HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

DION CHRYSOSTOME, Discours Eubéen ou Le Chasseur (discours VII) ; traductions française et anglaise)

Paragraphes 20-29

  Paragraphes 20-29

[7,20] οὕτως δὴ τὸ ἀπ´ ἐκείνου διέμειναν, οὐδὲν ἔτι προσδεηθέντες ἄλλου βίου. καὶ ἡμῖν συνέζευξαν γυναῖκας τοῖς ἀλλήλων υἱέσιν ἑκάτερος τὴν αὑτοῦ θυγατέρα. τεθνήκασι δὲ ἀμφότεροι πέρυσι σχεδόν, τὰ μὲν ἔτη πολλὰ λέγοντες βεβιώκεσαν, ἰσχυροὶ δὲ ἔτι {καὶ νέοι} καὶ γενναῖοι τὰ σώματα. τῶν δὲ μητέρων ἐμὴ περίεστιν. (7,21) μὲν οὖν ἕτερος ἡμῶν οὐδεπώποτε εἰς πόλιν κατέβη, πεντήκοντα ἔτη γεγονώς· ἐγὼ δὲ δὶς μόνον, ἅπαξ μὲν ἔτι παῖς μετὰ τοῦ πατρός, ὁπηνίκα τὴν ἀγέλην εἴχομεν. ὕστερον δὲ ἧκέ τις ἀργύριον αἰτῶν, ὥσπερ ἔχοντάς τι, κελεύων ἀκολουθεῖν εἰς τὴν πόλιν. ἡμῖν δὲ ἀργύριον μὲν οὐκ ἦν, ἀλλ´ ἀπωμοσάμην μὴ ἔχειν· εἰ δὲ μή, δεδωκέναι ἄν. (7,22) ἐξενίσαμεν δὲ αὐτὸν ὡς ἠδυνάμεθα κάλλιστα καὶ δύο ἐλάφεια δέρματα ἐδώκαμεν· κἀγὼ ἠκολούθησα εἰς τὴν πόλιν. ἔφη γὰρ ἀνάγκην εἶναι τὸν ἕτερον ἐλθεῖν καὶ διδάξαι περὶ τούτων. εἶδον οὖν, οἷα καὶ πρότερον, οἰκίας πολλὰς καὶ μεγάλας καὶ τεῖχος ἔξωθεν καρτερὸν καὶ οἰκήματά τινα ὑψηλὰ καὶ τετράγωνα ἐν τῷ τείχει, {τοὺς πύργους} καὶ πλοῖα πολλὰ ὁρμοῦντα ὥσπερ ἐν λίμνῃ {ἐν τῷ λιμένι} κατὰ πολλὴν ἡσυχίαν. (7,23) τοῦτο δὲ ἐνθάδε οὐκ ἔστιν οὐδαμοῦ, ὅπου κατηνέχθης· καὶ διὰ τοῦτο αἱ νῆες ἀπόλλυνται. ταῦτα οὖν ἑώρων καὶ πολὺν ὄχλον ἐν ταὐτῷ συνειργμένον καὶ θόρυβον ἀμήχανον καὶ κραυγήν· ὥστε ἐμοὶ ἐδόκουν πάντες μάχεσθαι ἀλλήλοις. ἄγει οὖν με πρός τινας ἄρχοντας, καὶ εἶπε γελῶν, Οὗτός ἐστιν ἐφ´ ὅν με ἐπέμψατε. ἔχει δὲ οὐδὲν εἰ μή γε τὴν κόμην καὶ σκηνὴν μάλα ἰσχυρᾶν ξύλων. (7,24) οἱ δὲ ἄρχοντες εἰς τὸ θέατρον ἐβάδιζον, κἀγὼ σὺν αὐτοῖς. τὸ δὲ θέατρόν ἐστιν ὥσπερ φάραγξ κοῖλον, πλὴν οὐ μακρὸν ἑκατέρωθεν, ἀλλὰ στρογγύλον ἐξ ἡμίσους, οὐκ αὐτόματον, ἀλλ´ ᾠκοδομημένον λίθοις. ἴσως δέ μου καταγελᾷς, ὅτι σοι διηγοῦμαι σαφῶς εἰδότι ταῦτα. πρῶτον μὲν οὖν πολύν τινα χρόνον ἄλλα τινὰ ἔπραττεν ὄχλος, καὶ ἐβόων ποτὲ μὲν πρᾴως καὶ ἱλαροὶ πάντες, ἐπαινοῦντές τινας, ποτὲ δὲ σφόδρα καὶ ὀργίλως. (7,25) ἦν δὲ τοῦτο χαλεπὸν τὸ τῆς ὀργῆς αὐτῶν· καὶ τοὺς ἀνθρώπους εὐθὺς ἐξέπληττον οἷς ἀνέκραγον ὥστε οἱ μὲν αὐτῶν περιτρέχοντες ἐδέοντο, οἱ δὲ τὰ ἱμάτια ἐρρίπτουν ὑπὸ τοῦ φόβου. ἐγὼ δὲ καὶ αὐτὸς ἅπαξ ὀλίγου κατέπεσον ὑπὸ τῆς κραυγῆς, ὥσπερ κλύδωνος ἐξαίφνης βροντῆς ἐπιρραγείσης. (7,26) ἄλλοι δέ τινες ἄνθρωποι παριόντες, οἱ δ´ ἐκ μέσων ἀνιστάμενοι, διελέγοντο πρὸς τὸ πλῆθος, οἱ μὲν ὀλίγα ῥήματα, οἱ δὲ πολλοὺς λόγους. καὶ τῶν μὲν ἤκουον πολύν τινα χρόνον, τοῖς δὲ ἐχαλέπαινον εὐθὺς φθεγξαμένοις καὶ οὐδὲ γρύζειν ἐπέτρεπον. ἐπεὶ δὲ καθέστασάν ποτε καὶ ἡσυχία ἐγένετο, παρήγαγον κἀμέ. (7,27) καὶ εἶπέ τις, Οὗτός ἐστιν, ἄνδρες, τῶν καρπουμένων τὴν δημοσίαν γῆν πολλὰ ἔτη οὐ μόνον αὐτός, ἀλλὰ καὶ πατὴρ αὐτοῦ πρότερον, καὶ κατανέμουσι τὰ ἡμέτερα ὄρη καὶ γεωργοῦσι καὶ θηρεύουσι καὶ οἰκίας ἐνῳκοδομήκασι καὶ ἀμπέλους ἐμπεφυτεύκασι πολλὰς καὶ ἄλλα πολλὰ ἔχουσιν ἀγαθά, οὔτε τιμὴν καταβαλόντες οὐδενὶ τῆς γῆς οὔτε δωρεὰν παρὰ τοῦ δήμου λαβόντες. (7,28) ὑπὲρ τίνος γὰρ ἂν καὶ ἔλαβον; ἔχοντες δὲ τὰ ἡμέτερα καὶ πλουτοῦντες οὔτε λειτουργίαν πώποτε ἐλειτούργησαν οὐδεμίαν οὔτε μοῖράν τινα ὑποτελοῦσι τῶν γιγνομένων, ἀλλ´ ἀτελεῖς καὶ ἀλειτούργητοι διατελοῦσιν, ὥσπερ εὐεργέται τῆς πόλεως. οἶμαι δέ, ἔφη, μηδὲ ἐληλυθέναι πώποτε αὐτοὺς ἐνθάδε. (7,29) κἀγὼ ἀνένευσα. δὲ ὄχλος ἐγέλασεν, ὡς εἶδε. καὶ λέγων ἐκεῖνος ὠργίσθη ἐπὶ τῷ γέλωτι καί μοι ἐλοιδορεῖτο. ἔπειτα ἐπιστρέψας, Εἰ οὖν, ἔφη, δοκεῖ ταῦτα οὕτως, οὐκ ἂν φθάνοιμεν ἅπαντες τὰ κοινὰ διαρπάσαντες, οἱ μὲν τὰ χρήματα τῆς πόλεως, ὥσπερ ἀμέλει καὶ νῦν ποιοῦσί τινες, οἱ δὲ τὴν χώραν κατανειμάμενοι μὴ πείσαντες ὑμᾶς, ἐὰν ἐπιτρέψητε τοῖς θηρίοις τούτοις προῖκα ἔχειν πλέον χίλια πλέθρα γῆς τῆς ἀρίστης, ὅθεν ὑμῖν ἔστι τρεῖς χοίνικας Ἀττικὰς σίτου λαμβάνειν κατ´ ἄνδρα. [7,20] Pour en revenir à mon récit, nos parents, voyant qu’il ne leur manquait rien dans ce lieu, prirent goût au genre de vie qu’ils y menaient, et s’y établirent pour toujours. Ils eurent bientôt le plaisir d’y marier chacun son fils à la fille de son ami. C’est là qu’ils sont morts, il y a environ un an. Ils disaient avoir vécu bien des années, et cependant leurs membres conservaient encore la force et la fraîcheur de la jeunesse. Ma mère seule vit encore. (7,21) Mon compagnon est un homme d’une cinquantaine d’années. Il n’est jamais descendu à la ville. Pour moi, j’y suis allé deux fois seulement. La première, encore enfant, avec mon père, dans le temps que nous avions le troupeau: la seconde, il n’y a pas longtemps, à l’occasion que je vais vous dire. Un homme de la ville, un collecteur, je crois, vint chez nous. Il demandait de l’argent, et en cas de refus, nous sommait de le suivre. Nous lui répondîmes que nous n’avions pas d’argent, ce qui était vrai, protestant que pour peu que nous en eussions, il serait tout entier à son service. Cette réponse ne parut pas le satisfaire. Néanmoins, nous l’accueillîmes de notre mieux, et nous lui fîmes accepter deux superbes peaux de cerf. Puis, sur la demande qu’un de nous l’accompagnât pour donner les éclaircissements nécessaires, je le suivis à la ville. Je revis donc ce qu’une fois déjà j’avais vu, beaucoup de maisons grandes et belles, un mur fort et solide qui les environnait, et un grand nombre de bâtiments carrés très élevés. Le mur était flanqué de tours fort hautes. Dans le port, était une foule de navires, qui demeuraient là aussi tranquilles que dans un lac, (7,23) ce qui est bien différent du lieu où vous avez échoué, vous et tant d’autres avant vous. Tout en considérant ces choses, j’étais saisi d’étonnement à la vue de la foule immense, qui se pressait sur mes pas, et mes oreilles étaient assourdies des cris et du tumulte que j’entendais; tumulte si violent que plus d’une fois je crus que ces gens en allaient venir aux mains. Cependant je fus conduit chez les archontes. Mon conducteur me présenta à eux en riant et dit: « Voilà l’homme après qui vous m’avez envoyé: il ne possède rien au monde que la hutte où il demeure, et la cloison destinée à renfermer ses troupeaux. » (7,24) Les archontes ne répondaient rien: ils allaient au théâtre. J’y allai avec eux. Ce qu’on appelle théâtre est une espèce d’enceinte semblable à une vallée, avec cette différence que les côtés, au lieu d’être allongés, s’arrondissent en demi-cercle. Cette vallée n’est pas naturelle, comme les nôtres, elle est construite en pierres. Mais à quels détails m’amusé-je? Vous savez, sans doute, beaucoup mieux que moi ce que je me tue de vous dire, et peut-être vous riez tout bas de ma simplicité. Je poursuis. Arrivé au théâtre, j’y trouvai une grande multitude rassemblée; elle s’occupait d’une manière qui me parut fort extraordinaire: elle ne cessait de crier. Tantôt c’était un murmure flatteur ou de vives acclamations; tantôt c’étaient des cris d’indignation et de fureur. Ces démonstrations de colère paraissaient faire beaucoup d’effet sur les personnes qui en étaient l’objet: les uns couraient çà et là, tendant des mains suppliantes: d’autres jetaient leurs vêtements de crainte. Moi-même je faillis une fois tomber de frayeur à un cri soudain qui s’éleva si fort que la foudre éclatant à côté de moi, ou une vague se brisant sur ma tête, n’auraient pas fait plus de bruit. Cependant quelques personnes se levèrent du milieu de l’assemblée, et se mirent à haranguer le peuple. Les uns parlaient fort longtemps, les autres disaient à peine quelques mots; d’autres étaient accueillis tout d’abord par des cris d’improbation, et à peine leur permettait-on d’ouvrir la bouche. Enfin tout le monde s’assit: il se fit un grand silence, et l’on me mit en face de l’assemblée. A ma vue, un homme que je ne connaissais pas se leva, et me montrant au doigt: (7,27) « Citoyens, s’écria-t-il, vous voyez un de ces hommes qui se sont approprié les terres de la république. Ces hommes font paître leurs troupeaux sur nos montagnes, ils labourent nos champs, ils chassent, ils plantent des vignobles, sans que tant de riches possessions rapportent rien au peuple, ni qu’elles soient un don de sa munificence. Et cette munificence, par quoi l’auraient-ils méritée? Détenteurs enrichis de nos biens, jamais on ne les a vus remplir aucune fonction publique; jamais ils ne rendirent à l’état la moindre partie de ce qu’ils lui ont injustement enlevé. Et cependant, citoyens obscurs et inutiles, ils vivent comme les bienfaiteurs de la république. Je crois même, ajouta-t-il, que c’est la première fois qu’on voit paraître celui-ci parmi nous. » (7,29) Oh! pour le coup, m’écriai-je ! c’est faux. Là-dessus, il s’éleva dans l’assemblée un rire universel. L’orateur en fut si piqué que, se retournant vers moi, il commença à m’accabler d’injures, puis, s’adressant de nouveau au peuple: — « Si donc, continua-t-il, votre complaisance doit autoriser plus longtemps de pareils abus, que sert de veiller davantage au salut de l’état? Aussi bien, y a-t-il déjà longtemps que chacun travaille à la ruine commune, les uns en dilapidant le trésor, et ceux-là, je n’ai pas besoin, sans doute, de les nommer: les autres en s’enrichissant du produit usurpé de nos terres; et c’est ce qu’ont fait jusqu’ici ces deux misérables, et ce qu’ils feront encore longtemps, si vous souffrez qu’ils possèdent gratuitement plus de mille arpents d’excellente terre, qui, bien cultivés, vous rendraient par tête trois mesures de froment attique. »


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Dernière mise à jour : 15/12/2008