[11,115] μετεπέμψαντο δὲ καὶ οἱ Ἀχαιοὶ παρ´ αὑτῶν
εἴ τινα ἐδύναντο ὠφέλειαν· τῶν μὲν γὰρ ἔξωθεν οὐδὲν
οὐδεὶς ἔτι προσεῖχεν αὐτοῖς· ἀλλὰ Νεοπτόλεμόν τε τὸν Ἀχιλλέως
κομιδῇ νέον ὄντα καὶ Φιλοκτήτην ὑπεροφθέντα πρότερον διὰ τὴν
νόσον, καὶ τοιαύτας βοηθείας οἴκοθεν ἀσθενεῖς καὶ ἀπόρους. ὧν
ἀφικομένων μικρὸν ἀναπνεύσαντες πάλιν διέπλευσαν εἰς τὴν Τροίαν,
καὶ περιεβάλοντο τεῖχος ἕτερον πολὺ ἔλαττον, οὐκ ἐν ᾧ πρότερον
τόπῳ παρὰ τὸν αἰγιαλόν, ἀλλὰ τὸ ὑψηλὸν αὐτοῦ καταλαβόντες.
(116) τῶν δὲ νεῶν αἱ μέν τινες ὑφώρμουν ὑπὸ τὸ τεῖχος, αἱ δὲ ἐν τῷ
πέραν ἔμενον· ἅτε γὰρ οὐδεμίαν ἐλπίδα ἔχοντες κρατήσειν, ἀλλ´
ὁμολογιῶν δεόμενοι, καθάπερ εἶπον, οὐ βεβαίως ἐπολέμουν, ἀλλ´
ἀμφιβόλως τρόπον τινὰ καὶ πρὸς ἀπόπλουν μᾶλλον τὴν γνώμην
ἔχοντες. ἐνέδραις οὖν ὡς τὸ πολὺ καὶ καταδρομαῖς ἐχρῶντο. καί
ποτε μάχης ἰσχυροτέρας γενομένης, βιαζομένων αὐτῶν τὸ φρούριον
ἐξελεῖν, Αἴας τε ὑπὸ Ἕκτορος ἀποθνήσκει καὶ Ἀντίλοχος ὑπὸ τοῦ
Μέμνονος πρὸ τοῦ πατρός·
(117) ἐτρώθη δὲ καὶ αὐτὸς ὁ Μέμνων ὑπὸ τοῦ Ἀντιλόχου,
καὶ ἀποκομιζόμενος τραυματίας τελευτᾷ κατὰ τὴν
ὁδόν. συνέβη δὲ καὶ τοῖς Ἀχαιοῖς εὐημερῆσαι τότε ὡς οὐ πρότερον. ὅ τε γὰρ
Μέμνων μέγα ἀξίωμα ἔχων ἐτρώθη καιρίως, τήν
τε Ἀμαζόνα ἀπέκτεινε Νεοπτόλεμος καταδραμοῦσαν ἐπὶ τὰς ναῦς
ἰταμώτερον καὶ πειρωμένην ἐμπρῆσαι, μαχόμενος ἐκ τῆς νεὼς ναυμάχῳ δόρατι,
καὶ Ἀλέξανδρος ἀποθνῄσκει Φιλοκτήτῃ διατοξευόμενος.
(118) ἦν οὖν ἀθυμία καὶ παρὰ τοῖς Τρωσίν, εἰ μηδέποτε παύσονται
τοῦ πολέμου μηδὲ ἔσται μηδὲν αὐτοῖς πλέον νικῶσιν. ὅ τε
Πρίαμος ἄλλος ἐγεγόνει μετὰ τὴν Ἀλεξάνδρου τελευτήν, σφόδρα
ἀνιαθεὶς καὶ φοβούμενος ὑπὲρ τοῦ Ἕκτορος. πολὺ δὲ φαυλότερον
ἔσχε τὰ τῶν Ἀχαιῶν Ἀντιλόχου τε καὶ Αἴαντος τεθνηκότων· ὥστε
πέμπουσι περὶ συμβάσεων, φάσκοντες ἀπιέναι γενομένης εἰρήνης
καὶ ὅρκων ὀμοσθέντων μηκέτι στρατεύσειν μήτε αὐτοὺς εἰς τὴν
Ἀσίαν μήτε ἐκείνους ἐπὶ τὸ Ἄργος.
(119) μετὰ δὲ ταῦτα ὁ μὲν Ἕκτωρ ἀντέλεγε·
πολὺ γὰρ εἶναι κρείττους καὶ τὸ ἐπιτείχισμα ἔφη κατὰ
κράτος αἱρήσειν· μάλιστα δὲ ἐχαλέπαινε τῇ Ἀλεξάνδρου τελευτῇ.
δεομένου δὲ τοῦ πατρὸς καὶ τὸ γῆρας τὸ αὑτοῦ λέγοντος καὶ τῶν
παίδων τὸν θάνατον, τοῦ τε ἄλλου πλήθους ἀπηλλάχθαι βουλομένου, τὰς μὲν
διαλύσεις συνεχώρησεν· ἠξίου δὲ τοὺς Ἀχαιοὺς τά τε
χρήματα διαλῦσαι τὰ δαπανηθέντα εἰς τὸν πόλεμον καὶ δίκην τινὰ
ὑποσχεῖν, ὅτι μηθὲν ἀδικηθέντες ἐστρατεύσαντο, καὶ τήν τε χώραν
διέφθειραν πολλοῖς ἔτεσι καὶ ἄνδρας ἀγαθοὺς ἄλλους τε καὶ Ἀλέξανδρον, οὐδὲν
ὑπ´ αὐτοῦ παθόντες, ἀλλ´ ὅτι κρείττων ἐνομίσθη
κατὰ μνηστείαν καὶ γυναῖκα ἔλαβεν ἐκ τῆς Ἑλλάδος τῶν κυρίων διδόντων.
| [11,115] Les Grecs de leur côté firent venir le plus de renforts qu'ils purent tirer de chez eux ; car aucun peuple étranger n'était dans leurs intérêts. Ils appelèrent donc Néoptoleme fils d'Achille, et encore fort jeune, Philoctète qu'ils avaient laissé derrière eux, parce qu'il était malade, et quelques autres secours de cette espèce, faibles et peu aguerris. L'arrivée de ces renforts leur ayant fait reprendre un peu courage, ils firent voile derechef vers Troie, et élevèrent un nouveau mur beaucoup plus petit que le premier, non pas dans le même endroit au bord du rivage, mais dans un lieu qui le dominait : 116 ils tirèrent à sec derrière ce mur quelques-uns de leurs vaisseaux, et laissèrent les autres au-delà de sa mer ; car ils n'avaient aucun endroit de prendre Troie, et ne cherchaient qu'à faire la paix, comme je l'ai dit. Ainsi ils ne poussaient pas à la guerre de suite ; leur conduite était en quelque sorte équivoque, et leur but principal était leur retraite. C'est pourquoi ils se bornaient le plus souvent à des incursions et des embuscades.
Un jour qu'ils avaient formé une attaque plus considérable qu'à l'ordinaire, ayant entrepris de forcer un poste, Hector tua Ajax, et Memnon tua Antilochus qui défendait son père. 117 Mais Memnon, percé par Antilochus mourut de les blessures tandis qu'on l'emportait, et cette journée fut plus heureuse aux Grecs, qu'aucune autre ne l'avait encore été. Car non seulement Memnon, Prince d'une grande réputation, avait été blessé à mort ; mais la reine des Amazones, qui avait couru aux vaisseaux avec trop de témérité, et qui tâchait d'y mettre le feu, fut tuée d'un coup de gaffe par Néoptolème, qui combattait de dessus la flotte ; et Pâris expira percé d'une flèche par Philoctète.
118 Les Troyens se décourageaient en voyant que la guerre durait toujours ; et qu'ils ne gagnaient rien à vaincre. Priam était devenu tout autre depuis la mort de Pâris ; il était accablé de chagrin, et tremblait pour les jours d'Hector. D'un autre côté, les affaires des Grecs avaient fort empiré depuis qu'Antilochus et Ajax avaient été tués. Ils députèrent donc pour proposer des conférences, offrant de se retirer si l'on voulait faire la paix, et s'engager respectivement par serment à ne jamais porter la guerre les uns en Asie, et les autres à Argos.
119 Hector s'opposait au traité, disant que les Troyens étaient supérieurs, et qu'il renverserait le mur que les Grecs avaient élevé. Il était surtout outré de la mort de Pâris. Mais Priam lui représenta sa vieillesse, le désir qu'il avait de mettre en sureté la vie de ses enfants et de ses autres sujets ; et touché par ses prières, Hector consentit à la pacification ; aux conditions cependant que les Grecs paieraient les frais de la guerre, et promettraient des dédommagements, pour avoir été injustement agresseurs, pour avoir ravagé le pays durant plusieurs années, et tué plusieurs personnes considérables, entr'autres Pâris qui ne leur avait fait aucun tort, et qu'ils ne haïssaient que parce que son alliance avait été préférée à celle des Princes de Grèce, et qu'il avait épousé une Princesse grecque après l'avoir obtenue de ceux qui avaient droit d'en disposer.
|