HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Diodore de Sicile, La Bibliothèque historique, livre XIV

Chapitre 5

  Chapitre 5

[14,5] παρελθόντων δὲ τῶν ὑπηρετῶν καὶ ἀποσπώντων αὐτόν, μὲν Θηραμένης ἔφερε γενναίως τὴν ἀτυχίαν, ἅτε καὶ φιλοσοφίας ἐπὶ πλεῖον μετεσχηκὼς παρὰ Σωκράτει, τὸ δὲ λοιπὸν πλῆθος ἠλέει δυστυχοῦντα τὸν Θηραμένη, οὐ μὴν ἐτόλμα βοηθεῖν, περιεστώτων πολλῶν μετὰ ὅπλων. Σωκράτης δὲ φιλόσοφος καὶ δύο τῶν οἰκείων προσδραμόντες ἐνεχείρουν κωλύειν τοὺς ὑπηρέτας. δὲ Θηραμένης ἠξίου μηδὲν τούτων πράττειν· τὴν μὲν γὰρ φιλίαν καὶ τὴν ἀνδρείαν ἔφησεν αὐτῶν ἐπαινεῖν, ἑαυτῷ δὲ μεγίστην συμφορὰν ἔσεσθαι, εἰ τοῖς οὕτως οἰκείως διακειμένοις αἴτιος ἔσται θανάτου. οἱ δὲ περὶ τὸν Σωκράτην, τῶν μὲν ἄλλων οὐδένα βοηθὸν ἔχοντες, τὴν δὲ τῶν ὑπερεχόντων ἀνάτασιν ὁρῶντες αὐξανομένην, ἡσυχίαν ἔσχον. καὶ Θηραμένην μὲν ἀπὸ τῶν βωμῶν ἀποσπάσαντες οἷς ἦν προστεταγμένον, διὰ μέσης τῆς ἀγορᾶς εἵλκυσαν ἐπὶ τὸν θάνατον· οἱ δὲ πολλοὶ τὰ τῆς φρουρᾶς ὅπλα καταπεπληγμένοι συνήλγουν τῷ δυστυχοῦντι, καὶ τήν τε ἐκείνου συμφορὰν ἅμα καὶ τὴν περὶ σφᾶς δουλείαν ἐδάκρυον· τῶν γὰρ ταπεινῶν ἕκαστοι τὴν Θηραμένους ἀρετὴν θεωροῦντες οὕτω προπηλακιζομένην, τὴν περὶ αὑτοὺς ἀσθένειαν οὐδενὶ λόγῳ παραναλωθήσεσθαι διειλήφεισαν. μετὰ δὲ τὸν τούτου θάνατον οἱ τριάκοντα τοὺς πλουσίους ἐπιλεγόμενοι, τούτοις ψευδεῖς αἰτίας ἐπερρίπτουν, καὶ φονεύοντες τὰς οὐσίας διήρπαζον. ἀνεῖλον δὲ καὶ Νικήρατον τὸν Νικίου τοῦ στρατηγήσαντος ἐπὶ Συρακοσίους υἱόν, ἄνδρα πρὸς ἅπαντας ἐπιεικῆ καὶ φιλάνθρωπον, πλούτῳ δὲ καὶ δόξῃ σχεδὸν πρῶτον πάντων Ἀθηναίων· διὸ καὶ συνέβη πᾶσαν οἰκίαν συναλγῆσαι τῇ τἀνδρὸς τελευτῇ, τῆς διὰ τὴν ἐπιείκειαν μνήμης προαγούσης εἰς δάκρυα. οὐ μὴν ἔληγόν γε τῆς παρανομίας οἱ τύραννοι, πολὺ δὲ μᾶλλον ἐπίτασιν λαμβανούσης τῆς ἀπονοίας τῶν μὲν ξένων τοὺς πλουσιωτάτους ἑξήκοντα κατέσφαξαν, ὅπως τῶν χρημάτων κυριεύσωσι, τῶν δὲ πολιτῶν καθ´ ἡμέραν ἀναιρουμένων οἱ τοῖς βίοις εὐπορούμενοι σχεδὸν ἅπαντες ἔφυγον ἐκ τῆς πόλεως. ἀνεῖλον δὲ καὶ Αὐτόλυκον, ἄνδρα παρρησιαστήν, καὶ καθόλου τοὺς χαριεστάτους ἐπέλεγον. ἐπὶ τοσοῦτο δὲ κατέφθειραν τὴν πόλιν, ὥστε φυγεῖν τοὺς Ἀθηναίους πλείους τῶν ἡμίσεων. [14,5] V. Les satellites des trente arrachèrent Théramène de son asile. Il supporta noblement son infortune, car il avait appris la philosophie à l'école de Socrate. Le reste de la population déplora le sort de Théramène ; mais personne n'osa le secourir, à cause des hommes armés qui l'environnaient. Cependant Socrate le philosophe et deux de ses amis accoururent pour résister aux satellites. Mais Théramène les pria de n'en rien faire; et, tout en louant cette preuve d'amitié et leur courage, il leur dit qu'il serait bien plus malheureux s'il devenait la cause de la mort de ceux qui donnaient des témoignages d'une si profonde affection. Socrate et ses amis n'étant pas soutenus, et voyant que les plus puissants l'emportaient, se tinrent tranquilles. Les satellites des trente arrachèrent alors Théramène des autels qu'il embrassait, et le traînèrent au milieu de la place publique, jusqu'au lieu du supplice. Le peuple, effrayé de l'attitude menaçante de la garnison, ne manifesta que de la commisération pour le malheureux Théramène; il pleura son infortune en même temps qu'il versa des larmes sur sa propre servitude; car les citoyens des classes inférieures, voyant les vertus de Théramène ainsi foulées aux pieds, prévoyaient bien qu'on mépriserait leur faiblesse pour les asservir. Après la mort de Théramène, les trente dressèrent la liste des plus riches citoyens, et portant contre eux de fausses accusations, ils les mirent à mort et pillèrent leurs propriétés. Au nombre de ces victimes se trouva Nicératus, fils de Nicias, qui avait commandé l'expédition contre Syracuse : il passait pour le citoyen le plus riche et le plus considérable des Athéniens. Dans toutes les maisons on pleura la mort de ce citoyen, qui laissa après lui tant de témoignages de sa bienfaisance. Cependant les trente, loin de s'arrêter dans leur scélératesse, ne montrèrent que plus de füreur : ils égorgèrent soixante des plus riches étrangers pour s'emparer de leurs biens. Les massacres se renouvelant journellement, presque tous les citoyens jouissant de quelque opulence s'enfuirent d'Athènes. Autolycus, orateur populaire, perdit également la vie; en un mot, les citoyens les plus aimés devinrent le point de mire des trente. La ville d'Athènes fut tellement ruinée, que plus de la moitié de ses habitants l'abandonna.


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Dernière mise à jour : 21/12/2005