[11,65] ταῦτα δὲ ἀκούσαντες οἱ Τρῶες ἠγανάκτουν
καὶ ὁ Πρίαμος καὶ πάντων μάλιστα ὁ Ἕκτωρ,
ὅτι νόμῳ τοῦ Ἀλεξάνδρου λαβόντος παρὰ τοῦ πατρός, καὶ τῆς
Ἑλένης βουλομένης ἐκείνῳ συνοικεῖν, οἱ δὲ οὕτως ἀναίσχυντον
ἐτόλμων λέγειν λόγον· καὶ ἔφασαν γιγνώσκειν ὅτι ζητοῖεν πολέμου
πρόφασιν· αὐτοὶ δὲ μὴ ἄρχειν πολέμου, κρείττους ὄντες, ἀμύνεσθαι δὲ
ἐπιχειροῦντας. καὶ διὰ ταῦτα ὑπέμενον οἱ Τρῶες
πολὺν χρόνον πολεμούμενοι καὶ πολλὰ πάσχοντες, οὐχ ὅσα Ὅμηρός
φησιν, ὅμως δὲ καὶ τῆς γῆς αὐτῶν φθειρομένης καὶ πολλῶν ἀποθνῃσκόντων
ἀνθρώπων, ὅτι ἠπίσταντο ἀδικοῦντας τοὺς Ἀχαιοὺς
καὶ τὸν Ἀλέξανδρον οὐθὲν ἄτοπον πράξαντα.
(66) εἰ δὲ μή, τίς ἂν ἠνέσχετο αὐτῶν ἢ τῶν ἀδελφῶν ἢ ὁ πατὴρ {ἢ} τῶν ἄλλων
πολιτῶν ἀπολλυμένων καὶ πάσης κινδυνευούσης ἀναστάτου γενέσθαι τῆς
πόλεως διὰ τὴν ἐκείνου παρανομίαν, ἐξὸν ἀποδόντας τὴν Ἑλένην
σῶσαι αὑτούς; οἱ δὲ καὶ ὕστερον, ὥς φασιν, Ἀλεξάνδρου ἀποθανόντος, κατεῖχον
αὐτὴν καὶ Δηιφόβῳ συνῴκιζον, ὡς μέγιστον ἀγαθὸν
ἔχοντες ἐν τῇ πόλει καὶ φοβούμενοι μὴ καταλίποι αὑτούς.
(67) καίτοι εἰ πρότερον ἐρῶσα τοῦ Ἀλεξάνδρου ἔμενεν, πῶς ἔτι ἐβούλετο
μένειν, εἰ μὴ καὶ Δηιφόβου αὐτὴν ἐρασθῆναι λέγουσιν; εἰκὸς γὰρ
ἦν πεῖσαι τοὺς Τρῶας, ἀποδοῦναι αὐτὴν ἑτοίμους ὄντας. εἰ δὲ
ἐφοβεῖτο τοὺς Ἀχαιούς, διαλύσεις πρότερον εὑρέσθαι χρῆν· καὶ
γὰρ ἐκεῖνοι ἀγαπητῶς ἂν ἀπηλλάγησαν τοῦ πολέμου, πλείστων
καὶ ἀρίστων τεθνηκότων. ἀλλ´ οὐ γὰρ ἦν ἀληθὲς τὸ τῆς ἁρπαγῆς
οὐδὲ παρέσχον αἰτίαν τοῦ πολέμου οἱ Τρῶες, ὅθεν εὐέλπιδες ἦσαν
περιγενέσθαι. οἱ γὰρ ἄνθρωποι, ἐν οἷς ἂν ἀδικῶνται, μέχρι ἐσχάτου
ὑπομένουσιν ἀμυνόμενοι.
(68) ταῦτα μὲν οὖν μὴ ἄλλως νόμιζε πραχθῆναι
ἢ ὡς ἐγὼ λέγω. πολὺ γὰρ πιστότερον ἑκόντα Τυνδάρεων
κηδεῦσαι τοῖς βασιλεῦσι τῆς Ἀσίας, καὶ Μενέλαον τῆς μνηστείας
ἀπελπίσαντα βαρέως ἐνεγκεῖν, καὶ Ἀγαμέμνονα φοβηθῆναι
τοὺς Πριαμίδας μὴ κατάσχωσι τὴν Ἑλλάδα, ἀκούοντα καὶ Πέλοπα
τὸν αὑτοῦ πρόγονον, ἐκ τῆς αὐτῆς ὄντα χώρας, διὰ τὸ κῆδος τὸ
Οἰνομάου τὴν Πελοπόννησον κατασχεῖν, καὶ τοὺς ἄλλους ἡγεμόνας
συνάρασθαι τοῦ πολέμου, μνησικακοῦντας, ὅτι αὐτὸς ἕκαστος οὐκ
ἔγημεν, ἢ ἐρασθῆναι μὲν Ἀλέξανδρον ἧς ἠγνόει γυναικός, ἐπιτρέψαι
δὲ αὐτῷ τὸν πατέρα πλεῦσαι τοιαύτης ἕνεκα πράξεως, {καὶ ταῦτα,
ὥς φασιν, οὐ πάλαι τῆς Τροίας ἁλούσης ὑπὸ Ἑλλήνων καὶ τοῦ
πατρὸς αὐτοῦ Λαομέδοντος ἀποθανόντος·
(69) ὕστερον δὲ πολεμουμένους καὶ τοσαῦτα κακὰ πάσχοντας μὴ θέλειν
ἐκδοῦναι μήτε ζῶντος Ἀλεξάνδρου μήτε ἀποθανόντος, οὐδεμίαν ἐλπίδα
ἔχοντας τῆς σωτηρίας·} τὴν δὲ Ἑλένην ἐρασθῆναι μὲν ξένου ἀνδρός, ᾧ τὴν
ἀρχὴν οὐκ εἰκὸς αὐτὴν ἐν ὁμιλίᾳ γενέσθαι, καταλιποῦσαν δὲ τὴν
πατρίδα καὶ τοὺς οἰκείους καὶ τὸν ἄνδρα μετ´ αἰσχύνης ἐλθεῖν
εἰς ἀνθρώπους μισοῦντας· {πάντα ταῦτα δὲ γιγνόμενα μηδένα
κωλῦσαι, καὶ μήτε ἐξιοῦσαν αὐτήν, καὶ ταῦτα πεζῇ, ἕως θαλάττης
μήτε ἀποπλεύσασαν διῶξαι, συνάρασθαι δὲ τοῦ στόλου τὴν Θησέως
μητέρα πρεσβυτέραν καὶ δῆλον ὅτι μισοῦσαν τὴν Ἑλένην·}
| [11,65] Les Troyens, Priam, et surtout Hector, furent indignés d'une demande aussi déplacée; d'autant que Pâris avait épousé Hélène selon les règles, après l'avoir obtenue de son père, et qu'elle même avait agréé le mariage. Ils répondirent qu'ils voyaient bien qu'on cherchait un prétexte de leur faire la guerre ; qu'ils ne la commenceraient pas, quoiqu'ils fussent les plus forts ; mais que, si on les attaquait, ils sauraient défendre.
Voilà le sujet de la longue guerre que les Troyens eurent à soutenir, et dans laquelle ils essuyaient bien des malheurs, mais non tous ceux que raconte Homère. Ils virent ravager leurs terres, ils virent bien du sang couler; mais ils apportèrent constamment ces maux, parce qu'ils savaient que les Grecs les attaquaient injustement, et que Pâris n'était point coupable. 66 Si cela n'avait été, qui des Troyens aurait souffert patiemment la perte de ses frères, de ses parents, de ses concitoyens ? Si ç'avait été par le crime de Pâris que Troie eût été sur le point d'être renversée, sans doute il aurait été permis de sauver la ville en rendant Hélène. Mais loin de la rendre, les Troyens la retinrent, dit-on, même après la mort de Pâris, et la marièrent à Déiphobus, la gardant parmi eux comme un précieux trésor, et craignant qu'elle ne leur échappât.
67 Si jusqu'alors elle n'avait resté dans Troie que parce qu'elle aimait Pâris, comment y voulut-elle demeurer ensuite ? Dira-t-on qu'elle fut aussi amoureuse de Déiphobus ? Certes il est probable qu'elle aurait aisément persuadé aux Troyens de la renvoyer, disposés comme ils étaient à le faire. Que si elle redoutait les Grecs, on devait d'abord traiter. Les Grecs auraient fini avec plaisir une guerre qui leur avait coûté la plus brave et la plus grande partie de leurs troupes. Mais le prétendu rapt d'Hélène n'était point réel. Les Troyens n'avaient donné aucun sujet légitime à la guerre qu'on leur faisait, et ils se flattaient par conséquent de s'en bien tirer. Les hommes, lorsqu'ils sont injustement attaqués, se défendent jusqu'à la dernière extrémité.
68 N'allez donc pas croire que les choses se sont passées autrement que je ne le dis. En effet, il est bien plus probable que Tyndare ait cherché de lui-même à contracter une alliance avec les rois d'Asie, que Ménélas déchu de ses espérances en ait conçu un vif chagrin ; qu'Agamemnon qui savait que son aïeul Pélops, sorti du même pays que Priam, avait trouvé le moyen de s'emparer du Péloponnèse à la faveur de son mariage avec la fille d'Oenemaüs, ait craint que les descendants de Priam ne se rendissent de même les maîtres de la Grèce ; qu'enfin les autres princes grecs, outrés de n'avoir pu obtenir Hélène, se soient ligués ensemble contre Troie pour servir chacun leur ressentiment particulier : il est, dis-je, bien plus facile de se persuader tout cela, que de se figurer que Pâris soit devenu amoureux d'une femme qu'il ne connaissait pas, qu'il se fût embarqué dans le dessein de l'enlever, du consentement de Priam, qui venait de voir, dit-on, son propre père Laomédon, tué par les Grecs, et Troie entière détruite ; 69 que par la suite les Troyens, après avoir éprouvé toutes les horreurs de la guerre, se soient obstinés à ne pas rendre Hélène, ni du vivant de Pâris, ni après sa mort, lors même qu'il ne leur restait plus aucun espoir de salut ; qu'Hélène ait été éprise d'un étranger, sans qu'auparavant elle ait pu avoir avec lui aucune entrevue ; qu'elle ait quitté son pays-, ses parents, son mari, pour se réfugier honteusement parmi les ennemis de sa patrie, que personne ne se soit opposé a toutes ces choses ; que personne ne l'ait poursuivie, soit lorsqu'elle gagna les bords de la mer à pied, soit après qu'elle fut embarquée ; qu'elle ait emmené avec elle la mère de Thésée, vieille alors, et qui visiblement devait haïr Hélène ;
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