[11,105] τέως δὲ τὴν Ἀφροδίτην ἐπιμεληθῆναι καὶ τὸν Ἀπόλλω τοῦ διαμεῖναι
τὸν νεκρόν. {οὐκ ἔχων δὲ ὅ,τι ποιήσῃ τὸν Ἀχιλλέα, ἐπεὶ ἔδει αὐτὸν ὑπὸ τῶν
Τρώων
τινὸς ἀνῃρῆσθαι· οὐ γὰρ δὴ καὶ τοῦτον ἔμελλεν, ὥσπερ καὶ τὸν Αἴαντα,
ὑφ´ ἑαυτοῦ ἀποθανόντα ποιεῖν, φθονῶν τῆς δόξης τῷ ἀνελόντι·
τὸν Ἀλέξανδρόν φησιν ἀποκτεῖναι αὐτόν, ὃν πεποίηκε τῶν Τρώων
κάκιστον καὶ δειλότατον καὶ ὑπὸ τοῦ Μενελάου μικροῦ δεῖν ζωγρηθέντα, ὃν
λοιδορούμενον ἀεὶ πεποίηκεν, ὡς μαλθακὸν αἰχμητὴν
καὶ ἐπονείδιστον ἐν τοῖς Ἕλλησι.
(106) ἵνα δὴ τοῦ Ἕκτορος τὴν δόξαν ἀφέλοιτο,
καὶ τὸν Ἀχιλλέα φαίνεται καθῃρηκώς, {καὶ} πολὺ χείρω
καὶ ἀδοξότερον αὐτοῦ ποιήσας τὸν θάνατον. τέλος δὲ προάγει
ἤδη τεθνηκότα τὸν Ἀχιλλέα καὶ ποιεῖ μαχόμενον· οὐκ ὄντων δὲ
ὅπλων, ἀλλὰ τοῦ Ἕκτορος ἔχοντος· ἐν τούτῳ γὰρ ἔλαθεν αὐτὸν ἕν τι
τῶν ἀληθῶν ῥηθέν· ἐκ τοῦ οὐρανοῦ φησι κομίσαι τὴν Θέτιν ὑπὸ
τοῦ Ἡφαίστου γενόμενα ὅπλα· καὶ οὕτως δὴ γελοίως τὸν Ἀχιλλέα
μόνον τρεπόμενον τοὺς Τρῶας, τῶν δὲ ἄλλων Ἀχαιῶν, ὥσπερ
οὐδενὸς παρόντος, ἁπάντων ἐπελάθετο· ἅπαξ δὲ τολμήσας τοῦτο
ψεύσασθαι πάντα συνέχεε. καὶ τοὺς θεοὺς ἐνταῦθα ποιεῖ μαχομένους ἀλλήλοις,
σχεδὸν ὁμολογῶν ὅτι οὐδὲν αὐτῷ μέλει ἀληθείας.
(107) πάνυ δὲ ἀσθενῶς καὶ ἀπιθάνως τὴν ἀριστείαν διελθών, ὁτὲ μὲν
ποταμῷ μαχόμενον αὐτόν, ὁτὲ δὲ ἀπειλοῦντα Ἀπόλλωνι καὶ διώκοντα αὐτόν· ἐξ
ὧν ἁπάντων ἰδεῖν ἔστι τὴν ἀπορίαν αὐτοῦ σχεδόν·
οὐ γάρ ἐστιν ἐν τοῖς ἀληθέσιν οὕτως ἀπίθανος οὐδὲ ἀηδής· μόλις
ποτὲ τῶν Τρώων εἰς τὴν πόλιν φευγόντων, τὸν Ἕκτορα πεποίηκε
πρὸ τοῦ τείχους ἀνδρειότατα ὑπομένοντα αὐτὸν καὶ μήτε τῷ πατρὶ
δεομένῳ μήτε τῇ μητρὶ πειθόμενον, ἔπειτα φεύγοντα κύκλῳ τῆς
πόλεως, ἐξὸν εἰσελθεῖν, καὶ τὸν Ἀχιλλέα, τάχιστον ἀνθρώπων ἀεί
ποτε ὑπ´ αὐτοῦ λεγόμενον, οὐ δυνάμενον καταλαβεῖν.
(108) τοὺς δὲ Ἀχαιοὺς ὁρᾶν ἅπαντας ὥσπερ ἐπὶ θέαν παρόντας καὶ μηδένα
βοηθεῖν τῷ Ἀχιλλεῖ, τοιαῦτα πεπονθότας ὑπὸ τοῦ Ἕκτορος καὶ
μισοῦντας αὐτόν, ὥστε καὶ νεκρὸν τιτρώσκειν. ἔπειτα Δηίφοβον ἐξελθόντα
τοῦ τείχους, μᾶλλον δὲ Ἀθηνᾶν παραλογίσασθαι αὐτόν,
εἰκασθεῖσαν Δηιφόβῳ, καὶ τὸ δόρυ κλέψαι τὸ τοῦ Ἕκτορος ἐν τῇ
μάχῃ, οὐδὲ ὅπως ἀποκτείνῃ τὸν Ἕκτορα εὑρίσκων, τρόπον τινὰ
ἰλιγγιῶν περὶ τὸ ψεῦδος καὶ τῷ ὄντι ὡς ἐν ὀνείρατι μάχην διηγούμενος.
μάλιστα γοῦν προσέοικε τοῖς ἀτόποις ἐνυπνίοις τὰ περὶ
τὴν μάχην ἐκείνην.}
(109) εἰς τοῦτο δὲ προελθὼν ἀπεῖπε λοιπόν, οὐκ ἔχων
ὅ,τι χρήσηται τῇ ποιήσει καὶ τοῖς ψεύσμασι δυσχεραίνων
{ἀγῶνά τινα προσθεὶς ἐπιτάφιον, καὶ τοῦτο πάνυ γελοίως, καὶ τὴν
Πριάμου βασιλέως εἰς τὸ στρατόπεδον ἄφιξιν παρὰ τὸν Ἀχιλλέα,
μηδενὸς αἰσθομένου τῶν Ἀχαιῶν, καὶ τὰ λύτρα τοῦ Ἕκτορος. καὶ
οὔτε τὴν τοῦ Μέμνονος βοήθειαν οὔτε τὴν τῶν Ἀμαζόνων, οὕτως
θαυμαστὰ καὶ μεγάλα, ἐτόλμησεν εἰπεῖν, οὔτε τὸν τοῦ Ἀχιλλέως
θάνατον οὔτε τὴν ἅλωσιν τῆς Τροίας.}
| [11,105] et que Vénus et Apollon eurent soin de le préserver de la corruption.
Le poète se trouve pourtant fort embarrassé d*Achille ; car il ne peut se dispenser de le faire tuer par quelque Troyen, ne voulant pas qu'il se perçât lui-même comme Ajax. Mais jaloux de la gloire du vainqueur de son Héros, Homère suppose qu'il fut tué par Pâris, qu'il a eu soin de peindre comme le plus faible et le plus timide des Troyens, comme un homme dont Ménélas se saisit sans peine, comme un lâche, déshonoré parmi les Grecs, et qu'on insulte impunément. En attribuant la mort d'Achille à Pâris, 106 Homère prétend diminuer la gloire d'Hector; mais il fait tort à celle d'Achille même qu'il fait périr d'une façon moins honorable et moins brillante.
Enfin il fait combattre Achille lorsqu'il était sur le point de mourir. Mais comme ce héros n'avait point ses armes, dont Hector s'était emparé (ce mot de vérité échappe à Homère) le poète ne laisse pas de dire que Thétis lui en apporta du Ciel, qui avaient été forgées par Vulcain. Ensuite il suppose ridiculement qu'Achille seul met tous les Troyens en fuite ; et il oublie tout le reste des Grecs, comme si il n'y en eût eu d'autres qu'Achille. Une fois abandonné aux fables, il confond tout. Il fait combattre les Dieux les uns contre les autres, avouant en quelque sorte par-là qu'il n'a aucuns égards pour la vérité. 107 Il n'écrit d'Achille que des exploits misérables et incroyables. Il le peint ici combattant contre un fleuve, là menaçant Apollon qu'il poursuit. On peut juger par toutes ces choses dans quelle disette il se trouve : car lorsqu'il a des faits vrais à raconter, il ne s'arrête point ainsi à des fables incroyables et rebutantes.
Tandis que les Troyens fuyaient heureux de se sauver dans leurs murs, Homère suppose qu'Hector, malgré les prières de son père et de sa mère, ose attendre Achille hors de la Ville. Mais bientôt il peint Hector fuyant lui-même autour des murailles de Troie, où cependant il était bien le maître de se réfugier, et Achille courant après lui sans pouvoir le joindre, quoiqu'Homère le nomme toujours le mortel le plus léger à la course. 108 Tous les Grecs regardent, comme s'ils n'étaient là qu'en qualité de spectateurs. Aucun d'eux n'aide Achille, quoiqu'Hector leur ait causé tant de maux, et qu'ils le haïssent au point de l'accabler de coups après sa mort.
Le poète feint après cela que Déïphobus, ou plutôt Minerve sous les traits de Déïphobus, sort des murs., trompe Hector, et au milieu du combat lui vole sa lance. Il ne sait par où faire tuer Hector. Il s'embarrasse dans ses propres fables, et il raconte tout le combat comme pourrait faire quelqu'un qui rêverait ; car tout ce qu'il en rapporte ressemble aux songes les moins raisonnables. 109 Il ne pousse pas plus loin l'histoire du siège. N'y trouvant plus rien qu'il puisse faire entrer dans son poème, et qui s'accorde avec ses fables, il décrit je ne sais quels jeux funèbres, et tout-à-fait ridiculement, aussi bien que l'arrivée du Roi Priam, qui apporté de quoi racheter le corps d'Hector, et se rend auprès d'Achille dans le camp des Grecs, sans qu'aucun Grec s'en aperçoive. Le poète n'a osé décrire les grands et merveilleux exploits des alliés des Troyens, tels que Memnon et les Amazones; ni la mort d'Achille, ni enfin la prise de Troie.
|