[11,120] ὁ δὲ Ὀδυσσεύς, οὗτος γὰρ ἐπρέσβευε περὶ τῆς εἰρήνης,
παρῃτεῖτο, ἐπιδεικνὺς ὅτι οὐχ ἥττω δεδράκασιν ἢ πεπόνθασιν, καὶ
τὴν αἰτίαν ἐκείνοις ἀνετίθει τοῦ πολέμου· μηδὲν γὰρ δεῖν Ἀλέξανδρον τοσούτων
οὐσῶν κατὰ τὴν Ἀσίαν γυναικῶν, τὸν δὲ εἰς τὴν
Ἑλλάδα ἐλθόντα μνηστεύειν καὶ ἀπελθεῖν καταγελάσαντα τῶν
ἀρίστων παρ´ αὐτοῖς, πλούτῳ νικήσαντα· συμβῆναι γὰρ οὐχ ἁπλῶς
τὴν μνηστείαν, ἀλλὰ ἐπιβουλεύειν αὐτὸν τοῖς ἐκεῖ πράγμασι διὰ
τούτου μὴ λανθάνειν αὐτούς· ὥστε τὸ λοιπὸν ἠξίου παύσασθαι,
τοσούτων κακῶν γεγονότων ἀμφοτέροις, καὶ ταῦτα ἐπιγαμίας τε
οὔσης καὶ συγγενείας τοῖς Ἀτρείδαις πρὸς αὐτοὺς διὰ Πέλοπα.
(121) περὶ δὲ τῶν χρημάτων κατεγέλα· μὴ γὰρ εἶναι χρήματα τοῖς Ἕλλησιν, ἀλλὰ
καὶ νῦν τοὺς πολλοὺς ἑκόντας στρατεύεσθαι διὰ τὴν
οἴκοι πενίαν. ταῦτα δὲ ἔλεγεν ἀποτρέπων αὐτοὺς τῆς ἐπὶ τὴν
Ἑλλάδα στρατείας. εἰ δὲ δέοι τινα δίκην γενέσθαι τοῦ εὐπρεποῦς
χάριν, αὐτὸς εὑρεῖν. καταλείψειν γὰρ αὐτοὺς ἀνάθημα κάλλιστον
καὶ μέγιστον τῇ Ἀθηνᾷ καὶ ἐπιγράψειν, Ἱλαστήριον Ἀχαιοὶ τῇ
Ἀθηνᾷ τῇ Ἰλιάδι. τοῦτο γὰρ φέρειν μεγάλην τιμὴν ἐκείνοις· καθ´
ἑαυτῶν δὲ γίγνεσθαι μαρτύριον ὡς ἡττημένων.
(122) παρεκάλει δὲ καὶ τὴν Ἑλένην ὑπὲρ τῆς εἰρήνης συλλαμβάνειν. ἡ δὲ
συνέπραττε προθύμως· ἤχθετο γὰρ ὅτι δι´ αὐτὴν οἱ Τρῶες ἐδόκουν πολλὰ
κακὰ πάσχειν. καὶ ποιοῦνται τὰς διαλύσεις, καὶ σπονδαὶ γίγνονται
τοῖς Τρωσὶ καὶ τοῖς Ἀχαιοῖς· Ὅμηρος δὲ καὶ τοῦτο μετήνεγκεν
ἐπὶ τὸ ψεῦδος, εἰδὼς γενόμενον· ἀλλ´ ἔφη τοὺς Τρῶας συγχέαι
τὰς σπονδάς· ὤμοσάν τε ἀλλήλοις ὅ τε Ἕκτωρ καὶ Ἀγαμέμνων καὶ
τῶν ἄλλων οἱ δυνατοὶ μήτε τοὺς Ἕλληνάς ποτε στρατεύσειν εἰς
τὴν Ἀσίαν, ἕως ἂν ἄρχῃ τὸ Πριάμου γένος, μήτε τοὺς Πριαμίδας
εἰς Πελοπόννησον ἢ Βοιωτίαν ἢ Κρήτην ἢ Ἰθάκην ἢ Φθίαν ἢ Εὔβοιαν.
(123) ταύτας γὰρ μόνας ἐξαιρέτους ἐποίουν· περὶ δὲ τῶν
ἄλλων οὐκ ἐβούλοντο ὀμνύειν οἱ Τρῶες οὐδὲ τοῖς Ἀτρείδαις ἔμελε.
τούτων δὲ ὀμοσθέντων, ὅ τε ἵππος ὑπὸ τῶν Ἀχαιῶν ἐτελέσθη,
μέγα ἔργον, καὶ ἀνήγαγον αὐτὸν οἱ Τρῶες πρὸς τὴν πόλιν καὶ τῶν
πυλῶν οὐ δεχομένων, μέρος τι τοῦ τείχους καθεῖλον· ὅθεν γελοίως
ἐλέχθη τὸ ἁλῶναι τὴν πόλιν ὑπὸ τοῦ ἵππου. καὶ τὸ στράτευμα
ᾤχετο ὑπόσπονδον τούτῳ τῷ τρόπῳ. τὴν δὲ Ἑλένην ὁ Ἕκτωρ
συνῴκισε Δηιφόβῳ, ὃς ἦν μετ´ ἐκεῖνον τῶν ἀδελφῶν ἄριστος.
(124) ὁ δὲ πατὴρ αὐτοῦ τελευτᾷ πάντων εὐδαιμονέστατος, πλὴν ὅσα
λελύπητο περὶ τῶν παίδων τῶν τετελευτηκότων. καὶ αὐτὸς βασιλεύσας
συχνὰ ἔτη καὶ πλεῖστα τῆς Ἀσίας καταστρεψάμενος γηραιὸς ἀποθνῄσκει, καὶ
θάπτεται πρὸ τῆς πόλεως. τὴν δὲ ἀρχὴν Σκαμανδρίῳ τῷ παιδὶ κατέλιπεν.
ταῦτα δὲ ἔχοντα οὕτως ἐπίσταμαι σαφῶς ὅτι οὐδεὶς ἀποδέξεται, φήσουσι δὲ
ψευδῆ πάντες εἶναι, πλὴν τῶν φρονούντων, οὐ
μόνον οἱ Ἕλληνες, ἀλλὰ καὶ ὑμεῖς. ἡ γὰρ διαβολὴ σφόδρα χαλεπόν
ἐστι καὶ τὸ ἐξηπατῆσθαι πολὺν χρόνον.
| [11,120] Ulysse, chargé de la négociation, répondait que les Grecs n'avaient pas fait plus de maux à Troie, qu'ils n'en avaient eux-mêmes souffert. Il rejetait sur les Troyens la cause de la guerre, prétendant que Pâris n'avait point dû venir prendre une épouse en Grèce ; qu'il y avait assez de Princesses en Asie ; qu'il ne convenait pas qu'à la faveur de ses richesses il enlevât Hélène aux princes grecs en les bravant ; que ce mariage ne s'était pas fait sans des vues particulières ; que Pâris, en avait eu de contraires aux intérêts des Grecs qui ne les avaient pas ignorées ; que puisque les dommages étaient égaux de part et d'autre, il ne restait qu'à mettre bas les armes; ce qui était d'autant plus naturel, qu'il y avait alliance et parenté par Pélops entre la famille de Priam et les Atrides.
121 Quant à l'argent qu'Hector demandait, Ulysse tournent la chose en plaisanterie, disant que les Grecs n'en avaient point, et qu'actuellement il y en avait un grand nombre qui s'étaient volontairement rendus à l'armée, parce qu'ils n'avaient pas de quoi vivre chez eux. En parlant de la sorte y il avait aussi pour but de détourner les Troyens du dessein de porter la guerre en Grèce. Il ajouta que si l'on croyait que les Grecs dussent par bienséance faire aux Troyens quelque sorte de réparation, il en avait imaginé une ; que les Grecs brûleraient dans la Troade un grand et superbe monument, qu'ils consacreraient à Minerve, et qu'ils y mettraient cette inscription ; Offrande des Grecs à Minerve Troyenne : que ce monument ferait aux Troyens un honneur infini, et serait un témoignage de l'infériorité des Grecs. 122 Ulysse engagea Hélène de solliciter la conclusion de la paix qu'il proposait. Elle le fit avec ardeur, car elle était fort fâchée de ce qu'elle paraissait être la cause de tous les maux que les Troyens enduraient. Les articles furent donc dressés, et la paix jurée par les deux partis.
Homère a remplacé par des fictions ces faits qu'il suppose n'être point arrivés. Au reste continua l'Égyptien, les Troyens échangèrent les traités, et l'observation en fut respectivement jurée par Hector, par Agamemnon et les autres chefs. Selon ces conventions, les Grecs s'obligeaient de ne point porter la guerre en Asie, tant que la race de Priam y régnerait ; et cette race promettait de son côté de ne porter ses armes ni dans le Péloponnèse, ni dans la Béotie, ni en Crète, ni à Ithaque, ni en Phthie, ni en Eubée : 123 ce furent les seuls pays exceptés, les Troyens ne voulant rien stipuler pour les autres Royaumes de Grèce, auxquels les Atrides s'intéressaient peu..
La paix étant ainsi jurée, les Grecs firent construire un monument prodigieux, représentant un cheval. Les Troyens voulurent le transporter dans leur ville ; mais comme les portes se trouvèrent trop petites, ils abattirent un pan de leurs murailles ; ce qui fit dire par plaisanterie, qu'un cheval avait forcé Troie. En conséquence du traité, l'armée Grecque se retira. Ensuite Hector fit épouser Hélène à Déïphobus, le plus illustre de ses frères après lui. 124 Priam termina ses jours, qui auraient été parfaitement heureux sans le chagrin qu'il repentit de la mort de ses fils. Hector, qui lui succéda, régna longtemps, soumit à sa domination presque toute l'Asie, et mourut fort vieux, laissant le trône à son fils Scamandre.
Telle est la vérité des choses. Je sais sort bien que personne ne se le persuadera, ni les Grecs, ni vous-mêmes, Troyens, excepté les gens capables de solides réflexions. Car la calomnie et les vieilles erreurs sont sort difficiles à détruire.
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