[13,29] Πῶς οὖν οὐκ ἄτοπον, ἄνδρες Συρακόσιοι, τοὺς μὲν τετελευτηκότας ἑκούσιον ὑπὲρ
ὑμῶν ἑλέσθαι θάνατον, ὑμᾶς δὲ ὑπὲρ ἐκείνων μηδὲ παρὰ τῶν πολεμιωτάτων λαβεῖν
τιμωρίαν, καὶ ἐπαινεῖν μὲν τοὺς ὑπὲρ τῆς κοινῆς ἐλευθερίας τοὺς ἰδίους ἀναλώσαντας
βίους, περὶ πλείονος δὲ τὴν τῶν φονέων ποιεῖσθαι σωτηρίαν τῆς ἐκείνων τιμῆς; (2)
Κοσμεῖν ἐψηφίσασθε δημοσίᾳ τοὺς τάφους τῶν μετηλλαχότων· καὶ τίνα καλλίονα
κόσμον εὑρήσετε τοῦ κολάσαι τοὺς ἐκείνων αὐτόχειρας; Εἰ μὴ νὴ Δία
πολιτογραφήσαντες αὐτοὺς βούλεσθε καταλιπεῖν ἔμψυχα τρόπαια τῶν
μετηλλαχότων. (3) Ἀλλὰ μεταβαλόντες τὴν τῶν πολεμίων προσηγορίαν γεγόνασιν
ἱκέται· πόθεν αὐτοῖς ταύτης τῆς φιλανθρωπίας συγκεχωρημένης; Οἱ γὰρ ἀπ' ἀρχῆς τὰ
περὶ τούτων νόμιμα διατάξαντες τοῖς μὲν δυστυχοῦσι τὸν ἔλεον, τοῖς δὲ διὰ πονηρίαν
ἀδικοῦσιν ἔταξαν τιμωρίαν. (4) Ἐν ποτέρᾳ δὴ τάξει θῶμεν τοὺς αἰχμαλώτους; Ἐν τῇ
τῶν ἠτυχηκότων; καὶ τίς αὐτοὺς τύχη μὴ προαδικηθέντας ἐβιάσατο πολεμεῖν
Συρακοσίοις καὶ τὴν παρὰ πᾶσιν ἐπαινουμένην εἰρήνην ἀφέντας ἐπὶ κατασκαφῇ
παρεῖναι τῆς ὑμετέρας πόλεως; (5) Διόπερ ἑκουσίως ἑλόμενοι πόλεμον ἄδικον
εὐψύχως ὑπομενόντων τὰ τούτου δεινά, καὶ μή, κρατοῦντες μέν, ἀπαραίτητον
ἐχόντων τὴν καθ' ὑμῶν ὠμότητα, σφαλέντες δέ, τοῖς τῆς ἱκεσίας φιλανθρώποις
παραιτείσθων τὴν τιμωρίαν. (6) Εἰ δ' ἐλέγχονται διὰ πονηρίαν καὶ πλεονεξίαν
τοιούτοις ἐλαττώμασι περιπεπτωκότες, μὴ καταμεμφέσθων τὴν τύχην, μηδ'
ἐπικαλείσθων τὸ τῆς ἱκεσίας ὄνομα. Τοῦτο γὰρ παρ' ἀνθρώποις φυλάττεται τοῖς
καθαρὰν μὲν τὴν ψυχήν, ἀγνώμονα δὲ τὴν τύχην ἐσχηκόσιν. (7) Οὗτοι δ' ἁπάντων
τῶν ἀδικημάτων πλήρη τὸν βίον ἔχοντες οὐδένα τόπον αὐτοῖς βάσιμον εἰς ἔλεον καὶ
καταφυγὴν ἀπολελοίπασι.
| [13,29] Est-il juste, Syracusains, d'exiger de vous qu'acceptant de bonne grâce des
pertes si sensibles, vous ne tiriez aucune satisfaction de ceux qui en sont les
auteurs et que vous bornant à louer ceux qui se sont immolés au salut de la
patrie, vous ayez moins de zèle pour leur vengeance, que pour le salut de
leurs ennemis ? (2) Vous avez ordonné qu'on leur fit des funérailles publiques :
en est-il de plus convenables que d'immoler ceux qui leur ont ôté la vie ?
Faites mieux : recevez-les au nombre de vos citoyens et qu'ils soient eux-
mêmes des trophées vivants à la gloire de ceux qu'ils ont tués. (3) Direz-vous
qu'ils ont renoncé au nom d'ennemis et se sont rendus suppliants : mais par
où ce titre peut-il les favoriser ? ceux qui en ont institué le privilège en faveur
des infortunés, sont les mêmes qui ont ordonné la punition des criminels. (4)
Dans lequel des deux cas mettrons-nous les Athéniens en cette occasion ?
Quelle infortune les a forcés à venir attaquer les Syracusains, qui ne leur
avaient fait aucun mal? Pourquoi violant une paix, dont tout le monde était
content, ont-ils tenté de renverser votre ville de fond en comble ? (5) Puisqu'ils
ont commencé la guerre sans aucune raison, c'était à eux à prendre leurs
mesures pour la bien conduire et c'est à eux à en subir l'événement. Ils
auraient été les maîtres d'exercer sur vous leur cruauté, s'ils avaient été
vainqueurs ; il ne leur convient pas d'attester les privilèges des suppliants,
puisqu'ils font vaincus. (6) S'ils sont tombés dans le malheur, qu'ils s'en
prennent à leur méchanceté et à leur avarice et non à la fortune. Ce n'est point
là, encore une fois, le cas des suppliants, qui ne comprend que ceux qui sont
tombés dans le malheur par le sort et non par le crime. (7) Or quel reproche
n'a-t-on pas à faire ici aux Athéniens et quelle ressource de miséricorde se
sont-ils laissée ?
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