[11,60] ἀλλ´ ᾑρεῖτο ἀκολουθεῖν εἰς Τροίαν, ὁ δὲ Ἀλέξανδρος ἀδεῶς
καὶ μετὰ τοσαύτης ἐξουσίας ἔπραττε τὸ πρᾶγμα,
ὥστε οὐκ ἦν ἱκανὸν αὐτῷ τὴν γυναῖκα ἀπαγαγεῖν, ἀλλὰ καὶ τὰ
χρήματα προσεπέθετο—καὶ μηδὲ ἐπαναχθῆναι μηδένα αὐτῷ, μήτε
τῶν τοῦ Μενελάου μήτε τῶν τοῦ Τυνδάρεω μήτε τοὺς ἀδελφοὺς
τῆς Ἑλένης, καὶ ταῦτα νεῶν οὐσῶν ἐν τῇ Λακωνικῇ, ἔτι δὲ πρότερον πεζῇ ἀπὸ
Σπάρτης ἐπὶ θάλατταν κατιόντων, παραχρῆμα,
ὡς εἰκός, περιβοήτου γενομένης τῆς ἁρπαγῆς; καὶ οὕτω μὲν οὐ
δυνατὸν ἐλθεῖν Ἑλένην μετὰ Ἀλεξάνδρου· γάμῳ δὲ παρ´ ἑκόντων
δοθεῖσαν τῶν οἰκείων.
(61) οὕτω γὰρ εὔλογον ἦν τήν τε Αἴθραν ἀφικέσθαι
μετ´ αὐτῆς καὶ τὰ χρήματα κομισθῆναι. οὐδὲν γὰρ
τούτων ἁρπαγῆς, ἀλλὰ πολὺ μᾶλλον γάμου σημεῖόν ἐστιν.
ἐπεὶ δέ, ὡς ἔφην, γαμήσας ὁ Ἀλέξανδρος ἀπηλλάγη μετ´ αὐτῆς,
ὅ τε Μενέλαος ἠνιᾶτο τῆς μνηστείας ἀποτυχὼν καὶ τὸν ἀδελφὸν ᾐτιᾶτο,
(62) καὶ ἔφη προδοθῆναι ὑπ´ αὐτοῦ, ὅ τε Ἀγαμέμνων ἐκείνου
μὲν ἧττον ἐφρόντιζε, τὸν Ἀλέξανδρον δὲ ἐφοβεῖτο καὶ ὑπώπτευε
μήποτε ἀντιποιήσηται τῶν ἐν τῇ Ἑλλάδι πραγμάτων, προσηκόντων
αὐτῷ διὰ τὸν γάμον. οὕτω δὴ καὶ τοὺς ἄλλους συγκαλεῖ τοὺς
μνηστῆρας τῆς Ἑλένης, καὶ ἔφη ὑβρισθῆναι αὐτοὺς ἅπαντας, καὶ
τὴν Ἑλλάδα καταφρονηθῆναι, καὶ τὴν ἀρίστην γυναῖκα οἴχεσθαι
εἰς τοὺς βαρβάρους ἐκδοθεῖσαν, ὡς οὐδενὸς ὄντος ἀξίου παρ´ αὐτοῖς.
(63) ταῦτα λέγων τὸν μὲν Τυνδάρεων παρῃτεῖτο καὶ συγγνώμην
ἔχειν ἐκέλευε· παραλογισθῆναι γὰρ αὐτὸν ὑπὸ δώρων· τὸν δὲ
Ἀλέξανδρον αἴτιον ἁπάντων ἀπέφαινε καὶ τὸν Πρίαμον· καὶ παρεκάλει
συστρατεύειν ἐπὶ τὴν Τροίαν· πολλὰς γὰρ ἐλπίδας ἔχειν
αἱρήσειν αὐτὴν συναραμένων ἁπάντων. γενομένου δὲ τούτου πολλὰ
χρήματα διαρπάσειν αὐτοὺς καὶ χώρας κρατήσειν τῆς ἀρίστης.
εἶναι γὰρ τὴν μὲν πόλιν πλουσιωτάτην ἁπασῶν, τοὺς δὲ ἀνθρώπους
ὑπὸ τρυφῆς διεφθαρμένους· ἔχειν δὲ καὶ συγγενεῖς πολλοὺς ἐν τῇ Ἀσίᾳ
τοὺς ἀπὸ Πέλοπος, οἳ συμπράξουσιν αὐτῷ, μισοῦντες τὸν Πρίαμον.
(64) ταῦτα δὴ ἀκούοντες, οἱ μέν τινες ὠργίζοντο καὶ
ἀτιμίαν τῷ ὄντι ἐνόμιζον τῆς Ἑλλάδος τὸ γεγονός, οἱ δέ τινες
ἤλπιζον ὠφεληθήσεσθαι ἀπὸ τῆς στρατείας· δόξα γὰρ ἦν τῶν ἐν
τῇ Ἀσίᾳ πραγμάτων ὡς μεγάλων καὶ πλούτου ὑπερβάλλοντος. εἰ
μὲν οὖν ἡττήθησαν ὑπὸ τοῦ Μενελάου μνηστεύοντες τὴν Ἑλένην,
οὐκ ἂν ἐφρόντισαν, ἀλλὰ τοὐναντίον ἐφήδεσθαι ἔμελλον αὐτῷ· νῦν
δὲ τὸν Ἀλέξανδρον ἐμίσουν ἅπαντες, αὐτὸς ἕκαστος ἡγούμενος
ἀφῃρῆσθαι τοῦ γάμου. οὕτω δὲ τῆς στρατείας γενομένης, πέμψας
ὁ Ἀγαμέμνων ἀπῄτει τὴν Ἑλένην· προσήκειν γὰρ αὐτὴν Ἑλληνίδα
οὖσαν γαμηθῆναί τινι τῶν Ἑλλήνων.
| [11,60] sans désirer d'aller encore l'être à Troie ? Pâris conduisit toute cette affaire avec tant de sécurité, avec tant d'aisance, que non content d'enlever Hélène, il enleva aussi ses trésors ; et personne ne le poursuivit, ni les gens de Ménélas, ni ceux de Tyndare, ni les frères d'Hélène ! On ne manquait cependant pas de vaisseaux en Laconie. Mais ce qui achevé de rendre l'aventure incroyable, c'est que Pâris se rendit tranquillement à pied de Sparte à la mer, quoique la nouvelle d'un rapt tel que le sien dût s'être répandue sur le champ. Assurément ce ne peut être de cette façon qu'Hélène partit avec Pâris, mais en conséquence d'un mariage auquel consentirent les parents de cette princesse. 61 Alors il est convenable qu'elle emporte avec elle ses richesses, et qu'Aethra la suive. Ces circonstances désignent un mariage, et non un rapt.
Après ces raisonnements, l'Egyptien reprit ainsi son récit. Quand Pâris eut épousé Hélène, et qu'il fut parti avec elle, Ménélas, fort affligé de la préférence qu'on avait donnée à son rival, se plaignit amèrement de son frère, disant qu'il en avait été trahi. Agamemnon s'embarrassait peu de Ménélas ; mais Pâris lui causait de l'ombrage. Il soupçonnait le prince troyen de vouloir se mettre à la tête des affaires de la Grèce, vu les droits que son mariage lui donnait. Il assembla donc tous les amants d'Hélène, leur mit devant les yeux l'affront qu'ils avaient reçu, et l'insulte qu'on avait faite à la Grèce entière, en livrant à un étranger une princesse aussi accomplie, comme s'il n'y avait personne parmi eux qui fût digne de la posséder. 63 Il excusait cependant Tyndare, à qui, disait-il, on devait pardonner, parce qu'il avait été séduit par les présents de Pâris. Il rejetait tout sur Pâris et sur Priam, et exhortait les princes grecs à se liguer pour déclarer la guerre à Troie, leur faisant voir beaucoup de facilité de réussir dans cette entreprise, s'ils s'y portaient tous de concert. Il leur représentait que le succès les rendrait maîtres de trésors immenses, et d'un excellent pays; que Troie était la ville la plus riche qu'il y eût, et que ses habitants étaient énervés par les délices : qu'enfin les Grecs seraient aidés par les princes de la famille de Pélops, dont il y avait beaucoup en Asie, et qui haïssaient fort Priam.
64 Ces discours excitèrent l'indignation de plusieurs, qui regardèrent effectivement le mariage d'Hélène comme une honte pour la Grèce. Les autres consentirent à la ligue proposée, dans la vue d'en tirer profit, car le royaume de Priam passait pour être florissant et riche. Sans doute si Ménélas eût été préféré à ses rivaux, et eût obtenu Hélène pour épouse, ils se seraient peu embarrassés de la lui voir enlever par Paris, et auraient au contraire été disposés à insulter au malheur de Ménélas. Mais Paris était pour eux tous un ennemi commun, et chacun d'eux voyait dans lui le rival heureux qui les avait exclus.
Agamemnon ayant donc ainsi rassemblé une armée envoya demander Hélène, prétendant que puisque cette princesse était Grecque, elle devait épouser un prince grec.
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