[14,26] ὁ δὲ βασιλεὺς βέλτιον ἔχων ἀπὸ τοῦ τραύματος,
ὡς ἐπύθετο τὴν τῶν ἐναντίων ὑποχώρησιν, νομίσας
αὐτοὺς φεύγειν, ὥρμησε μετὰ τῆς δυνάμεως κατὰ
σπουδήν. καταλαβὼν δ´ αὐτοὺς διὰ τὸ βραδέως
ὁδοιπορεῖν, τότε μὲν ἤδη νυκτὸς οὔσης ἐγγὺς τὴν
στρατοπεδείαν ἐποιήσατο, ἅμα δ´ ἡμέρᾳ διατασσόντων
τῶν Ἑλλήνων τὸ στρατόπεδον εἰς μάχην, πέμψας
τοὺς ἀγγέλους κατὰ μὲν τὸ παρὸν εἰς τρεῖς
ἡμέρας ἀνοχὰς ἐποιήσατο· ἐν δὲ ταύταις συνεφώνησαν,
ὥστε αὐτὸν μὲν φιλίαν παρασχέσθαι τὴν
χώραν καὶ τοὺς ἡγησομένους ἐπὶ θάλατταν δοῦναι
καὶ τοῖς διεξιοῦσιν ἀγορὰν παρέχειν, τοὺς δὲ μετὰ
Κλεάρχου μισθοφόρους καὶ τοὺς μετ´ Ἀριδαίου
πάντας πορεύεσθαι διὰ τῆς χώρας μηδὲν ἀδίκημα
ποιοῦντας. μετὰ δὲ ταῦθ´ οὗτοι μὲν περὶ τὰς
ὁδοιπορίας ἐγίνοντο, τὴν δὲ δύναμιν ὁ βασιλεὺς
ἀπήγαγεν εἰς Βαβυλῶνα. ἐκεῖ δὲ τῶν κατὰ τὴν
μάχην ἀνδραγαθησάντων κατ´ ἀξίαν ἕκαστον τιμήσας
ἔκρινε πάντων ἄριστον γεγενῆσθαι Τισσαφέρνην. διὸ
καὶ μεγάλαις αὐτὸν τιμήσας δωρεαῖς ἔδωκε τὴν ἑαυτοῦ
θυγατέρα πρὸς συμβίωσιν, καὶ τὸ λοιπὸν διετέλει
πιστότατον αὐτὸν ἔχων φίλον· ἔδωκε δ´ αὐτῷ
καὶ τὴν ἡγεμονίαν ὧν Κῦρος ἐπὶ θαλάττης ἦρχε
σατραπειῶν. ὁ δὲ Τισσαφέρνης θεωρῶν τὸν βασιλέα
δι´ ὀργῆς ἔχοντα τοὺς Ἕλληνας, ἐπηγγείλατ´
αὐτῷ ἅπαντας ἀνελεῖν, ἐὰν αὐτῷ μὲν δυνάμεις δῷ,
πρὸς δὲ Ἀριδαῖον διαλλαγῇ· προδοθήσεσθαι γὰρ
ὑπὸ τούτου τοὺς Ἕλληνας κατὰ τὴν ὁδοιπορίαν.
ὁ δὲ βασιλεὺς ἀσμένως τοὺς λόγους δεξάμενος
τούτῳ μὲν ἔδωκεν ἐξ ἁπάσης τῆς δυνάμεως ἐπιλέξαι
τοὺς κρατίστους ὅσους προαιροῖτο. - - - ἄλλοις
γε ἡγεμόσιν ἐλθεῖν καὶ κατὰ πρόσωπον ἀκοῦσαι τῶν
λόγων. διόπερ οἵ τε στρατηγοὶ σχεδὸν ἅπαντες
μετὰ Κλεάρχου καὶ τῶν λοχαγῶν ὡς εἴκοσι πρὸς
Τισσαφέρνην ἦλθον· καὶ στρατιωτῶν δὲ πρὸς ἀγορὰν
ἐλθεῖν βουλομένων ἠκολούθησαν ὡς διακόσιοι.
Τισσαφέρνης δὲ τοὺς μὲν στρατηγοὺς εἰς τὴν σκηνὴν
ἐκάλεσεν, οἱ δὲ λοχαγοὶ πρὸς ταῖς θύραις
διέτριβον. καὶ μετ´ ὀλίγον ἐκ τῆς Τισσαφέρνους
σκηνῆς ἀρθείσης φοινικίδος ὁ μὲν τοὺς στρατηγοὺς
ἔνδον συνέλαβε, τοὺς δὲ λοχαγοὺς οἷς ἦν συντεταγμένον
ἐπελθόντες ἀνεῖλον, ἄλλοι δὲ τοὺς ἐπὶ τὴν
ἀγορὰν ἥκοντας τῶν στρατιωτῶν ἀνῄρουν· ἐξ ὧν
εἷς φυγὼν εἰς τὴν ἰδίαν παρεμβολὴν ἐδήλωσε τὴν συμφοράν.
| [14,26] XXVI. Dès que le roi, qui était à peu près remis de sa
blessure, apprit le départ des ennemis, il se mit à leurs
trousses à la tête de son armée, croyant avoir affaire à des
fuyards. Il les atteignit bientôt, car ils marchaient lentement;
et comme il faisait déjà nuit, il établit son camp tout
près de celui de ses ennemis. A la pointe du jour, les Grecs
se rangèrent en bataille. Le roi leur envoya des parlementaires
et conclut d'abord une trêve de trois jours; il y fut
stipulé que le roi s'engageait à faire cesser les hostilités
dans le pays {que les Grecs allaient traverser}, à leur donner
des guides qui devaient les conduire jusqu'à la mer, et
à leur ouvrir, dans leur retraite, des marchés de vivres.
De leur côté, les mercenaires de Cléarque et toutes les
troupes d'Aridée s'engageaient à ne causer aucun dommage
dans les contrées qu'ils devaient parcourir. Après la conclusion
de ce traité, les Grecs continuèrent leur marche, et
le roi ramena son armée à Babylone. Là, il récompensa,
chacun selon son mérite, ceux qui s'étaient distingués dans
la bataille, et proclama Tissapherne le plus brave de tous.
Il le combla de présents, lui donna sa fille en mariage, et
eut en lui, pendant le reste de sa vie, le plus fidèle de ses
amis. Il lui confia aussi le gouvernement des satrapies maritimes
qui avaient été sous les ordres de Cyrus. Comme
Tissapherne voyait le roi fort irrité contre les Grecs, il lui
promit de les faire tous massacrer, s'il voulait mettre à sa
disposition des corps d'armée, et pardonner à Aridée, qui
devait lui livrer les Grecs pendant leur retraite. Le roi accueillit
avec joie cette proposition, et permit à Tissapherne
de choisir dans toute l'armée les plus braves. {Tissapherne
partit à la tête de ce corps, et, après plusieurs journées de
marche, il vint établir son camp dans le voisinage de celui
des Grecs. De là, il envoya des députés chargés d'inviter
Cléarque et} les autres chefs à venir parler avec lui.
Cléarque, presque tous les généraux et une vingtaine de
capitaines se rendirent auprès de Tissapherne; ils étaient
accompagnés d'environ deux cents hommes qui avaient l'intention
d'acheter des vivres. Tissapherne appela les généraux
dans sa tente; les simples capitaines restèrent à l'entrée.
Peu d'instants après, il s'éleva un drapeau rouge sur
la tente de Tissapherne; c'était le signal pour arrêter les
généraux qui étaient dans l'intérieur, en même temps que
les capitaines furent égorgés par ceux qui en avaient reçu
l'ordre. D'autres tuèrent les soldats qui venaient pour acheter
des vivres. Un seul s'échappa et vint annoncer dans le
camp des Grecs ce triste événement.
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