[2,3] III. 1. Ἐπεὶ οὖν ἥ τε τάφρος αὐτοῖς ἐξείργαστο καὶ τὸ ἔρυμα τέλος εἶχεν αἵ τε
οἰκήσεις τὰς ἀναγκαίους κατασκευὰς ἀπειλήφεσαν, ἀπῄτει δ´ ὁ καιρὸς καὶ
περὶ κόσμου πολιτείας ᾧ χρήσονται σκοπεῖν, ἀγορὰν ποιησάμενος αὐτῶν ὁ
Ῥωμύλος ὑποθεμένου τοῦ μητροπάτορος καὶ διδάξαντος ἃ χρὴ λέγειν, τὴν
μὲν πόλιν ἔφη ταῖς τε δημοσίαις καὶ ταῖς ἰδίαις κατασκευαῖς ὡς νεόκτιστον
ἀποχρώντως κεκοσμῆσθαι· ἠξίου δ´ ἐνθυμεῖσθαι πάντας ὡς οὐ ταῦτ´ ἐστι τὰ
πλείστου ἄξια ἐν ταῖς πόλεσιν.
2. Οὔτε γὰρ ἐν τοῖς ὀθνείοις πολέμοις τὰς βαθείας τάφρους καὶ {τὰ} ὑψηλὰ
ἐρύματα ἱκανὰ εἶναι τοῖς ἔνδον ἀπράγμονα σωτηρίας ὑπόληψιν παρασχεῖν,
ἀλλ´ ἕν τι μόνον ἐγγυᾶσθαι τὸ μηθὲν ἐξ ἐπιδρομῆς κακὸν ὑπ´ ἐχθρῶν
παθεῖν προκαταληφθέντας, οὔθ´ ὅταν ἐμφύλιοι ταραχαὶ τὸ κοινὸν
κατάσχωσι, τῶν ἰδίων οἴκων καὶ ἐνδιαιτημάτων τὰς καταφυγὰς ὑπάρχειν
τινὶ ἀκινδύνους.
3. Σχολῆς γὰρ ἀνθρώποις ταῦτα καὶ ῥᾳστώνης βίων εὑρῆσθαι παραμύθια,
μεθ´ ὧν οὔτε τὸ ἐπιβουλεῦον τῶν πέλας κωλύεσθαι μὴ οὐ πονηρὸν εἶναι οὔτ´
ἐν τῷ ἀκινδύνῳ βεβηκέναι θαρρεῖν τὸ ἐπιβουλευόμενον, πόλιν τε οὐδεμίαν
πω τούτοις ἐκλαμπρυνθεῖσαν ἐπὶ μήκιστον εὐδαίμονα γενέσθαι καὶ
μεγάλην, οὐδ´ αὖ παρὰ τὸ μὴ τυχεῖν τινὰ κατασκευῆς ἰδίας τε καὶ δημοσίας
πολυτελοῦς κεκωλῦσθαι μεγάλην γενέσθαι καὶ εὐδαίμονα· ἀλλ´ ἕτερα εἶναι
τὰ σώζοντα καὶ ποιοῦντα μεγάλας ἐκ μικρῶν τὰς πόλεις·
4. ἐν μὲν τοῖς ὀθνείοις πολέμοις τὸ διὰ τῶν ὅπλων κράτος, τοῦτο δὲ τόλμῃ
παραγίνεσθαι καὶ μελέτῃ, ἐν δὲ ταῖς ἐμφυλίοις ταραχαῖς τὴν τῶν
πολιτευομένων ὁμοφροσύνην, ταύτην δὲ τὸν σώφρονα καὶ δίκαιον ἑκάστου
βίον ἀπέφηνεν ἱκανώτατον ὄντα τῷ κοινῷ παρασχεῖν.
5. Τοὺς δὴ τὰ πολέμιά τε ἀσκοῦντας καὶ {τὰ} τῶν ἐπιθυμιῶν κρατοῦντας
ἄριστα κοσμεῖν τὰς ἑαυτῶν πατρίδας τείχη τε ἀνάλωτα τῷ κοινῷ καὶ
καταγωγὰς τοῖς ἑαυτῶν βίοις ἀσφαλεῖς τούτους εἶναι τοὺς
παρασκευαζομένους· μαχητὰς δέ γε καὶ δικαίους ἄνδρας καὶ τὰς ἄλλας
ἀρετὰς ἐπιτηδεύοντας τὸ τῆς πολιτείας σχῆμα ποιεῖν τοῖς φρονίμως αὐτὸ
καταστησαμένοις, μαλθακούς τε αὖ καὶ πλεονέκτας καὶ δούλους αἰσχρῶν
ἐπιθυμιῶν τὰ πονηρὰ ἐπιτηδεύματα ἐπιτελεῖν.
6. Ἔφη τε παρὰ τῶν πρεσβυτέρων καὶ διὰ πολλῆς ἱστορίας ἐληλυθότων
ἀκούειν, ὅτι πολλαὶ μὲν ἀποικίαι μεγάλαι καὶ εἰς εὐδαίμονας ἀφικόμεναι
τόπους, αἱ μὲν αὐτίκα διεφθάρησαν εἰς στάσεις ἐμπεσοῦσαι, αἱ δ´ ὀλίγον
ἀντισχοῦσαι χρόνον ὑπήκοοι τοῖς πλησιοχώροις ἠναγκάσθησαν γενέσθαι
καὶ ἀντὶ κρείττονος χώρας, ἣν κατέσχον, τὴν χείρονα τύχην διαλλάξασθαι
δοῦλαι ἐξ ἐλευθέρων γενόμεναι· ἕτεραι δ´ ὀλιγάνθρωποι καὶ εἰς χωρία οὐ
πάνυ σπουδαῖα παραγενόμεναι ἐλεύθεραι μὲν πρῶτον, ἔπειτα δ´ ἑτέρων
ἄρχουσαι διετέλεσαν· καὶ οὔτε ταῖς εὐπραγίαις τῶν ὀλίγων οὔτε ταῖς
δυστυχίαις τῶν πολλῶν ἕτερόν τι ἢ τὸ τῆς πολιτείας σχῆμα ὑπάρχειν αἴτιον.
7. Εἰ μὲν οὖν μία τις ἦν παρὰ πᾶσιν ἀνθρώποις βίου τάξις ἡ ποιοῦσα
εὐδαίμονας τὰς πόλεις, οὐ χαλεπὴν ἂν γενέσθαι σφίσι τὴν αἵρεσιν αὐτῆς·
νῦν δ´ ἔφη πολλὰς πυνθάνεσθαι τὰς κατασκευὰς παρ´ Ἕλλησί τε καὶ
βαρβάροις ὑπαρχούσας, τρεῖς δ´ ἐξ ἁπασῶν ἐπαινουμένας μάλιστα ὑπὸ τῶν
χρωμένων ἀκούειν, καὶ τούτων οὐδεμίαν εἶναι τῶν πολιτειῶν εἰλικρινῆ,
προσεῖναι δέ τινας ἑκάστῃ κῆρας συμφύτους, ὥστε χαλεπὴν αὐτῶν εἶναι τὴν
αἵρεσιν. Ἠξίου τε αὐτοὺς βουλευσαμένους ἐπὶ σχολῆς εἰπεῖν εἴτε ὑφ´ ἑνὸς
ἄρχεσθαι θέλουσιν ἀνδρὸς εἴτε ὑπ´ ὀλίγων εἴτε νόμους καταστησάμενοι
πᾶσιν ἀποδοῦναι τὴν τῶν κοινῶν προστασίαν.
8. Ἐγὼ δ´ ὑμῖν, ἔφη, πρὸς ἣν ἂν καταστήσησθε πολιτείαν εὐτρεπὴς καὶ οὔτε
ἄρχειν ἀπαξιῶ οὔτε ἄρχεσθαι ἀναίνομαι. τιμῶν δέ, ἅς μοι προσεθήκατε
ἡγεμόνα με πρῶτον ἀποδείξαντες τῆς ἀποικίας, ἔπειτα καὶ τῇ πόλει τὴν
ἐπωνυμίαν ἐπ´ ἐμοῦ θέντες, ἅλις ἔχω. Ταύτας γὰρ οὔτε πόλεμος ὑπερόριος
οὔτε στάσις ἐμφύλιος οὔτε ὁ πάντα μαραίνων τὰ καλὰ χρόνος ἀφαιρήσεταί
με οὔτε ἄλλη τύχη παλίγκοτος οὐδεμία· ἀλλὰ καὶ ζῶντι καὶ τὸν βίον
ἐκλιπόντι τούτων ὑπάρξει μοι τῶν τιμῶν παρὰ πάντα τὸν λοιπὸν αἰῶνα
τυγχάνειν.
| [2,3] III. 1. Quand donc le fossé fut terminé, le rempart achevé et les travaux
nécessaires aux maisons finis, la situation exigea de devoir considérer aussi
quelle forme de gouvernement ils allaient avoir. Romulus convoqua une
assemblée du peuple sur le conseil de son grand-père, qui l'avait instruit sur ce
qu’il devait dire, et il déclara que leur ville, nouvellement construite, était
suffisamment ornée de bâtiments publics et privés; mais il demanda à tous de
considérer que ce n'était pas la chose la plus importante pour une ville.
2. Dans des guerres étrangères, dit-il, les fossés profonds et les hauts remparts
ne suffisent pas à donner aux habitants une assurance tranquille pour leur
sécurité, mais garantissent seulement une chose, à savoir, qu'ils ne souffriront
aucun dommage lors d’une incursion surprise de l'ennemi; de même, quand
les conflits civils affligent l'état, les maisons et les logements privés ne sont pour
personne une retraite sûre.
3. Ces derniers ont été conçus par les hommes pour les loisirs et pour la
tranquillité de leurs vies, mais ces édifices n’empêchent pas ceux de leurs
voisins qui complotent de leur faire du tort pas plus qu’ils n’empêchent pas
que celui qui complote contre eux d'être exempt de danger; et aucune ville qui
bâtit sa splendeur sur ces ornements non seulement ne devient jamais devenue
prospère et grande durant une longue période, mais encore, cela n'empêche
jamais une ville qui ne veut pas de magnificence dans ses bâtiments publics ou
privés de devenir grande et prospère. Mais c'est d'autres choses qui préservent
les villes et les rendent grandes alors qu’elles sont petites au point de départ.
4. Dans les guerres extérieures, il faut la force des armes, qu’on obtient par le
courage et l'exercice; et dans les séditions civiles, il faut l’entente chez les
citoyens, et ceci, dit-il, se réalisera le plus sûrement pour l’Etat par une vie
sage et juste de chaque citoyen.
5. Ceux qui pratiquent des exercices guerriers et sont en même temps maîtres
de leurs passions sont les plus grands ornements de leur pays, et ce sont ces
hommes qui fournissent à l’Etat les murs imprenables et à eux-mêmes dans
leurs vies privées des refuges sûrs; mais des hommes courageux, justes et
vertueux sont le résultat de la forme de gouvernement s'il a été établi avec
sagesse, et, d'autre part, les hommes qui sont lâches, rapaces et esclaves des
plus basses passions sont le produit de mauvaises institutions.
6. Il ajoute qu'il a entendu dire par des hommes plus âgés et qui ont une large
connaissance de l'histoire que beaucoup de grandes colonies installées dans
des régions prospères ont tantôt été immédiatement détruites au milieu de
séditions, et tantôt, après avoir tenu un court laps de temps, ont été forcées de
devenir sujettes de leurs voisins et d’échanger leur pays plus prospère contre
un sort plus misérable, devenant des esclaves au lieu d’être des hommes
libres; alors que d'autres colonies, peu peuplées et installées dans des endroits
inhospitaliers, ont réussi d’abord à rester libres, et ensuite à commander
d'autres cités; et le succès de ces colonies plus petites et les malheurs des
grandes ne sont dus à aucune autre raison qu’à leur forme de gouvernement.
7. Si donc il y n'y a qu’une façon de vivre dans toute l'humanité qui pût rendre
les villes prospères, le choix ne leur sera pas difficile; mais, en réalité, il s'est
aperçu qu'il y a beaucoup de sortes de gouvernement chez les Grecs et chez les
Barbares, et parmi tous ceux-ci il a entendu dire que trois sont particulièrement
recommandées par ceux qui y ont vécu, et de ces systèmes aucun n'est parfait,
mais chacun a quelques défauts funestes inhérents, de sorte que le choix entre
eux est difficile. Il leur demande donc de délibérer à loisir et de dire s'ils seront
régis par un homme ou par quelques uns, ou s'ils établiront des lois et confieront
la protection des intérêts publics à l’ensemble du peuple.
8. " Quelle que soit la forme de gouvernement que vous établirez," dit-il, "je suis
prêt à me conformer à votre désir, parce que je ne me considère pas indigne de
vous commander ni de vous obéir. En ce qui concerne les honneurs, je suis
satisfait de ceux que vous m’avez conférés, d’abord en me nommant chef de
la colonie, et ensuite, en donnant mon nom à la ville. Ces honneurs, ni une
guerre extérieure ni la dissension civile, ni le temps, ce destructeur de tout ce qui
est beau, ni les aléas de la fortune hostile ne me les enlèveront; mais durant ma
vie et dans la mort ces honneurs me resteront pour que je les apprécie pour
l’éternité."
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