HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Denys d'Halicarnasse, Lettres - Examen de Thucydide

Chapitre 54

  Chapitre 54

[54] (LIV) Θήσω δ´ ἐξ ἀμφοτέρων παραδείγματα, πολλῶν ὄντων ὀλίγα καὶ τοῖς ἀνεγνωκόσι τὸν ἄνδρα ἀρκοῦντα. Ἔστι δή τις αὐτῷ δημηγορία τὴν μὲν ὑπόθεσιν ἔχουσα περὶ τοῦ πρὸς βασιλέα πολέμου, παρακαλοῦσα δὲ τοὺς Ἀθηναίους μὴ προχείρως αὐτὸν ἄρασθαι, ὡς οὔτε τῆς οἰκείας αὐτῶν δυνάμεως ἀξιομάχου πρὸς τὴν τοῦ βασιλέως ὑπαρχούσης οὔτε τῆς συμμαχικῆς πιστῶς καὶ βεβαίως τῶν κινδύνων ἀντιληψομένης· παρακαλεῖ τε αὐτοὺς παρασκευασαμένους τὴν ἑαυτῶν δύναμιν φανεροὺς εἶναι τοῖς Ἕλλησιν, ὅτι τὸν ὑπὲρ τῆς ἁπάντων ἐλευθερίας κίνδυνον ὑπομενοῦσιν, ἐάν τις ἐπ´ αὐτοὺς ἴῃ· πρὸ δὲ τοῦ παρασκευάσασθαι πρέσβεις οὐκ ἐᾷ πρὸς τοὺς Ἕλληνας ἀποστέλλειν τοὺς καλέσοντας αὐτοὺς ἐπὶ τὸν πόλεμον, ὡς οὐχ ὑπακουσομένους. Τοῦτο λαβὼν τὸ νόημα κατεσκεύακέν τε καὶ ἐσχημάτικεν οὕτως· « Τότε δέ, ἐὰν ἄρα νῦν οἰόμεθα ἡμεῖς πράττητε, οὐδεὶς δήπου τῶν πάντων Ἑλλήνων τηλικοῦτον ἐφ´ ἑαυτῷ φρονεῖ, ὅστις ὁρῶν χιλίους ἱππέας, ὁπλίτας δὲ ὅσους ἂν ἐθέλῃ τις, ναῦς δὲ τριακοσίας οὐχ ἥξει καὶ δεήσεται, μετὰ τούτων ἀσφαλέστατ´ ἂν ἡγούμενος σωθῆναι· οὐκοῦν ἐκ μὲν τοῦ καλεῖν ἤδη τὸ δεῖσθαι κἂν μὴ τύχητε ἐφαμαρτεῖν, ἐκ δὲ τοῦ μετὰ τοῦ παρασκευάσασθαι τὰ ὑμέτερα αὐτῶν ἐπισχεῖν δεομένους σῴζειν καὶ εὖ εἰδέναι πάντας ἥξοντας ἔστι. » Ταῦτα ἐξήλλακται μὲν ἐκ τῆς πολιτικῆς καὶ συνήθους τοῖς πολλοῖς ἀπαγγελίας, καὶ κρείττονά ἐστιν κατὰ τὸν ἰδιώτην· οὐ μὴν ἐσκότισταί γε οὐδὲ ἀσαφῆ γέγονεν ὥστε ἐξηγήσεως δεῖσθαι. Ἀρξάμενός τε ὑπὲρ τῆς παρασκευῆς λέγειν ταῦτα ἐπιτίθησιν· « Ἔστι δὲ πρῶτον τῆς παρασκευῆς, ἄνδρες Ἀθηναῖοι, καὶ μέγιστον, οὕτω διακεῖσθαι τὰς γνώμας ὑμᾶς, ὡς ἕκαστον ἑκόντα προθύμως τι ἂν δέῃ ποιήσοντα. Ὁρᾶτε γάρ, ἄνδρες Ἀθηναῖοι, ὅτι ὅσα μὲν πώποτε ἐβουλήθητε καὶ μετὰ ταῦτα τὸ πράττειν αὐτὸς ἕκαστος ἑαυτῷ προσήκειν ἡγήσατο, οὐδὲν πώποτε ὑμᾶς ἐξέφυγεν· ὅσα δ´ ἐβουλήθητε μέν, μετὰ ταῦτα δὲ ἀπεβλέψατε εἰς ἀλλήλους, ὡς αὐτὸς μὲν οὐ ποιήσων, τὸν δὲ πλησίον τὰ δέοντα πράξοντα, οὐδὲν πώποτε ὑμῖν ἐγένετο. » Καὶ γὰρ ἐνταῦθα πέπλεκται μὲν διάνοια πολυπλόκως, λέλεκται δ´ ἐκ τῆς κοινότητος εἰς τὴν ἀσυνήθη φράσιν ἐκβεβηκότα, φυλάττεται δὲ τὸ περιττὸν αὐτῶν ἐν τῷ σαφεῖ. Ἐν δὲ τῇ μεγίστῃ τῶν κατὰ Φιλίππου δημηγοριῶν καὶ τὴν ἀρχὴν εὐθὺς οὕτως κατεσκεύακεν· « Πολλῶν, ἄνδρες Ἀθηναῖοι, λόγων γιγνομένων ὀλίγου δεῖν καθ´ ἑκάστην ἐκκλησίαν, περὶ ὧν Φίλιππος ἀφ´ οὗ τὴν εἰρήνην ἐποιήσατο οὐ μόνον ὑμᾶς, ἀλλὰ καὶ τοὺς ἄλλους ἀδικεῖ· καὶ πάντων οἶδ´ ὅτι φησάντων γ´ ἄν, εἰ μὴ καὶ ποιοῦσι τοῦτο, καὶ λέγειν καὶ πράττειν, ὅπως ἐκεῖνος παύσεται τῆς ὕβρεως καὶ δίκην δώσει, εἰς τοῦτο ὑπηγμένα πάντα τὰ πράγματα καὶ προεἱμένα ὁρῶ, ὥστε δέδοικα μὴ βλάσφημον μὲν εἰπεῖν, ἀληθὲς δέ· εἰ καὶ λέγειν ἅπαντες ἐβούλονθ´ οἱ παριόντες καὶ χειροτονεῖν ὑμεῖς ἐξ ὧν ὡς φαυλότατα ἔμελλε τὰ πράγματα ἕξειν, οὐκ ἂν ἡγοῦμαι δύνασθαι χεῖρον νῦν διατεθῆναι. » Ὅμοια δὲ τούτοις ἐστὶ κἀκεῖνα· « Εἶτ´ οἴεσθε, εἰ μὲν αὐτὸν μηδὲν ἐποίησαν κακόν, μὴ παθεῖν δὲ φυλάξαιντο ἴσως, τούτους μὲν ἐξαπατᾶν αἱρεῖσθαι μᾶλλον προλέγοντα βιάζεσθαι, ὑμῖν δ´ ἐκ προρρήσεως πολεμήσειν, καὶ ταῦθ´ ἕως ἂν ἑκόντες ἐξαπατᾶσθε; » Ἐν δὲ τῷ κρατίστῳ τῶν δικανικῶν, τῷ περὶ τοῦ στεφάνου γραφέντι λόγῳ τῆς Φιλίππου δεινότητος, κατεστρατηγήκει τὰς πόλεις, μνησθεὶς οὕτω τὴν διάνοιαν ἐσχημάτικεν· « καὶ οὐκέτι προστίθημι, ὅτι τῆς μὲν ὠμότητος, ἣν ἐν οἷς καθάπαξ τινῶν κατέστη κύριος Φίλιππος ἔστιν ἰδεῖν, ἑτέροις πειραθῆναι συνέβη, τῆς δὲ φιλανθρωπίας, ἣν τὰ λοιπὰ τῶν πραγμάτων ἐκεῖνος περιβαλλόμενος πρὸς ὑμᾶς ἐπλάττετο, ὑμεῖς καλῶς ποιοῦντες τοὺς καρποὺς ἐκομίσασθε. » Καὶ ἐν οἷς τοὺς προδιδόντας τῷ Φιλίππῳ τὰ πράγματα πάντων αἰτίους ἀποφαίνει τῶν συμβεβηκότων τοῖς Ἕλλησι κακῶν, κατὰ λέξιν οὕτως γράφει· « καίτοι νὴ τὸν Ἡρακλέα καὶ πάντας θεούς, εἴ γ´ ἐπ´ ἀληθείας δέοι σκοπεῖσθαι τὸ καταψεύδεσθαι καὶ δι´ ἔχθραν τι λέγειν ἀνελόντας ἐκ μέσου, τίνες ὡς ἀληθῶς ἦσαν οἷς ἂν εἰκότως καὶ δικαίως τὴν τῶν γεγενημένων αἰτίαν ἐπὶ τὴν κεφαλὴν ἀναθεῖεν ἅπαντες, τοὺς ὁμοίους τούτῳ παρ´ ἑκάστῃ τῶν πόλεων εὕροιτ´ ἄν, οὐχὶ τοὺς ἐμοί· οἳ ὅτ´ ἦν ἀσθενῆ τὰ Φιλίππου πράγματα καὶ κομιδῇ μικρά, πολλάκι προλεγόντων ἡμῶν καὶ παρακαλούντων καὶ διδασκόντων τὰ βέλτιστα, τῆς ἰδίας ἕνεκ´ αἰσχροκερδείας τὰ κοινῇ συμφέροντα προἵεντο, τοὺς ὑπάρχοντας ἑκάστοις πολίτας ἐξαπατῶντες καὶ διαφθείροντες, ἕως δούλους ἐποίησαν. » [54] (LIV) Je vais donner quelques exemples dans l'un et l'autre genre : ils suffiront à ceux qui ont lu Démosthène. D'abord, je citerai la harangue intitulée sur la guerre contre le Roi, dans laquelle il engage les Athéniens à ne pas entreprendre cette guerre témérairement, parce qu'ils n'ont ni des forces égales à celles de leur ennemi, ni des alliés assez dévoués ou assez fidèles pour partager tous les dangers. Il les exhorte, en outre, à faire leurs préparatifs pour prouver qu'ils sont prêts à supporter les plus grandes fatigues pour la liberté de la Grèce, si quelque ennemi vient l'attaquer. Mais il ne veut pas qu'avant ces préparatifs on envoie des députés aux autres peuples pour les pousser à la guerre, parce que ces députés ne seraient pas écoutés. Il s'arrête à cette pensée et la développe de cette manière : « Certes, parmi tous les peuples de la Grèce, il n'en est pas qui, en voyant vos mille cavaliers, vos hoplites aussi nombreux que vous le voudrez, et vos trois cents vaisseaux, ait assez de confiance dans ses forces pour ne pas recourir à votre protection, ou qui ne soit persuadé qu'elle assurera son salut. Les solliciter en ce moment, ce serait prier vous-mêmes et vous exposer à un refus ; mais si vous commencez par faire des préparatifs, vous pourrez tenir ferme et défendre ceux qui vous demanderont du secours. Sachez bien que tous les peuples viendront vous implorer. » Ces tours diffèrent du style commun et ordinaire ; ils sont bien au-dessus de la diction simple, mais ils n'offrent rien d'obscur et n'ont pas besoin de commentaire. Après avoir parlé des préparatifs, il ajoute : « Ainsi, Athéniens, le plus important pour vous, c'est d'être persuadés que vous devez faire avec ardeur ce que les circonstances exigent. Souvenez-vous que vos entreprises ont réussi, toutes les fois que chacun de vous a voulu faire ce qu'il devait; Mais lorsque vous avez compté les uns sur les autres, après avoir pris une résolution, comme si un autre devait agir pour vous et réparer votre négligence, vous avez échoué. » La pensée est compliquée : le langage usité a fait place à un tour extraordinaire ; cependant la clarté s'accorde ici avec la noblesse. La plus remarquable de ses harangues contre Philippe commence par ces mots : « Athéniens, dans presque toutes vos assemblées, on prononce de nombreux discours sur les injustices dont Philippe s'est rendu coupable, depuis la conclusion de la paix, soit envers vous, soit envers les autres peuples de la Grèce. Vous reconnaissez, je le sais, mais vous le reconnaissez sans rien faire, que nous devons tous parler et agir pour mettre enfin un terme à son insolence, et pour qu'il en soit puni. Aussi, notre position est telle que je dois craindre de passer pour un calomniateur, en avançant (quoique ce soit la vérité ), que si les orateurs qui m'ont précédé à cette tribune, vous avaient donné les conseils les plus funestes et si vous les aviez appuyés par vos suffrages, la république ne serait pas dans un plus triste état. » Il en est de même de ce passage : « Croyez-vous que Philippe, après avoir mieux aimé tromper que soumettre par la force des peuples qui ne pouvaient lui faire aucun mal, et ne cherchaient qu'à éviter ses attaques, vous avertira avant de vous déclarer la guerre ; surtout, lorsque vous paraissez vous complaire à être dupes. » Dans la meilleure de ses harangues judiciaires, intitulée sur la Couronne, en parlant des ruses employées par Philippe pour s'emparer de plusieurs villes, il rend ainsi sa pensée : « Je n'ajouterai rien sur la cruauté de Philippe envers les peuples qu'il avait vaincus, et que tant d'autres ont aussi éprouvée. Quant à cette humanité dont il se couvrait comme d'un masque, pour tout réduire sous sa puissance, vous en avez recueilli les fruits, et puissiez-vous toujours vous en féliciter ! » Il prouve ensuite que les traîtres qui livrèrent la république à Philippe furent les auteurs de toutes les calamités de la Grèce, et s'exprime en ces termes : « Oui, je le jure par Hercule et par tous les dieux, si, bannissant du milieu de nous le mensonge et la malveillance, nous voulons rechercher sans prévention les véritables auteurs des maux qui nous accablent, nous verrons que, dans chaque ville, ce sont les hommes qui ont imité la conduite d'Eschine plutôt que la mienne. A l'époque où la puissance de Philippe, faible encore, n'était d'aucun poids ; tandis que je vous indiquais le parti le plus utile; tandis que je vous pressais d'y souscrire, des traîtres, par la honteuse passion d'un gain illégitime, ont trahi les intérêts de la patrie : ils n'ont cessé de tromper et de corrompre leurs concitoyens qu'après en avoir fait, des esclaves. »


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Dernière mise à jour : 14/02/2008