[10,40] Τοιαῦτ´ εἰπόντος αὐτοῦ τὸ μὲν πλῆθος
οὕτως οἰκείως διετέθη πρὸς τοὺς λόγους καὶ τοσαύτην
ἀπεδείξατο ἀγανάκτησιν πρὸς τὸ ἀντίπαλον, ὥσθ´,
ὅπερ ἔφην καὶ κατ´ ἀρχάς, μηδὲ λόγον ἔτι βούλεσθαι
τῶν ἀντιλεξόντων ὑπομένειν. ὁ μέντοι δήμαρχος Ἰκίλλιος ἀναστὰς τὰ μὲν ἄλλα ἔφη
πάντα ὀρθῶς εἰπεῖν
Σίκκιον καὶ μακρὸν ἔπαινον τοῦ ἀνδρὸς διεξῆλθε·
τὸ δὲ μὴ μεταδιδόναι λόγου τοῖς ἀντιλέξαι βουλομένοις
οὔτε δίκαιον ἀπέφαινεν οὔτε πολιτικόν, ἄλλως τε καὶ
περὶ νόμου τῆς ζητήσεως γινομένης, ὃς ἔμελλε κρείττονα ποιήσειν τὴν δίκην τῆς
βίας. ταύτῃ γὰρ ἀφορμῇ
χρήσεσθαι τοὺς μηδὲν ἴσως καὶ δικαίως τοῖς πολλοῖς
φρονοῦντας τοῦ ταράττειν πάλιν καὶ διιστάναι τὰ
συμφέροντα τῆς πόλεως. ταῦτ´ εἰπὼν καὶ τὴν ἐπιοῦσαν ἀποδείξας ἡμέραν τοῖς
κατηγόροις τοῦ νόμου
διέλυσε τὴν ἐκκλησίαν. οἱ δὲ ὕπατοι συναγαγόντες
ἰδιωτικὸν συνέδριον πατρικίων τῶν ἀνδρειοτάτων τε
καὶ μάλιστα ἐν τῇ πόλει τότ´ ἀνθούντων ἐδίδασκον
αὐτούς, ὡς κωλυτέος εἴη σφίσιν ὁ νόμος, λόγοις μὲν
πρῶτον, ἐὰν δὲ μὴ πείθωσι τὸν δῆμον, ἔργοις. ἐκέλευόν τε ἅπασιν ἥκειν ἕωθεν εἰς
τὴν ἀγορὰν ἅμα
τοῖς ἑταίροις τε καὶ πελάταις, ὅσοις ἂν ἕκαστοι πλείστοις δύνωνται. ἔπειτα τοὺς μὲν
περὶ αὐτὸ τὸ βῆμα
καὶ τὸ ἐκκλησιαστήριον ἑστῶτας ὑπομένειν, τοὺς δὲ
κατὰ πολλὰ τῆς ἀγορᾶς μέρη συστρέψαντας ἑαυτοὺς
διαστῆναι, ὥστε διειλῆφθαι τὸ δημοτικὸν διεσπασμένον
καὶ κωλύεσθαι πρὸς αὐτῶν εἰς ἓν συνελθεῖν. ἐδόκει
ταῦτα κράτιστα εἶναι, καὶ πρὶν ἡμέραν λαμπρὰν
γενέσθαι τὰ πολλὰ τῆς ἀγορᾶς κατείχετο ὑπὸ τῶν πατρικίων.
| [10,40] XX. Ce discours de Siccius fit tant d'impression sur l'esprit du peuple, et l'irrita tellement contre ses adversaires, qu'il ne voulut plus, comme j'ai dit d'abord, écouter les remontrances de ceux qui s'opposaient à la loi. Bientôt après, le tribun Icilius se lève, il fait l'éloge de Siccius, il s'étend fort au long sur ses louanges. Il approuve tout ce qu'a dit ce plébéien, et ne blâme de son discours qu'un seul point, qui est d'avoir prétendu qu'il ne fallait pas écouter ceux qui voudraient s'opposer à la loi. Icilius représente qu'il n'est pas juste de leur fermer la bouche, que ce serait violer les coutumes de la patrie, et que s'agissant d'une loi qui ne tendait qu'à soutenir le bon droit contre la violence, ceux qui ne voulaient ni rendre justice au peuple, ni permettre qu'on établît l'égalité entre les citoyens, prendraient de là occasion d'exciter de nouveaux troubles, et des opposer à tout ce qui pourrait être utile à la république. S'étant expliqué de la sorte, il donne jour pour le lendemain à ceux qui voudront faire leurs remontrances sur la loi. puis il congédie l'assemblée.
XXI. Les consuls de leur côté tiennent conseil en particulier avec les sénateurs les plus distingués par leur courage, par leur naissance et par leur crédit dans la ville de Rome. Ils leur font entendre qu'il est de leur intérêt de s'opposer à la loi, et qu'ils doivent premièrement faire de vives remontrances, pour passer ensuite aux voies de fait en cas qu'ils ne puissent venir à bout de persuader le peuple. Ils les exhortent enfin de se rendre tous le lendemain matin dans la place publique avec tout ce qu'ils pourraient ramasser d'amis et de clients, de se ranger en grand nombre autour du tribunal, de se poster dans le gros de l'assemblée, et d'occuper différents endroits de la place, afin d'empêcher que le peuple dispersé de côté et d'autre, ne se réunît en un même corps.
XXII. Ce conseil universellement approuvé, dès le point du jour les patriciens se saisissent des principaux postes de la grande place de Rome.
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