[13,78] Ὁ δὲ Κόνων δεξιῶς τῷ καιρῷ χρησάμενος εὐθὺς ἐνέκειτο, καὶ τὴν παράταξιν
αὐτῶν διεκώλυεν, ἃς μὲν τιτρώσκων, ὧν δὲ τοὺς ταρσοὺς παρασύρων. Τῶν μὲν οὖν
κατὰ τὸν Κόνωνα ταχθεισῶν οὐδεμία πρὸς φυγὴν ἐπέστρεψεν, ἀλλὰ πρύμναν
ἀνακρουόμεναι διεκαρτέρουν, προσδεχόμεναι τὰς ἀφυστερούσας· (2) Οἱ δὲ τὴν
εὐώνυμον ἔχοντες τάξιν ᾿Αθηναῖοι τρεψάμενοι τοὺς καθ' αὑτοὺς ἐπέκειντο
φιλοτιμότερον ἐπὶ πολὺν χρόνον διώκοντες. Ἤδη δὲ πασῶν τῶν νεῶν τοῖς
Πελοποννησίοις ἠθροισμένων, ὁ μὲν Κόνων εὐλαβηθεὶς τὸ πλῆθος τῶν πολεμίων τοῦ
μὲν διώκειν ἀπέστη, μετὰ τεσσαράκοντα δὲ νεῶν ἀπέπλευσεν εἰς Μιτυλήνην. (3) Τοὺς
δὲ διώξαντας ᾿Αθηναίους αἱ τῶν Πελοποννησίων ναῦς ἅπασαι περιχυθεῖσαι
κατεπλήξαντο, καὶ τῆς ἐπὶ τὴν πόλιν ἐπανόδου διακλείσασαι φυγεῖν πρὸς τὴν γῆν
ἐβιάσαντο. Ἐπικειμένων δὲ τῶν Πελοποννησίων πάσαις ταῖς ναυσίν, ᾿Αθηναῖοι
θεωροῦντες μηδεμίαν σωτηρίαν ἄλλην ὑποκειμένην, κατέφυγον πρὸς τὴν γῆν, καὶ
καταλιπόντες τὰ σκάφη διεσώθησαν εἰς Μιτυλήνην. (4) Καλλικρατίδας δὲ τριάκοντα
νεῶν κυριεύσας τὸ μὲν ναυτικὸν ἐθεώρει τῶν πολεμίων καταλελυμένον, πεζῇ δὲ τοὺς
ἀγῶνας ἤλπιζεν ὑπολείπεσθαι. Διόπερ οὗτος μὲν ἐπὶ τὴν πόλιν διέπλει, Κόνων δ' ἅμα
τῷ καταπλεῦσαι προσδεχόμενος τὴν πολιορκίαν, τὰ περὶ τὸν εἴσπλουν τοῦ λιμένος
κατεσκεύαζεν· εἰς μὲν γὰρ τὰ βράχη τοῦ λιμένος πλοῖα μικρὰ πληρώσας λίθων
κατεπόντισε, πρὸς δὲ τοῖς βάθεσιν ὁλκάδας καθώρμιζεν οὔσας λιθοφόρους. (5) Οἱ μὲν
οὖν ᾿Αθηναῖοι καὶ τῶν Μιτυληναίων ὄχλος πολὺς ἐκ τῶν ἀγρῶν διὰ τὸν πόλεμον
συνεληλυθὼς ταχέως κατεσκεύασε τὰ πρὸς τὴν πολιορκίαν. Ὁ δὲ Καλλικρατίδας
ἐκβιβάσας τοὺς στρατιώτας εἰς τὸν πλησίον τῆς πόλεως αἰγιαλὸν ἐποιήσατο
παρεμβολήν, καὶ τρόπαιον ἀπὸ τῆς ναυμαχίας ἔστησεν. Τῇ δ' ὑστεραίᾳ τὰς κρατίστας
τῶν νεῶν ἐπιλέξας, καὶ παρακελευσάμενος μὴ ἀπολείπεσθαι τῆς ἰδίας νεώς,ἀνήχθη,
σπεύδων εἰς τὸν λιμένα πλεῦσαι καὶ λῦσαι τὸ διάφραγμα τῶν πολεμίων. (6) Ὁ δὲ
Κόνων τοὺς μὲν εἰς τὰς τριήρεις ἐνεβίβασε καὶ κατὰ τὸν διέκπλουν ἀντιπρῴρους
κατέστησε, τοὺς δ' ἐπὶ τὰ μεγάλα πλοῖα διέταξε, τινὰς δ' ἐπὶ τὰς χηλὰς τοῦ λιμένος
παρέπεμψεν, ὅπως πανταχόθεν ᾖ πεφραγμένος καὶ κατὰ γῆν καὶ κατὰ θάλατταν. (7)
Αὐτὸς μὲν οὖν ὁ Κόνων τὰς τριήρεις ἔχων ἐναυμάχει, πληρώσας τὸν μεταξὺ τόπον
τῶν διαφραγμάτων· οἱ δ' ἐπὶ τῶν μεγάλων πλοίων ἐφεστῶτες ἐπέρριψαν ταῖς τῶν
πολεμίων ναυσὶ τοὺς ἀπὸ τῶν κεραιῶν λίθους· οἱ δ' ἐπὶ ταῖς χηλαῖς τοῦ λιμένος
τεταγμένοι διεκώλυον τοὺς ἀποτολμῶντας εἰς τὴν γῆν ἀποβαίνειν.
| [13,78] Conon profita habilement de cet avantage. Il serrait les vaisseaux de près ;
il les empêchait de se joindre ; il heurtait les uns de façon à les entrouvrir et
faisait tomber les rames des autres. Cependant aucun des vaisseaux opposés
à Conon ne recula. Ils maintenaient à force de rames leur poupe à sa place,
jusqu'à ce que leurs vaisseaux les plus éloignés fussent arrivés. (2) Mais l'aile
gauche des Athéniens fit céder la partie à qui elle avait affaire, et l'ayant mise
en fuite, elle la poursuivit longtemps. Cependant tous les vaisseaux
lacédémoniens s'étant enfin réunis, Conon appréhenda leur grand nombre. Il
s'abstint de poursuivre ceux qui fuyaient et se retira dans Mitylene avec
quarante vaisseaux. (3) La flotte de Sparte s'étant aussi rassemblée, environna
de toutes parts les vaisseaux d'Athènes, qui s'étaient séparés les uns des
autres dans la poursuite de cette partie des ennemis, sur laquelle ils avaient
eu de l'avantage. On leur ferma le retour dans Mitylene oit ils comptaient de
rejoindre Conon et on les contraignit d'échouer sur la côte. L'équipage comprit
alors qu'il n'avait plus d'autre ressource que de se jeter tous sur le rivage :
ainsi abandonnant les bâtiments aux Spartiates, il se sauva par terre et à pied
dans Mitylene. (4) Callicratidès en cette rencontre se trouva avoir fait une prise
de trente vaisseaux dont la perte avait ruiné la flotte ennemie ; ainsi il songea
à poursuivre sa victoire et il s'avança jusqu'à Mitylene pour l'assiéger. Conon
s'attendait bien à ce siège, et il disposa d'abord toutes choses pour fermer
l'entrée du port ; il fit remplir de grosses pierres un nombre de petites barques
qu'on enfonça dans l'eau à l'entrée du bassin qui était étroit, et il fit remplit le
milieu qui était profond et spacieux de vaisseaux de charge, pleins aussi de
pierres énormes. (5) Les Athéniens et les citoyens de Mitylène furent encore
aidés par un grand nombre des habitants de la campagne, qui vinrent d'eux-
mêmes prendre part aux travaux du siège et à la défense de la ville.
Callicratidès fit débarquer ses troupes sur le rivage le plus proche des murs,
après en avoir fait l'enceinte, il éleva un trophée au sujet de la victoire qu'il
avait remportée sur mer : le lendemain il choisit les meilleurs de ses vaisseaux
et leur enjoignant de ne point s'écarter du sien, il entreprit d'entrer dans le port
et de forcer la barrière que les ennemis y avaient posée. (6) Conon, dont la
flotte était demeurée à la rade, mit sur les galères une partie de ses gens
auxquels il recommanda de présenter toujours la proue aux ennemis, et il fit
monter les autres sur de plus grands vaisseaux : il en fit placer quelques-uns
précisément à l'entrée du port, qui par ce moyen demeurait fermé tant du côté
de la terre, que du côté de la mer ; (7) et Conon lui-même occupant l'intervalle
qui restait entre cette défense et la flotte ennemie, appelait celle-ci au combat :
on jetait de dessus les ponts les plus élevés de grosses pierres sur les
ennemis ; ceux qui étaient à l'entrée du bassin en interdisaient l'approche même.
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