[2,28] XXVIII. 1. Ὁρῶν γὰρ ὅτι τὸ σωφρόνως ζῆν ἅπαντας καὶ τὰ δίκαια πρὸ τῶν
κερδαλέων αἱρεῖσθαι καρτερίαν τε τὴν παρὰ τοὺς πόνους ἀσκεῖν καὶ μηδὲν
ὑπολαμβάνειν χρῆμα τιμιώτερον ἀρετῆς οὐ λόγων διδαχῇ παραγίνεσθαι
τοῖς πολιτικοῖς πλήθεσι πέφυκεν, ἐν οἷς τὸ πλεῖόν ἐστι δυσάγωγον, ἀλλ´
ἔργων ἐθισμοῖς τῶν πρὸς ἑκάστην ἀρετὴν ἀγόντων, ὑπ´ ἀνάγκης τε μᾶλλον
ἢ κατὰ γνώμην ἐπ´ αὐτὰ τοὺς πολλοὺς παραγινομένους, εἰ δὲ μηδὲν εἴη τὸ
κωλῦσον ἐπὶ τὴν φύσιν ὀλισθαίνοντας εἰδώς, ἐπιδιφρίους μὲν καὶ βαναύσους
καὶ προσαγωγοὺς ἐπιθυμιῶν αἰσχρῶν τέχνας, ὡς ἀφανιζούσας καὶ
λυμαινομένας τά τε σώματα καὶ τὰς ψυχὰς τῶν μεταχειριζομένων, δούλοις
καὶ ξένοις ἀπέδωκε μεθοδεύειν· καὶ διέμεινεν ἕως πολλοῦ πάνυ χρόνου δι´
αἰσχύνης ὄντα Ῥωμαίοις τὰ τοιαῦτα ἔργα καὶ ὑπ´ οὐδενὸς τῶν αὐθιγενῶν
ἐπιτηδευόμενα.
2. Δύο δὲ μόνα τοῖς ἐλευθέροις ἐπιτηδεύματα κατέλιπε τά τε κατὰ γεωργίαν
καὶ τὰ κατὰ πολέμους, ὁρῶν ὅτι γαστρός τε ἄνθρωποι γίνονται διὰ τούτους
τοὺς βίους ἐγκρατεῖς ἀφροδισίοις τε ἧττον ἁλίσκονται παρανόμοις
πλεονεξίαν τε οὐ τὴν βλάπτουσαν ἀλλήλους διώκουσιν, ἀλλὰ τὴν ἀπὸ τῶν
πολεμίων περιποιουμένην τὰς ὠφελείας. ἀτελῆ δὲ τούτων ἑκάτερον
ἡγούμενος εἶναι τῶν βίων χωριζόμενον θατέρου καὶ φιλαίτιον οὐχ ἑτέροις
μέν τισιν ἀπέδωκεν ἐργάζεσθαι τὴν γῆν, ἑτέροις δὲ τὰ πολεμίων φέρειν τε
καὶ ἄγειν ὡς ὁ παρὰ Λακεδαιμονίοις εἶχε νόμος, ἀλλὰ τοὺς αὐτοὺς τόν τε
πολεμικὸν καὶ τὸν γεωργικὸν ἔταξε βίον ζῆν·
3. εἰ μὲν εἰρήνην ἄγοιεν ἐπὶ τοῖς κατ´ ἀγρὸν ἔργοις ἐθίζων ἅπαντας μένειν,
πλὴν εἴ ποτε δεηθεῖεν ἀγορᾶς, τότε δ´ εἰς ἄστυ συνιόντας ἀγοράζειν, ἐνάτην
ὁρίζων ἡμέραν ταῖς ἀγοραῖς· ὅτε δὲ πόλεμος καταλάβοι στρατεύεσθαι
διδάσκων καὶ μὴ παραχωρεῖν ἑτέροις μήτε τῶν πόνων μήτε τῶν ὠφελειῶν.
διῄρει γὰρ αὐτοῖς ἐξ ἴσου γῆν τε ὅσην ἂν ἀφέλοιτο πολεμίους καὶ ἀνδράποδα
καὶ χρήματα, καὶ παρεσκεύαζεν ἀγαπητῶς δέχεσθαι τὰς στρατείας.
| [2,28] XXVIII. 1. Il observa que l’ensemble des citoyens, chez qui la plus grande
partie était difficile à guider, ne pouvait être porté à une vie de modération, à
préférer la justice au profit, à cultiver la persévérance dans les difficultés et à
considérer la vertu comme la chose la plus valable, uniquement par une
instruction théorique, mais qu’il lui fallait une pratique habituelle des exercices
pour les mener à chacune des vertus, et il savait que la grande masse des
hommes y viennent plutôt par nécessité que par choix, et par conséquent, s’il
n’y avait rien pour les retenir, ils reviennaient à leurs dispositions naturelles,
ainsi il laissa aux esclaves et aux étrangers l’exercice les travaux sédentaires
et mécaniques et ceux qui favorisent les passions honteuses, les considérant
comme destructeurs et corrupteurs des corps et des âmes de tous ceux qui les
pratiquent; et de tels métiers pendant très longtemps furent considérés comme
déshonorants par les Romains et indignes d’être pratiqués par aucun des
citoyens de souche.
2. Les seuls emplois qu'il laissa aux hommes libres étaient au nombre de deux,
l’agriculture et la guerre; il observa que des hommes ainsi employés
devenaient maîtres de leur appétit, et se laissaient moins aller à des liaisons
amoureuses illicites, et suivaient uniquement ce genre de convoitise qui les
mène, non pas à se nuire l’un l’autre, mais à s'enrichir aux dépens de
l'ennemi. Mais, comme il considérait chacun de ces métiers, quand ils étaient
séparés l’un de l’autre, comme imparfaits et favorisant les querelles, au lieu
de laisser une partie des hommes cultiver la terre et l'autre ravager le pays de
l'ennemi, à la façon des Lacédémoniens, il ordonna que les mêmes personnes
exercent en même temps les métiers de paysans et de soldats.
3. En temps de paix il les accoutuma à rester à leurs tâches dans le pays, sauf
quand il devaient aller au marché ; à ces occasions ils se réunissaient en ville
afin de commercer, et à cet effet il fixa chaque neuvième jour comme jour de
marché; et quand il y avait la guerre il les fit exécuter les fonctions des soldats et
leur enseigna à ne pas se rapporter à d'autres dans les difficultés ou les
avantages que la guerre apportait. Il divisa également entre eux les terres, les
esclaves et l'argent qu'il prenait à l'ennemi, les disposant ainsi les à participer
gaiement à ses campagnes.
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