[11,80] οὐδὲ γὰρ ἐδύνατο πάντα τἀληθῆ ἀποκρύψασθαι·
ἐν οἷς φησι τὸν Ἀγαμέμνονα ἐκκλησίαν συναγαγεῖν
τῶν Ἑλλήνων, ὡς ἀπάξοντα τὸ στράτευμα, δῆλον ὅτι τοῦ πλήθους
χαλεπῶς φέροντος καὶ ἀπιέναι βουλομένου, καὶ τὸν ὄχλον ὁρμῆσαι
πρὸς τὰς ναῦς· τὸν δὲ Νέστορα καὶ τὸν Ὀδυσσέα κατασχεῖν μόλις
μαντείαν τινὰ προβαλλομένους καὶ ὀλίγον εἶναι χρόνον φάσκοντας,
ὃν ἐδέοντο αὐτῶν ὑπομεῖναι.
(81) τὸν δὲ μάντιν τούτων Ἀγαμέμνων
ἐν τοῖς ἄνω ἔπεσί φησι μηδὲν πώποτε ἀληθὲς μαντεύεσθαι.
μέχρι μὲν οὖν τούτων ἐφεξῆς οὐ πάνυ φαίνεται τῶν ἀνθρώπων
καταφρονῶν Ὅμηρος, ἀλλὰ τρόπον τινὰ ἔχεσθαι τἀληθοῦς, εἰ μή
γε τὰ περὶ τὴν ἁρπαγὴν {οὐκ αὐτὸς ὡς γενόμενα διηγούμενος,
ἀλλ´ Ἕκτορα ποιήσας ὀνειδίζοντα Ἀλεξάνδρῳ καὶ Ἑλένην ὀδυρομένην πρὸς
Πρίαμον, καὶ αὐτὸν Ἀλέξανδρον μεμνημένον ἐν τῇ
συνουσίᾳ τῇ πρὸς τὴν Ἑλένην, ὃ πάντων σαφέστατα ἔδει ῥηθῆναι
καὶ μετὰ πλείστης σπουδῆς· ἔτι δὲ καὶ τὰ περὶ τὴν μονομαχίαν.}
(82) {οὐ γὰρ δυνάμενος εἰπεῖν ὡς ἀπέκτεινε τὸν Ἀλέξανδρον ὁ Μενέλαος,
κενὰς αὐτῷ χαρίζεται χάριτας καὶ νίκην γελοίαν, ὡς τοῦ
ξίφους καταχθέντος. οὐ γὰρ ἦν τῷ τοῦ Ἀλεξάνδρου χρήσασθαι,
τοσοῦτόν γε κρείττονα ὄντα, ὡς ἕλκειν αὐτὸν εἰς τοὺς Ἀχαιοὺς
ζῶντα μετὰ τῶν ὅπλων,
(83) ἀλλ´ ἀπάγχειν ἔδει τῷ ἱμάντι; ψευδὴς δὲ καὶ ἡ τοῦ Αἴαντος
καὶ τοῦ Ἕκτορος μονομαχία καὶ πάνυ εὐήθης
ἡ διάλυσις, πάλιν ἐκεῖ τοῦ Αἴαντος νικῶντος, πέρας δὲ οὐδέν, καὶ
δῶρα δόντων ἀλλήλοις ὥσπερ φίλων.} μετὰ δὲ ταῦτα ἤδη τἀληθῆ
λέγει, τὴν τῶν Ἀχαιῶν ἧτταν καὶ τροπὴν καὶ τὰς τοῦ Ἕκτορος
ἀριστείας καὶ τὸ πλῆθος τῶν ἀπολλυμένων, ὥσπερ ὑπέσχετο ἐρεῖν,
(84) τρόπον τινὰ ἄκων καὶ ἀναφέρων εἰς τιμὴν τοῦ Ἀχιλλέως. {καίτοι
θεοφιλῆ γ´ εἶναι τὴν πόλιν φησὶ καὶ Δία ἄντικρυς πεποίηκε λέγοντα πασῶν τῶν
ὑπὸ τὸν ἥλιον πόλεων τὸ Ἴλιον μάλιστα ἀγαπῆσαι καὶ τὸν Πρίαμον καὶ τὸν λαὸν
αὐτοῦ. ἔπειτα ὀστράκου
μεταπεσόντος, φασί, τοσοῦτον μετέβαλεν ὥστε οἴκτιστα ἀνελεῖν
τὴν ἁπασῶν προσφιλεστάτην δι´ ἑνὸς ἀνδρὸς ἁμαρτίαν, εἴπερ
ἥμαρτεν.} ὅμως δὲ οὐχ οἷός τέ ἐστιν ἀποκρύψαι τὰ τοῦ Ἕκτορος
ἔργα νικῶντος καὶ διώκοντος μέχρι τῶν νεῶν, ὁτὲ μὲν Ἄρει παραβάλλων αὐτόν,
ὁτὲ δὲ φλογὶ λέγων τὴν ἀλκὴν ὅμοιον εἶναι, καὶ
πάντων αὐτὸν ἐκπεπληγμένων τῶν ἀρίστων, μηδενὸς δὲ ἁπλῶς
ὑπομένοντος αὐτόν, τοῦ τε Ἀπόλλωνος αὐτῷ παρισταμένου καὶ
τοῦ Διὸς ἄνωθεν ἐπισημαίνοντος ἀνέμῳ καὶ βροντῇ
| [11,80] Homère, qui n'a pu cacher généralement tout ce qui est vrai, est convenu de ce fait lorsqu'il a dit qu'Agamemnon convoqua l'assemblée comme pour congédier les troupes qui souffraient avec impatience, et qui voulaient se retirer ; que les soldats coururent aux vaisseaux ; et que Nestor et Ulysse les arrêtèrent avec peine, leur alléguant certaine prédiction qui promettait que Troie serait bientôt prise, et les priant d'attendre cet instant peu éloigné. 81 Mais le devin qu'ils citaient n'avait jamais rien prédit de vrai, comme Agamemnon lui-même le dit quelques vers plus haut.
Jusqu'en cet endroit Homère paraît ne s'être pas tout-à-fait joué du public, et avoir eu quelques égards pour l'ordre et la vérité. Mais quand il s'agit du rapt d'Hélène, il ne fait point lui-même le récit de cet événement, qu'il devait raconter avec plus de soin et de détail que tout autre. C'est Hélène qui le reproche à Pâris ; c'est Hélène qui s'en plaint à Priam; c'est Pâris lui-même qui le rappelle dans une conversation avec Hélène.
Quant à ce qu'Homère raconte des combats singuliers de ses héros, 82 il ne peut dire que Ménélas tua Pâris, mais il dit que l'épée de Ménélas se rompit, et lui attribue une gloire frivole et un triomphe ridicule. Quoi, Ménélas qui était assez fort pour traîner au camp des Grecs Pâris vivant et tout armé, ne pouvait-il arracher à Pâris son épée pour l'en percer ; 83 et fallait-il qu'il l'étranglât avec la courroie de son casque ? Le combat d'Hector et d'Ajax est imaginaire y et on le fait tout-à-fait ridiculement. On suppose Ajax deux fois vainqueur ; et les deux combattants se séparent après s'être fait mutuellement des présents dans aucune raison, et comme s'ils étaient amis.
Mais peu après, Homère revient au vrai lorsqu'il parle de la défaite et de la suite des Grecs, du grand nombre de leurs gens tués, des exploits d'Hector; objets qu'il s'est engagé de rapporter en quelque sorte malgré lui, 84 et qu'il a soin de tourner à la gloire d'Achille.
Selon Homère, Troie est chérie des Dieux. Il fait dire à Jupiter que de toutes les villes qui sont sous le ciel, il n'y en a point qu'il aime autant que Troie, dont il chérit également le peuple et le Roi. Ensuite changeant, comme l'on dit du blanc au noir, il détruit impitoyablement cette ville si chérie, et cela pour punir la faute d'un seul homme, supposé que cette faute soit réelle.
Le poète n'a pu cacher les hauts faits d'Hector, qui défait les Grecs, les poursuit jusqu'à leurs vaisseaux, et jette la crainte dans le cœur de tous leurs braves. Tantôt il le compare au Dieu Mars ; tantôt il peint sa force semblable à celle de la flamme. Personne n'ose l'attendre de pied ferme, Apollon est à ses côtés.; Jupiter du haut des cieux fait entendre en sa faveur les présages du vent et du tonnerre.
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