[11,55] εἰ δὲ ὁ Ἀλέξανδρος ἐνεθυμήθη, πῶς ὅ τε πατὴρ ἐπέτρεψεν οὐκ ὢν
ἀνόητος, ἀλλὰ καὶ σφόδρα δοκῶν νοῦν ἔχειν, ἥ τε μήτηρ; πῶς δὲ εἰκὸς τὸν
Ἕκτορα ὕστερον μὲν ὀνειδίζειν καὶ λοιδορεῖσθαι αὐτῷ περὶ τῆς ἁρπαγῆς,
ὥς φησιν Ὅμηρος· λέγει γὰρ οὕτως·
Δύσπαρι, εἶδος ἄριστε, γυναιμανές, ἠπεροπευτά,
αἴθ´ ὄφελες ἄγονός τ´ ἔμεναι ἄγαμός τ´ ἀπολέσθαι.
οὐ γάρ τοι χραίσμῃ κίθαρις τά τε δῶρ´ Ἀφροδίτης
ἥ τε κόμη τό τε εἶδος, ὅτ´ ἐν κονίῃσι μιγείης·
(56) ἐξ ἀρχῆς δὲ πράττοντι συγχωρῆσαι ταῦτα; ὅ τε Ἕλενος πῶς οὐ
προέλεγε μάντις ὤν, ἥ τε Κασσάνδρα θεοφορουμένη, πρὸς δὲ τούτοις ὁ Ἀντήνωρ
δοκῶν φρονεῖν, ἀλλ´ ὕστερον ἠγανάκτουν καὶ ἐπέπληττον ἐπὶ πεπραγμένοις,
ἐξὸν ἀφ´ ἑστίας κωλύειν; ἵνα δὲ
εἰδῇς τὴν ὑπερβολὴν τῆς ἠλιθιότητος καὶ ὡς τὰ ψευδῆ ἀλλήλοις
μάχεται· λέγουσι γὰρ ὡς πρὸ ὀλίγων ἐτῶν Ἡρακλῆς πεπορθήκει
τὴν πόλιν διὰ μικρὰν πρόφασιν, ὀργισθεὶς ὑπὲρ ἵππων, ὅτι ὑποσχόμενος
αὐτῷ δώσειν ὁ Λαομέδων ψεύσαιτο.
(57) καὶ ἐγὼ ἀνεμνήσθην τῶν ἐπῶν, ἐν οἷς ταῦτά φησιν·
ὅς ποτε δεῦρ´ ἐλθὼν ἕνεχ´ ἵππων Λαομέδοντος
ἓξ οἴῃς σὺν νηυσὶ καὶ ἀνδράσι παυροτέροισιν
Ἰλίου ἐξαλάπαξε πόλιν, χήρωσε δ´ ἀγυιάς.
Οὔκουν, εἶπεν, οὐδὲ τοῦτο ἀληθὲς λέγουσι. πῶς γὰρ ἐν ὀλίγῳ
χρόνῳ {οὕτω} πόλις ἁλοῦσα καὶ ἐρημωθεῖσα τοσαύτην ἐπίδοσιν ἔσχεν
ὡς μεγίστην γενέσθαι τῶν κατὰ τὴν Ἀσίαν; πῶς δὲ ὁ μὲν Ἡρακλῆς
σὺν ἓξ ναυσὶν εἷλεν ἐκ πολλοῦ ἀπόρθητον οὖσαν, οἱ δὲ Ἀχαιοὶ
μετὰ νεῶν χιλίων καὶ διακοσίων ἐλθόντες οὐκ ἐδύναντο ἑλεῖν; ἢ
πῶς τὸν Πρίαμον εἴασε βασιλεύειν ὁ Ἡρακλῆς, ἀποκτείνας αὐτοῦ
τὸν πατέρα, ὡς πάντων ἐχθρότατον, ἀλλ´ οὐκ ἄλλον τινὰ ἀπέδειξεν
ἄρχοντα τῆς χώρας;
(58) εἰ δ´ ἦν οὕτως ὥς φασι, πῶς οὐκ ἔφριττον οἱ Τρῶες
καὶ ὁ Πρίαμος τὴν πρὸς τοὺς Ἕλληνας ἔχθραν, εἰδότες
ὅτι καὶ πρότερον οὐδὲν τηλικοῦτον ἐξαμαρτόντες ἀπώλοντο καὶ
ἀνάστατοι ἐγένοντο, καὶ πολλοὶ μνημονεύοντες τὴν ἅλωσιν μηδὲν
τούτων ἐννοῆσαι μηδὲ κωλῦσαι τὸν Ἀλέξανδρον μηδένα αὐτῶν;
τίνα δὲ τρόπον ἀφικόμενος εἰς τὴν Ἑλλάδα συνῆν τῇ Ἑλένῃ καὶ
διελέγετο καὶ τελευτῶν ἀνέπεισεν αὐτήν φυγεῖν, μήτε γονέων
μήτε πατρίδος μήτε ἀνδρὸς ἢ θυγατρὸς μήτε τῆς παρὰ τοῖς Ἕλλησι
φήμης φροντίσασαν, ἀλλὰ μηδὲ τοὺς ἀδελφοὺς φοβηθεῖσαν περιόντας,
οἳ πρότερον αὐτὴν ἀφείλοντο Θησέως καὶ οὐ περιεῖδον ἁρπασθεῖσαν;
(59) τοῦτο μὲν γὰρ παρόντα τὸν Μενέλαον πῶς ταῦτα
ἔλαθε γιγνόμενα; τοῦτο δὲ ἀπόντος ἀνδρὸς γυναῖκα εἰς ὁμιλίαν
ἀφικνεῖσθαι ξένῳ ἀνδρὶ πῶς εἰκός {τοῦτο δὲ} μηδὲ τῶν ἄλλων
μηδένα αἰσθέσθαι τὴν ἐπιβουλὴν ἢ αἰσθομένους κρύψαι, προσέτι
δὲ τὴν Αἴθραν τὴν τοῦ Θησέως μητέρα συναπᾶραι αὐτῇ αἰχμάλωτον οὖσαν; —
οὐ γὰρ ἱκανὸν ἦν Πιτθέως θυγατέρα οὖσαν ἐν Σπάρτῃ δουλεύειν,
| [11,55] Je veux que Pâris ait pu former le dessein d'enlever Hélène. Comment la mère de Pâris, comment son père, qu'on regarde non comme un homme peu sage, mais comme un Prince rempli de prudence, y auraient-ils consenti ? Quelle apparence qu'Hector le lui eût permis, lui qui dans la suite lui reproche avec tant d'aigreur cet enlèvement ? Car c'est ainsi qu'Homère le fait parler. « Malheureux Pâris, fol amant, qui n'es propre qu'à séduire des femmes par ta beauté, il serait bien avantageux pour nous que tu ne fusses jamais né, ou que tu fusses mort avant ton fatal mariage... De quoi te serviront les dons de Vénus, ta lyre, tes charmes, quand tu seras couvert de poussière ? » 56 Pourquoi Hélenus qui possédait l'art de deviner, pourquoi Cassandre remplie de l'esprit prophétique, pourquoi Anténor dont on admirait la sagesse, n'avaient-ils pas prédit à Pâris les suites de son entreprise, au lieu de la lui reprocher après coup, eux qui pouvaient l'empêcher de la tenter ?
Mais observez le comble de l'extravagance, et comme les mensonges se combattent les uns les autres. On dit que peu d'années avant l'enlèvement d'Hélène, Hercule avait saccagé Troie, contre laquelle il était irrité pour un sujet assez léger, puisqu'il ne s'agissait gue des chevaux que Laomédon refusait de lui donner après les lui avoir promis. 57 Je me rappelle les vers où ce fait est rapporté. « Hercule, irrité du refus de Laomédon, vint devant Troie avec six vaisseaux seulement, et une poignée de soldats, força cette ville, et la bouleversa de fond en comble. » Je dis d'abord que ceci est une pure fable. En effet, comment une ville saccagée, et absolument détruite, aurait-elle pu en si peu de temps se relever au point de devenir la plus considérable des villes d'Asie ? Comment dans un temps où ses forces n'avaient été diminuées par aucun échec récent, six navires avaient-ils suffi à Hercule pour la forcer ; tandis que peu après son bouleversement, les Grecs avec douze cents vaisseaux ne purent venir à bout de la prendre ? Comment peut-on supposer qu'Hercule laissa pour Roi des Troyens Priam dont il venait de tuer le père, qu'il regardait comme son plus cruel ennemi ? Comment au contraire ne remit-il pas le sceptre à tout autre qu'à Priam?
58 Que si l'on veut que tout cela soit vrai, comment Priam et les Troyens n'ont-ils pas craint d'attirer sur eux le courroux des Grecs par l'insulte la plus outrageante ? Ils savaient que ces mêmes Grecs, pour des mécontentements moins considérables, les avaient désolés, et avaient renversé leur ville: plusieurs d'entr'eux en conservaient encore le souvenir. Est-il possible que personne n'ait fait ces réflexions, et ne se soit opposé au dessein de Pâris ?
D'ailleurs, comment Pâris arrivé en Grèce trouva-t-il le moyen de voir Hélène, de conférer avec elle ? Comment vint il à bout de lui persuader d'oublier ce qu'elle devait à ses parents, à sa patrie, à son mari, à sa fille, à sa propre réputation ? De ne point s'inquiéter du courroux de ses frères, qui vivaient encore, et qui, loin d'avoir souffert son premier enlèvement, avaient su l'arracher à Thésée ? 59 Si son époux Ménélas était présent, comment put-il ignorer ce qui se tramait ? S'il était absent, quelle vraisemblance y a-t-il qu'une femme, en l'absence de son mari, ait eu des liaisons avec un étranger ? Comment personne ne s'aperçut-il de l'intrigue ; et si l'on s'en aperçut, comment ne la révéla-t-on pas ? Comment Pâris put-il emmener au même-temps Aethra mère de Thésée, qui était prisonnière ? N'était-ce pas assez qu'Aethra fût esclave à Sparte,
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