HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

DION CHRYSOSTOME, Discours Eubéen ou Le Chasseur (discours VII) ; traductions française et anglaise)

Paragraphes 50-59

  Paragraphes 50-59

[7,50] τῶν μέντοι κρεῶν καὶ τῶν δερμάτων, ὅταν γέ τοί ποτε ἕλωμεν θηρίον, μοῖραν δώσομεν· μόνον πέμπετε τὸν ληψόμενον. ἐὰν δὲ κελεύσητε καθελεῖν τὰς σκηνάς, εἴ τι βλάπτουσι, καθελοῦμεν. ἀλλ´ ὅπως δώσετε ἡμῖν ἐνθάδε οἰκίαν· πῶς ὑπενεγκεῖν δυνησόμεθα τοῦ χειμῶνος; ἔστι δ´ ὑμῖν οἰκήματα πολλὰ ἐντὸς τοῦ τείχους, ἐν οἷς οὐδεὶς οἰκεῖ· τούτων ἡμῖν ἓν ἀρκέσει. εἰ δὲ οὐκ ἐνθάδε ζῶμεν οὐδὲ πρὸς τῇ στενοχωρίᾳ τοσούτων ἀνθρώπων ἐν ταὐτῷ διαγόντων καὶ ἡμεῖς ἐνοχλοῦμεν, οὐ δήπου διά γε τοῦτο μετοικίζεσθαι ἄξιοί ἐσμεν. (7,51) δὲ ἐτόλμησεν εἰπεῖν περὶ τῶν ναυαγίων, πρᾶγμα οὕτως ἀνόσιον καὶ πονηρόν· τοῦτο γὰρ μικροῦ ἐξελαθόμην εἰπεῖν πάντων πρῶτον ἔδει με εἰρηκέναι· τίς ἂν πιστεύσειέ ποτε ὑμῶν; πρὸς γὰρ τῇ ἀσεβείᾳ καὶ ἀδύνατόν ἐστιν ἐκεῖθεν καὶ ὁτιοῦν λαβεῖν, ὅπου καὶ τῶν ξύλων οὐδὲν πλέον ἔστιν ἰδεῖν τὴν τέφραν· οὕτω πάνυ σμικρὰ ἐκπίπτει, καὶ ἔστιν ἐκείνη μόνη ἀκτὴ ἁπασῶν ἀπρόσιτος. (7,52) καὶ τοὺς λάρους, οὓς ἅπαξ εὗρόν ποτε ἐκβεβρασμένους, καὶ τούτους ἀνέπηξα εἰς τὴν δρῦν τὴν ἱερὰν τὴν πλησίον τῆς θαλάττης. μὴ γὰρ εἴη ποτέ, Ζεῦ, λαβεῖν μηδὲ κερδᾶναι κέρδος τοιοῦτον ἀπὸ ἀνθρώπων δυστυχίας. ἀλλὰ ὠφελήθην μὲν οὐδὲν πώποτε, ἠλέησα δὲ πολλάκις ναυαγοὺς ἀφικομένους, καὶ τῇ σκηνῇ ὑπεδεξάμην, καὶ φαγεῖν ἔδωκα καὶ πιεῖν, καὶ εἴ τι ἄλλο ἐδυνάμην, ἐπεβοήθησα καὶ συνηκολούθησα μέχρι τῶν οἰκουμένων. (7,53) ἀλλὰ τίς ἂν ἐκείνων ἐμοὶ νῦν μαρτυρήσειεν; οὔκουν οὐδὲ τότε ἐποίουν μαρτυρίας ἕνεκεν χάριτος, ὅς γε οὐδ´ ὁπόθεν ἦσαν ἠπιστάμην. μὴ γὰρ ὑμῶν γε μηδεὶς περιπέσοι τοιούτῳ πράγματι. ταῦτα δὲ ἐμοῦ λέγοντος ἀνίσταταί τις ἐκ μέσων· κἀγὼ πρὸς ἐμαυτὸν ἐνεθυμήθην ὅτι ἄλλος τοιοῦτος τυχὸν ἐμοῦ καταψευσόμενος. (7,54) δὲ εἶπεν, Ἄνδρες, ἐγὼ πάλαι τοῦτον ἀμφιγνοῶν ἠπίστουν ὅμως. ἐπεὶ δὲ σαφῶς αὐτὸν ἔγνωκα, δεινόν μοι δοκεῖ, μᾶλλον δὲ ἀσεβές, μὴ εἰπεῖν συνεπίσταμαι μηδ´ ἀποδοῦναι λόγῳ χάριν, ἔργῳ τὰ μέγιστα εὖ παθών. (7,55) εἰμὶ δέ, ἔφη, πολίτης, ὡς ἴστε, καὶ ὅδε, δείξας τὸν παρακαθήμενον, καὶ ὃς ἐπανέστη· ἐτύχομεν δὲ πλέοντες ἐν τῇ Σωκλέους νηὶ τρίτον ἔτος. καὶ διαφθαρείσης τῆς νεὼς περὶ τὸν Καφηρέα παντελῶς ὀλίγοι τινὲς ἐσώθημεν ἀπὸ πολλῶν. τοὺς μὲν οὖν πορφυρεῖς ἀνέλαβον· εἶχον γὰρ αὐτῶν τινες ἀργύριον ἐν φασκωλίοις. ἡμεῖς δὲ γυμνοὶ παντελῶς ἐκπεσόντες δι´ ἀτραποῦ τινος ἐβαδίζομεν, ἐλπίζοντες εὑρήσειν σκέπην τινὰ ποιμένων βουκόλων, κινδυνεύοντες ὑπὸ λιμοῦ τε καὶ δίψους διαφθαρῆναι. (7,56) καὶ μόλις ποτὲ ἤλθομεν ἐπὶ σκηνάς τινας, καὶ στάντες ἐβοῶμεν. προελθὼν δὲ οὗτος εἰσάγει τε ἡμᾶς ἔνδον καὶ ἀνέκαε πῦρ οὐκ ἀθρόον, ἀλλὰ κατ´ ὀλίγον· καὶ τὸν μὲν ἡμῶν αὐτὸς ἀνέτριβε, τὸν δὲ γυνὴ στέατι· οὐ γὰρ ἦν αὐτοῖς ἔλαιον· τέλος δὲ ὕδωρ κατέχεον θερμόν, ἕως ἀνέλαβον ἀπεψυγμένους. (7,57) ἔπειτα κατακλίναντες καὶ περιβαλόντες οἷς εἶχον παρέθηκαν φαγεῖν ἡμῖν ἄρτους πυρίνους, αὐτοὶ δὲ κέγχρον ἑφθὴν ἤσθιον. ἔδωκαν δὲ καὶ οἶνον ἡμῖν πιεῖν, ὕδωρ αὐτοὶ πίνοντες, καὶ κρέα ἐλάφεια ὀπτῶντες ἄφθονα, τὰ δὲ ἕψοντες· τῇ δ´ ὑστεραίᾳ βουλομένους ἀπιέναι κατέσχον ἐπὶ τρεῖς ἡμέρας. (7,58) ἔπειτα προύπεμψαν εἰς τὸ πεδίον, καὶ ἀπιοῦσι κρέας ἔδωκαν καὶ δέρμα ἑκατέρῳ πάνυ καλόν. ἐμὲ δὲ ὁρῶν ἐκ τῆς κακοπαθείας ἔτι πονήρως ἔχοντα ἐνέδυσε χιτώνιον, τῆς θυγατρὸς ἀφελόμενος· ἐκείνη δὲ ἄλλο τι ῥάκος περιεζώσατο. τοῦτο, ἐπειδὴ ἐν τῇ κώμῃ ἐγενόμην, ἀπέδωκα. οὕτως ἡμεῖς γε ὑπὸ τούτου μάλιστα ἐσώθημεν μετὰ τοὺς θεούς. (7,59) ταῦτα δὲ ἐκείνου λέγοντος μὲν δῆμος ἤκουεν ἡδέως καὶ ἐπῄνουν με, ἐγὼ δὲ ἀναμνησθείς, Χαῖρε, ἔφην, Σωτάδη· καὶ προσελθὼν ἐφίλουν αὐτὸν καὶ τὸν ἕτερον. δὲ δῆμος ἐγέλα σφόδρα, ὅτι ἐφίλουν αὐτούς. τότε ἔγνων ὅτι ἐν ταῖς πόλεσιν οὐ φιλοῦσιν ἀλλήλους. [7,50] Ainsi donc, pour en finir, si vous le désirez, nous paierons en rétribution une partie du produit de nos chasses. Seulement, envoyez quelqu’un pour la recevoir. Quant à nos habitations, si elles offensent vos regards, et qu’il vous plaise qu’elles soient détruites, nous les détruirons mais au moins donnez-nous un lieu où nous puissions nous garantir des injures de l’hiver. Vous avez au dedans des murs tant de maisons que personne n’habite: une seule nous suffira. Après tout, ne serait-ce pas une injustice criante que de nous bannir de notre pays, pour cela seul que nous ne vivons pas dans l’enceinte de vos murailles, et que nous ne venons point augmenter la foule immense qui se presse sur cet espace resserré? (7,51) Quant à l’accusation impie que cet homme ose nous intenter à l’égard des naufragés, elle est d’une telle absurdité, que j’oubliais presque d’en parler, quoique je dusse m’en justifier avant tout. Mais qui d’entre vous pourrait ajouter foi à de pareilles calomnies? car, sans parler des sentiments pieux qui nous sont naturels, que veut-on que nous puissions retirer d’une côte où la violence des vagues réduit presque en poussière les débris de navire qu’elles amènent? Vous n’ignorez pas sans doute à quel point le rivage que nous habitons est dangereux et inabordable. (7,52) Une fois seulement j’ai trouvé sur la grève quelques mouettes que la tempête y avait jetées: je les suspendis à un chêne sacré voisin de la mer. Ah ! me préserve à jamais Jupiter de tirer un profit impie du malheur des autres hommes! Bien au contraire, tontes les fois que quelque naufragé a été poussé sur notre plage, je l’ai recueilli, je l’ai reçu sous ma hutte, je l’ai fait asseoir à ma table; tout ce que l’hospitalité peut offrir de consolation et de secours, je le lui ai donné. Non content de ces premiers soins, je l’ai remis dans son chemin, je l’ai accompagné moi-même jusqu’aux premières terres habitées. N’est-il personne parmi vous qui puisse rendre ce témoignage à la vérité? Aussi bien n’était-ce pas par intérêt, ni pour qu’il en fût fait témoignage, que je remplissais ce devoir. Le plus souvent j’ignorais entièrement d’où venait celui que je sauvais; et dans ce moment même où j’aurais si grand besoin qu’on déposât en ma faveur, loin de moi le désir qu’aucun d’entre vous soit jamais tombé en une telle infortune! » Comme j’achevais ces paroles, un homme se leva du milieu de l’assemblée. Je craignis d’abord que ce ne fût quelque nouveau menteur qui prit la parole pour me calomnier: mais je fus bien rassuré. (7,54) « — Citoyens, dit-il, il y a longtemps que j’hésitais à reconnaître cet homme; mais d’après ses dernières paroles il ne m’est plus permis de douter; et il y aurait ingratitude et cruauté de ma part à ne point dire tout ce qui est à ma connaissance, à ne point lui rendre, par mon témoignage solennel, une faible partie des services que j’ai reçus de lui. (7,55) Je suis, comme vous savez, citoyen de cette ville, ainsi que mon père que vous voyez à mes côtés. En même temps il montrait un homme assis auprès de lui qui se leva aussitôt. Voilà trois ans que nous nous étions embarqués sur le vaisseau de Soclée. Une tempête violente nous jeta sur les écueils de Capharée: nous parvînmes seuls à nous échapper avec quelques passagers. Nos compagnons d’infortune, ayant de l’argent sur eux, furent recueillis par des pêcheurs de pourpre établis dans ce lieu. Pour nous, jetés nus sur le rivage, et pressés par la nécessité, nous nous mimes à suivre un sentier battu, espérant qu’il nous conduirait à la demeure de quelque berger. Il y avait déjà longtemps que nous marchions. Epuisés de faim, de soif et de fatigue, nous étions au moment de perdre nos forces, lorsqu’enfin nous aperçûmes une habitation. Nos cris en firent sortir un homme, qui est le même que vous voyez ici, il nous fit entrer chez lui sur le champ. Là nous ayant placés près d’un feu dont la chaleur doucement ménagée ne s’accroissait que par degrés, sa femme et lui frottèrent de graisse, à défaut d’huile, nos membres fatigués, et ayant versé dessus de l’eau tiède, ils parvinrent enfin à ranimer en nous une chaleur presque évanouie. (7,57) Puis, nous ayant fait asseoir, et nous ayant couverts du peu de vêtements qu’ils possédaient, ils nous servirent des viandes rôties, du pain de froment et vin, tandis qu’ils ne mangeaient eux-mêmes que du millet bouilli, et ne buvaient que de l’eau. Le lendemain, comme nous voulions partir, ils nous retinrent, et nous gardèrent encore pendant trois jours. Au bout de ce temps, nous primes congé d’eux. Ils nous forcèrent d’accepter en partant une portion de leur chasse, et nous donnèrent à chacun une très belle peau de cerf. Bien plus, cet homme généreux, voyant que je n’étais pas tout à fait remis de mes fatigues, dépouilla sa fille du manteau qui la couvrait pour en revêtir mes épaules. Cette jeune fille, sans murmurer, prit sous mes yeux un autre haillon. J’eus soin, aussitôt arrivé au village voisin, de lui renvoyer son vêtement. Citoyens, voilà mon libérateur, voilà, après les dieux, celui à qui je dois ma vie et celle de mon père. » (7,59) Je ne saurais vous décrire quel effet ce petit récit produisit sur l’assemblée, et de quels éloges je me vis comblé tout à coup. Quant à moi, reconnaissant mon hôte sur le champ: « Eh, bonjour, Sotade » m’écriai-je, et m’approchant de lui; je le baisai lui et son père au visage. Mon action causa de grands éclats de rire, d’où j’appris que ce n’est point la coutume dans les villes de se baiser au visage.


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Dernière mise à jour : 15/12/2008