[4,4] CHAPITRE IV : ΚΡΑΤΗΣ
21) Κράτης πατρὸς μὲν ἦν Ἀντιγένους <Ἀθηναῖος>, Θριάσιος δὲ τῶν
δήμων, ἀκροατὴς ἅμα καὶ ἐρώμενος Πολέμωνος· ἀλλὰ καὶ διεδέξατο τὴν
σχολὴν αὐτοῦ. Καὶ οὕτως ἀλλήλω ἐφιλείτην ὥστε καὶ ζῶντε οὐ μόνον τῶν
αὐτῶν ἤστην ἐπιτηδευμάτων, ἀλλὰ καὶ μέχρι σχεδὸν ἀναπνοῆς
ἐξωμοιώσθην ἀλλήλοιν καὶ θανόντε τῆς αὐτῆς ταφῆς ἐκοινωνείτην. ὅθεν
Ἀνταγόρας εἰς ἄμφω τοῦτον ἐποίησε τὸν τρόπον·
Μνήματι τῷδε Κράτητα θεουδέα καὶ Πολέμωνα
ἔννεπε κρύπτεσθαι, ξεῖνε, παρερχόμενος,
ἄνδρας ὁμοφροσύνῃ μεγαλήτορας, ὧν ἄπο μῦθος
ἱερὸς ἤϊσσεν δαιμονίου στόματος,
καὶ βίοτος καθαρὸς σοφίας ἐπὶ θεῖον ἐκόσμει
αἰῶν' ἀστρέπτοις δόγμασι πειθόμενος.
22) Ἔνθεν καὶ Ἀρκεσίλαον μετελθόντα παρὰ Θεοφράστου πρὸς
αὐτοὺς λέγειν ὡς εἶεν θεοί τινες ἢ λείψανα τῶν ἐκ τοῦ χρυσοῦ γένους. Καὶ
γὰρ ἤστην οὐ φιλοδημώδει· ἀλλ' οἷον Διονυσόδωρόν ποτέ φασι τὸν
αὐλητὴν εἰπεῖν, σεμνυνόμενον ἐπὶ τῷ μηδένα τῶν κρουμάτων αὐτοῦ μήτ'
ἐπὶ τριήρους μήτ' ἐπὶ κρήνης ἀκηκοέναι, καθάπερ Ἰσμηνίου.
Συσσίτιον δέ φησιν αὐτῷ ὁ Ἀντίγονος εἶναι παρὰ Κράντορι, ὁμονόως
συμβιούντων τούτων τε καὶ Ἀρκεσιλάου. Τὴν δὲ οἴκησιν Ἀρκεσίλαον μὲν
ἔχειν μετὰ Κράντορος, Πολέμωνα δὲ σὺν Κράτητι μετὰ Λυσικλέους τινὸς
τῶν πολιτῶν. Ἦν δέ, φησίν, ἐρώμενος Κράτης μέν, ὡς προείρηται,
Πολέμωνος· Ἀρκεσίλαος δὲ Κράντορος.
23) Τελευτῶν δὴ ὁ Κράτης <κατὰ τὸ † ἔτος τῆς ηʹ καὶ κʹ καὶ ρʹ
Ὀλυμπιάδος>, καθά φησιν Ἀπολλόδωρος ἐν τρίτῳ Χρονικῶν, ἀπέλιπε
βιβλία τὰ μὲν φιλοσοφούμενα, τὰ δὲ περὶ κωμῳδίας, τὰ δὲ λόγους
δημηγορικοὺς καὶ πρεσβευτικούς. Ἀλλὰ καὶ μαθητὰς ἐλλογίμους· ὧν
Ἀρκεσίλαον περὶ οὗ λέξομεν -διήκουσε γὰρ καὶ τούτου-καὶ Βίωνα τὸν
Βορυσθενίτην ὕστερον δὲ Θεοδώρειον ἀπὸ τῆς αἱρέσεως ἐπικαλούμενον,
περὶ οὗ καὶ αὐτοῦ λέξομεν ἐχομένως Ἀρκεσιλάου.
Γεγόνασι δὲ Κράτητες δέκα· πρῶτος ὁ τῆς ἀρχαίας κωμῳδίας
ποιητής, δεύτερος ῥήτωρ Τραλλιανὸς Ἰσοκράτειος, τρίτος ταφρωρύχος
Ἀλεξάνδρῳ συνών, τέταρτος ὁ κύων περὶ οὗ λέξομεν, πέμπτος φιλόσοφος
περιπατητικός, ἕκτος Ἀκαδημαϊκὸς ὁ προειρημένος, ἕβδομος Μαλλώτης
γραμματικός, ὄγδοος γεωμετρικὰ γεγραφώς, ἔνατος ἐπιγραμμάτων
ποιητής, δέκατος Ταρσεὺς φιλόσοφος Ἀκαδημαϊκός.
| [4,4] CHAPITRE IV : CRATÈS.
(21) Cratès, fils d’Antigène, était originaire du dème de Thria.
Disciple de Polémon et tendrement aimé de lui, il lui succéda à la tête de
son école. Telle était leur amitié réciproque que non-seulement ils eurent
mêmes goûts, mêmes études pendant leur vie, mais qu’ils furent presque
jusqu’au dernier soupir comme le modèle vivant l’un de l’autre, et
partagèrent le même tombeau après leur mort. Aussi Antagoras les a-t-il
réunis dans l’épitaphe suivante :
Passant, sache que ce monument couvre le sublime Cratès et Polémon,
deux âmes animées d’une même pensée, deux grands cœurs ! Leur bouche
divine ne fit jamais entendre que de saintes paroles, et une conduite pure,
formée par la sagesse, réglée par des dogmes immuables, les a préparés à
la vie céleste.
(22) On rapporte qu’Arcésilas, lorsqu’il quitta Théophraste pour
Polémon et Cratès, disait d’eux que c’étaient des dieux ou des débris de
l’âge d’or. Ils ne recherchaient point la faveur populaire, et on pourrait leur
appliquer ce que le joueur de flûte Dionysodore disait avec orgueil de lui-même : que, semblable à Isménias, il n’avait jamais prostitué son art dans
un carrefour ou auprès d’une fontaine.
Cratès était, suivant Antigonus, commensal de Crantor, et tous deux
vivaient dans l’intimité d’Arcésilas. Ce dernier habitait avec Crantor,
tandis que Polémon et Cratès demeuraient avec Lysiclès, citoyen
d’Athènes. Antigonus ajoute que Polémon aimait Cratès, ainsi que je l’ai
déjà dit, et que Crantor était épris d’Arcésilas.
(23) Cratès laissa en mourant, au dire d’Apollodore, dans le troisième
livre des Chroniques, des ouvrages philosophiques, des traités sur la
comédie, des harangues populaires et des discours d’ambassade. Il eut
des disciples illustres, entre autres Arcésilas, dont nous parlerons tout à
l’heure, — car il suivit aussi ses leçons, — et Bion de Borysthène,
surnommé le Théodorien lorsqu’il eut embrassé les doctrines de
Théodore ; nous parlerons aussi de lui, immédiatement après Arcésilas.
Il y a eu dix Cratès : le premier est un poete de l’ancienne comédie ;
le second un rhéteur de Tralles, de l’école d’Isocrate ; le troisième un
ingénieur de la suite d’Alexandre ; le quatrième est le cynique dont nous
parlerons par la suite ; le cinquième un péripatéticien ; le sixième est le
philosophe de l’Académie dont il vient d’être question ; le septième est un
grammairien, de Mallos ; le huitième a écrit sur la géométrie ; le neuvième
est un poète épigrammatiste, et le dixième un philosophe académicien
originaire de Tarse.
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