[2,41] XLI. 1. Ὁ δὲ Τάτιος καὶ οἱ Σαβῖνοι φρουρίου γενόμενοι καρτεροῦ κύριοι καὶ
τὰ πλεῖστα τῆς Ῥωμαίων ἀποσκευῆς ἀμοχθεὶ παρειληφότες ἐκ τοῦ
ἀσφαλοῦς ἤδη τὸν πόλεμον διέφερον. Πολλαὶ μὲν οὖν αὐτῶν ἐγίνοντο καὶ
διὰ πολλὰς προφάσεις παρεστρατοπεδευκότων ἀλλήλοις δι´ ὀλίγου πεῖραί
τε καὶ συμπλοκαὶ οὔτε κατορθώματα μεγάλα ἑκατέρῳ φέρουσαι τῶν
στρατευμάτων οὔτε τὰ σφάλματα, μέγισται δ´ ἐκ παρατάξεως ὅλαις ταῖς
δυνάμεσι πρὸς ἀλλήλας μάχαι διτταὶ καὶ φόνος ἑκατέρων πολύς.
2. Ἑλκομένου δὴ τοῦ χρόνου γνώμην ἀμφότεροι τὴν αὐτὴν ἔσχον ὁλοσχερεῖ
κρῖναι τὸν ἀγῶνα μάχῃ, καὶ προελθόντες εἰς τὸ μεταξὺ τῶν στρατοπέδων
χωρίον ἡγεμόνες τε ἄριστοι τὰ πολέμια καὶ στρατιῶται πολλῶν ἐθάδες
ἀγώνων ἄξια λόγου ἔργ´ ἀπεδείκνυντο ἐπιόντες τ´ ἀλλήλοις καὶ τοὺς
ἐπιόντας δεχόμενοι καὶ ἐξ ὑποστροφῆς εἰς ἴσον αὖθις καθιστάμενοι.
3. Οἱ δ´ ἐπὶ τῶν ἐρυμάτων ἑστῶτες ἰσορρόπου θεαταὶ ἀγῶνος καὶ θαμινὰ
ἑκατέρωσε μεταπίπτοντος τῷ μὲν κατορθοῦντι τῶν σφετέρων ἐπικελεύσει τε
καὶ παιανισμῷ πολλὴν ἐποίουν τὴν εἰς τὸ εὔψυχον ἐπίδοσιν, τῷ δὲ κάμνοντι
καὶ διωκομένῳ δεήσεις τε καὶ οἰμωγὰς προϊέμενοι κωλυταὶ τοῦ εἰς τέλος
ἀνάνδρου ἐγίνοντο· ὑφ´ ὧν ἀμφοτέρων ἠναγκάζοντο καὶ παρὰ δύναμιν
ὑπομένειν τὰ δεινά. Ἐκείνην μὲν οὖν τὴν ἡμέραν οὕτω διενέγκαντες
ἀγχωμάλως τὴν μάχην, σκότους ὄντος ἤδη ἄσμενοι εἰς τοὺς οἰκείους
ἑκάτεροι χάρακας ἀπηλλάσσοντο.
| [2,41] XLI. 1. Quant à Tatius et aux Sabins, devenus maîtres d'une puissante
forteresse et ayant sans aucun effort pris la plus grande partie des bagages des
Romains, ils continuèrent la guerre en toute sûreté. Et comme les deux armées
campaient à une courte distance les unes des autres et que beaucoup
d'occasions s’offraient à elles, il y avait beaucoup de coups de main et
d’escarmouches, qui n'amenèrent aucun grand avantage ou perte d'un côté ou
de l'autre, et il y eut également deux grandes batailles rangées, où toutes les
forces furent opposées entre ellles et ce fut le carnage des deux côtés.
2. Et comme temps passait, les deux armées en arrivèrent à la même conclusion
: décider de l'issue de la guerre par une bataille générale. Alors les chefs des
deux armées, qui étaient maîtres dans l'art de la guerre, ainsi que leurs soldats,
qui avaient acquis de l’expérience dans beaucoup de combats, s’avancèrent
dans la plaine qui s'étendait entre les deux camps et accomplirent des
prouesses mémorables en attaquant et en recevant l'ennemi puis se
rassemblaient et reprenaient le combat sur un pied d'égalité.
3. Ceux qui des remparts regardaient en spectateurs cette bataille indécise, où
le sort changeant souvent, favorisait chaque camp à son tour; quand leurs
propres hommes avaient l'avantage, ils les encourageaient par leurs
exhortations et leurs cris de victoire, et quand ils reculaient et se faisaient
poursuivre, ils les retenaient par leurs prières et leurs lamentations pour qu’ils
ne se comportent pas en véritables lâches; et c’est grâce à ces cris
d'encouragement et ces prières que les combattants furent obligés de supporter
les périls du combat même au delà de leur force. Et ainsi, après avoir continué à
se battre toute cette journée sans résultat, l’obscurité tombant, les deux
armées, heureuses, se retirèrent dans leurs propres camps.
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