[10,58] Πολλῶν δὲ λεχθέντων ἐνίκησεν ἡ γνώμη
τῶν παραινούντων δεκαδαρχίαν αὖθις ἀποδεῖξαι τῶν
κοινῶν κυρίαν. ἀτελής τε γὰρ ἡ νομοθεσία ἐφαίνετο,
ὡς ἂν ἐξ ὀλίγου συντεθεῖσα χρόνου, καὶ ἐπὶ τοῖς ἤδη
κεκυρωμένοις, ἵνα ἑκόντες τε καὶ ἄκοντες ἐν αὐτοῖς
μένοιεν, ἐδόκει {δέ} τινος ἀρχῆς αὐτοκράτορος δεῖν.
τὸ δὲ μάλιστα πεῖσαν αὐτοὺς προελέσθαι τὴν δεκαδαρχίαν ἦν ἡ τῶν δημάρχων
κατάλυσις, ὃ παντὸς μάλιστα
ἐβούλοντο. ταῦτα μὲν ἐν κοινῷ σκοπουμένοις αὐτοῖς
ἐδόκει, ἰδίᾳ δὲ οἱ πρωτεύοντες τοῦ συνεδρίου γνώμην
ἐποιοῦντο μεταπορεύεσθαι τὴν ἀρχὴν δεδιότες, μὴ
ταραχώδεις τινὲς ἄνθρωποι τηλικαύτης ἐξουσίας λαβόμενοι κακόν τι μέγα
ἐργάσωνται. ἀγαπητῶς δὲ τοῦ
δήμου τὰ δόξαντα τῇ βουλῇ δεξαμένου καὶ μετὰ πλείστης προθυμίας ἐπιψηφίσαντος
αὐτοὶ μὲν οἱ δέκα
ἄνδρες προεῖπον τὸν τῶν ἀρχαιρεσίων καιρόν, μετῄεσαν
δὲ τὴν ἀρχὴν οἱ ἐντιμότατοί τε καὶ πρεσβύτατοι τῶν
πατρικίων. ἔνθα δὴ πολὺς ὑπὸ πάντων ἐπαινούμενος
ἦν ὁ τῆς τότε δεκαδαρχίας ἡγεμὼν Ἄππιος, καὶ πᾶς ὁ
δημοτικὸς ὄχλος ἐκεῖνον ἐπὶ τῆς ἀρχῆς ἠξίου κατέχειν
ὡς οὐκ ἄλλου τινὸς ἄμεινον ἡγησομένου. ὁ δ´ ἀναίνεσθαι μὲν προσεποιεῖτο κατ´
ἀρχὰς καὶ ἀπολύειν αὐτὸν
ἠξίου λειτουργίας καὶ ὀχληρᾶς καὶ ἐπιφθόνου. τελευτῶν δ´ ὡς ἐλιπάρουν αὐτὸν
ἅπαντες αὐτός τε ὑπέμενε
μετιέναι τὴν ἀρχήν, καὶ τῶν συμπαραγγελλόντων τοὺς
ἀρίστους αἰτιασάμενος οὐχ ἡδέως πρὸς ἑαυτὸν ἔχειν
: διὰ τὸν φθόνον τοῖς ἑαυτοῦ φίλοις συνηγωνίζετο
φανερῶς. ἀποδείκνυταί τε πάλιν ἐν ἀρχαιρεσίαις
λοχίτισι νομοθέτης τὸ δεύτερον· σὺν δ´ αὐτῷ Κόιντος
μὲν Φάβιος ὁ καλούμενος Οὐιβολανὸς ὁ τρὶς ὑπατεύσας, ἀνὴρ ἀνεπίληπτος εἰς τόδε
χρόνου γενόμενος
περὶ πᾶσαν ἀρετήν· ἐκ δὲ τῶν ἄλλων πατρικίων, οὓς
ἐκεῖνος ἠσπάζετο, Μάρκος Κορνήλιος καὶ Μάρκος
Σέργιος καὶ Λεύκιος Μηνύκιος καὶ Τίτος Ἀντώνιος
καὶ Μάνιος Ῥαβολήιος, ἄνδρες οὐ πάνυ ἐπιφανεῖς·
ἐκ δὲ τῶν δημοτικῶν Κόιντος Ποιτέλλιος καὶ Καίσων
Δουέλλιος καὶ Σπόριος Ὄππιος· προσελήφθησαν γὰρ
καὶ οὗτοι πρὸς τοῦ Ἀππίου κολακείας ἕνεκα τῶν δημοτικῶν, διδάσκοντος ὅτι δίκαιόν
ἐστι μιᾶς ἀρχῆς κατὰ
πάντων ἀποδεικνυμένης εἶναί τι καὶ τοῦ δήμου μέρος
ἐν αὐτῇ. εὐδοκιμῶν δ´ ἐφ´ ἅπασι τούτοις καὶ δοκῶν
κράτιστος εἶναι βασιλέων τε καὶ τῶν κατ´ ἐνιαυτὸν
ἡγησαμένων τῆς πόλεως παραλαμβάνει πάλιν τὴν
ἀρχὴν εἰς τὸν ἐπιόντα ἐνιαυτόν. ταῦτα κατ´ ἐκείνην
ἐπράχθη τὴν δεκαδαρχίαν ὑπὸ Ῥωμαίων, ἄλλο δ´ οὐθὲν
ὅ τι καὶ λόγου ἄξιον.
| [10,58] VI. Comme ils n'avaient plus guère de temps à rester en charge, ayant assemblé les sénateurs ils leur proposèrent de délibérer à quelle sorte de magistrats on devait confier la souveraine puissance dans les prochains comices. Parmi plusieurs avis qu'on ouvrit dans cette délibération, le sentiment de ceux qui opinaient à nommer encore des décemvirs, et à leur confier l'autorité du gouvernement, se trouva le plus fort. On crut en effet qu'il manquait encore quelque chose à la collection des lois, et que comme on y avait employé très peu de temps, il fallait continuer à quelques personnes la souveraine magistrature et l'autorité absolue, pour les faire observer inviolablement, et pour les mettre dans leur perfection. Mais le plus puissant motif qui engageait les sénateurs à continuer la régence des décemvirs encore un an, était le dessein qu'ils avaient conçu d'abolir la puissance tribunitienne qui leur tenait fort au cœur. Tel fut le résultat de leurs délibérations publiques. Dans le particulier néanmoins les principaux du sénat résolurent de briguer la dignité des décemvirs, craignant que certains esprits brouillons et factieux ne causassent de grands malheurs à la république, s'ils se voyaient revêtus d'une charge si relevée.
VII. Le peuple ayant accepté de tout son cœur et confirmé les décrets du sénat, les décemvirs indiquèrent le jour des comices. Les plus distingués des patriciens et par leur âge et par leur mérite personnel, briguèrent pour être élus. Le jour des comices venu, toute l'assemblée fit l'éloge d'Appius pour lors chef du décemvirat. On le combla de louanges : le peuple témoigna qu'il était content, il dit qu'il n'y en avait aucun qui eût mieux gouverné que lui, ou qui fut plus en état de bien conduire les affaires, et demanda avec empressement qu'on le continuât. D'abord Appius fit semblant de refuser cet honneur : il demanda même à se démettre d'un emploi si difficile et si odieux. Mais à la fin, il céda aux prières de toute l'assemblée, et consentit à briguer le décemvirat. Il ne se contenta pas de sa promotion : il accusa ses compétiteurs de lui porter envie, et d'être mal disposés à son égard. Par cet artifice il les éloigna de la dignité à laquelle ils aspiraient, et fit tomber le choix sur ses amis. Il fut donc créé décemvir pour la seconde fois par les centuries du peuple, avec Quintus Fabius Vibulanus, homme illustre par trois consulats, jusqu'alors irréprochable et orné de toutes les vertus. On leur donna pour collègues Marcus Cornélius, Marcus Sergius, Lucius Minucius, Titus Anconius, Manius Rabuleius, tous de l'ordre des patriciens. Ce n'étaient pas des personnages d'un grand mérite mais Appius les favorisait On y ajouta trois autres du corps des plébéiens, savoir Quintus Petillius, Caeson Duellius, et Spurius Oppius. Pour faire sa cour au peuple, Appius demanda lui-même ces trois derniers, disant qu'il était juste que les décemvirs devant être les dépositaires de toute l'autorité, le peuple eût parmi eux quelques personnes pour soutenir ses intérêts. On approuva fort toutes les démarches d'Appius. On était persuadé qu'il valait mieux que les rois, et même que les magistrats annuels, ce qui le fit continuer dans sa dignité pour l'année suivante. Voilà ce qui de passa à Rome pendant cette première année du décemvirat. Il n'y eut rien davantage, qui mérite d'être écrit dans l'histoire.
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