[14,20] Ἐπεὶ δὲ διῆλθε Λυδίαν καὶ Φρυγίαν, ἔτι δὲ
Καππαδοκίας τὰ συνορίζοντα, παρεγενήθη πρὸς τοὺς
ὅρους τῆς Κιλικίας καὶ τὴν πρὸς ταῖς Κιλικίαις
πύλαις εἰσβολήν· αὕτη δ´ ἐστὶ στενὴ καὶ παράκρημνος
ἐπὶ σταδίους μὲν εἴκοσι παρατείνουσα, πλησίον
δ´ αὐτῆς ἐστιν ἐξ ἀμφοτέρων καθ´ ὑπερβολὴν ὄρη
μεγάλα καὶ δυσπρόσιτα· ἀπὸ δὲ τῶν ὀρῶν ἐξ ἑκατέρου
μέρους τείχη κατατείνει μέχρι τῆς ὁδοῦ, καθ´
ἣν ἐνῳκοδόμηνται πύλαι. διεξαγαγὼν δὲ διὰ τούτων
τὴν δύναμιν εἰσέβαλεν εἴς τι πεδίον τῶν κατὰ
τὴν Ἀσίαν οὐδενὸς τῷ κάλλει λειπόμενον· δι´ οὗ
πορευθεὶς εἰς Ταρσόν, μεγίστην τῶν ἐν Κιλικίᾳ
πόλεων, ταχέως αὐτῆς ἐγκρατὴς ἐγένετο. Συέννεσις
δ´ ὁ τῆς Κιλικίας δυναστεύων ὡς ἤκουσε τὸ
μέγεθος τῆς τῶν πολεμίων δυνάμεως, εἰς ἀπορίαν
πολλὴν ἐνέπιπτεν, οὐκ ὢν ἀξιόμαχος. μεταπεμπομένου
δ´ αὐτὸν Κύρου καὶ τὰ πιστὰ δόντος ἐπορεύθη
πρὸς αὐτόν, καὶ τὴν ἀλήθειαν τοῦ πολέμου πυθόμενος
ὡμολόγησε συμμαχήσειν ἐπὶ τὸν Ἀρταξέρξην, καὶ
τὸν ἕνα τῶν υἱῶν τῷ Κύρῳ συνεξαπέστειλεν, αὐτῷ
δοὺς τῶν Κιλίκων τοὺς ἱκανοὺς συστρατευσομένους·
πανοῦργος γὰρ ὢν τὴν φύσιν καὶ πρὸς τὸ τῆς τύχης
ἄδηλον ἀρτισάμενος, τὸν ἕτερον τῶν υἱῶν ἐξέπεμψε
λάθρᾳ πρὸς τὸν βασιλέα, δηλώσοντα καὶ τὰς δυνάμεις
ἐπ´ ἐκεῖνον ἠθροισμένας καὶ διότι τῆς μὲν συμμαχίας
δι´ ἀνάγκην τῷ Κύρῳ μετέχει, τῇ δ´ εὐνοίᾳ
πρὸς ἐκεῖνον ---, ἂν καιρὸς γένηται, καταλιπὼν ἐκεῖνον
τῷ βασιλεῖ συστρατεύσεσθαι. Κῦρος δ´ εἴκοσι
μὲν ἡμέρας ἐν Ταρσῷ τὴν δύναμιν ἀνέλαβε· μετὰ
δὲ ταῦτα ἀναζευγνύντος αὐτοῦ τὸ πλῆθος ὑπώπτευσε
τὴν στρατείαν ἐπὶ τὸν Ἀρταξέρξην γίνεσθαι. ἀναλογιζόμενος
δὲ ἕκαστος τὰ μήκη τῶν ὁδῶν καὶ τὰ
πλήθη τῶν πολεμίων ἐθνῶν, δι´ ὧν ἀναγκαῖον ἦν
τὴν πορείαν ποιεῖσθαι, τελέως ἠγωνία· διαβεβόητο
γὰρ ἡ μὲν ἕως Βάκτρων ὁδὸς οὖσα στρατοπέδῳ
τετραμήνου, δύναμις δ´ ἠθροισμένη τῷ βασιλεῖ
πλείω τῶν τετταράκοντα μυριάδων. διὸ δὴ περιδεεῖς
ὄντες ἐκεῖνοι ἠγανάκτουν, καὶ τοὺς ἡγεμόνας δι´
ὀργῆς ἔχοντες ἐνεχείρησαν ἀναιρεῖν ὡς προδότας
ἑαυτῶν ὄντας. τοῦ δὲ Κύρου δεομένου πάντων,
καὶ διαβεβαιουμένου τὴν στρατιὰν ἀνάγειν οὐκ ἐπ´
Ἀρταξέρξην, ἀλλ´ ἐπί τινα σατράπην τῆς Συρίας,
ἐπείσθησαν οἱ στρατιῶται, καὶ λαβόντες πλείω
μισθὸν ἀποκατέστησαν εἰς τὴν ἐξ ἀρχῆς εὔνοιαν.
| [14,20] XX. Cyrus traversa la Lydie, la Phrygie, les contrées
limitrophes de la Cilicie, et atteignit le défilé des portes
ciliciennes. Ce défilé est très étroit, formé par des précipices
et a une étendue de vingt stades des deux côtés. Il
est environné de montagnes très élevées et presque inaccessibles.
De chaque côté de ces montagnes descend un
mur jusqu'au milieu de la route où sont construites les
portes qui la ferment. Après avoir dépassé ce défilé, Cyrus
entra avec son armée dans une plaine aussi belle qu'aucune
autre de l'Asie. De là il se rendit à Tarse, la plus grande
des villes de la Cilicie, et s'en empara promptement. Syennesis,
chef de la Cilicie, fut très embarrassé à la nouvelle
des forces nombreuses de l'ennemi, car il ne se trouvait
pas assez fort pour s'opposer à leur marche. Cyrus le fit
venir, après lui avoir donné un sauf-conduit. Syennesis,
ayant appris la vérité sur cette expédition, consentit à prendre
les armes contre Artaxerxès, appela auprès de lui un
de ses fils et le fit partir avec Cyrus à la tête d'une forte
troupe de Ciliciens. Mais, en homme prudent, et se mettant
en garde contre l'inconstance de la fortune, il dépêcha secrètement
son autre fils près du roi, pour l'informer des
forces nombreuses qui marchaient contre lui. Ce messager
devait, en même temps, annoncer au roi que si Syennesis
avait fourni à Cyrus une troupe auxiliaire, c'est que,
d'un côté, il y avait été contraint, mais que, d'un autre
côté, il avait ainsi agi par affection pour Artaxerxès, s'étant
proposé d'abandonner à propos le parti de Cyrus,
pour se joindre à l'armée du roi. Cyrus laissa son armée
se reposer à Tarse pendant vingt jours. Lorsqu'il se
remit en route, les troupes commencèrent à soupçonner
que l'expédition était dirigée contre Artaxerxès. Chacun se
mit à calculer la longueur du chemin et le nombre des
peuples ennemis qu'il aurait à combattre pour se frayer
une route. Enfin, l'armée était pléine d'anxiété. Le bruit
s'était répandu qu'il fallait marcher quatre mois pour arriver
jusqu'à Bactres, et que le roi avait rassemblé une
armée de plus de quatre cent mille hommes. Les soldats
étaient tout à la fois inquiets et indignés : ils voulaient
tuer leurs chefs comme des perfides qui les avaient trahis.
Cependant, Cyrus adressa à tous de vives instances et leur
assura que l'expédition était dirigée, non pas contre Artaxerxès,
mais contre un satrape de la Syrie. Les soldats
se laissèrent persuader, et, ayant reçu une augmentation
de solde, ils revinrent à leurs bonnes dispositions.
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