[33] (XXXIII) Οὗτος ὁ χαρακτὴρ τῆς ἀσαφοῦς καὶ πεπλεγμένης λέξεως, ἐν ᾗ πλείων
ἔνεστι τῆς θέλξεως ἡ σκοτίζουσα τὴν διάνοιαν ὄχλησις, ἕως ἑκατὸν
ἐκμηκύνεται στίχων. Θήσω δὲ καὶ τὰ ἑξῆς οὐδεμίαν ἔτι λέξιν ἐμαυτοῦ
προστιθείς·
« Πάντων δ´ αὐτῶν αἴτιον ἀρχὴ ἡ διὰ πλεονεξίαν καὶ φιλοτιμίαν, ἐκ δ´ αὐτῶν
καὶ ἐς τὸ φιλονεικεῖν καθισταμένων τὸ πρόθυμον. Οἱ γὰρ ἐν ταῖς πόλεσι
προστάντες, μετὰ ὀνόματος ἑκάτεροι εὐπρεποῦς, πλήθους τε ἰσονομίας
πολιτικῆς καὶ ἀριστοκρατίας σώφρονος προτιμήσει, τὰ μὲν κοινὰ λόγῳ
θεραπεύοντες ἆθλα ἐποιοῦντο· παντὶ δὲ τρόπῳ ἀγωνιζόμενοι ἀλλήλων
περιγενέσθαι ἐτόλμησάν τε τὰ δεινότατα, ἐπεξῄεσάν τε τὰς τιμωρίας ἔτι
μείζους, οὐ μέχρι τοῦ δικαίου καὶ τῇ πόλει ξυμφόρου προστιθέντες, ἐς δὲ τὸ
ἑκατέροις που αἰεὶ ἡδονὴν ἔχον ὁρίζοντες· καὶ ἢ μετὰ ψήφου ἀδίκου
καταγνώσεως ἢ χειρὶ κτώμενοι τὸ κρατεῖν ἕτοιμοι ἦσαν τὴν αὐτίκα
φιλονεικίαν ἐκπιμπλάναι. Ὥστ´ εὐσεβείᾳ μὲν οὐδέτεροι ἐνόμιζον, εὐπρεπείᾳ
δὲ λόγου, οἷς ξυμβαίη ἐπιφθόνως τι διαπράξασθαι, ἄμεινον ἤκουον· τὰ δὲ
μέσα τῶν πολιτῶν ὑπ´ ἀμφοτέρων, ἢ ὅτι οὐκ ἐξηγωνίζοντο ἢ ὅτι φθόνῳ τοῦ
περιεῖναι, διεφθείροντο. Οὕτω πᾶσα ἰδέα κατέστη κακοτροπίας διὰ τὰς
στάσεις τῷ Ἑλληνικῷ· καὶ τὸ εὔηθες, οὗ τὸ γενναῖον πλεῖστον μετέχει,
καταγελασθὲν ἠφανίσθη· τὸ δὲ ἀντιτετάχθαι ἀλλήλοις τῇ γνώμῃ ἀπίστως ἐπὶ
πολὺ διήνεγκεν. Οὐ γὰρ ἦν ὁ διαλύσων οὔτε λόγος ἐχυρὸς οὔτε ὅρκος φοβερός.
Κρείττους δὲ ὄντες πάντες λογισμῷ ἐς τὸ ἀνέλπιστον τοῦ βεβαίου μὴ παθεῖν
μᾶλλον προεσκόπουν ἢ πιστεῦσαι ἐδύναντο. Καὶ οἱ φαυλότεροι γνώμην ὡς τὰ
πλείω περιεγίγνοντο. Τῷ γὰρ δεδιέναι τό τε αὑτῶν ἐνδεὲς καὶ τὸ τῶν
ἐναντίων ξυνετόν, μὴ λόγοις τε ἥττους ὦσι καὶ ἐκ τοῦ πολυτρόπου αὐτῶν τῆς
γνώμης φθάσωσι προεπιβουλευόμενοι, τολμηρῶς πρὸς τὰ ἔργα ἐχώρουν· οἱ δὲ
καταφρονοῦντες κἂν προαισθέσθαι, καὶ ἔργῳ οὐδὲν σφᾶς δεῖν λαμβάνειν, ἃ
γνώμῃ ἔξεστιν, ἄφρακτοι μᾶλλον διεφθείροντο. »
Ἐκ πολλῶν ἔτι δυνάμενος παραδειγμάτων ποιῆσαι φανερόν, ὅτι κρείττων ἐστὶν
ἐν τοῖς διηγήμασιν, ὅταν ἐν τῷ συνήθει καὶ κοινῷ τῆς διαλέκτου χαρακτῆρι
μένῃ, χείρων δέ, ὅταν ἐκτρέψῃ τὴν διάλεκτον ἐκ τῆς συνήθους ἐπὶ τὰ ξένα
ὀνόματα καὶ βεβιασμένα σχήματα, ὧν ἔνια σολοικισμῶν παρέχεται δόξαν,
ἀρκεσθήσομαι τούτοις, ἵνα μὴ περαιτέρω τοῦ δέοντος ἡ γραφή μοι προβῇ.
| [33] Tel est le caractère de sa diction obscure, embarrassée, et dont
la marche irrégulière obscurcit les pensées. Ces défauts se reproduisent
dans plus de cent lignes de suite. Je vais citer le passage, sans le
couper par mes observations :
« La cause de toutes ces calamités fut le désir de dominer qu'inspirent la
cupidité et l'ambition ; passions vives, qui entraînent dans les plus
violentes querelles. Tous ceux qui avaient de l'autorité, sous le prétexte
spécieux d'établir, les uns l'égalité politique des citoyens, les autres
une aristocratie tempérée, affectaient également de n'être mus que par le
bien public : mais dans le fait, ils ne cherchaient que leur avantage-, et
pour se supplanter, ils se portaient aux derniers excès et aux vengeances
les plus atroces. Jaloux d'anéantir leurs rivaux, tous les moyens leur
paraissaient bons : ils ne prenaient pour règle de conduite ni la justice
ni l'intérêt public, mais leurs capricieuses passions. Pour les
satisfaire, ils ne craignaient pas de recourir à d'iniques décrets,
revêtus de formes juridiques, ni de s'emparer du pouvoir par la violence.
Ils n'avaient rien de sacré : les plus estimés étaient ceux qui arrivaient
adroitement à leurs fins, en prenant des dehors honorables. Les citoyens
modérés périssaient victimes des deux factions, parce qu'ils
n'embrassaient la cause d'aucune, ou qu'elles étaient également jalouses
de la tranquillité dont ils jouissaient. Ainsi, la discorde fit éclore
tous les maux au sein de la Grèce. La simplicité, compagne ordinaire de la
noblesse, avait disparu : être toujours en discorde et se tenir sur ses
gardes paraissait le parti le plus sage. Rien ne pouvait apaiser les
haines ; ni la parole, il n'y en avait plus d'inviolable ; ni les
serments, ils n'inspiraient ni crainte ni respect. N'osant compter sur
rien, tous songeaient aux moyens de prévenir une attaque, bien plus qu'ils
ne pouvaient se livrer à un sentiment de confiance. Ceux qui étaient mal
partagés du côté de l'esprit, avaient presque toujours le dessus. Comme
ils connaissaient leur insuffisance et les talents de leurs adversaires ;
craignant de succomber là où l'éloquence et le talent pourraient exercer
leur influence, ils se portaient aux actions les plus audacieuses. Les
autres, au contraire, pleins de mépris pour leur ennemi, dédaignaient de
pressentir ses desseins : ils croyaient que les ressources de leur esprit
les dispensaient de recourir à des voies de fait. Ils ne se tenaient point
sur leurs gardes ; et le plus souvent, ils se perdaient. »
Je pourrais prouver par une foule d'exemples que Thucydide, dans ses
narrations, ne laisse rien à désirer, lorsqu'il se renferme dans les
formes du langage ordinaire ; mais qu'il est plein de défauts, dès qu'il
emploie les expressions étrangères et ces tours forcés dont plusieurs se
rapprochent du solécisme. Je me bornerai à ceux que j'ai rapportés, afin
que ce traité ne franchisse pas les bornes convenables .
|