[10,53] Ἐπὶ δὲ τῆς ὀγδοηκοστῆς καὶ δευτέρας ὀλυμπιάδος,
ἣν ἐνίκα στάδιον Λύκος Θεσσαλὸς ἀπὸ
Λαρίσης, ἄρχοντος Ἀθήνησι Χαιρεφάνους, ἐτῶν τριακοσίων ἐκπεπληρωμένων ἀπὸ
τοῦ Ῥώμης συνοικισμοῦ,
Ποπλίου Ὁρατίου καὶ Σέξτου Κοιντιλίου διαδεδεγμένων τὴν ὕπατον ἀρχήν, λοιμικὴ
νόσος εἰς τὴν
Ῥώμην κατέσκηψε μεγίστη τῶν ἐκ τοῦ προτέρου
χρόνου μνημονευομένων· ὑφ´ ἧς οἱ μὲν θεράποντες
ὀλίγου ἐδέησαν πάντες ἀπολέσθαι, τῶν δ´ ἄλλων
πολιτῶν ἀμφὶ τοὺς ἡμίσεις μάλιστα διεφθάρησαν, οὔτε
τῶν ἰατρῶν ἀρκούντων ἔτι βοηθεῖν τοῖς καμάτοις,
οὔτε οἰκείων ἢ φίλων τἀναγκαῖα ὑπηρετούντων. οἱ
γὰρ ἐπικουρεῖν ταῖς ἑτέρων βουλόμενοι συμφοραῖς
ἁπτόμενοί τε καματηρῶν σωμάτων καὶ συνδιαιτώμενοι
τὰς αὐτὰς ἐκείνοις νόσους μετελάμβανον, ὥστε πολλὰς
οἰκίας ἐξερημωθῆναι δι´ ἀπορίαν τῶν ἐπιμελησομένων.
ἦν τε οὐκ ἐλάχιστον τῶν κακῶν τῇ πόλει καὶ τοῦ μὴ
ταχέως λωφῆσαι τὴν νόσον αἴτιον τὸ περὶ τὰς ἐκβολὰς
τῶν νεκρῶν γινόμενον. κατ´ ἀρχὰς μὲν γὰρ ὑπό τε
αἰσχύνης καὶ εὐπορίας τῶν πρὸς τὰς ταφὰς ἐπιτηδείων
ἔκαιόν τε καὶ γῇ παρεδίδοσαν τοὺς νεκρούς, τελευτῶντες δὲ οἱ μὲν ἀπ´ ὀλιγωρίας τοῦ
καλοῦ, οἱ δὲ
τἀπιτήδεια οὐκ ἔχοντες πολλοὺς μὲν ἐν τοῖς ὑπονόμοις
τῶν στενωπῶν φέροντες ἐρρίπτουν τῶν ἀπογενομένων,
πολλῷ δ´ ἔτι πλείους εἰς τὸν ποταμὸν ἐνέβαλλον· ἀφ´
ὧν τὰ μέγιστα ἐκακοῦντο πρὸς τὰς ἀκτὰς καὶ τὰς
ἠϊόνας. ἐκκυμαινομένων γὰρ τῶν σωμάτων βαρεῖα καὶ
δυσώδης προσπίπτουσα καὶ τοῖς ἔτι ἐρρωμένοις ἡ τοῦ
πνεύματος ἀποφορὰ ταχείας ἔφερε τοῖς σώμασι τὰς
τροπάς, πίνεσθαί τε οὐκέτι χρηστὸν ἦν τὸ ἐκ τοῦ
ποταμοῦ κομισθὲν ὕδωρ, τὰ μὲν ἀτοπίᾳ τῆς ὀσμῆς,
τὰ δὲ τῷ πονηρὰς τὰς ἀναδόσεις ποιεῖν τῆς τροφῆς.
καὶ οὐ μόνον ἐν τῇ πόλει τὰ δεινὰ ἦν, ἀλλὰ καὶ ἐπὶ
τῶν ἀγρῶν· καὶ οὐχ ἥκιστα ὁ γεωργὸς ἐπόνησεν ὄχλος
ἀναπιμπλάμενος, καὶ προβάτων καὶ τῶν ἄλλων τετραπόδων ἅμα διαιτωμένων, τῆς
νόσου. ὅσον μὲν οὖν
χρόνον τοῖς πολλοῖς ἐλπίδος τι ὑπῆν ὡς τοῦ θεοῦ
σφίσιν ἐπικουρήσοντος, ἅπαντες ἐπί τε θυσίας καὶ
καθαρμοὺς ἐτράποντο· καὶ πολλὰ ἐνεωτερίσθη Ῥωμαίοις
οὐκ ὄντα ἐν ἔθει περὶ τὰς τιμὰς τῶν θεῶν ἐπιτηδεύματα οὐκ εὐπρεπῆ. ἐπεὶ δὲ
ἐπέγνωσαν οὐδεμίαν αὐτῶν
ἐπιστροφὴν ἐκ τοῦ δαιμονίου γινομένην οὐδ´ ἔλεον,
καὶ τῆς περὶ τὰ θεῖα λειτουργίας ἀπέστησαν. ἐν
ταύτῃ τῇ συμφορᾷ τῶν τε ὑπάτων ἅτερος ἀποθνήσκει,
Σέξτος Κοιντίλιος, καὶ ὁ μετὰ τοῦτον ἀποδειχθεὶς
ὕπατος Σπόριος Φούριος, καὶ τῶν δημάρχων τέτταρες,
τῶν τε βουλευτῶν πολλοὶ καὶ ἀγαθοί. ἐπεβάλοντο μὲν
οὖν ἐν τῇ νόσῳ τῆς πόλεως οὔσης στρατὸν ἐξάγειν
ἐπ´ αὐτοὺς Αἰκανοὶ καὶ διεπρεσβεύοντο πρὸς τἆλλα
ἔθνη, ὅσα Ῥωμαίοις πολέμια ἦν, παρακαλοῦντες ἐπὶ
τὸν πόλεμον. οὐ μὴν ἔφθασάν γε προαγαγεῖν τὴν
δύναμιν ἐκ τῶν πόλεων. ἔτι γὰρ αὐτῶν παρασκευαζομένων ἡ αὐτὴ νόσος
κατέσκηψεν εἰς τὰς πόλεις.
διῆλθε δ´ οὐ μόνον τὴν Αἰκανῶν, ἀλλὰ καὶ τὴν
Οὐολούσκων καὶ τὴν Σαβίνων γῆν, καὶ σφόδρα ἐκάκωσε
τοὺς ἀνθρώπους. ἐκ δὲ τούτου συνέβη καὶ τὴν χώραν
ἀγεώργητον ἀφεθεῖσαν λιμὸν ἐπὶ τῷ λοιμῷ συνάψαι.
ἐπὶ μὲν δὴ τούτων τῶν ὑπάτων οὐδὲν ἐπράχθη
Ῥωμαίοις διὰ τὰς νόσους οὔτε πολεμικὸν οὔτε πολιτικὸν εἰς ἱστορίας ἀφήγησιν
ἐλθεῖν ἄξιον.
| [10,53] CHAPITRE DIXIEME.
I. La première année de la quatre-vingt-deuxième olympiade, en laquelle Lycus Thessalien de la ville de Larisse remporta le prix de la course, Charephanes étant archonte à Athènes, trois cents ans entiers après la fondation de Rome, sous le consulat de Publius Horatius et de Sextus Quintilius, Rome fut assiégée d'une maladie contagieuse plus terrible que toutes celles qu'on avait vu jusqu'alors.
II. La contagion emporta presque tous les esclaves et environ la moitié des autres citoyens. Il n'y avait pas assez de médecins pour secourir les malades. Ni leurs domestiques ni leurs amis ne pouvaient les servir dans leurs besoins pressants. Si on leur rendait quelque service, pour peu qu'on les touchât, ou qu'on habitât avec eux, on était aussitôt attaqué du même mal ; de sorte qu'il y eut plusieurs familles entières qui périrent, faute de gardes pour soigner les malades.
III. Les corps qu'on jetait de côté et d'autre et sans sépulture, furent une des principales causes de cette calamité : ces cadavres par leur infection augmentèrent le mal et le firent durer plus longtemps. Dans le commencement on avait soin de les brûler et de les enterrer, tant par respect pour la forme humaine, que parce qu'on avait tout ce qui était nécessaire pour leur rendre ces derniers devoirs. Mais à la fin, soit par négligence des devoirs de l'humanité, soit parce qu'on manquait de ce qui était nécessaire pour brûler et enterrer les corps, les uns en jetèrent un grand nombre dans les égouts, dans les cloaques et au coin des rues, les autres une plus grande quantité dans le fleuve, d'où il sortit après cela une infection insupportable, tant par les endroits escarpés du rivage, que par ceux où le fleuve était accessible. Ces corps rejetés sur le rivage exhalèrent une si horrible puanteur, que ceux qui de portaient encore bien, respirant ce t air infect ne tardaient guère a être pris de maladie, et en un moment leur corps se changeait en pourriture. L'eau du fleuve se ressentit de la corruption : elle n'était plus bonne à boire, tant à cause de son mauvais goût qui provenait de l'infection des cadavres, que parce qu'elle gâtait la coction et la digestion des nourritures. Ce ne fut pas seulement dans la ville qu'on ressentit ce terrible fléau. La contagion se communiqua dans les campagnes, et même les paysans en souffrirent beaucoup plus que les bourgeois, par l'infection du bétail et des troupeaux parmi lesquels ils étaient obligés d'être tous les jours.
IV. Tandis qu'il y avait quelque espérance de recevoir du soulagement de la part des dieux, tout le monde eut recours aux sacrifices et aux expiations. Les Romains introduisirent alors plusieurs nouvelles cérémonies dans leur culte, peu usitées jusqu'alors et peu convenables à la majesté de la religion Romaine. Mais quand on vit que les dieux n'écoutaient ni les vœux ni les prières, on perdit toute espérance et on abandonna toutes les cérémonies du culte divin. Cette maladie contagieuse emporta le consul Sextus Quintilius. Spurius Furius qu'on élut en sa place, quatre tribuns et plusieurs sénateurs des plus gens de bien et des plus distingués par leur mérite, eurent le même sort.
V. Pendant que Rome était accablée de ce terrible fléau, les Aeques voulurent profiter de l'occasion pour mettre une armée en campagne, et par de fréquentes ambassades ils sollicitèrent les nations ennemies du peuple Romain pour les engager dans leur ligue. Mais ils n'eurent pas le temps d'assembler toutes leurs forces. Ils étaient encore occupés à faire les préparatifs de guerre, lorsque la même maladie se jeta sur les autres villes. Elle ravagea non seulement le pays des Aeques et des Volsques, mais encore celui des Sabins, et emporta une si grande quantité de monde, que les terres demeurées sans culture, la peste fut suivie de la famine et de la cherté. Cette maladie fut donc cause que les Romains ne firent rien ni au dedans ni au dehors, qui mérite d'être écrit dans l'histoire.
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