[13,30] Τί γὰρ τῶν αἰσχίστων οὐκ ἐβουλεύσαντο, τί δὲ τῶν δεινοτάτων οὐκ ἔπραξαν;
Πλεονεξίας ἴδιόν ἐστι τὸ ταῖς ἰδίαις εὐτυχίαις οὐκ ἀρκούμενον τῶν πόρρω κειμένων
καὶ μηδὲν προσηκόντων ἐπιθυμεῖν· οὗτοι ταῦτ' ἔπραξαν. εὐδαιμονέστατοι γὰρ ὄντες
τῶν ῾Ελλήνων, τὴν εὐτυχίαν ὥσπερ βαρὺ φορτίον οὐ φέροντες, τὴν πελάγει
τηλικούτῳ διειργομένην Σικελίαν ἐπεθύμησαν κατακληρουχῆσαι, τοὺς ἐνοικοῦντας
ἐξανδραποδισάμενοι. (2) Δεινόν ἐστι μὴ προαδικηθέντας πόλεμον ἐπιφέρειν· καὶ τοῦτ'
ἐνήργησαν. Φίλοι γὰρ ὄντες τὸν ἔμπροσθεν χρόνον, ἐξαίφνης ἀνελπίστως τηλικαύτῃ
δυνάμει Συρακοσίους ἐπολιόρκησαν. (3) Ὑπερηφάνων ἐστὶ τὸ τῶν μήπω
κρατηθέντων προλαμβάνοντας τὴν τύχην καταψηφίζεσθαι τιμωρίαν· οὐδὲ τοῦτο
παραλελοίπασι. πρὸ τοῦ γὰρ ἐπιβῆναι τῆς Σικελίας γνώμην ἐκύρωσαν Συρακοσίους
μὲν καὶ Σελινουντίους ἐξανδραποδίσασθαι, τοὺς δὲ λοιποὺς διδόναι φόρους
ἀναγκάζειν. Ὅταν οὖν περὶ τοὺς αὐτοὺς ἀνθρώπους ὑπάρχῃ πλεονεξία, ἐπιβουλή,
ὑπερηφανία, τίς ἂν νοῦν ἔχων αὐτοὺς ἐλεήσειεν; (4) Ἐπεί τοί γε ᾿Αθηναῖοι πῶς
ἐχρήσαντο Μιτυληναίοις; Κρατήσαντες γὰρ αὐτῶν, ἀδικῆσαι μὲν οὐδὲν βουλομένων,
ἐπιθυμούντων δὲ τῆς ἐλευθερίας, ἐψηφίσαντο τοὺς ἐν τῇ πόλει κατασφάξαι. (5) Ὠμόν
τε καὶ βάρβαρον τὸ πεπραγμένον. Καὶ ταῦτα ἐξήμαρτον εἰς ῞Ελληνας, εἰς συμμάχους,
εἰς εὐεργέτας πολλάκις γεγενημένους. Μὴ δὴ νῦν ἀγανακτούντων, εἰ τοιαῦτα πρὸς
τοὺς ἄλλους πράξαντες αὐτοὶ παραπλησίας τεύξονται τιμωρίας· δικαιότατον γάρ
ἐστιν, ὃν καθ' ἑτέρων νόμον τις ἔθηκε, τούτῳ χρώμενον μὴ ἀγανακτεῖν. (6) Καὶ τί
λέγω Μηλίους, οὓς ἐκπολιορκήσαντες ἡβηδὸν ἀπέκτειναν, καὶ Σκιωναίους, οἳ
συγγενεῖς ὄντες τῆς αὐτῆς Μηλίοις τύχης ἐκοινώνησαν; Ὥστε δύο δήμους πρὸς
᾿Αττικὴν ὀργὴν ἐπταικότας οὐδὲ τοὺς κηδεύσοντας ἔχειν τὰ τῶν τετελευτηκότων
σώματα. (7) Οὐ Σκύθαι τοῦτ' ἔπραξαν, ἀλλ' ὁ προσποιούμενος φιλανθρωπίᾳ
διαφέρειν δῆμος ψηφίσμασι τὰς πόλεις ἄρδην ἀνῄρηκεν. Ἤδη λογίζεσθε, τί ἂν
ἔπραξαν, εἰ τὴν τῶν Συρακοσίων πόλιν ἐξεπόρθησαν· οἱ γὰρ τοῖς οἰκείοις οὕτως ὠμῶς
χρησάμενοι τοῖς μηδὲν προσήκουσι βαρυτέραν ἂν ἐξεῦρον τιμωρίαν.
| [13,30] Quelle injustice dans le projet, quelle méchanceté dans l'entreprise ! Il
n'appartient qu'à la cupidité la plus outrée de n'être pas contents des richesses
considérables dont elle jouit et d'aller chercher au loin des possessions, qui
même ne lui conviennent pas. En effet, quel trait de folie a porté les Athéniens,
les plus riches et les plus heureux de tous les Grecs, à venir comme des
hommes las de leur propre félicité, à travers un si grand espace de mers, dans
la Sicile, pour en partager les terres entre eux, et en rendre les habitants
esclaves ? (2) Il est contre le droit des gens de faire la guerre à un peuple dont
on n'a reçu aucune offense ; et les Athéniens, vos amis de tous les temps, se
sont présentés tout d'un coup, et contre toute attente, devant Syracuse pour
en former le siège. (3) C'est la marque d'un orgueil insensé de disposer de la
fortune d'un peuple qu'on n'a pas vaincu encore, et de régler d'avance le
châtiment d'une défense trop opiniâtre. Les Athéniens n'ont pas manqué ce
trait de folie. Avant que de partir, ils ont formé le décret public de réduire à
l'esclavage les citoyens de Syracuse et de Sélinonte, en se contentant
d'imposer un tribut sur tout le telle de la Sicile. Qui voudra donc avoir pitié de
ces hommes, dans lesquels on ne voit que cupidité, que perfidie et que
présomption ? Et ce n'est pas ici la première preuve de méchanceté qu'ils
aient donnée. (4) Comment ont-ils traité ceux de Mitylene, ce peuple qui n'avait
formé aucune entreprise injuste et qui ne cherchait qu'a maintenir sa liberté ?
Ils ordonnèrent par délibération publique, de le faire égorger tout entier : (5)
exemple affreux de cruauté et de barbarie contre des Grecs et des alliés, qui
leurs avaient rendu service plus d'une fois. Qu'ils ne se plaignent donc pas,
s'ils éprouvent aujourd'hui le sort qu'ils ont fait subir à d'autres. Tout homme
doit se soumettre au traitement dont sa propre conduite en de pareilles
circonstances a fait une loi contre lui. (6) Mais que dis-je ; quand ils
subjuguèrent l'île de Mélos, ils égorgèrent non seulement toute la jeunesse de
cette île, mais encore toute celle des Scioniens alliés de ces insulaires de
sorte que la fureur athénienne fit périr deux peuples entiers si universellement,
qu'il n'y resta personne pour ensevelir les morts. (7) Ce ne sont pas des
Scythes qui nous ont fourni ces traits affreux d'inhumanité. C'est ce peuple
qu'on nous donne pour le plus parfait modèle de la politesse des mœurs, qui
après une délibération tranquille a prononcé un pareil arrêt. Juges maintenant
de ce qu'ils auraient fait s'ils avaient emporté Syracuse : des hommes si cruels
à l'égard de leurs voisins et de leurs alliés auraient-ils traités plus
favorablement une nation qui a eu peu de liaison avec eux.
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