[2,20] XX. 1. Καὶ μηδεὶς ὑπολάβῃ με ἀγνοεῖν ὅτι τῶν Ἑλληνικῶν μύθων εἰσί τινες
ἀνθρώποις χρήσιμοι, οἱ μὲν ἐπιδεικνύμενοι τὰ τῆς φύσεως ἔργα δι´
ἀλληγορίας, οἱ δὲ παραμυθίας ἕνεκα συγκείμενοι τῶν ἀνθρωπείων
συμφορῶν, οἱ δὲ ταραχὰς ἐξαιρούμενοι ψυχῆς καὶ δείματα καὶ δόξας
καθαιροῦντες οὐχ ὑγιεῖς, οἱ δ´ ἄλλης τινὸς ἕνεκα συμπλασθέντες ὠφελείας.
2. Ἀλλὰ καίπερ ἐπιστάμενος ταῦτα οὐδενὸς χεῖρον ὅμως εὐλαβῶς διάκειμαι
πρὸς αὐτοὺς καὶ τὴν Ῥωμαίων μᾶλλον ἀποδέχομαι θεολογίαν,
ἐνθυμούμενος ὅτι τὰ μὲν ἐκ τῶν Ἑλληνικῶν μύθων ἀγαθὰ μικρά τέ ἐστι καὶ
οὐ πολλοὺς δυνάμενα ὠφελεῖν, ἀλλὰ μόνους τοὺς ἐξητακότας ὧν ἕνεκα
γίνεται, σπάνιοι δ´ εἰσὶν οἱ μετειληφότες ταύτης τῆς φιλοσοφίας. Ἀ δὲ πολὺς
καὶ ἀφιλοσόφητος ὄχλος ἐπὶ τὰ χείρω λαμβάνειν φιλεῖ τοὺς περὶ αὐτῶν
λόγους καὶ δυεῖν πάσχει θάτερον, ἢ καταφρονεῖ τῶν θεῶν ὡς ἐν πολλῇ
κακοδαιμονίᾳ κυλινδουμένων, ἢ τῶν αἰσχίστων τε καὶ παρανομωτάτων
οὐδενὸς ἀπέχεται θεοῖς αὐτὰ προσκείμενα ὁρῶν.
| [2,20] XX. 1. Qu’on ne s’imagine pas cependant que je ne sache pas qu’une
partie des mythes grecs est utile à l'humanité, soit en expliquant, comme ils le
font, les travaux de la nature par des allégories, soit qu’ils sont conçus comme
consolation aux malheurs humains, soit parce qu’ils libèrent l'esprit de ses
agitations et de ses terreurs et le purifie des idées peu sensées, soit parce
qu’ils ont été inventées pour tout autre but utile.
2. Mais bien que je sache tout cela aussi bien que n'importe qui, néanmoins mon
attitude envers les mythes est une attitude de méfiance, et je suis plus incliné à
accepter la théologie des Romains, quand je considère que les avantages des
mythes grecs sont minces et ne peuvent pas aider beaucoup de monde, mais
seulement ceux qui se sont interrogés sur le but pour lequel ils sont conçus; et
cette attitude philosophique est partagée par peu de gens. La grande multitude,
ne connaissant pas la philosophie, est encline à prendre ces histoires au sujet
des dieux dans le sens le plus mauvais et à tomber dans une de ces deux
erreurs: soit elle dédaigne les dieux parce qu’ils sont accablés de beaucoup de
malheurs, soit elle se laisse aller aux vices les plus honteux et les plus
anarchiques en voyant qu’on les attribue aux dieux.
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