[11,70] ὕστερον δὲ Ἀλεξάνδρου τελευτήσαντος, οὗ λέγεται ἐρᾶν, Δηιφόβῳ
συνεῖναι, καθάπερ οἶμαι κἀκείνῳ τῆς Ἀφροδίτης ὑποσχομένης, καὶ μήτε
αὐτὴν ἐθέλειν ἀπιέναι παρὰ τὸν αὑτῆς ἄνδρα μήτε τοὺς Τρῶας
ἀποδοῦναι {τὴν Ἑλένην βίᾳ, μέχρι ἁλῶναι τὴν πόλιν}. τούτων
οὐθὲν εἰκὸς οὐδὲ δυνατόν. ἔτι δὲ καὶ τόδε πρὸς τοῖς εἰρημένοις.
τοὺς μὲν ἄλλους ἅπαντας Ἀχαιούς φησιν Ὅμηρος κοινωνῆσαι, οἷς
ἧττον ἔμελε, τῆς δυνάμεως· Κάστορα δὲ καὶ Πολυδεύκην μόνους
μὴ ἀφικέσθαι, τοὺς μάλιστα ὑβρισμένους.
(71) ταύτην δὲ τὴν ἀλογίαν κρύπτων Ὅμηρος πεποίηκε θαυμάζουσαν τὴν
Ἑλένην· ἔπειτα αὐτὸς ἀπελογήσατο, εἰπὼν ὅτι τεθνήκεσαν πρότερον. οὐκοῦν
τό γε ζώντων αὐτὴν ἁρπασθῆναι δῆλόν ἐστιν. ἔπειτα πῶς Ἀγαμέμνονα
περιέμενον δέκα ἔτη διατρίβοντα καὶ συνάγοντα στρατιάν, ἀλλ´ οὐκ
εὐθὺς ἐδίωξαν τὴν ἀδελφήν, μάλιστα μὲν εἰ κατὰ πλοῦν ἕλοιεν·
(72) εἰ δ´ οὖν, ὡς πολεμήσοντες μετὰ τῆς αὑτῶν δυνάμεως; οὐ γὰρ
ἐπὶ Θησέα μὲν ἦλθον εὐθύς, ἄνδρα Ἕλληνα καὶ τῶν ἄλλων ἄριστον,
ἔτι δὲ αὐτόν τε πολλῶν ἄρχοντα καὶ Ἡρακλέους ἑταῖρον καὶ Πειρίθου καὶ
Θετταλοὺς καὶ Βοιωτοὺς ἔχοντα συμμάχους· ἐπὶ δὲ
Ἀλέξανδρον οὐκ ἂν ἦλθον, ἀλλὰ τοὺς Ἀτρείδας περιέμενον δέκα
ἔτη συλλέγοντας τὴν δύναμιν. Ἴσως γὰρ εἰκὸς ἦν καὶ αὐτὸν ἀφικέσθαι
τὸν Τυνδάρεων καὶ μηθὲν αὐτὸν κωλῦσαι τὴν ἡλικίαν.
(73) οὐ γὰρ δὴ Νέστορος παλαιότερος ἦν οὐδὲ Φοίνικος, οὐδὲ μᾶλλον
ἐκείνους προσῆκον ἦν ἀγανακτεῖν ἢ τὸν πατέρα αὐτόν. ἀλλ´ οὔτε
αὐτὸς οὔτε οἱ παῖδες ἧκον οὐδὲ ἦν αὐτοῖς βουλομένοις τὰ τῆς
στρατείας. ἑκόντες γὰρ αὐτοὶ τὴν Ἑλένην ἐξέδωκαν, προκρίναντες
τῶν ἄλλων μνηστήρων τὸν Ἀλέξανδρον διὰ μέγεθος τῆς ἀρχῆς καὶ
ἀνδρείαν· οὐδενὸς γὰρ ἦν χείρων τὴν ψυχήν. οὔτε οὖν ἐκεῖνοι
ἀφίκοντο πολεμήσοντες οὔτε Λακεδαιμονίων οὐδείς, ἀλλὰ καὶ τοῦτο
ψεῦδός ἐστιν ὅτι Μενέλαος ἦγε Λακεδαιμονίους καὶ τῆς Σπάρτης
ἐβασίλευε Τυνδάρεω ζῶντος ἔτι.
(74) καὶ γὰρ ἦν δεινόν, εἰ Νέστωρ μὲν μήτε πρότερον μήτε ὕστερον ἐλθὼν
ἀπ´ Ἰλίου παρεχώρησε τοῖς υἱοῖς τῆς βασιλείας καὶ τῆς ἀρχῆς διὰ γῆρας,
Τυνδάρεως δὲ Μενελάῳ ἐξέστη. φαίνεται γὰρ καὶ ταῦτα πολλὴν ἀπορίαν ἔχοντα.
ἐπεὶ δ´ οὖν ἦλθον οἱ Ἀχαιοί, τὸ μὲν πρῶτον εἴργοντο τῆς
γῆς, καὶ Πρωτεσίλαός τε ἀποθνῄσκει βιαζόμενος ἀποβῆναι καὶ
πολλοὶ τῶν ἄλλων, ὥστε διέπλευσαν εἰς τὴν Χερρόνησον, ὑποσπόνδους τοὺς
νεκροὺς ἀνελόμενοι, κἀκεῖ θάπτουσι τὸν Πρωτεσίλαον. ἔπειτα περιπλέοντες
ἀπέβαινον εἰς τὴν χώραν καὶ τῶν πολισμάτων τινὰ ἐπόρθουν.
| [11,70] qu'après la mort de Pâris, qu'on dit qu'Hélène aimait, elle ait épousé Déiphobus, comme si Vénus la lui avait aussi promise : qu'enfin elle n'ait jamais voulu retourner auprès de son premier époux, ni les Troyens la lui restituer, jusqu'à ce que leur ville eût été prise de force. Rien de tout cela n'est ni vraisemblable, ni même possible.
Ajoutez à ce que je viens de dire que, selon Homère, tous les princes grecs les moins intéressés dans la querelle se liguèrent contre Troie, excepté seulement Castor et Pollux qui devaient être plus particulièrement offensés de l'outrage fait à leur sœur, 71 Homère cherche à couvrir sa faute en disant qu'Hélène fut surprise de ne les pas voir devant Troie ; et les voulant justifier, il allègue qu'ils étaient morts depuis l'enlèvement d'Hélène, Ils étaient donc vivants dans le temps qu'elle fut enlevée. Mais auraient-ils attendu qu'Agamemnon traînât durant dix ans la guerre, occupé à rassembler ses troupes ? N'auraient-ils pas délivré leur sœur sans tant différer, soit en s'embarquant sur le champ pour la poursuivre, ce qui était le meilleur parti ; 72 soit en portant la guerre chez les Troyens avec leurs propres forces ? N'attaquèrent-ils pas sur le champ Thésée, prince grec, et l'un des plus redoutables roi d'un peuple nombreux, ami d'Hercule et de Pirithoüs, allié des Thessaliens et des Béotiens ? Et ils n'auraient pas attaqué Pâris ! Et ils auraient laissé les Atrides consommer dix ans entiers à former leur armée !
Tyndare lui-même aurait dû partir pour cette expédition. Son âge avancé ne pouvait l'en dispenser ; 73 car il n'était pas plus âgé que Nestor et que Phénix, qui ne devaient pas être plus sensibles à l'enlèvement d'Hélène que le père même de cette princesse. Cependant ni Tyndare, ni ses fils n'entrent dans la ligue contre Troie ; elle n'est point concertée avec eux. C'est qu'ils avaient consenti au mariage d'Hélène avec Pâris et qu'ils avaient préféré ce Prince à ses rivaux, à cause de sa puissance et de son courage : car personne n'avait l'âme plus élevée que lui. Voilà pourquoi ni ces princes, ni aucun Spartiate ne prirent part à cette guerre. C*est donc encore une nouvelle fable de dire que Ménélas mena les Spartiates au siège de Troie, et qu'il était roi de Sparte du vivant même de Tyndare. 74 Nestor, ni avant le siège, ni même après, ne céda point son trône à ses fils à cause de sa vieillesse. Pourquoi Tyndare aurait-il cédé le sien à Ménélas ? On voit combien toutes ces choses sont dénuées de vraisemblance.
Lorsque les Grecs abordèrent dans la Troade, on les empêcha d'abord de débarquer. Et Protésilas ayant voulu forcer les troupes qui s'y opposaient, se fit tuer avec bien du monde. La flotte obtint la permission d'emporter ses morts, et fit voile pour la Chersonèse, où l'on rendit les derniers devoirs à Protésilas. De-là les Grecs, courant les côtes voisines, firent des descentes, et pillèrent quelques bourgades,
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