HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Denys d'Halicarnasse, Lettres - Examen de Thucydide

Chapitre 39

  Chapitre 39

[39] (XXXIX) Βασιλεῦσι γὰρ βαρβάροις ταῦτα πρὸς Ἕλληνας ἥρμοττε λέγειν· Ἀθηναίοις δὲ πρὸς τοὺς Ἕλληνας, οὓς ἠλευθέρωσαν ἀπὸ τῶν Μήδων, οὐκ ἦν προσήκοντα εἰρῆσθαι, ὅτι τὰ δίκαια τοῖς ἴσοις ἐστὶ πρὸς ἀλλήλους, τὰ δὲ βίαια τοῖς ἰσχυροῖς πρὸς τοὺς ἀσθενεῖς. Ὀλίγα δὲ πρὸς ταῦτα τῶν Μηλίων ἀποκριναμένων, ὅτι καλῶς ἂν ἔχοι τοῖς Ἀθηναίοις προνοεῖν τοῦ δικαίου, μὴ καὶ αὐτοί ποτε σφαλέντες ὑπ´ ἄλλων (ἐν) ἐξουσίᾳ γένωνται καὶ τὰ αὐτὰ πάσχωσιν ὑπὸ τῶν ἰσχυροτέρων, ἀποκρινόμενον ποιεῖ τὸν Ἀθηναῖον « Ἡμεῖς δὲ τῆς ἡμετέρας ἀρχῆς, ἢν καὶ παυθῇ, οὐκ ἀθυμοῦμεν τὴν τελευτήν », τούτου δ´ αἰτίαν ἀποδιδόντα, ὅτι κἂν καταλύσωσιν αὐτῶν Λακεδαιμόνιοι τὴν ἀρχήν, συγγνώμην ἕξουσι, καὶ αὐτοὶ πολλὰ τοιαῦτα πράσσοντες. Θήσω δὲ καὶ τὴν λέξιν αὐτοῦ· « Οὐ γὰρ οἱ ἄρχοντες ἄλλων, ὥσπερ καὶ Λακεδαιμόνιοι, οὗτοι δεινοὶ τοῖς νικηθεῖσι. » Τοῦτο δὲ ὅμοιόν ἐστι τῷ λέγειν, ὅτι παρὰ τοῖς τυράννοις οὐ μισοῦνται τύραννοι. Οἷς ἐπιτίθησιν « Καὶ περὶ μὲν τούτου ἡμῖν ἀφείσθω κινδυνεύεσθαι », μόγις ἂν εἶπεν τῶν καταποντιστῶν τις λῃστῶν « Οὐδὲν ἐπιστρέφομαι τῆς μετὰ ταῦτα τιμωρίας χαρισάμενος ἐπιθυμίαις ἐν τῷ παρόντι. » Ἔπειτ´ ὀλίγων τῶν μεταξὺ γενομένων ἀμοιβαίων καὶ τῶν Μηλίων εἰς ἐπιεικῆ συγκαταβαινόντων αἵρεσιν « Ὥστε δὲ ἡσυχίαν ἄγοντας ἡμᾶς φίλους μὲν εἶναι ἀντὶ πολεμίων, ξυμμάχους δὲ μηδετέρων οὐκ ἂν δέξαισθε; » Ἀποκρινόμενον ποιεῖ τὸν Ἀθηναῖον « Οὐ γὰρ τοσοῦτον ἡμᾶς βλάπτει ἔχθρα ὑμῶν, ὅσον φιλία μὲν ἀσθενείας, τὸ δὲ μῖσος δυνάμεως παράδειγμα τοῖς ἀρχομένοις δηλούμενον », ἐνθύμημα πονηρὸν καὶ σκολιῶς ἀπηγγελμένον· εἰ δὲ τὸ νόημα βούλεταί τις αὐτοῦ σκοπεῖν, τοιόνδε ἐστίν, ὅτι « φιλοῦντες μὲν ἡμᾶς ἀσθενεῖς φαίνεσθαι πρὸς τοὺς ἄλλους ποιήσετε, μισοῦντες δὲ ἰσχυρούς· οὐ γὰρ ζητοῦμεν εὐνοίᾳ τῶν ὑπηκόων ἄρχειν, ἀλλὰ φόβῳ. » [39] (XXXIX) Ce langage pouvait trouver sa place dans la bouche d'un roi barbare parlant contre les Grecs, mais des Athéniens s'adressant à des Grecs qu'ils avaient affranchi du joug des Perses, ne pouvaient dire que la justice ne saurait exister qu'entre des hommes égaux, tandis que la violence est permise aux plus puissants contre les faibles. Les Méliens répondirent en peu de mots que les Athéniens devraient respecter la justice, afin que si un jour, dépouillés de l'empire, ils tombaient entre les mains d'un maître, ils n'eussent pas à essuyer les mêmes injustices de la part des hommes plus puissants. Thucydide fait dire à un Athénien : « Quand même notre puissance toucherait à son terme, nous la verrions finir, sans nous livrer au désespoir. » La raison qu'il en donne, c'est que les Lacédémoniens ne conserveraient aucun ressentiment, s'ils parvenaient à abattre la puissance d'Athènes, puisque souvent ils ont eux-mêmes traité d'autres peuples avec indulgence. Voici ses propres paroles : « Un peuple qui en tient un autre sous sa domination, comme le peuple de Lacédémone, ne doit point inspirer des craintes aux vaincus. » C'est comme s'il avait dit que les tyrans ne haïssent point les tyrans. Il ajoute : « Qu'on nous laisse subir les conséquences de notre détermination. » Ce langage serait à peine supportable dans la bouche des pirates ou des voleurs qui, sans s'inquiéter du supplice réservé à leur crime, ne songent pour Je moment qu'à satisfaire leur cupidité. Après quelques questions de part et d'autre, les Méliens réclament des conditions raisonnables, et ils ajoutent : « Lorsque nous demandons de vivre en paix, d'être vos amis et non vos ennemis, sans embrasser aucun parti, n'accueillerez-vous pas notre prière ? » Thucydide fait répondre par un des envoyés d'Athènes : « Votre haine nous est moins préjudiciable que votre amitié : celle-ci, aux yeux des peuples qui nous sont soumis, serait une preuve de faiblesse, tandis que votre haine deviendra un témoignage public de notre puissance. » Cette pensée, outre qu'elle est blâmable pour le fond, est présentée sous une forme entortillée. Pour la rendre intelligible, il faut la ramener à celle-ci : « Votre amitié nous ferait paraître faibles aux yeux des peuples qui nous sont soumis ; votre haine, au contraire, nous fera regarder comme puissants. Nous ne cherchons point à commander par la bienveillance, mais par la crainte. »


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Dernière mise à jour : 14/02/2008