[14,116] Τῶν δὲ Ῥωμαίων ἐν τοιαύταις ταραχαῖς ὄντων,
οἱ παροικοῦντες Τυρρηνοὶ μετὰ δυνάμεως ἁδρᾶς
ἐπεπορεύοντο τὴν τῶν Ῥωμαίων χώραν λεηλατοῦντες,
καὶ πολλῶν μὲν σωμάτων, οὐκ ὀλίγης δ´ ὠφελείας
ἐγκρατεῖς ἐγένοντο. οἱ δ´ εἰς τοὺς Βηίους
τῶν Ῥωμαίων πεφευγότες ἀπροσδοκήτως τοῖς Τυρρηνοῖς
ἐπιπεσόντες ἐτρέψαντο, καὶ τήν τε λείαν
ἀφείλαντο καὶ τῆς παρεμβολῆς ἐκυρίευσαν. ἐγκρατεῖς
δὲ γενόμενοι πολλῶν ὅπλων τοῖς τε ἀνόπλοις
οὖσι διέδωκαν καὶ τοὺς ἀπὸ τῆς χώρας ἀθροίζοντες
καθώπλιζον· ἐβούλοντο γὰρ τοὺς εἰς τὸ Καπετώλιον
συμπεφευγότας ἐκ τῆς πολιορκίας ἐξελέσθαι.
ἀπορούντων δ´ αὐτῶν, ᾧ τρόπῳ δηλώσειαν τοῖς
συγκεκλειμένοις διὰ τὸ τοὺς Κελτοὺς μεγάλαις δυνάμεσι
περιστρατοπεδεύειν, Κομίνιός τις Πόντιος
ὑπέσχετο παραθαρρύνειν τοὺς ἐν τῷ Καπετωλίῳ.
ὁρμήσας οὖν μόνος καὶ διανηξάμενος νυκτὸς τὸν
ποταμόν, ἔλαθε προσελθών τινα πέτραν τοῦ Καπετωλίου
δύσβατον, καὶ ταύτῃ μόγις ἑαυτὸν ἑλκύσας
ἐδήλωσε τοῖς ἐν τῷ Καπετωλίῳ περὶ τῶν συνηθροισμένων
εἰς Βηίους καὶ διότι καιρὸν τηρήσαντες
ἐπιθήσονται τοῖς Κελτοῖς. οὗτος μὲν οὖν καταβὰς
ᾗπερ ἀνέβη καὶ διακολυμβήσας τὸν Τίβεριν, εἰς
Βηίους ἀνέστρεψεν· οἱ δὲ Κελτοὶ κατανοήσαντες
τὰ ἴχνη τοῦ προσφάτως ἀναβεβηκότος, συνετάξαντο
κατὰ τῆς αὐτῆς πέτρας ἀναβῆναι νυκτός.
διὸ καὶ περὶ μέσας νύκτας οἱ μὲν φύλακες παρερρᾳθυμηκότες
ἦσαν τῆς φυλακῆς διὰ τὴν ὀχυρότητα τοῦ τόπου,
τῶν δὲ Κελτῶν τινες κατὰ τῆς πέτρας προσανέβησαν.
τοὺς μὲν οὖν φύλακας ἔλαθον, χῆνες δ´ ἱεροὶ τῆς Ἥρας τρεφόμενοι,
καὶ θεωρήσαντες ἀναβαίνοντας κραυγὴν ἐποίουν. συνδραμόντων δὲ
τῶν φυλάκων ἐπὶ τὸν τόπον, οὗτοι μὲν καταπλαγέντες οὐκ ἐτόλμων
προσελθεῖν, Μάρκος δέ τις Μάλλιος, ἔνδοξος ἀνήρ, ἐκβοηθήσας
ἐπὶ τὸν τόπον τῷ μὲν ξίφει τὴν χεῖρα τοῦ προσαναβαίνοντος
ἀπέκοψε, τῷ δὲ θυρεῷ πατάξας εἰς τὸ στῆθος ἀπεκύλισεν
αὐτὸν ἀπὸ τῆς πέτρας. παραπλησίως δὲ καὶ τοῦ δευτέρου
προσαναβαίνοντος ἀπολομένου, οἱ λοιποὶ ταχέως πάντες ἔφυγον·
ἀπορρῶγος δὲ τῆς πέτρας οὔσης ἅπαντες κατακρημνισθέντες
ἐτελεύτησαν.
διόπερ πρεσβευομένων τῶν Ῥωμαίων περὶ διαλύσεως,
ἐπείσθησαν χιλίας λαβόντες λίτρας χρυσίου
τὴν πόλιν ἐκλιπεῖν καὶ ἐκ τῆς Ῥωμαίων χώρας
ἀπαλλαγῆναι. Ῥωμαῖοι δέ, τῶν μὲν οἰκιῶν κατεσκαμμένων,
τῶν δὲ πλείστων πολιτῶν ἀπολωλότων,
ἔδωκαν ἐξουσίαν τῷ βουλομένῳ καθ´ ὃν προῄρηται
τόπον οἰκίαν οἰκοδομεῖν, καὶ δημοσίας κεραμῖδας
ἐχορήγουν, αἳ μέχρι τοῦ νῦν πολιτικαὶ καλοῦνται.
ἁπάντων οὖν πρὸς τὴν ἰδίαν προαίρεσιν οἰκοδομούντων,
συνέβη τὰς κατὰ πόλιν ὁδοὺς στενὰς
γενέσθαι καὶ καμπὰς ἐχούσας· διόπερ ὕστερον
αὐξηθέντες οὐκ ἠδυνήθησαν εὐθείας ποιῆσαι τὰς
ὁδούς. λέγουσι δέ τινες καὶ διότι τὸν χρυσοῦν
κόσμον αἱ γυναῖκες εἰς τὴν κοινὴν σωτηρίαν εἰσενέγκασαι
ταύτης ἔτυχον παρὰ τοῦ δήμου τιμῆς,
ὥστ´ ἐξουσίαν ἔχειν ἐφ´ ἁρμάτων ὀχεῖσθαι κατὰ τὴν πόλιν.
| [14,116] CXVI. Pendant que les Romains étaient réduits à ces
extrémités, les Tyrrhéniens, leurs voisins, envahirent avec
une armée compacte le territoire des Romains qu'ils ravagèrent;
ils firent un grand nombre de prisonniers et amassèrent
beaucoup de butin. Mais les Romains qui s'étaient
réfugiés à Véies tombèrent à l'improviste sur les Tyrrhéniens,
les mirent en fuite, leur enlevèrent leur butin et
s'emparèrent de leur camp. S'étant ainsi mis en possession
d'un grand nombre d'armes, ils les distribuèrent à ceux
qui en manquaient et armèrent les troupes tirées de la
campagne; car ils voulaient délivrer ceux qui s'étaient
réfugiés dans le Capitole assiégé. Mais ils ne savaient
point comment leur faire connaître le secours qu'ils leur
apportaient, car les Celtes avaient complétement enveloppé,
par leur nombreuse armée, les assiégés, lorsqu'un certain
Cominius Pontius s'offrit pour ranimer le courage de ceux
qui étaient renfermés dans le Capitole. Il se mit seul en
route, profita de la nuit pour traverser le fleuve à la nage
et parvint sans être aperçu au pied d'un rocher très escarpé
du Capitole. Il réussit à grand'peine à le gravir et annonça
aux assiégés le rassemblement qui s'était fait à Véies
pour leur porter secours, ainsi que le projet d'attendre le
moment favorable pour attaquer les Celtes. Il descendit
ensuite du rocher, plongea dans le Tibre qu'il traversa à
la nage et revint à Véies. Mais les Celtes, ayant remarqué
la trace récente de celui qui avait gravi le rocher, résolurent
de profiter de la nuit pour monter à leur tour sur le même rocher.
Vers minuit, au moment où les gardes, rassurés par la difficulté
de l'accès du Capitole, se relâchèrent de leur vigilance, quelques
Celtes parvinrent jusqu'au sommet du rocher.
Les gardes ne les avaient point aperçus; mais les oies sacrées
de Junon, nourries dans le Capitole, élevèrent de grands cris
à la vue des Celtes qui gravissaient le rocher.
Éveillés par ce bruit, tous les postes accoururent sur le point
menacé ; mais, saisis de frayeur, ils n'osèrent s'avancer.
Cependant Marcus Manlius, citoyen illustre, accourut à la
défense du poste : il coupa lui-même avec son épée la main du
Celte qui allait le premier atteindre le sommet du rocher,
et, lui donnant un coup de bouclier sur la poitrine, le fit rouler
du haut du Capitole. Il en fit autant à un second qui voulait
également monter, et tous les autres prirent la fuite. Mais comme
le rocher était très escarpé, ils se tuèrent tous dans leur chute.
Les Romains envoyèrent ensuite aux Celtes des parlementaires
pour traiter de la paix. Les Celtes consentirent à sortir de la
ville et à quitter le territoire romain en recevant mille livres
pesant d'or. Comme les maisons étaient détruites et qu'un
grand nombre de citoyens avaient péri, les Romains promirent
à tous ceux qui voulaient s'établir dans la ville de
construire une habitation dans le lieu qu'il leur plairait,
et de leur fournir des briques aux dépens du trésor public;
ces briques sont encore aujourd'hui connues sous le nom
de briques de l'État. Mais chacun bâtissant selon son caprice,
il arriva que les rues de la ville furent étroites et tortueuses;
voilà pourquoi Rome, agrandie par la suite, ne
put avoir de rues droites. Quelques écrivains rapportent
aussi que les femmes qui, pour racheter la patrie, avaient
apporté leurs ornements d'or, reçurent comme un honneur public
la permission de se faire conduire dans la ville sur des chariots.
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