[11,95] τὸν δὲ Ἕκτορα ἐν τούτῳ παραφυλάττειν, ἐμπειρότατον
ὄντα καιρὸν μάχης ξυνεῖναι, καὶ μέχρι μὲν ἤκμαζεν ὁ Ἀχιλλεὺς
καὶ νεαλὴς ὢν ἐμάχετο, μὴ ξυμφέρεσθαι αὐτῷ, μόνον δὲ τοὺς
ἄλλους παρακαλεῖν· ἐπεὶ δ´ ᾐσθάνετο κάμνοντα ἤδη καὶ πολὺ τῆς
πρότερον ὑφεικότα ὁρμῆς, ἅτε οὐ ταμιευσάμενον ἐν τῷ ἀγῶνι, καὶ
ὑπὸ τοῦ ποταμοῦ κοπωθέντα μείζονος ἐρρυηκότος ἀπείρως διαβαίνοντα, καὶ
ὑπό τε Ἀστεροπαίου τοῦ Παίονος {ἑώρα} τετρωμένον,
Αἰνείαν τε συστάντα αὐτῷ καὶ μαχεσάμενον ἐπὶ πλέον, ὁπότε δὲ
ἐβουλήθη ἀσφαλῶς ἀποχωρήσαντα, Ἀγήνορα δὲ οὐ καταλαβόντα
ὁρμήσαντα διώκειν· καίτοι τούτῳ μάλιστα προεῖχεν ὁ Ἀχιλλεὺς
ὅτι ἐδόκει τάχιστος εἶναι·
(96) καταφανὴς οὖν ἐγεγόνει αὐτῷ διὰ τούτων ἁπάντων εὐάλωτος ὤν,
ἅτε δεινῷ τὴν πολεμικὴν τέχνην· ὥστε θαρρῶν ἀπήντησεν αὐτῷ κατὰ μέσον
τὸ πεδίον. καὶ τὸ μὲν πρῶτον ἐνέκλινεν ὡς φεύγων, ἀποπειρώμενος αὐτοῦ,
ἅμα δὲ κοπῶσαι βουλόμενος, ὁτὲ μὲν περιμένων, ὁτὲ δὲ ἀποφεύγων· ἐπεὶ δὲ
ἑώρα βραδύνοντα καὶ ἀπολειπόμενον, οὕτως ὑποστρέψας αὐτὸς ἧκεν ἐπ´
αὐτὸν οὐδὲ τὰ ὅπλα φέρειν ἔτι δυνάμενον, καὶ συμβαλὼν ἀπέκτεινε
καὶ τῶν ὅπλων ἐκράτησεν, ὡς καὶ τοῦτο Ὅμηρος εἴρηκε. τοὺς δὲ
ἵππους διῶξαι μέν φησι τὸν Ἕκτορα, οὐ λαβεῖν δέ, κἀκείνων ἁλόντων.
(97) τὸ μὲν οὖν σῶμα μόλις διέσωσαν ἐπὶ τὰς ναῦς οἱ Αἴαντες.
οἱ γὰρ Τρῶες ἤδη θαρροῦντες καὶ νικᾶν νομίζοντες, μαλακώτερον
ἐφείποντο· ὁ δὲ Ἕκτωρ ἐνδυσάμενος τὰ τοῦ Ἀχιλλέως ὅπλα ἐπίσημα
ὄντα ἔκτεινέ τε καὶ ἐδίωκε μέχρι τῆς θαλάττης, ὡς ὁμολογεῖ
ταῦτα Ὅμηρος. νὺξ δὲ ἐπιγενομένη ἀφείλετο μὴ πάσας ἐμπρῆσαι
τὰς ναῦς. τούτων δὲ οὕτως γενομένων, οὐκ ἔχων ὅπως κρύψῃ
τἀληθές, Πάτροκλον εἶναί φησι τὸν ἐπεξελθόντα μετὰ τῶν Μυρμιδόνων,
ἀναλαβόντα τὰ τοῦ Ἀχιλλέως ὅπλα, καὶ τοῦτον ὑπὸ τοῦ
Ἕκτορος ἀποθανεῖν, καὶ τὸν Ἕκτορα τῶν ὅπλων οὕτως κρατῆσαι.
(98) καίτοι πῶς ἂν ὁ Ἀχιλλεὺς ἐν τοσούτῳ κινδύνῳ τοῦ στρατοπέδου
ὄντος καὶ τῶν νεῶν ἤδη καιομένων καὶ ὅσον οὔπω ἐπ´ αὐτὸν
ἥκοντος τοῦ δεινοῦ, καὶ τὸν Ἕκτορα ἀκούων ὅτι φησὶ μηδένα αὑτῷ
ἀξιόμαχον εἶναι καὶ τὸν Δία βοηθεῖν αὑτῷ καὶ δεξιὰ σημεῖα φαίνειν, εἴ γε
ἐβούλετο σῶσαι τοὺς Ἀχαιούς, αὐτὸς μὲν ἐν τῇ σκηνῇ
ἔμενεν ἄριστος ὢν μάχεσθαι, τὸν δὲ πολὺ χείρονα αὑτοῦ ἔπεμπε;
καὶ ἅμα μὲν παρήγγελλεν ἐμπεσεῖν ἰσχυρῶς καὶ ἀμύνεσθαι τοὺς
Τρῶας, ἅμα δὲ τῷ Ἕκτορι μὴ μάχεσθαι; οὐδὲ γὰρ ἐπ´ ἐκείνῳ ἦν
οἶμαι προελθόντι γε ἅπαξ ὅτῳ ἐβούλετο μάχεσθαι.
(99) οὕτως δὲ ὑποκαταφρονῶν τοῦ Πατρόκλου καὶ ἀπιστῶν αὐτῷ, τὴν
δύναμιν ἐπέτρεπεν ἐκείνῳ καὶ τὰ ὅπλα τὰ αὑτοῦ καὶ τοὺς ἵππους, ὡς ἂν
κάκιστά τις βουλεύσαιτο περὶ τῶν αὑτοῦ, πάντα ἀπολέσαι βουλόμενος·
ἔπειτα ηὔχετο τῷ Διὶ ὑποστρέψαι τὸν Πάτροκλον μετὰ
τῶν ὅπλων ἁπάντων καὶ τῶν ἑταίρων, οὕτως ἀνοήτως πέμπων
αὐτὸν πρὸς ἄνδρα κρείττονα, ᾧ προκαλουμένῳ τοὺς ἀρίστους οὐδεὶς
ὑπακοῦσαι ἤθελεν,
| [11,95] commandés par Hector qui entendait très bien la guerre, et qui savait faire ferme à propos. Il n'attaqua pas Achille tant qu'il le vit frais et avec toute sa vigueur ; il se contenta de le faire harceler ; mais quand il s'aperçut que le prince grec commençait à le lasser, qu'il ralentissait sa première ardeur, parce qu'il s'était ménagé dans le combat; qu'il avait été fort fatigué par le fleuve où il s'était jeté sans précaution ; qu'il avait été blessé par Astérope fils de Paeon ; qu'il n'avait pu vaincre ?née, qui, après avoir combattu longtemps contre lui, était sorti du combat sain et sauf, et quand il avait voulu ; qu'enfin, quoiqu'il passât pour être fort léger à la course, il avait poursuivi Anténor sans pouvoir l'atteindre : Hector, dis-je, jugea que dans de pareilles circonstances, habile comme il était dans l'art de combattre, il viendrait aisément à bout d'Achille.
96 Il alla donc hardiment au-devant de lui jusqu'au milieu du champ ; puis affectant de l'éviter, fit semblant de fuir, pour l'exciter et le mettre hors d'haleine. Tantôt il l'attendait de pied ferme, et tantôt il prenait la fuite. Enfin, voyant que son ennemi était accablé de lassitude, ne pouvait plus le suivre, et avait à peine la force de porter ses armes, il courut sur lui, le tua, et s'empara de ses dépouilles, comme Homère le rapporte. Ce poète ajoute qu'Hector voulut aussi se saisir des chevaux d'Achille, mais qu'ils lui échappèrent : cependant il les prit réellement. 97 Ce ne fut qu'avec peine que les Ajax purent emporter son corps jusqu'aux vaisseaux, profitant de la confiance des Troyens, qui, se croyant sûrs d'une victoire complète ne les poursuivirent pas avec assez de vivacité. Pour Hector, après s'être revêtu des armes d'Achille, signes de son triomphe, il ne cessa de poursuivre et de tuer jusques sur les bords de la mer ; et la nuit seule empêcha que la flotte entière ne fût réduite en cendres.
Tout s'étant passé comme je viens de le dire. Homère, qui ne pouvait cacher ces faits, a feint que ce fût Patrocle, qui ayant pris les armes d'Achille vint au secours des vaisseaux à la tête des Myrmidons ; et qu'il fut tué par Hector, qui s'empara des armes d'Achille de cette manière. 98 Mais dans le danger où se trouvait le camp, une partie de la flotte étant embrasée, Achille lui-même se trouvant presque en péril, entendant dire qu'Hector ne rencontrait personne qui pût lui résister ; que Jupiter secondait ce Troyen, et lui donnait des présages favorables, comment dans une occasion si pressante, Achille, s'il voulait sauver les Grecs, restait-il dans sa tente, lui qui était le plus brave de l'armée, et se contentait-il d'envoyer à leur secours un homme bien moins redoutable que lui ?
Est-il probable qu'il ait chargé Patrocle de tomber sur les Troyens et de les presser vigoureusement, et qu'il lui eût au même temps recommandé de ne point combattre contre Hector? 99 Il me semble qu'il n'était pas au pouvoir de Patrocle, une fois engagé dans l'action, de choisir ceux contre qui il voudrait combattre. D'ailleurs, si Achille faisait si peu de cas de la valeur de Patrocle, et y avait si peu de confiance, comment donc lui remettait-il ses troupes;, ses armes, ses chevaux ; à moins qu'il ne s'en souciât guère, et qu'il ne voulût bien les perdre ? Achille prie Jupiter d'accorder à Patrocle le bonheur de revenir avec ses armes et ses soldats ; tandis qu'il l'envoie avec une telle imprudence contre un ennemi supérieur de qui personne n'osait accepter le défi.
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