[13,9] Τοῦ δὲ ἔτους τούτου διελθόντος Κλεόκριτος μὲν ἄρχων ᾿Αθηναίων ἦν, ἐν ῾Ρώμῃ δ'
ἀντὶ τῶν ὑπάτων χιλίαρχοι τέτταρες ὑπῆρχον, Αὖλος Σεμπρώνιος καὶ Μάρκος
Παπίριος, Κόιντος Φάβιος, Σπόριος Ναύτιος. (2) Ἐπὶ δὲ τούτων Λακεδαιμόνιοι μετὰ
τῶν συμμάχων ἐνέβαλον εἰς τὴν ᾿Αττικήν, ῎Αγιδός ἡγουμένου καὶ ᾿Αλκιβιάδου τοῦ
᾿Αθηναίου. Καταλαβόμενοι δὲ χωρίον ὀχυρὸν Δεκέλειαν φρούριον ἐποίησαν κατὰ τῆς
᾿Αττικῆς· διὸ καὶ συνέβη τὸν πόλεμον τοῦτον Δεκελεικὸν προσαγορευθῆναι.
᾿Αθηναῖοι δὲ περὶ μὲν τὴν Λακωνικὴν τριάκοντα τριήρεις ἀπέστειλαν καὶ Χαρικλέα
στρατηγόν, εἰς δὲ τὴν Σικελίαν ἐψηφίσαντο πέμπειν ὀγδοήκοντα μὲν τριήρεις,
ὁπλίτας δὲ πεντακισχιλίους. (3) Οἱ δὲ Συρακόσιοι κρίναντες ναυμαχεῖν, καὶ
πληρώσαντες ὀγδοήκοντα τριήρεις, ἐπέπλεον τοῖς πολεμίοις. Τῶν δὲ ᾿Αθηναίων
ἑξήκοντα ναυσὶν ἀνταναχθέντων, καὶ τῆς ναυμαχίας ἐνεργοῦ γενομένης ἤδη, πάντες
οἱ ἀπὸ τῶν φρουρίων ᾿Αθηναῖοι κατέβησαν ἐπὶ τὴν θάλατταν· οἱ μὲν γὰρ θεάσασθαι
τὴν μάχην ἐπεθύμουν, οἱ δ', εἴ τι πταίσειαν ἐν τῇ ναυμαχίᾳ, βοηθήσειν τοῖς φεύγουσιν
ἤλπιζον. (4) Οἱ δὲ τῶν Συρακοσίων στρατηγοὶ προϊδόμενοι τὸ γινόμενον
ἀπεστάλκεισαν τοὺς κατὰ τὴν πόλιν ἐπὶ τὰ τῶν ᾿Αθηναίων ὀχυρώματα, χρημάτων
καὶ ναυτικῶν σκευῶν, ἔτι δὲ τῆς ἄλλης παρασκευῆς ὑπάρχοντα πλήρη· ἃ δὴ
καταλαβόντες οἱ Συρακόσιοι παντελῶς ὑπ' ὀλίγων τηρούμενα - - - καὶ τῶν ἀπὸ τῆς
θαλάττης προσβοηθούντων πολλοὺς ἀπέκτειναν. (5) Κραυγῆς δὲ πολλῆς γενομένης
περὶ τὰ φρούρια καὶ τὴν παρεμβολήν, οἱ ναυμαχοῦντες ᾿Αθηναῖοι καταπλαγέντες
ἐτράπησαν καὶ πρὸς τὸ λειπόμενον τῶν φρουρίων ἔφυγον. Τῶν δὲ Συρακοσίων
ἀτάκτως διωκόντων οἱ ᾿Αθηναῖοι πρὸς τὴν γῆν καταφεύγειν οὐ δυνάμενοι διὰ τὸ τοὺς
Συρακοσίους δυεῖν φρουρίων κυριεύειν, ἠναγκάσθησαν ἐξ ὑποστροφῆς πάλιν
ναυμαχῆσαι. (6) Τῶν δὲ Συρακοσίων λελυκότων τὰς τάξεις καὶ κατὰ τὸν διωγμὸν
διερριμμένων, ἀθρόαις ταῖς ναυσὶν ἐπιπλεύσαντες ἕνδεκα μὲν κατέδυσαν, τὰς δὲ
λοιπὰς ἕως τῆς Νήσου κατεδίωξαν. Διαλυθείσης δὲ τῆς μάχης ἑκάτεροι τρόπαιον
ἔστησαν, οἱ μὲν ᾿Αθηναῖοι τῆς ναυμαχίας, οἱ δὲ Συρακόσιοι τῶν ἐπὶ τῆς γῆς
κατωρθωμένων.
| [13,9] L'ANNÉE suivante Cléocrite fut archonte d'Athènes et l'on fit à Rome, au lieu
de consuls, quatre tribuns militaires A. Sempronius, M. Papirius, Q. Fabius et
Sp. Nautius. (2) Alors les Lacédémoniens avec leurs alliés se jetèrent dans
l'Attique, ayant à leur tête leur roi Agis et l'Athénien Alcibiade : s'étant saisis là
du fort de Décélie, qu'ils fortifièrent encore, ils s'en firent comme une porte
dans le pays ennemi ; et cette guerre même prit de là le nom de guerre
Décelienne. D'autre part les Athéniens envoyèrent trente vaisseaux autour du
Péloponnèse sous le commandement de Chariclés et firent partir en même
temps pour la Sicile quatre-vingts autres chargés de cinq mille hommes. (3)
Les Syracusains, qui s'étaient préparés à un combat naval, leur opposèrent le
même nombre de vaisseaux fournis d'un équipage convenable de soldats.
Soixante vaisseaux de la flotte athénienne s'étant avancés, le combat devint
sérieux : tout ce qu'il y avait d'Athéniens établis ou postés dans les environs,
s'étaient rendus sur les bords de la mer ; les uns pour voir le combat et les
autres pour recevoir ceux des leurs qui, en cas de mauvais succès, voudraient
gagner le rivage. (4) Les généraux syracusains qui s'aperçurent de ce
mouvement, envoyèrent aussitôt des soldats de la ville dans tous les postes
des Athéniens qui étaient remplis d'argent et de toutes sortes de provisions,
pour une guerre qui devait se faire par terre et par mer. Les Syracusains qui
trouvèrent alors ces postes gardés par peu de gens, les enlevèrent sans
beaucoup de peine, tuèrent un grand nombre de ceux qui accouraient du
rivage à leur défense. (5) Les cris qui s'élevèrent autour de ces postes et dans
le camp que les Athéniens avaient auprès de la ville, étant parvenus jusqu'aux
vaisseaux, y jetèrent l'alarme, et ils cherchèrent à se sauver sous un fort qui
leur restait. Les vaisseaux de Syracuse les poursuivirent sans ordre ; et les
Athéniens repoussés par terre du pied de deux postes dont on venait de
s'emparer, furent contraints de revenir au combat naval. (6) Mais profitant
aussi de l'écart où les vaisseaux syracusains s'étaient mis un peu auparavant
pour les poursuivre, ils les heurtèrent, joints ensemble comme ils l'étaient,
avec tant de vigueur, qu'ils en coulèrent onze à fond l'un après l'autre et
poussèrent le reste jusqu'au terrain de l’île. Le combat fini, les uns et les
autres dressèrent un trophée. Les Athéniens pour la victoire gagnée sur mer et
les Syracusains pour les avantages remportés sur terre.
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