[14,9] Τούτων δὲ πραχθέντων οἱ μὲν Συρακόσιοι τὴν
ἐξουσίαν δόντες τῷ τυράννῳ μετὰ πέντε νεῶν ἀποπλεῖν,
ῥᾳθυμότεροι καθειστήκεσαν, καὶ τοὺς μὲν
ἱππεῖϲ ἀπέλυσαν οὐδὲν χρησίμους ὄντας πρὸς τὴν
πολιορκίαν, τῶν δὲ πεζῶν οἱ πλεῖστοι κατὰ τὴν
χώραν ἐξῄεσαν, ὡς ἤδη καταλελυμένης τῆς τυραννίδος.
οἱ δὲ Καμπανοὶ ταῖς ἐπαγγελίαις μετεωρισθέντες
τὸ μὲν πρῶτον ἐπ´ Ἀγύριον παρεγενήθησαν·
ἐκεῖ δὲ τὴν ἀποσκευὴν Ἄγυρι παραθέμενοι
τῷ δυναστεύοντι τῆς πόλεως ἐξώρμησαν ἐπὶ Συρακούσας
εὔζωνοι, τὸν ἀριθμὸν ὄντες ἱππεῖς χίλιοι
διακόσιοι. ταχὺ δὲ διανύσαντες τὴν ὁδὸν ἀπροσδοκήτως
ἐπεφάνησαν τοῖς Συρακοσίοις, καὶ πολλοὺς
αὐτῶν ἀνελόντες εἰσεβιάσαντο πρὸς τὸν Διονύσιον.
κατέπλευσαν δὲ καὶ τριακόσιοι μισθοφόροι τῷ
τυράννῳ κατὰ τὸν αὐτὸν καιρόν, ὥστε αὐτὸν ἀνακῦψαι
ταῖς ἐλπίσιν. οἱ δὲ Συρακόσιοι πάλιν τῆς
δυναστείας ἰσχυροποιουμένης ἐστασίασαν πρὸς ἀλλήλους,
τῶν μὲν ἀποφαινομένων μένειν καὶ πολιορκεῖν,
τῶν δὲ λύειν τὸ στρατόπεδον καὶ τὴν πόλιν
ἐκλιπεῖν. ἃ δὴ συνιδὼν ὁ Διονύσιος ἐξήγαγεν ἐπ´
αὐτοὺς τὴν δύναμιν, καὶ τεταραγμένοις ἐπιπεσὼν
ῥᾳδίως ἐτρέψατο περὶ τὴν Νέαν πόλιν καλουμένην.
ἀνῃρέθησαν μὲν οὖν οὐ πολλοί· παριππεύων γὰρ
ὁ Διονύσιος ἐκώλυσε φονεύειν τοὺς φεύγοντας·
οἱ δὲ Συρακόσιοι παραχρῆμα μὲν κατὰ τὴν χώραν
ἐσκεδάσθησαν, μετ´ ὀλίγον δὲ πρὸς τοὺς ἱππεῖς εἰς
Αἴτνην ἠθροίσθησαν ὑπὲρ τοὺς ἑπτακισχιλίους.
Διονύσιος δὲ τοὺς πεσόντας τῶν Συρακοσίων θάψας
ἀπέστειλε πρέσβεις εἰς Αἴτνην, ἀξιῶν τοὺς φυγάδας
διαλύεσθαι καὶ τὴν πατρίδα κατοικεῖν, διδοὺς
πίστιν μὴ μνησικακήσειν αὐτοῖς. τινὲς μὲν οὖν
τέκνα καὶ γυναῖκας ἀπολελοιπότες ἠναγκάσθησαν
πεισθῆναι τοῖς παρακαλουμένοις· οἱ δὲ λοιποί, προφερομένων
τῶν πρεσβευτῶν τὴν τοῦ Διονυσίου περὶ
τὴν ταφὴν τῶν πεσόντων εὐεργεσίαν, ἔφασαν αὐτὸν
ἄξιον εἶναι τυχεῖν τῆς ὁμοίας χάριτος, καὶ τοῖς
θεοῖς ηὔχοντο τὴν ταχίστην αὐτὸν ἐπιδεῖν ταύτης
τυγχάνοντα. οὗτοι μὲν οὖν οὐδενὶ τρόπῳ βουληθέντες
πιστεῦσαι τῷ τυράννῳ κατέμειναν ἐν Αἴτνῃ,
καιρὸν ἐπιτηροῦντες κατ´ αὐτοῦ· Διονύσιος δὲ τοῖς
μὲν κατελθοῦσι φυγάσι φιλανθρώπως ἐχρήσατο,
βουλόμενος καὶ τοὺς ἄλλους προτρέψασθαι κατελθεῖν
εἰς τὴν πατρίδα, τοὺς δὲ Καμπανοὺς ταῖς
καθηκούσαις δωρεαῖς τιμήσας ἐξαπέστειλεν ἐκ τῆς
πόλεως, ὑφορώμενος αὐτῶν τὴν ἀβεβαιότητα. οἳ
πορευθέντες εἰς Ἔντελλαν, καὶ πείσαντες τοὺς ἐν
τῇ πόλει λαβεῖν ἑαυτοὺς συνοίκους, νυκτὸς ἐπιθέμενοι
τοὺς μὲν ἡβῶντας ἀπέσφαξαν, τὰς δὲ γυναῖκας
τῶν παρασπονδηθέντων γήμαντες κατέσχον τὴν πόλιν.
| [14,9] IX. Les Syracusains accordèrent au tyran la faculté de
se retirer avec cinq navires, et, croyant la victoire assurée,
ils se tinrent moins sur leurs gardes. Ainsi, ils congédièrent
la cavalerie comme inutile dans un siége ; la plupart
des fantassins se dispersèrent dans la campagne,
comme si la tyrannie était complétement renversée. Cependant,
les Campaniens, séduits par les promesses de
Denys, s'avancèrent d'abord sur Agyre. Là, ils confièrent
leur bagage à Agyris, commandant de la ville, et, armés
à la légère, ils se mirent en route vers Syracuse, au nombre
de douze cents cavaliers. Ayant fait ce trajet avec la
plus grande célérité, ils tombèrent à l'improviste sur les
Syracusains, en tuèrent un grand nombre et se firent jour,
les armes à la main, jusqu'au quartier où Denys se trouvait
renfermé. En ce même moment, trois cents soldats mercenaires
se joignirent au tyran, qui reprit ainsi du courage.
Pendant que la puissance de Denys se relevait, les Syracusains
se désunirent : les uns proposèrent de continuer
le siége, les autres de licencier l'armée et de quitter la
ville. Instruit de cela, Denys fit une sortie, et, tombant sur
les Syracusains en désordre, il les refoula jusque dans le
quartier appelé Ville neuve. Il n'y eut pas beaucoup de
morts, car Denys était accouru à cheval pour défendre de
massacrer les fuyards. Les Syracusains se dispersèrent immédiatement
dans la campagne ; et peu de temps après
ils se réunirent au nombre de sept mille cavaliers. Denys
donna la sépulture aux Syracusains tombés dans cette affaire
et envoya des députés à Etna, pour inviter les réfugiés
à se soumettre et à rentrer dans leur patrie, leur promettant
sur l'honneur de ne conserver aucun souvenir du
passé. Quelques-uns, qui avaient laissé à Syracuse leurs
enfants et leurs femmes, se rendirent avec empressement
à cette invitation. Quant aux autres, pendant que les envoyés
préconisaient la générosité que Denys avait montrée
en faisant inhumer les morts, ils répondirent qu'il était,
digne du même bienfait et qu'ils priaient les dieux de leur
fournir au plus tôt l'occasion de le lui faire sentir. Ceux-là,
ne voulant en aucune façon se fier aux paroles du tyran,
restèrent dans Etna, et épièrent le moment favorable pour
marcher contre lui. Denys traita avec douceur les émigrés
rentrés dans leur patrie, espérant par cet exemple engager
les autres à revenir. Quant aux Campaniens, après les avoir
comblés de présents, il les renvoya de la ville, se défiant
de leur inconstance. Ils se rendirent à Entella et parvinrent
à persuader aux habitants de les laisser vivre au milieu
d'eux; mais profitant de la nuit pour exécuter leur dessein,
ils égorgèrent tous les hommes adultes, épousèrent
les femmes de leurs victimes, et prirent possession de la ville.
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