HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Denys d'Halicarnasse, Lettres - Examen de Thucydide

Chapitre 34

  Chapitre 34

[34] (XXXIV) Ἐπεὶ δὲ καὶ περὶ τῶν δημηγοριῶν αὐτοῦ τὰ δοκοῦντά μοι φανερὰ ποιήσειν ὑπεσχόμην, ἐν αἷς οἴονταί τινες τὴν ἄκραν τοῦ συγγραφέως εἶναι δύναμιν, διελόμενος καὶ ταύτην διχῇ τὴν θεωρίαν εἴς τε τὸ πραγματικὸν μέρος καὶ εἰς τὸ λεκτικὸν χωρὶς ὑπὲρ ἑκατέρου ποιήσομαι τὸν λόγον, ἀρξάμενος ἀπὸ τοῦ πραγματικοῦ. Ἐν πρώτην μὲν ἔχει μοῖραν τῶν ἐνθυμημάτων τε καὶ νοημάτων εὕρεσις, δευτέραν δὲ τῶν εὑρεθέντων χρῆσις· ἐκείνη μὲν ἐν τῇ φύσει μᾶλλον ἔχουσα τὴν ἰσχύν, αὕτη δὲ ἐν τῇ τέχνῃ. Τούτων μὲν πλέον ἔχουσα τοῦ τεχνικοῦ τὸ φυσικὸν καὶ διδαχῆς ἐλάττονος δεομένη θαυμαστή τίς ἐστι παρὰ τῷ συγγραφεῖ· φέρει γὰρ ὥσπερ ἐκ πηγῆς πλουσίας ἄπειρόν τι χρῆμα νοημάτων τε καὶ ἐνθυμημάτων περιττῶν καὶ ξένων καὶ παραδόξων. δὲ πλεῖον ἔχουσα τὸ τεχνικὸν καὶ λαμπροτέραν ποιοῦσα φαίνεσθαι τὴν ἑτέραν ἐνδεεστέρα τοῦ δέοντος ἐπὶ πολλῶν. Ὅσοι μὲν οὖν ἐκτεθαυμάκασιν αὐτὸν ὑπὲρ τὸ μέτριον, ὡς μηδὲν τῶν θεοφορήτων διαφέρειν, διὰ τὸ πλῆθος ἐοίκασι τῶν ἐνθυμημάτων τοῦτ´ ἐσχηκέναι τὸ πάθος. Οὓς ἐὰν διδάσκῃ τις ἐφ´ ἑκάστῳ πράγματι παρατιθεὶς τὸν λόγον, ὅτι ταυτὶ μὲν οὐκ ἦν ἐπιτήδεια ἐν τούτῳ τῷ καιρῷ καὶ ὑπὸ τούτων τῶν προσώπων λέγεσθαι, ταυτὶ δ´ οὐκ ἐπὶ τούτοις τοῖς πράγμασιν οὐδὲ μέχρι τούτου, δυσχεραίνουσιν, ὅμοιόν τι πάσχοντες τοῖς κεκρατημένοις ὑφ´ οἵας δή τινος ὄψεως ἔρωτι μὴ πολὺ ἀπέχοντι μανίας. Ἐκεῖνοί τε γὰρ πάσας τὰς ἀρετάς, ὁπόσαι γίνονται περὶ μορφὰς εὐπρεπεῖς, ταῖς καταδεδουλωμέναις αὑτοὺς προσεῖναι νομίζουσι, καὶ τοὺς ἐξονειδίζειν ἐπιχειροῦντας, εἴ τι περὶ αὐτὰς ὑπάρχει σίνος, ὡς βασκάνους καὶ συκοφάντας προβέβληνται· οὗτοί τε ὑπὸ τῆς μιᾶς ταύτης ἀρετῆς κεκαρωμένοι τὴν διάνοιαν ἅπαντα καὶ τὰ μὴ προσόντα τῷ συγγραφεῖ μαρτυροῦσιν· γὰρ ἕκαστος εἶναι βούλεται περὶ τὸ φιλούμενόν τε καὶ θαυμαζόμενον ὑφ´ ἑαυτοῦ, ταῦτα οἴεται. Ὅσοι δ´ ἀδέκαστον τὴν διάνοιαν φυλάσσουσι καὶ τὴν ἐξέτασιν τῶν λόγων ἐπὶ τοὺς ὀρθοὺς κανόνας ἀναφέρουσιν, εἴ τε φυσικῆς τινος κρίσεως μετειληφότες εἴ τε καὶ διὰ διδαχῆς ἰσχυρὰ τὰ κριτήρια κατασκευάσαντες, οὔτε ἅπαντα ἐπαινοῦσιν ἐπ´ ἴσης οὔτε πρὸς ἅπαντα δυσχεραίνουσιν, ἀλλὰ τοῖς μὲν κατορθώμασι τὴν προσήκουσαν μαρτυρίαν ἀπονέμουσιν, εἰ δέ τι διημάρτηται μέρος ἐν αὐτοῖς, οὐκ ἐπαινοῦσιν. [34] (XXXIV) J'ai promis de dire mon opinion sur les harangues, qui, au jugement de certains critiques, sont la partie où Thucydide a déployé toute la force de son talent. Je diviserai cet examen en deux parties : dans la première, je les analyserai sous le rapport des pensées ; et dans la seconde, sous le rapport du style. Je commencerai par les pensées. La première chose qu'on doit remarquer dans un écrivain, c'est l'invention des raisonnements et des pensées ; la seconde, l'usage qu'il en fait. L'une est un don de la nature; l'autre, l'ouvrage de l'art. La première, qui tire plutôt sa force des dispositions naturelles que des ressources de l'art, est admirable dans Thucydide : de son esprit, comme d'une source intarissable, jaillissent des pensées et des raisonnements frappants, extraordinaires, admirables. La seconde, qui doit beaucoup plus à l'art et fait briller les dispositions naturelles dans tout leur éclat, est souvent défectueuse chez lui. Les critiques dont l'admiration pour cet historien est telle qu'on les croirait agités d'une fureur divine, ont conçu un tel enthousiasme, à cause de l'abondance de ses pensées. Leur faire observer, en citant les paroles mêmes de l'écrivain, que plusieurs pensées n'occupent point la place convenable, qu'il les met dans la bouche des personnages qui ne devraient point en faire usage, que d'autres ne s'appliquent point au sujet ou sortent d'une juste mesure, c'est courir le risque de leur déplaire : je les compare à ces hommes dont l'âme transportée hors d'elle-même à l'aspect de la beauté, est enflammée d'un amour qui diffère peu de la folie. Tous les charmes imaginables leur paraissent réunis dans l'objet qui charme leur coeur. Essayez de faire ressortir les défauts qui s'y trouvent, ils vous traiteront d'envieux, de calomniateur. Ainsi, les admirateurs de Thucydide, trompés par sa supériorité en un point, lui attribuent toutes les qualités, même celles dont il n'offre aucun vestige ; car c'est un travers commun à tous les hommes, quand ils aiment et admirent une chose, de soutenir qu'elle a les qualités dont ils la croient ornée. Mais un esprit en garde contre toute opinion hasardée et qui veut assujettir ses jugements à une règle sûre, soit qu'il procède avec cette sagesse par un instinct naturel, soit que l'étude ait formé et mûri sa raison, ne loue pas tout, ne blâme pas tout indistinctement : il donne à ce qui est bien les éloges convenables ; mais s'il trouve des fautes, il est loin de les approuver.


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Dernière mise à jour : 14/02/2008