[11,130] ἄξιον δὲ κἀκεῖνο ἐνθυμηθῆναι πρὸς τοῖς ὁμολογουμένοις.
ὁμολογοῦσι γὰρ ἅπαντες τοὺς Ἀχαιοὺς ἐκ τῆς Ἀσίας ἀναχθῆναι
χειμῶνος ἤδη, καὶ διὰ τοῦτο ἀπολέσθαι τὸ πλέον τοῦ στόλου περὶ
τὴν Εὔβοιαν· ἔτι δὲ μὴ κατὰ ταὐτὸ πλεῖν ἅπαντας, ἀλλὰ στασιάσαι
τὸ στράτευμα καὶ τοὺς Ἀτρείδας, καὶ τοὺς μὲν Ἀγαμέμνονι, τοὺς
δὲ Μενελάῳ προσθέσθαι, τοὺς δὲ καθ´ αὑτοὺς ἀπελθεῖν, ὧν καὶ
Ὅμηρος ἐν Ὀδυσσείᾳ μέμνηται. τοὺς μὲν γὰρ εὖ πράττοντας ὁμονοεῖν εἰκὸς καὶ
τῷ βασιλεῖ τὸ πλεῖστον ὑποτάττεσθαι, καὶ τὸν
Μενέλαον μὴ διαφέρεσθαι πρὸς τὸν ἀδελφὸν παραχρῆμα τῆς εὐερ–
γεσίας· τοῖς δὲ ἡττημένοις καὶ κακῶς πράττουσιν ἅπαντα ταῦτα
ἀνάγκη συμβαίνειν.
(131) ἔτι δὲ τοὺς μὲν φοβουμένους καὶ φεύγοντας
ἐκ τῆς πολεμίας ἀπιέναι τὴν ταχίστην· {τοὺς δὲ νικῶντας καὶ
διακινδυνεύειν μένοντας·} τοὺς δὲ κρατοῦντας καὶ πρὸς τοῖς αὑτῶν
ἔχοντας τοσοῦτον πλῆθος αἰχμαλώτων καὶ χρημάτων περιμένειν
τὴν ἀσφαλεστάτην ὥραν, ἅτε καὶ αὐτῆς τῆς γῆς κρατοῦντας καὶ
πολλὴν ἁπάντων ἀφθονίαν ἔχοντας, ἀλλὰ μὴ δέκα ἔτη περιμείναντας
διαφθαρῆναι παρ´ ὀλίγον. αἵ τε οἴκοι συμφοραὶ καταλαβοῦσαι τοὺς ἀφικομένους
οὐχ ἥκιστα δηλοῦσι τὸ πταῖσμα καὶ τὴν
ἀσθένειαν αὐτῶν·
(132) οὐ πάνυ γὰρ εἰώθασιν ἐπιτίθεσθαι τοῖς νικῶσιν οὐδὲ τοῖς εὐτυχοῦσιν,
ἀλλὰ τούτους μὲν θαυμάζουσι καὶ φοβοῦνται,
τῶν δὲ ἀποτυχόντων καταφρονοῦσιν οἵ τε ἔξωθεν καί τινες τῶν
ἀναγκαίων. φαίνεται δὲ Ἀγαμέμνων ὑπὸ τῆς γυναικὸς ὑπεροφθεὶς
διὰ τὴν ἧτταν, ὅ τε Αἴγισθος ἐπιθέμενος αὐτῷ καὶ κρατήσας
ῥᾳδίως, οἵ τε Ἀργεῖοι καταλαβόντες τὸ πρᾶγμα καὶ τὸν Αἴγισθον
βασιλέα ἀποδείξαντες, οὐκ ἂν εἰ μετὰ τοσαύτης δόξης καὶ δυνάμεως
ἀφικόμενον τὸν Ἀγαμέμνονα ἀπέκτεινε, κρατήσαντα τῆς Ἀσίας.
(133) ὅ τε Διομήδης ἐξέπεσεν οἴκοθεν, οὐθενὸς ἔλαττον εὐδοκιμῶν
ἐν τῷ πολέμῳ, καὶ Νεοπτόλεμος εἴτε ὑπὸ Ἑλλήνων εἴτε ὑπὸ
ἄλλων τινῶν· μετ´ οὐ πολὺ δὲ καὶ πάντες ἐξέπεσον ἐκ τῆς Πελοποννήσου, καὶ
κατελύθη τὸ τῶν Πελοπιδῶν γένος δι´ ἐκείνην τὴν
ξυμφοράν, οἱ δ´ Ἡρακλεῖδαι, πρότερον ἀσθενεῖς ὄντες καὶ ἀτιμαζόμενοι,
κατῆλθον μετὰ Δωριέων.
(134) Ὀδυσσεὺς δὲ ἐβράδυνεν ἑκών, τὰ μὲν αἰσχυνόμενος,
τὰ δ´ ὑποπτεύων τὰ πράγματα. καὶ διὰ τοῦτο
ἐπὶ μνηστείαν ἐτράπησαν τῆς Πηνελόπης καὶ τῶν κτημάτων ἁρπαγὴν ἡ τῶν
Κεφαλλήνων νεότης. καὶ οὐδεὶς ἐβοήθει τῶν φίλων
τῶν Ὀδυσσέως οὐδὲ Νέστωρ οὕτως ἐγγύθεν. ἅπαντες γὰρ ἦσαν
ταπεινοὶ καὶ φαύλως ἔπραττον οἱ τῆς στρατείας μετασχόντες. τοὐναντίον δὲ
ἐχρῆν δεινοὺς ἅπασι φαίνεσθαι τοὺς νενικηκότας καὶ
μηδένα αὐτοῖς ἐπιχειρεῖν.
| [11,130] Entre les choses dont on demeure d'accord, celles-ci surtout méritent d'être remarquées. Tout le monde convient qu'il était hiver lorsque les Grecs partirent d'Asie ; ce qui fut cause qu'ils perdirent la meilleure partie de leur flotte sur les côtes de l'Eubée ; que tous ne suivirent pas la même route ; qu'il y eut des dissensions dans l'armée, et entre les Atrides mêmes ; que quelques-uns suivirent Agamemnon, d'autres Ménélas, et que le reste s'en retourna comme il jugea à propos. Homère rapporte lui-même tout cela dans l'Odyssée. Or si les Grecs eussent réussi, il est probable qu'ils seraient demeurés unis, qu'ils auraient obéi à leur chefs, et que Ménélas ne se serait pas brouillé avec son frère dans l'instant où il venait d'en recevoir des services: au contraire toutes ces choses ont dû arriver, s'il est vrai que les Grecs furent défaits, et ne purent réussir dans leur entreprise.
131 D'ailleurs, il est naturel que des gens effrayés et fugitifs quittent le pays ennemi le plus promptement qu'il leur est possible : mais des vainqueurs, qui ne risquent rien à demeurer, qui sont supérieurs, qui outre leurs propres bagages ont tant d'esclaves et de richesses, doivent attendre la saison la plus favorable, puisqu'ils sont les maîtres du pays, et qu'ils y ont tout en abondance. Après y avoir passé dix ans, ils ne doivent pas assurément s'exposer à périr de peur d'y demeurer quelque temps de plus. Les malheurs que les Grecs essuient à leur retour chez eux, prouvent bien clairement leur mauvais succès et leur faiblesse. 132 Les gens qui ont réussi, les vainqueurs n'ont point ordinaire de trouver tout contr'eux. On les admire, on les redoute. Les malheureux au contraire paraissent méprisables, non-seulement aux étrangers, mais à leurs propres amis.
On voit Agamemnon méprisé par sa femme même, à cause de sa défaite. Egiste lui dresse des embûches, et devient aisément supérieur, secondé par les Argiens qui le reconnaissent pour Roi. Certes Egiste n'aurait pas tué Agamemnon si ce prince fût revenu puissant, glorieux, triomphant des forces de l'Asie. 133 Diomède, qui en fait de gloire militaire ne le cédait à personne, fut chassé de chez lui, aussi bien que Néoptolème ; et bientôt après tous les autres furent chassés du Péloponnèse, soit par les Grecs mêmes, soit par d'autres ennemis; malheurs qui firent manquer la race de Pélops, et qui donnèrent lieu aux Héraclides de prendre le dessus, eux qui auparavant étaient sans gloire et sans forces.
134 Ulysse différa volontairement son retour, tant par honte, que par la crainte qu'il avait de trouver les affaires de sa maison en mauvais état. Ce délai fut cause que toute la jeunesse céphaléniene forma le projet de s'emparer de ses richesses, et d'épouser Pénélope. Aucun des amis d'Ulysse, non pas même Nestor qui lui était si attaché, ne défendit les intérêts de ce Prince. Tous ceux qui s'étaient ligués contre Troie n'osaient remuer, parce qu'ils avaient mal réussi. S'ils fussent revenus vainqueurs, ils n'auraient paru rien moins que timides, et personne n'aurait osé leur susciter des affaires.
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