὲ τούτῳ ἡ παρθένος
ἀναστᾶσα ἐξ ἑτέρας σκηνῆς ἐκόμισεν οὖα τετμημένα καὶ
μέσπιλα καὶ μῆλα χειμερινὰ καὶ τῆς γενναίας σταφυλῆς βότρυς
σφριγῶντας, καὶ ἔθηκεν ἐπὶ τὴν τράπεζαν, καταψήσασα φύλλοις
ἀπὸ τῶν κρεῶν, ὑποβαλοῦσα καθαρὰν πτερίδα. ἧκον δὲ καὶ οἱ
παῖδες τὴν ὗν ἄγοντες μετὰ γέλωτος καὶ παιδιᾶς.
(7,76) συνηκολούθει
δὲ ἡ μήτηρ τοῦ νεανίσκου καὶ ἀδελφοὶ δύο παιδάρια· ἔφερον δὲ
ἄρτους τε καθαροὺς καὶ ᾠὰ ἑφθὰ ἐν ξυλίνοις πίναξι καὶ ἐρεβίνθους
φρυκτούς. ἀσπασαμένη δὲ τὸν ἀδελφὸν ἡ γυνὴ καὶ τὴν
{θυγατέρα καὶ τὴν} ἀδελφιδῆν ἐκαθέζετο παρὰ τὸν αὑτῆς ἄνδρα,
καὶ εἶπεν, Ἰδοῦ τὸ ἱερεῖον, ὃ οὗτος πάλαι ἔτρεφεν εἰς τοὺς γάμους,
καὶ τἄλλα τὰ παρ´ ἡμῶν ἕτοιμά ἐστι, καὶ ἄλφιτα καὶ ἄλευρα πεποίηται·
μόνον ἴσως οἰναρίου προσδεησόμεθα· καὶ τοῦτο οὐ χαλεπὸν
ἐκ τῆς κώμης λαβεῖν.
(7,77) παρειστήκει δὲ αὐτῇ πλησίον ὁ υἱὸς
πρὸς τὸν κηδεστὴν ἀποβλέπων. καὶ ὃς μειδιάσας εἶπεν, Οὗτος,
ἔφη, ἐστὶν ὁ ἐπέχων· ἴσως γὰρ ἔτι βούλεται πιᾶναι τὴν ὗν. καὶ
τὸ μειράκιον, Αὕτη μέν, εἶπεν, ὑπὸ τοῦ λίπους διαρραγήσεται.
(7,78) κἀγὼ βουλόμενος αὐτῷ βοηθῆσαι, Ὅρα, ἔφην, μὴ ἕως πιαίνεται ἡ
ὗς οὗτος ὑμῖν λεπτὸς γένηται. ἡ δὲ μήτηρ, Ἀληθῶς, εἶπεν, ὁ ξένος
λέγει, ἐπεὶ καὶ νῦν λεπτότερος αὑτοῦ γέγονε· καὶ πρῴην ᾐσθόμην
τῆς νυκτὸς αὐτὸν ἐγρηγορότα καὶ προελθόντα ἔξω τῆς σκηνῆς.
(7,79) Οἱ κύνες, ἔφη, ὑλάκτουν, καὶ ἐξῆλθον ὀψόμενος. Οὐ σύ γε,
εἶπεν, ἀλλὰ περιεπάτεις ἀλύων. μὴ οὖν πλείω χρόνον ἐῶμεν ἀνιᾶσθαι
αὐτόν. καὶ περιβαλοῦσα ἐφίλησε τὴν μητέρα τῆς κόρης. ἡ
δὲ πρὸς τὸν ἄνδρα τὸν ἑαυτῆς, Ποιῶμεν, εἶπεν, ὡς θέλουσι. καὶ
ἔδοξε ταῦτα, καὶ εἶπον, Εἰς τρίτην ποιῶμεν τοὺς γάμους. παρεκάλουν
δὲ κἀμὲ προσμεῖναι τὴν ἡμέραν.
| [7,70] « Oh! que non! dit le père en
baisant sa fille au front. Je veux qu’elle ait un mari pauvre, un
chasseur, comme moi, » et en même temps il regardait le jeune garçon et
souriait. « Que tardez-vous donc à la marier? lui dis-je. Est-ce que le
futur serait absent par hasard? Je ne sais, mais il me semble qu’il n’est
pas très loin d’ici... —Aussi, reprit-il, ce n’est pas mon intention de
différer davantage; mais je veux que la noce se fasse un jour heureux, et
j’attends pour cela qu’il s’en présente un. — Et à quoi reconnaissez-vous,
lui demandai-je, qu’un jour est heureux? — C’est, répondit-il, lorsque la
lune est grande, l’air tranquille, et le ciel pur.
(7,71) — Sans doute,
continuai-je, il n’est pas besoin de demander si ce jeune homme est bon
chasseur. — Oh! me répondit le jeune homme, je sais déjà poursuivre et
atteindre le cerf: vous le verrez demain, étranger, si vous voulez. Est-ce
toi qui as pris ce lièvre? — Oui, c’est moi-même, s’écria-t-il en riant.
Je l’ai pris cette nuit au lacet. Oh! si vous aviez vu, ajouta-t-il, comme
le ciel était pur, et l’air tranquille! La lune était grande, grande comme
je ne l’ai jamais vue. »
(7,72) Les deux pères se mirent ensemble à rire. Le
pauvre garçon eut honte, rougit, et se tut. « Mon enfant, lui dit le père
de la jeune fille, tu as raison de t’impatienter; mais ce n’est pas ma
faute à moi. Prends t’en à ton père qui dit toujours qu’il va partir pour
acheter la victime, et qui n’en a rien fait jusqu’ici. Car tu sais qu’il
faut sacrifier aux dieux quand on se marie. — Oh! si ce n’est que cela,
s’écria un tout petit garçon qui était debout à côté de sa sœur, il y a
longtemps que la victime est prête: elle est ici derrière l’habitation, où
nous la nourrissons: c’est un petit pourceau qui est, ma foi, bien gentil.
(7,73) » On demanda au jeune homme si c’était vrai: il répondit que oui. — « Et
d’où te vient cet animal? — Vous vous rappelez bien, dit-il, le jour où
nous primes cette laie qui avait tant de petits? Vous vous souvenez qu’ils
se sauvèrent tous; car ils couraient plus vite que des lièvres. Je parvins
à en atteindre un d’un coup de pierre. Je pris sa peau, et j’allai la
vendre au village voisin, où j’obtins en échange la victime dont mon frère
vous a parlé. Je lui ai fait une petite auge derrière l’habitation, et
c’est là que je la nourris.
(7,74) — C’est donc pour cela, s’écria mon hôte, que
ta mère riait si fort quand je disais qu’il me semblait entendre des
grognements, et je n’avais pas si grand tort de m’étonner que mon orge
diminuât ainsi à vue d’œil. — C’est, reprit-il, que les plantes de l’Eubée
ne valent rien pour nourrir ces animaux, il n’y avait que des glands, et
il ne voulait pas en manger. Au reste, si vous voulez le voir, je vais
vous l’amener. — Très volontiers, » s’écria-t-on d’une commune voix.
Aussitôt tous les enfants sortirent sautant et riant,
(7,75) et la jeune fille
s’étant levée alla chercher dans la hutte voisine des nèfles, des cormes,
des pommes d’hiver et des grappes d’un raisin délicieux. Puis, ayant
essuyé la table avec des feuilles, elle la couvrit d’une verte et fraîche
fougère, et mit dessus les fruits qu’elle venait d’apporter. Cependant les
enfants amenèrent la victime en dansant, riant et folâtrant autour d’elle.
(7,76) Ils étaient suivis de la mère du jeune homme, accompagnée de deux enfants
en bas âge. Ils apportaient des pains de froment cuits sous la cendre, et
dans des plats de bois des œufs cuits à l’eau et des noix secs. La mère du
jeune homme embrassa toute la famille, et alla s’asseoir à côté de son
mari. « Voilà, dit-elle, la victime que nous nourrissons depuis longtemps
pour la noce, tous les autres préparatifs sont faits: les gâteaux de
froment et d’orge sont tout prêts: il ne nous manquera peut-être qu’un peu
de vin: mais il ne sera pas difficile de s’en procurer ici près, au
village. »
(7,77) Pendant qu’elle parlait ainsi, le jeune homme était debout à
côté d’elle, et regardait son oncle d’un air inquiet. « Ma foi, dit
celui-ci, il n’y a plus que lui qui nous arrête. Je ne sais pas si la
victime lui paraît assez grasse comme elle est, et s’il ne veut pas la
nourrir encore quelque temps. — Vous voulez donc qu’elle crève dans sa
peau, » reprit le jeune homme d’un ton d’impatience. Et moi, cherchant à
l’aider un peu: « Prenez garde, leur dis-je, que tandis que la victime
s’engraisse, le jeune homme au contraire... — C’est vrai, interrompit la
mère: l’étranger a raison. Aussi bien mon fils ne se porte plus comme
autrefois. L’autre nuit encore, je l’ai entendu il était éveillé, et il
est sorti de l’habitation. (7,79) — C’est que les chiens aboyaient, ma mère, et
j’ai voulu voir ce que c’était. — Point du tout, reprit la mère, je vous
ai vu; vous aviez l’air triste, et vous vous promeniez en soupirant.
Allons, mes amis, pourquoi différer plus longtemps? Ne laissons pas
s’affliger davantage ces pauvres enfants. » Et en disant ces paroles elle
se leva pour embrasser la mère de la jeune fille. Alors celle-ci se
tournant vers son mari: « Faisons comme ils veulent, dit-elle. — C’est
bien dit, s’écria-t-on d’une commune voix: à après demain la noce. » On me
pria d’en être, et je consentis volontiers à rester jusque-là.
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