[13,74] Ταχὺ δὲ τοῦ πλήθους πιστεύοντος ταῖς διαβολαῖς, ἡ μὲν περὶ ᾿Αλκιβιάδην ἐθραύετο
δόξα διὰ τὸ περὶ τὴν ναυμαχίαν ἐλάττωμα καὶ τὰ περὶ τὴν Κύμην ἡμαρτημένα, ὁ δὲ
τῶν ᾿Αθηναίων δῆμος ὑφορώμενος τὴν τἀνδρὸς τόλμαν δέκα στρατηγοὺς εἵλατο,
Κόνωνα, Λυσίαν, Διομέδοντα, Περικλέα, πρὸς δὲ τούτοις ᾿Ερασινίδην, ᾿Αριστοκράτην,
᾿Αρχέστρατον, Πρωτόμαχον, Θρασύβουλον, ᾿Αριστογένην· ἐκ δὲ τούτων προκρίνας
Κόνωνα ταχέως ἐξέπεμψε παρ' ᾿Αλκιβιάδου τὸ ναυτικὸν παραληψόμενον. (2)
᾿Αλκιβιάδης δὲ τῆς ἀρχῆς ἐκχωρήσας τῷ Κόνωνι καὶ τὰς δυνάμεις παραδούς, τὴν μὲν
εἰς ᾿Αθήνας ἐπάνοδον ἀπέγνω, μετὰ δὲ τριήρους μιᾶς εἰς Πακτύην τῆς Θρᾴκης
ἀπεχώρησε· χωρὶς γὰρ τῆς τοῦ πλήθους ὀργῆς καὶ τὰς ἐπενηνεγμένας αὐτῷ δίκας
εὐλαβεῖτο. (3) Πολλοὶ γὰρ θεωροῦντες αὐτὸν κακῶς φερόμενον ἐπενηνόχεισαν
ἐγκλήματα πολλά· μέγιστον δ' ἦν τὸ περὶ τῶν ἵππων, τετιμημένον ταλάντων ὀκτώ.
Διομήδους γάρ τινος τῶν φίλων συμπέμψαντος αὐτῷ τέθριππον εἰς ᾿Ολυμπίαν, ὁ
᾿Αλκιβιάδης κατὰ τὴν ἀπογραφὴν τὴν εἰωθυῖαν γίνεσθαι τοὺς ἵππους ἰδίους
ἀπεγράψατο, καὶ νικήσας τὸ τέθριππον τήν τ' ἐκ τῆς νίκης δόξαν αὐτὸς ἀπηνέγκατο
καὶ τοὺς ἵππους οὐκ ἀπέδωκε τῷ πιστεύσαντι. (4) Ταῦτα δὴ πάντα διανοούμενος
ἐφοβεῖτο, μήποτε καιρὸν λαβόντες ᾿Αθηναῖοι τιμωρίαν ἐπιθῶσι περὶ πάντων ὧν εἰς
αὐτοὺς ἐξήμαρτεν· αὐτὸς οὖν αὑτοῦ κατέγνω φυγήν.
| [13,74] La multitude prêta l'oreille à ces dépositions et la gloire d'Alcibiade
commença dès lors à baisser, tant à cause du malheur arrivé à sa flotte que
de l'offense volontaire qu'il avait faite à la ville de Cumes. Le peuple d'Athènes
pour s'assurer contre ses entreprises nomma dix généraux, Conon, Lysanias,
Diomédon, Périclès, Erasinide, Aristocrate, Archestrate, Protomachus,
Thrasybule et Aristogène; l'assemblée ordonna sur le champ au premier
d'entre eux, qui était Conon, d'aller prendre la flotte entre les mains
d'Alcibiade, (2) qui lui remit, sans hésiter toute l'armée qu'il commandait : mais
il se garda bien de retourner à Athènes et ne se réservant qu'une galère, il se
retira à Pactye de Thrace. Il eut très grande raison de ne point s'exposer à la
colère du peuple, fomentée par les accusations de ses ennemis. (3) L'avidité
même avec laquelle on recevait ces accusations, en attirait un plus grand
nombre. La plus considérable fut au sujet des chevaux qu'il avait menés aux
jeux olympiques, et elle le fit condamner à une amende de huit talents. Un
certain Diomède son ami, lui avait prêté pour Olympie un char à quatre
chevaux. Dans le certificat qu'on tirait de ceux qui se présentaient pour la
course, Alcibiade déclara que ces chevaux lui appartenaient : et quand ils
eurent gagné le prix, non seulement il ne rendit pas à Diomède la justice
d'avouer que les chevaux étaient à lui, mais il ne voulut pas lui rendre les
chevaux même qu'on lui avait prêtés. (4) Se reprochant donc intérieurement
tous les torts qu'il avait eu, il eut peur d'en subir la punition et il s'en mit à
couvert par la fuite. On établit dans cette même Olympiade une course de
chariot à deux chevaux.
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