HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Denys d'Halicarnasse, Mémoires sur les anciens orateurs, II (Isocrate)

Chapitre 13

  Chapitre 13

[2,13] Οὗτος δὲ οὐκ ἐμὸς λόγος πρώτου μὰ Δία· ἐπεὶ πολλοὶ καὶ τῶν παλαιῶν ταύτην εἶχον ὑπὲρ αὐτοῦ τὴν δόξαν. Φιλόνικος μὲν γὰρ διαλεκτικὸς, τὴν ἄλλην κατασκευὴν τῆς λέξεως ἐπαινῶν τἀνδρὸς, μέμφεται τῆς καινότητος· ταυτῆς καὶ τοῦ φορτικοῦ· ἐοικέναι τέ φησιν αὐτὸν ζωγράφῳ ταῖς αὐταῖς ἐσθῆσι καὶ τοῖς αὐτοῖς σχήμασι πάσας ἐπικοσμοῦντι τὰς γραφάς. «Ἅπαντες γοῦν, φησὶν, εὕρισκον τοὺς λόγους αὐτοῦ τοῖς αὐτοῖς τρόποις τῆς λέξεως κεχρημένους· ὥστ´ ἐν πολλοῖς τεχνικῶς τὰ καθ´ ἕκαστα ἐξεργαζόμενον, τοῖς ὅλοις ἀπρεπῆ παντελῶς φαίνεσθαι, διὰ τὸ μὴ προσηκόντως τοῖς ὑποκειμένοις τῶν ἠθῶν φράζειν». Ἱερώνυμος δὲ φιλόσοφός φησιν, ἀναγνῶναι μὲν ἄν τινα δυνηθῆναι τοὺς λόγους αὐτοῦ καλῶς, δημηγορῆσαι δὲ τήν τε φωνὴν καὶ τὸν τόνον ἐπάραντα, καὶ ἐν ταύτῃ τῇ κατασκευῇ, μετὰ τῆς ἁρμοττούσης ὑποκρίσεως εἰπεῖν, οὐ παντελῶς. Τὸ γὰρ μέγιστον καὶ κινητικώτατον τῶν ὄχλων, παρατεῖσθαι, τὸ παθητικὸν καὶ ἔμψυχον· δουλεύειν γὰρ αὐτὸν τῇ λειότητι διὰ παντός. Τὸ δὲ κεκραμένον καὶ παντοδαπὸν ἐπιτάσει τε καὶ ἀνέσει, καὶ τὸ ταῖς παθητικαῖς ὑπερθέσεσι διειλημμένον, ἀποβεβληκέναι. Καθόλου δέ φησιν αὐτὸν εἰς ἀναγνώστου παιδὸς φωνὴν καταδύντα, μήτε τόνον, μήτε πάθος, μήτε ὑπόκρισιν δύνασθαι φέρειν. Πολλοῖς δὲ καὶ ἄλλοις ταῦτα καὶ παραπλήσια τούτοις εἴρηται, περὶ ὧν οὐδὲν δέομαι γράφειν. Ἐξ αὐτῆς γὰρ ἔσται τῆς Ἰσοκράτους λέξεως τεθείσης καταφανὴς , τε τῶν περιόδων ῥυθμὸς, ἐκ παντὸς διώκων τὸ γλαφυρὸν, καὶ τῶν σχημάτων τὸ μειρακιῶδες περὶ τὰς ἀντιθέσεις, καὶ παρισώσεις καὶ παρομοιώσεις κατατριβόμενον. Καὶ οὐ τὸ γένος μέμφομαι τῶν σχημάτων. Πολλοὶ γὰρ αὐτοῖς ἐχρήσαντο καὶ συγγραφεῖς καὶ ῥήτορες, ἀνθίσαι βουλόμενοι τὴν λέξιν·, ἀλλὰ τὸν πλεονασμόν. [2,13] Je ne suis pas le premier à émettre cette opinion sur Isocrate : plusieurs critiques l'ont professée avant moi. Le dialecticien Philonicus, après avoir loué les diverses qualités du style de cet orateur, blâme ces ornements ambitieux et d'une espèce nouvelle : il le compare à un peintre qui donnerait aux personnages de tous ses tableaux le même vêtement et les mêmes attitudes. « Dans les discours d'Isocrate, dit-il, j'ai trouvé partout les mêmes tours et les mêmes figures : il polit plusieurs parties avec art ; mais l'ensemble manque de convenance, parce qu'il ne sait point prêter aux objets la couleur qui leur est propre. » Le philosophe Hiéronyme dit qu'on peut lire ses discours avec fruit; mais que s'il fallait les débiter dans une assemblée publique, sur un ton élevé et en les accompagnant de l'action, le genre de sa composition s'y opposerait : auprès de la multitude, il n'est pas d'arme plus puissante ou plus propre à émouvoir qu'une éloquence pathétique et animée, tandis qu'Isocrate s'attache toujours à la douceur et néglige cet heureux mélange de traits, les uns vifs, les autres doux, et ces mouvements impétueux qui répandent la variété dans le discours. Il ajoute qu'Isocrate s'élève jusqu'au ton d'un enfant qui lit à haute voix; mais qu'il n'est fait ni pour les débats vifs et passionnés, ni pour l'action. D'autres critiques ont fait sur cet orateur une foule d'observations de ce genre; mais il est inutile de les transcrire ici. Quelques passages d'Isocrate feront mieux sentir qu'il y a dans ses périodes un effort continuel vers l'harmonie, une recherche puérile dans le choix des figures, telles que l'antithèse, la parfaite symétrie des membres, les désinences et les chutes semblables. Je ne condamne pas ces figures en elles- mêmes; plusieurs historiens et plusieurs orateurs les ont employées pour rendre leur style fleuri : ce que je blâme, c'est l'abus.


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Dernière mise à jour : 18/05/2006