HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Diodore de Sicile, La Bibliothèque historique, livre XIV

Chapitre 77

  Chapitre 77

[14,77] Τῆς γὰρ συμφορᾶς διακηρυχθείσης κατὰ τὴν Λιβύην, οἱ σύμμαχοι καὶ πάλαι {μὲν} μισοῦντες τὸ βάρος τῆς τῶν Καρχηδονίων ἡγεμονίας, τότε {δὲ} διὰ τὴν τῶν στρατιωτῶν ἐν Συρακούσαις προδοσίαν πολὺ μᾶλλον ἐξέκαυσαν τὸ κατ´ αὐτῶν μῖσος. διόπερ ἅμα μὲν ὑπὸ τῆς ὀργῆς προαχθέντες, ἅμα δὲ καταφρονήσαντες αὐτῶν διὰ τὴν ἀτυχίαν, ἀντείχοντο τῆς ἐλευθερίας. διαπρεσβευσάμενοι δὲ πρὸς ἀλλήλους ἤθροισαν δύναμιν, καὶ προελθόντες ἐν ὑπαίθρῳ κατεστρατοπέδευσαν. ταχὺ δ´ οὐ μόνον ἐλευθέρων, ἀλλὰ καὶ δούλων συντρεχόντων, ἐν ὀλίγῳ χρόνῳ μυριάδες εἴκοσι συνηθροίσθησαν. καταλαβόμενοι δὲ Τύνητα, πόλιν οὐ μακρὰν τῆς Καρχηδόνος κειμένην, ἐκ ταύτης παρετάττοντο, καὶ πλεονεκτοῦντες ἐν ταῖς μάχαις τειχήρεις τοὺς Φοίνικας συνεῖχον. οἱ δὲ Καρχηδόνιοι φανερῶς ὑπὸ τῶν θεῶν πολεμούμενοι, τὸ μὲν πρῶτον κατ´ ὀλίγους ξυνιόντες ἐξεταράττοντο καὶ τὸ δαιμόνιον ἱκέτευον λῆξαι τῆς ὀργῆς· μετὰ δὲ ταῦτα πᾶσαν τὴν πόλιν δεισιδαιμονία κατέσχε καὶ δέος, ἑκάστου τὸν τῆς πόλεως ἀνδραποδισμὸν τῇ διανοίᾳ προλαμβάνοντος. διόπερ ἐψηφίσαντο παντὶ τρόπῳ τοὺς ἀσεβηθέντας θεοὺς ἐξιλάσασθαι. οὐ παρειληφότες δ´ ἐν τοῖς ἱεροῖς οὔτε Κόρην οὔτε Δήμητρα, τούτων ἱερεῖς τοὺς ἐπισημοτάτους τῶν πολιτῶν κατέστησαν, καὶ μετὰ πάσης σεμνότητος τὰς θεὰς ἱδρυσάμενοι τὰς θυσίας τοῖς τῶν Ἑλλήνων ἤθεσιν ἐποίουν, καὶ τῶν παρ´ αὐτοῖς ὄντων Ἑλλήνων τοὺς χαριεστάτους ἐπιλέξαντες ἐπὶ τὴν τῶν θεῶν θεραπείαν ἔταξαν. μετὰ δὲ ταῦτα ναῦς τε κατεσκεύαζον καὶ τὰ πρὸς τὸν πόλεμον ἐπιμελῶς ἡτοίμαζον. οἱ δ´ ἀποστάται μιγάδες ὄντες οὔθ´ ἡγεμόνας ἀξιοχρέους εἶχον, τὸ δὲ μέγιστον, αὐτοῖς μὲν διὰ τὸ πλῆθος ἐξέλειπον αἱ τροφαί, τοῖς δὲ Καρχηδονίοις κατὰ θάλατταν ἐκ Σαρδοῦς παρεκομίζοντο, καὶ πρὸς ἀλλήλους ἐστασίαζον περὶ τῆς ἡγεμονίας, καί τινες αὐτῶν χρήμασιν ὑπὸ Καρχηδονίων διαφθαρέντες ἐγκατέλειπον τὰς κοινὰς ἐλπίδας. ὅθεν διά τε τὴν σπάνιν τῆς τροφῆς καί τινων προδοσίαν, οὗτοι μὲν διαλυθέντες εἰς τὰς πατρίδας ἀπήλλαξαν τοῦ μεγίστου φόβου Καρχηδονίους. καὶ τὰ μὲν κατὰ Λιβύην ἐν τούτοις ἦν. [14,77]LXXVII. Le bruit de ces désastres s'étant répandu dans la Libye, les alliés des Carthaginois, détestant depuis longtemps le joug pesant de leurs maîtres, sentirent leur haine se ranimer par la trahison qui avait livré leurs troupes aux Syracusains. Ainsi, excités par la colère et stimulés par le mépris que leur inspirait l'infortune des Carthaginois, ils s'insurgèrent pour ressaisir leur indépendance; après s'être réciproquement envoyé des députés, ils parvinrent à rassembler une armée qui établit son camp en rase campagne. Non seulement les hommes libres, mais encore les esclaves, se hâtèrent d'accourir, et se réunirent en peu de temps au nombre de deux cent mille hommes. S'emparant de Tynès, ville située à peu de distance de Carthage, ils en firent leur place d'armes, et, victorieux dans les combats, ils refoulèrent les Phéniciens dans leurs murs. Les Carthaginois, qui avaient évidemment contre eux les dieux, se réunirent tout effrayés, d'abord en petits groupes, et implorèrent la divinité pour apaiser son courroux. La superstition et la terreur s'étaient emparées de toute la ville, et chacun voyait déjà la patrie réduite en esclavage. On rendit un décret qui ordonna d'employer tout moyen pour fléchir les dieux offensés; ils admirent dans leurs temples Proserpine et Cérès, jusqu'alors inconnues aux Carthaginois, et choisirent les citoyens les plus renommés pour présider au culte de ces déesses, auxquelles on éleva solennellement des statues; on leur offrit des sacrifices suivant les rites grecs, et parmi les Grecs les plus considérés qui se trouvaient à Carthage, ils nommèrent ceux qui devaient veiller au service de ces divinités. Après ces dispositions, ils s'occupèrent à construire des bâtiments et à faire les préparatifs de guerre nécessaires. Cependant les rebelles, mélange de toutes les nations, manquant de chef capable, se battaient entre eux pour le commandement suprême, et, qui plus est, ils manquaient de vivres, tandis que les Carthaginois en faisaient venir de la Sardaigne; quelques-uns, corrompus par l'argent des Carthaginois, renoncèrent aux espérances de liberté. Ainsi, d'un côté le manque de provisions, et de l'autre la trahison, portèrent l'armée des insurgés à se dissoudre, et à rentrer dans leurs foyers, délivrant ainsi les Carthaginois de la plus grande terreur. Telle était la situation des affaires en Libye.


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Dernière mise à jour : 21/12/2005