[38] (XXXVIII) Καὶ μετὰ τοῦτο ἀποστρέψας τοῦ διηγήματος τὸν διάλογον ἐπὶ τὸ
δραματικὸν ταῦτα τὸν Ἀθηναῖον ἀποκρινόμενον ποιεῖ·
« Εἰκὸς μὲν καὶ ξυγγνώμη, ἐν τῷ τοιῷδε καθεστῶτας ἐπὶ πολλὰ καὶ λέγοντας
καὶ δοκοῦντας τραπέσθαι. »
Ἔπειτα εὐσχήμονα πρόθεσιν ὑποθέμενος
« Ἡ μέντοι ξύνοδος καὶ περὶ σωτηρίας ἤδη πάρεστι, καὶ ὁ λόγος, ᾧ
προκαλεῖσθε τρόπῳ, εἰ δοκεῖ, γιγνέσθω »
πρῶτον μὲν εἴρηκεν ἐνθύμημα οὔτε τῆς Ἀθηναίων πόλεως ἄξιον οὔτ´ ἐπὶ
τοιούτοις πράγμασιν ἁρμόττον λέγεσθαι
« Ἡμεῖς τοίνυν οὔτε αὐτοὶ μετ´ ὀνομάτων καλῶν, ὡς ἢ δικαίως τὸν Μῆδον
καταλύσαντες ἄρχομεν, ἢ ἀδικούμενοι νῦν ἐπεξερχόμεθα, λόγων μῆκος ἄπιστον
παρέξομεν· »
τοῦτο δέ ἐστιν ὁμολογοῦντος τὴν ἐπὶ τοὺς μηδὲν ἀδικοῦντας στράτευσιν,
ἐπειδὴ περὶ μηδετέρου τούτων βούλεται τὸν λόγον ὑπέχειν· οἷς ἐπιτίθησιν
« οὔθ´ ὑμᾶς ἀξιοῦμεν ἢ ὅτι Λακεδαιμονίων ἄποικοι ὄντες οὐ ξυνεστρατεύσατε
ἢ ὡς ἡμᾶς οὐδὲν ἠδικήκατε λέγοντας οἴεσθαι πείσειν, τὰ δυνατὰ δ´ ἐξ ὧν
ἑκάτεροι ἀληθῶς φρονοῦμεν διαπράσσεσθαι. »
Τοῦτο δέ ἐστιν·
« Ὑμεῖς μὲν ἀληθῶς φρονοῦντες ὅτι ἀδικεῖσθε, τὴν ἀνάγκην φέρετε καὶ
εἴκετε· ἡμεῖς δὲ οὐκ ἀγνοοῦντες, ὅτι ἀδικοῦμεν ὑμᾶς, τῆς ἀσθενείας ὑμῶν
περιεσόμεθα τῇ βίᾳ· ταῦτα γὰρ ἑκατέροις δυνατά. »
Ἔπειτα τὴν αἰτίαν ἀποδοῦναι τούτου βουληθεὶς ἐπιλέγει·
« Ὅτι δίκαια μὲν ἐν τῷ ἀνθρωπείῳ λόγῳ ἀπὸ τῆς ἴσης ἀνάγκης κρίνεται,
δυνατὰ δὲ οἱ προὔχοντες πράσσουσι καὶ οἱ ἀσθενεῖς ξυγχωροῦσι. »
| [38] (XXXVIII) Il quitte ensuite la forme épique pour la forme dramatique, et
il introduit un Milésien, qui répond en ces termes :
{uocabula graeca}
«Il est naturel et même pardonnable, dans la situation critique où nous
nous trouvons, de nous abandonner à mille conjectures, a mille pensées
diverses et de parler en conséquence. »
La proposition qu'il ajoute est présentée sous une forme agréable :
{uocabula graeca}
«Cependant, cette réunion n'a pour but que notre salut : si vous
l'approuvez, délibérons, en adoptant le mode que vous nous prescrivez
mais il emploie une pensée qui n'est ni digne d'Athènes, ni convenable
dans la circonstance, lorsqu'il dit :
{uocabula graeca}
«Nous n'irons point chercher des raisons spécieuses ; nous n'emploierons
pas de longs discours, peu propres à persuader, pour démontrer que la
défaite des Mèdes nous a mérité la possession de l'empire, et que si nous
marchons contre vous, c'est parce que vous nous avez offensés. »
C'est avouer que l'expédition était dirigée contre un peuple à qui on
n'avait aucune injustice à reprocher, puisqu'on refuse de lui rendre
compte. L'historien ajoute :
{uocabula graeca}
«Nous vous engageons à ne pas vous flatter de nous persuader, en disant
que vous n'avez pas combattu avec nous, parce que vous étiez une colonie
de Lacédémone, ou que vous n'avez aucun tort à vous reprocher à notre
égard. Agissons, chacun de notre côté, d'après l'idée que nous devons
avoir les uns des autres. »
Ce passage revient à celui-ci:
{uocabula graeca}
« Certains que vous êtes victimes d'une injustice, sachez supporter la
rigueur de votre condition et vous y soumettre. Quant à nous, nous
n'ignorons pas que nous sommes injustes ; mais nous profiterons de tous
les avantages que la puissance donne sur la faiblesse. »
La phrase peut avoir ce sens. Enfin, quand il veut faire connaître les
motifs, il dit :
{uocabula graeca}
«Les intérêts des peuples se règlent d'après les lois de la justice,
lorsqu'une égale nécessité les oblige à s'y soumettre ; mais les plus
puissants tirent parti des avantages que leur supériorité leur donne : les
faibles doivent céder. »
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