[2,6] VI. 1. Τότε δ´ οὖν ὁ Ῥωμύλος ἐπειδὴ τὰ παρὰ τοῦ δαιμονίου βέβαια
προσέλαβε, συγκαλέσας τὸν δῆμον εἰς ἐκκλησίαν καὶ τὰ μαντεῖα δηλώσας
βασιλεὺς ἀποδείκνυται πρὸς αὐτῶν καὶ κατεστήσατο ἐν ἔθει τοῖς μετ´ αὐτὸν
ἅπασι μήτε βασιλείας μήτε ἀρχὰς λαμβάνειν, ἐὰν μὴ καὶ τὸ δαιμόνιον
αὐτοῖς ἐπιθεσπίσῃ, διέμεινέ τε μέχρι πολλοῦ φυλαττόμενον ὑπὸ Ῥωμαίων τὸ
περὶ τοὺς οἰωνισμοὺς νόμιμον, οὐ μόνον βασιλευομένης τῆς πόλεως, ἀλλὰ
καὶ μετὰ κατάλυσιν τῶν μονάρχων ἐν ὑπάτων καὶ στρατηγῶν καὶ τῶν
ἄλλων τῶν κατὰ νόμους ἀρχόντων αἱρέσει.
2. Πέπαυται δ´ ἐν τοῖς καθ´ ἡμᾶς χρόνοις, πλὴν οἷον εἰκών τις αὐτοῦ λείπεται
τῆς ὁσίας αὐτῆς ἕνεκα γινομένη. Ἐπαυλίζονται μὲν γὰρ οἱ τὰς ἀρχὰς
μέλλοντες λαμβάνειν καὶ περὶ τὸν ὄρθρον ἀνιστάμενοι ποιοῦνταί τινας
εὐχὰς ὑπαίθριοι, τῶν δὲ παρόντων τινὲς ὀρνιθοσκόπων μισθὸν ἐκ τοῦ
δημοσίου φερόμενοι ἀστραπὴν αὐτοῖς μηνύειν ἐκ τῶν ἀριστερῶν φασιν τὴν
οὐ γενομένην.
3. Οἱ δὲ τὸν ἐκ τῆς φωνῆς οἰωνὸν λαβόντες ἀπέρχονται τὰς ἀρχὰς
παραληψόμενοι οἱ μὲν αὐτὸ τοῦθ´ ἱκανὸν ὑπολαμβάνοντες εἶναι τὸ μηδένα
γενέσθαι τῶν ἐναντιουμένων τε καὶ κωλυόντων οἰωνῶν, οἱ δὲ καὶ παρὰ τὸ
βούλημα τοῦ θεοῦ κωλύοντος, ἔστι γὰρ ὅτε βιαζόμενοι καὶ τὰς ἀρχὰς
ἁρπάζοντες μᾶλλον ἢ λαμβάνοντες.
4. Δι´ οὓς πολλαὶ μὲν ἐν γῇ στρατιαὶ Ῥωμαίων ἀπώλοντο πανώλεθροι,
πολλοὶ δ´ ἐν θαλάττῃ στόλοι διεφθάρησαν αὔτανδροι, ἄλλαι τε μεγάλαι καὶ
δειναὶ περιπέτειαι τῇ πόλει συνέπεσον αἱ μὲν ἐν ὀθνείοις πολέμοις, αἱ δὲ
κατὰ τὰς ἐμφυλίους διχοστασίας, ἐμφανεστάτη δὲ καὶ μεγίστη καὶ κατὰ τὴν
ἐμὴν ἡλικίαν, ὅτε Λικίννιος Κρᾶσσος ἀνὴρ οὐδενὸς δεύτερος τῶν καθ´
ἑαυτὸν ἡγεμόνων στρατιὰν ἦγεν ἐπὶ τὸ Πάρθων ἔθνος, ἐναντιουμένου τοῦ
δαιμονίου πολλὰ χαίρειν φράσας τοῖς ἀποτρέπουσι τὴν ἔξοδον οἰωνοῖς
μυρίοις ὅσοις γενομένοις. Ἀλλ´ ὑπὲρ μὲν τῆς εἰς τὸ δαιμόνιον ὀλιγωρίας, ᾗ
χρῶνταί τινες ἐν τοῖς καθ´ ἡμᾶς χρόνοις, πολὺ ἔργον ἂν εἴη λέγειν.
| [2,6] VI. 1. Quand Romulus, à cette occasion, eut reçu la confirmation du ciel, il
convoqua le peuple en assemblée; et après lui avoir fait un exposé sur ces
présages, il fut élu roi et il fixa comme coutume à observer par tous ses
successeurs, qu'aucun d'eux ne devait accepter la charge de roi ou de n'importe
quelle autre magistrature que si le ciel, aussi, la sanctionnait. Et cette coutume
relative aux auspices a longtemps continué à être observée par les Romains,
non seulement pendant que la ville était gouvernée par des rois, mais
également, après le renversement de la monarchie, dans les élections de leurs
consuls, préteurs et autres magistrats légaux;
2. mais elle est tombée en désuétude de nos jours : il en reste une certaine
apparence mais uniquement pour la forme. Ceux qui vont revêtir une
magistrature passent la nuit hors des portes, et se lèvent dès l’aube,
prononcent certaines prières en plein air; alors des augures se présentent, (ils
sont payés par l'état), et déclarent qu’un éclair venant de la gauche leur a
donné un signe, bien qu'il n’y en ait pas eu du tout.
3. Et les uns, acceptant le présage sur parole, partent pour occuper leurs
magistratures, certains d'entre eux considèrent que pour être suffisant, il suffit
qu’aucun présage ne semble s'opposer ou interdire leur élection, d'autres
agissent même en opposition à la volonté du dieu; en effet, il y a des périodes
où ils recourent à la violence et saisissent plutôt qu’ils ne reçoivent les
magistratures.
4. C’est de la faute de tels hommes que beaucoup d'armées romaines furent
anéanties sur terre, que beaucoup de flottes furent perdues avec toutes leurs
passagers en mer, et que d'autres grands et redoutables revers furent été subis
par l’Etat, dans des guerres étrangères et à d'autres dans des dissensions
civiles. Mais l'exemple le plus remarquable et le plus grand s'est produit dans
mon temps quand Licinius Crassus, un homme supérieur à tous les
commandants de son époque, mena son armée contre les Parthes malgré la
volonté du ciel et au mépris des présages innombrables qui s’opposaient à son
expédition. Mais parler du mépris de la puissance divine qui règne chez certains
de nos contemporains serait une longue histoire.
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