[2,74] LXXIV. 1. Τὰ δ´ εἰς εὐτέλειάν τε καὶ σωφροσύνην ἄγοντα τὸν ἑκάστου βίον
καὶ εἰς ἐπιθυμίαν καταστήσαντα τῆς φυλαττούσης ἐν ὁμονοίᾳ τὴν πόλιν
δικαιοσύνης πλεῖστα ὅσα, τὰ μὲν ἐγγράφοις περιληφθέντα νόμοις, τὰ δ´ ἔξω
γραφῆς εἰς ἐπιτηδεύσεις ἀχθέντα καὶ συνασκήσεις χρονίους· ὑπὲρ ὧν
ἁπάντων μὲν πολὺ ἂν ἔργον εἴη λέγειν, ἀρκέσει δὲ δύο τὰ μεγίστης μνήμης
τυχόντα τεκμήρια καὶ τῶν ἄλλων γενέσθαι·
2. τῆς μὲν αὐταρκείας καὶ τοῦ μηδένα τῶν ἀλλοτρίων ἐπιθυμεῖν ἡ περὶ τοὺς
ὁρισμοὺς τῶν κτήσεων νομοθεσία. Κελεύσας γὰρ ἑκάστῳ περιγράψαι τὴν
ἑαυτοῦ κτῆσιν καὶ στῆσαι λίθους ἐπὶ τοῖς ὅροις ἱεροὺς ἀπέδειξεν ὁρίου Διὸς
τοὺς λίθους, καὶ θυσίας ἔταξεν αὐτοῖς ἐπιτελεῖν ἅπαντας ἡμέρᾳ τακτῇ καθ´
ἕκαστον ἐνιαυτὸν ἐπὶ τὸν τόπον συνερχομένους, ἑορτὴν ἐν τοῖς πάνυ τιμίαν
{καὶ} τὴν τῶν ὁρίων θεῶν καταστησάμενος.
3. Ταύτην Ῥωμαῖοι Τερμινάλια καλοῦσιν ἐπὶ τῶν τερμόνων καὶ τοὺς ὅρους
αὐτοὺς ἑνὸς ἀλλαγῇ γράμματος παρὰ τὴν ἡμετέραν διάλεκτον ἐκφέροντες
τέρμινας προσαγορεύουσιν. Εἰ δέ τις ἀφανίσειεν ἢ μεταθείη τοὺς ὅρους,
ἱερὸν ἐνομοθέτησεν εἶναι τοῦ θεοῦ τὸν τούτων τι διαπραξάμενον, ἵνα τῷ
βουλομένῳ κτείνειν αὐτὸν ὡς ἱερόσυλον ἥ τε ἀσφάλεια καὶ τὸ καθαρῷ
μιάσματος εἶναι προσῇ.
4. Τοῦτο δ´ οὐκ ἐπὶ τῶν ἰδιωτικῶν κατεστήσατο μόνον κτήσεων τὸ δίκαιον,
ἀλλὰ καὶ ἐπὶ τῶν δημοσίων, ὅροις κἀκείνας περιλαβών, ἵνα καὶ τὴν Ῥωμαίων
γῆν ἀπὸ τῆς ἀστυγείτονος ὅριοι διαιρῶσι θεοὶ καὶ τὴν κοινὴν ἀπὸ τῆς ἰδίας.
Τοῦτο μέχρι τῶν καθ´ ἡμᾶς χρόνων φυλάττουσι Ῥωμαῖοι {τοῦ χρόνου}
μνημεῖα τῆς ὁσίας αὐτῆς ἕνεκα. θεούς τε γὰρ ἡγοῦνται τοὺς τέρμονας καὶ
θύουσιν αὐτοῖς ὁσέτη τῶν μὲν ἐμψύχων οὐδὲν (οὐ γὰρ ὅσιον αἱμάττειν τοὺς
λίθους) πελάνους δὲ δημητρίους καὶ ἄλλας τινὰς καρπῶν ἀπαρχάς.
5. Ἐχρῆν δὲ καὶ τὸ ἔργον ἔτι φυλάττειν πιστὸν αὐτούς, οὗ χάριν θεοὺς
ἐνόμισε τοὺς τέρμονας ὁ Νόμας, ἱκανουμένους τοῖς ἑαυτῶν κτήμασι, τῶν δ´
ἀλλοτρίων μήτε βίᾳ σφετεριζομένους μηδὲν μήτε δόλῳ. νῦν δ´ οὐχ ὡς
ἄμεινον οὐδ´ ὡς οἱ πρόγονοι παρέδοσαν ὁρίζουσί τινες ἀπὸ τῶν ἀλλοτρίων
τὰ οἰκεῖα, ἀλλ´ ἔστιν αὐτοῖς ὅρος τῶν κτήσεων οὐχ ὁ νόμος, ἀλλ´ ἡ πάντων
ἐπιθυμία, πρᾶγμα οὐ καλόν. Ἀλλ´ ὑπὲρ μὲν τούτων {ἐν} ἑτέροις παρίεμεν
σκοπεῖν.
| [2,74] LXXIV. 1. Ses règlements, d'ailleurs, qui tendaient à inspirer la frugalité et la
modération dans la vie de chaque citoyen et à créer une passion pour la justice,
qui préserve l'harmonie de l'état, furent excessivement nombreux. Certains
d'entre eux furent recueillis dans des lois écrites, et d'autres non écrits
conduisirent cependant à des habitudes et des pratiques durables. Les passer
tous en revue serait une tâche difficile; mais la mention des deux d'entre eux qui
sont très fréquemment cités suffira pour donner une idée des autres.
2. D'abord, afin que les gens soient contents de ce qu’ils avaient et qu’ils ne
convoitent pas le bien d’autrui, il établit une loi qui fixait des bornes aux
possessions de chaque homme. Après avoir ordonné à chacun de tracer une
ligne autour de sa propre terre et d’y placer des bornes, il consacra ces pierres
à Jupiter Terminalis et décida que tous se réuniraient à cet endroit chaque
année à un jour fixe et leur ferait des sacrifices; et il organisa une fête en
l'honneur de ces dieux des bornes, fête des plus vénérées
3. Cette fête les Romains l’appellent les Terminalia, et les bornes elles-mêmes,
par le changement d'une lettre par rapport à notre langue (termones), ils les
appellent termines. Il décréta également que, si une personne démolissait ou
déplaçait ces bornes il devait être considéré comme dévoué au dieu, ainsi
quiconque le souhaitait pouvait le tuer une personne sacrilège impunément et
sans encourir aucune souillure.
4. Il établit cette loi en se référant non seulement aux possessions privées mais
également à celles qui appartenait au domaine public; il marqua ces derniers
également avec des bornes, afin que les dieux des bornes puissent faire la
différence entre les terres des Romains et celles de leurs voisins, et entre le
domaine public et celui des particuliers. On retrouve la mémoire de cette
coutume chez les Romains à notre époque, uniquement sous forme religieuse.
Ils considèrent ces bornes comme des dieux et leur sacrifient chaque année, ne
leur offrant aucune espèce d'animal (il n’est pas permis par la loi de souiller
ces pierres de sang), mais des gâteaux de céréales et d'autres prémices de la terre.
5. Mais ils auraient dû garder aussi le motif qui amena Numa à considérer ces
bornes comme des dieux et se contenter de leurs propres possessions sans
s'approprier celles des d'autres par violence ou par fraude; considérant que
maintenant il y en a qui, négligeant ce qui est le meilleur et l'exemple de leurs
ancêtres, au lieu de distinguer ce qui est à eux de ce qui appartient à autrui,
fixent les limites de leurs propriétés, non par la loi, mais par désir de tout
posséder, -- ce qui est un comportement honteux. Mais nous laissons à
d’autres le soin d’examiner ces questions.
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